Texte intégral
Propos du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, à la presse, à l'issue de son entretien avec le ministre des Affaires Étrangères portugais, M. Durao Barroso, à Lisbonne, le 16 janvier 1995
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais remercier mon collègue et ami, M. Barroso, d'avoir consacré près de deux heures de temps ce matin pour un entretien qui a été très approfondi, très détaillé et je crois très utile parce que j'ai constaté comme le ministre vient de le dire qu'il y avait un accord très général entre le Portugal et la France sur les priorités à donner au travail de l'Union européenne dans les six prochains mois. Les priorités de notre présidence que j'ai exposées ce matin constituent, c'est vrai, un programme très ambitieux et nous sommes décidés malgré la difficulté des temps qui est parfois soulignée par les observateurs à mettre toute notre énergie pour atteindre le plus grand nombre d'objectifs possibles. Je vais rapidement vous rappeler quelles sont ces priorités. Je crois que le plus simple ensuite c'est que vous puissiez me poser des questions pour préciser tel ou tel point.
Première grande priorité de cette présidence – vous savez qu'elle correspond à la préoccupation numéro un de nos opinions publiques – c'est la croissance et l'emploi, c'est le problème majeur aujourd'hui en Europe, il est donc normal que nous le mettions tout à fait au premier rang de nos priorités. C'est évidemment un sujet immense et qui recouvre des actions concrètes. Tout d'abord, la poursuite des politiques de convergence économique de façon à rendre possible le passage à la troisième phase de l'Union économique et monétaire selon le calendrier prévu par le Traité de Maastricht – je fais d'ailleurs une petite parenthèse : j'ai pu constater ce matin que le Portugal avançait tout à fait vite dans la bonne direction en ce qui concerne cette convergence. C'est également l'exécution des recommandations du Livre blanc confirmées à Essen, que vous connaissez, les problèmes de formation, le problème de l'abaissement des charges qui pèsent sur la production, le problème de l'organisation du marché du travail, croissance et emploi, c'est le financement des grands projets de réseaux transeuropéens – plusieurs de ces projets intéressent le Portugal, notamment l'autoroute Valladolid/Lisbonne – ou la connexion des réseaux de gazoduc entre le Portugal et l'Espagne. D'autres projets intéressent la France : vous savez qu'il va nous falloir compléter les financements de ces projets, ce sera une de nos tâches, pendant les six mois qui viennent, de façon à pouvoir les lancer concrètement.
Enfin la croissance et l'emploi, c'est aussi le fonctionnement du grand marché et une attitude offensive de l'Union européenne au sein de l'organisation mondiale du commerce qui va se mettre en place au cours des prochains mois et qui doit nous permettre de faire prévaloir les intérêts de l'Union européenne dans le commerce mondial. Voilà le premier grand chapitre.
Le deuxième qui est très lié au précédent c'est la dimension sociale de la construction européenne. C'est peut-être un aspect qu'on a négligé au cours des années passées et le Premier ministre et l'ensemble du gouvernement français souhaitent Je développer. C'est dans cet esprit notamment que nous organiserons, sans doute au mois de mars, une rencontre sur la politique contractuelle et le dialogue social à l'intérieur de l'Union européenne : quelles sont les expériences des différents États membres, quelles sont les leçons qu'on peut en tirer, quelles sont les initiatives communes que l'on peut prendre pour favoriser ce dialogue social et sa contribution à la politique de l'emploi.
Troisième chapitre, c'est tout ce qui concerne la sécurité et la stabilité sur notre continent, je crois qu'il n'est pas utile de dire à quel point ce sujet est important – tout le monde a en tête la situation dans l'ex-Yougoslavie ou, aujourd'hui, nos relations avec la Russie et la Communauté des États indépendants – et, là encore, nous avons des objectifs précis : achever la Conférence sur la stabilité au mois de mars prochain – je pourrai y revenir si vous le souhaitez –, renforcer de manière très concrète et opérationnelle l'Union de l'Europe occidentale – et là, j'ai constaté avec plaisir qu'entre la conception de la présidence portugaise de l'UEO et de la présidence française de l'Union européenne, il y avait tout à fait convergence. C'est également dans le cadre de l'UEO que nous avons déjà lancé la réflexion sur la future architecture de sécurité de l'UE, c'est le Livre blanc sur la sécurité dont vous avez entendu parler. Enfin, nous consacrerons des débats importants et approfondis aux relations de l'UE avec la Russie à la lumière des événements qui sont en train de se dérouler.
Quatrième grande priorité : les relations extérieures, la politique extérieure de l'UE, nous poursuivrons la mise en oeuvre du dialogue structuré avec l'Europe centrale – je vous signale à ce titre qu'il y aura sous la présidence française six Conseils des ministres avec participation des PECO – des pays d'Europe centrale – un par mois, mais nous voulons dans le même temps remettre un peu l'accent sur la dimension méditerranéenne de l'UE. Il y a là un ensemble de pays qui sont très importants pour nous, spécialement pour des pays comme le Portugal et la France, et je pense à la conclusion des accords en cours de négociation avec Israël, la Tunisie, le Maroc, je pense à Chypre, à Malte, à nos relations avec la Turquie, etc. Je n'entre pas dans le détail, et nous préparons bien sûr, en liaison avec la présidence espagnole, la conférence euro-méditerranéenne qui se tiendra au mois de novembre à Barcelone.
Les relations extérieures, c'est aussi les relations avec l'Afrique et les pays ACP, et le Portugal est un des pays qui au sein de l'UE est le plus proche des vues françaises sur ce sujet. Nous attachons les uns et les autres beaucoup d'importance aux relations avec ces pays qui restent hélas souvent les plus pauvres de la planète.
C'est enfin l'Amérique latine et je crois qu'il faut, sous présidence française, avancer dans nos relations avec le MERCOSUR, le Chili et le Mexique.
Dernier point, et je ne veux pas être trop long je vais m'arrêter là : culture et langues. Sur le plan culturel, nous souhaitons réaliser sous présidence française la directive Télévision sans frontières de manière à défendre les productions audiovisuelles européennes. Enfin, en ce qui concerne le plurilinguisme, je répète que la présidence française n'a aucune initiative en tête visant à réduire le nombre de langues utilisées au sein de l'UE. Au contraire, ce que nous souhaitons, c'est préparer une convention internationale par laquelle les États signataires s'engageraient à rendre obligatoire dans leurs systèmes nationaux l'apprentissage de deux langues étrangères, parce que cela nous paraît la meilleure manière de favoriser ce plurilinguisme.
Je termine en disant qu'il y a beaucoup d'autres sujets à l'ordre du jour : Europol, qu'il faudra mettre en place avant le Conseil européen de Cannes, et, évidemment, la préparation de la conférence inter-gouvernementale de 96. Je lisais récemment dans un journal portugais, parce que je lis la presse portugaise, que la présidence française avait remis à la fin du semestre le début de la préparation de la conférence inter-gouvernementale de 96, à cause du calendrier électoral français : je précise tout de suite que cette information est erronée. Il a été décidé de remettre le début de la préparation de la conférence inter-gouvernementale à la fin du semestre non pas pour cette raison, mais tout simplement parce que nous l'avons décidé d'un commun accord à Corfou. Je le rappelle, le calendrier est précis : sous présidence française, nous établirons le rapport du conseil sur le fonctionnement des institutions et c'est sous présidence espagnole, comme cela a toujours été prévu, que le groupe des représentants des ministres se mettra au travail. Voilà excusez-moi, j'ai été un petit peu long dans la présentation de ces priorités, mais nous avons je crois encore un petit moment pour répondre à vos questions si vous en avez.
Q. : Que va faire la France pendant la présidence de l'UE pour essayer de faire cesser la frappe sur Grozny ?
R. : La présidence française a déjà depuis le début de cette année pris en accord avec ses partenaires plusieurs initiatives. Il y a eu, vous le savez, plusieurs démarches de la troïka à Moscou, ces démarches ayant pour objectif de soutenir les efforts de l'OSCE – l'Organisation de la sécurité et de la coopération en Europe qui a souhaité intervenir dans ce débat, notamment pour voir comment étaient respectés – ou violés plus exactement – les Droits de l'Homme. Notre position a consisté à dire : certes, la Tchétchénie est en Russie, mais la Russie a pris des engagements vis-à-vis de l'OSCE, elle veut entrer au Conseil de L'Europe, elle veut faire partie de la communauté démocratique internationale et ceci lui crée donc des obligations et nous lui posons des questions pour savoir comment ces obligations sont respectées. Nous sommes en train de préparer aujourd'hui-même à l'occasion d'une réunion du comité politique qui se tient à Paris un projet de déclaration de l'Union européenne qui sera peut-être adoptée cette semaine et nous aurons en toute hypothèse une discussion au Conseil des ministres de lundi prochain sur cette crise très importante pour l'avenir de nos relations avec la Russie.
Q. : Pensez-vous que la suspension des travaux de la présidence française de l'Union à cause de l'élection présidentielle pourra avoir des effets négatifs sur les conclusions de cette présidence ?
R. : Mais qui vous a parlé de suspension des travaux de la présidence française pendant la campagne électorale ? Écoutez, la campagne électorale a à moitié commencé en France, je suis ici, je serai cet après-midi à La Haye, je serai demain à Strasbourg, je serai jeudi et vendredi successivement à Vienne, à Rome, à Copenhague et à Dublin, je serai lundi et mardi prochains au Conseil Affaires générales à Bruxelles, la semaine d'après encore à Washington dans le cadre du dialogue euro-américain ; donc vous voyez que cela ne m'empêchera pas, pas plus que cela n'empêchera mes autres collègues ministres, d'assumer – et complètement – nos responsabilités au titre de la présidence.
Q. : Croyez-vous que le moment soit maintenant venu pour la communauté internationale de réagir auprès de la Russie pour ses atteintes contre des civils à Grozny. Il y a beaucoup de gens innocents qui meurent en ce moment.
R. : Nous avons dit cela de la manière la plus claire, nous avons dit notre préoccupation devant la violation des Droits de l'Homme en Tchétchénie, devant le nombre très élevé de réfugiés – on parle de 300 000 personnes qui ont quitté Grozny ou les lieux où ils vivaient –, il y a des milliers de morts ... Donc nous avons dit que ceci n'était pas conforme aux engagements qui ont été pris par la Russie notamment par le code de bonne conduite qui a été approuvé à Budapest au mois de décembre dernier et qui oblige les États membres de l'OSCE à observer une certaine retenue dans les opérations de maintien de l'ordre intérieur. Tout ceci a été dit de la manière la plus claire.
Q. : Quelle sera la position de la présidence française à propos de l'Indonésie et de la situation au Timor oriental et quelles sont les priorités de l'Union européenne territoire ?
R. : La France comme l'Union européenne ont une constante : nous souhaitons que partout, dans le respect évidemment des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale des États, les Droits de l'Homme puissent être respectés et pris en considération, et donc nous sommes très vigilants sur la situation à Timor de ce point de vue. Et j'ai dit ce matin à M. Barroso que nous étions très ouverts à la concertation avec le Portugal sur cette question.
Q. : A l'issue de vos précédentes discussions dans les capitales européennes, vous avez déclaré que vous aviez trouvé des points d'accord en ce qui concerne la future configuration de l'Europe qui sortira de la conférence inter-gouvernementale de 1996. Est-ce que ces points d'accord, vous les avez trouvés également au Portugal ?
R. : Oui, oui, évidemment, on en est encore aujourd'hui sur des principes généraux mais c'est par là qu'il faut commencer et je voudrais rappeler deux ou trois de ces points d'accord que j'ai enregistrés un petit peu partout et aujourd'hui aussi à Lisbonne.
Le premier point d'accord – vous me direz que cela tombe sous le sens, mais pas tant que cela –, c'est que nous sommes tous d'accord pour poursuivre l'élargissement de l'Union européenne. Notre objectif à tous aujourd'hui, c'est la grande Europe. Je dis que cela tombe sous le sens, mais ce n'était pas le cas il y a encore deux ou trois ans. En France, par exemple, un certain nombre de responsables politiques étaient hostiles à l'élargissement. Aujourd'hui nous nous sommes tous rendus compte que le mouvement était irréversible et donc l'objectif c'est bien cela : une Europe élargie.
Deuxième point d'accord, nous ne voulons pas que cette Europe élargie disparaisse en tant qu'Union et que cela ne devienne qu'une zone de libre-échange. Nous voulons garder une vraie Union, avec des politiques communes, avec un grand marché, avec une union douanière, bref avec les disciplines que cela comporte. Et nous sommes parfois obligés de le dire aux pays candidats : entrer dans l'Union, ce n'est pas entrer dans un club où on vient quand cela vous plaît. C'est entrer dans un système de disciplines et de solidarités qui sont parfois contraignantes, nous le savons tous.
Troisième point d'accord, et je n'hésite pas à parler là aussi de convergence même si c'est ensuite sujet à discussion, c'est que – et cela m'a frappé dans mon entretien avec M. Durao Barroso – tout le monde accepte l'idée que dans le cadre de cette Europe élargie, les pays qui le voudront et qui le pourront, pourront peut-être aller plus vite dans un certain nombre de domaines. C'est ce que j'appelle les solidarités renforcées – exemple : l'union économique et monétaire telle qu'elle est prévue dans le Traité de Maastricht. Donc cette idée ne choque pas la plupart des États membres de l'Union, à une condition, c'est qu'il n'y ait pas un club fermé, qu'il n'y ait pas un noyau dur, limitatif, arrêté à l'avance, dont certains seraient exclus. Il faut que tous ceux qui le veulent et le peuvent puissent participer à ces solidarités renforcées. Voilà – enfin, je parle sous le contrôle de M. Barroso – voilà quelques points sur lesquels on peut parler de convergence.
Q. : A propos des événements de Grozny, est-ce que l'Europe peut vraiment continuer à appuyer M. Eltsine comme force démocratique en Russie ?
R. : Je rajoute, parce que M. Barroso me le disait en aparté .et il a raison, qu'il y a d'autres points de convergence aussi sur l'évolution future de l'Union. J'en cite deux entre le Portugal et la France qui sont très clairs : d'abord, l'accent que nous mettons sur le rôle déterminant du Conseil des ministres, qui doit être un peu le moteur et le centre de décisions et, deuxième point de convergence, l'idée que les Parlements nationaux doivent être davantage associés au processus démocratique de l'UE. Donc, voilà quelques idées.
Je reviens à Grozny. Moi, vous savez, je n'ai jamais été partisan de trop personnaliser les politiques de soutien à tel ou tel État. Je crois que ce qu'il faut soutenir en Russie, c'est le parti démocratique, c'est le parti des réformes, qu'elles soient économiques, ou qu'elles soient politiques. Le Président Eltsine incarne depuis plusieurs mois ce parti, mais il faut que nous soyons vigilants. Ce que nous soutenons, ce n'est pas telle ou telle personnalité, c'est un processus de réformes dans les deux domaines que je viens d'évoquer. Et ceci nous appelle donc à une vigilance sur l'évolution des événements.
Q. : L'Afrique a été à l'ordre du jour, vous l'avez dit. Est-ce que vous avez plus particulièrement parlé de l'Angola et est-ce que la France peut offrir quelque chose dans le règlement du conflit angolais ?
R. : Oui nous avons parlé de l'Afrique, d'abord de façon générale, et j'ai été heureux de voir que là encore entre le Portugal et la France il y avait convergence. Il faut que le 8e FED – le Fonds européen de développement – que nous allons fixer dans les semaines qui viennent, sous présidence française, permette de maintenir en termes réels – et même si possible d'augmenter – l'effort en faveur de l'Afrique, parce que cela reste le continent qui a le plus besoin de l'aide des pays développés. En ce qui concerne l'Angola, la France soutient à 100 % les efforts des Nations unies et l'accord qui a été conclu à Lusaka. Et comme nous connaissons le rôle que joue le Portugal en tant qu'ami de l'Angola, nous travaillons en étroite liaison également avec nos amis portugais dans ce dossier.
Propos du ministre des affaires étrangères, M. Alain Juppé, à la presse à l'issue de ses entretiens avec le ministre des affaires Étrangères des Pays-Bas, M. Van Mierlo, et du premier ministre hollandais, M. Kok, à La Haye, le 16 janvier 1995
Mesdames et Messieurs, comme vient de le dire M. Van Mierlo, c'est dans le cadre de la tournée que la Présidence fait dans l'ensemble des capitales de l'Union européenne que je suis aujourd'hui à La Haye pour discuter avec les autorités néerlandaises du programme de travail de notre Présidence. Je voudrais remercier M. Van Mierlo de m'avoir permis de discuter avec lui de manière approfondie au cours de cette séance de travail de notre programme. J'ai également rencontré, vous savez, M. Kok, le Premier ministre, avec lequel nous avons eu également un entretien très positif.
Le programme que nous nous sommes assignés pendant cette Présidence est un programme ambitieux. Vous allez pouvoir en juger. Je crois que vous le connaissez déjà d'ailleurs et je suis heureux de voir que sur les grandes priorités, les grands objectifs, ici à La Haye, d'ailleurs comme dans presque toutes les autres capitales des pays de l'Union, il y a une très large convergence de priorités. Donc, notre Présidence se sent soutenue. Quelles sont ces priorités ? Je les passe en revue rapidement parce que je crois que le plus utile c'est que vous puissiez me poser des questions plutôt que de faire un long exposé. Comme l'a dit M. Van Mierlo, il y en a cinq.
Tout d'abord, croissance et emploi. C'est la préoccupation numéro un des peuples européens et je crois qu'il est important, si nous voulons que les Européens s'intéressent à l'Europe, de leur montrer que l'Union traite des problèmes qui constituent leurs soucis quotidiens. C'est évidemment un chantier immense. Cela veut dire quoi concrètement ? Poursuivre les politiques de convergence économique de façon à préparer la troisième phase de l'Union économique et monétaire. Poursuivre également la mise en oeuvre du Livre blanc et les recommandations qui ont été faites à Essen, lancer des grands projets de réseaux transeuropéens. Il faudra trouver des financements complémentaires nécessaires et passer ensuite aux actes. C'est également défendre les positions de l'Union européenne au sein de la future Organisation mondiale du Commerce qui est en train de se mettre en place.
Deuxième volet, deuxième sujet qui est très proche d'ailleurs du premier, c'est la dimension sociale de la construction européenne. On l'a parfois un peu négligée au cours des années passées et nous proposons d'organiser au mois de mars une rencontre qui nous permettra de discuter des différentes expériences européennes en matière de dialogue social, de politique contractuelle. Comment est-ce que cela se passe entre les pouvoirs publics, les entreprises, les partenaires sociaux ? Quelles sont les leçons qu'on peut en tirer ? Quelles sont les recommandations qu'on peut faire pour que là aussi le climat social participe à la politique du plein emploi que nous souhaitons donner ?
Troisième priorité, la sécurité, la stabilité sur notre continent. Inutile de dire pourquoi c'est important. Là encore, nous avons des objectifs précis : achever la Conférence sur le Pacte de Stabilité au mois de mars prochain, qui se présente plutôt bien. Nous voulons également, dans ce contexte, renforcer l'Union de l'Europe occidentale et le faire de manière concrète et opérationnelle. C'est l'un des sujets à l'ordre du jour, tout en ouvrant d'ailleurs au sein de l'UEO une réflexion sur la future architecture de sécurité de l'Europe et c'est le Livre blanc sur la Sécurité que nous avons mis en chantier.
Quatrième grande priorité : les relations extérieures de l'Union européenne et je voudrais, là, passer rapidement en revue quelques-uns de nos objectifs. D'abord, faire vivre, si je puis dire, la stratégie de pré-adhésion avec les pays d'Europe centrale et orientale. Des choses ont été décidées, que la Présidence française va poursuivre et développer. Je vous signale, par exemple, qu'il y aura sous Présidence française six Conseils des ministres avec participation des pays d'Europe centrale et orientale, c'est-à-dire un par mois. Nous essaierons aussi de faire avancer les travaux sur le Livre blanc relatif au marché intérieur de façon à préparer activement cette future adhésion. Les relations extérieures, c'est aussi le Sud et nous souhaitons rebraquer un peu le projecteur sur la Méditerranée parce qu'il me semble qu'on l'a laissée un peu dans l'ombre au cours des dernières années. Alors, à ce titre, nous essaierons de conclure un certain nombre d'accords au cours de nos discussions avec Israël, avec la Tunisie, avec le Maroc. Les choses avancent. Nous souhaitons également évoquer – je l'espère – les discussions relatives à l'Union douanière avec la Turquie et puis nous intéresser plus activement au processus de paix au Proche-Orient où toute l'Europe est très présente financièrement mais pas assez politiquement. Enfin, nous préparons avec les Espagnols, la future Présidence espagnole, la grande conférence euro-méditerranéenne qui aura lieu en novembre à Barcelone et qui nous permettra alors de définir de manière prévisible notre stratégie vis-à-vis des pays méditerranéens.
Toujours au titre des relations extérieures, je vous signale – parce qu'après on me reproche d'oublier un certain nombre de choses parmi nos priorités – que nous voulons aussi nous intéresser à l'Afrique et, de façon générale, aux pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique. Il faudra fixer sous Présidence française le montant du huitième fonds de développement et enfin ne pas oublier l'Amérique latine. Nous avons des choses à faire avec le Mercosur, le Chili ou le Mexique.
Dernier point : la dimension culturelle et audiovisuelle de notre Présidence. J'ai constaté qu'en effet à peu près partout en Europe, on est sensible à la nécessité de développer la production européenne dans le domaine du cinéma et de la télévision. Nous allons donc renforcer le programme média. Nous pensons également qu'il faut réviser la directive « Télévision sans frontières » et nous sommes en train d'y travailler avec la nouvelle Commission.
Je conclurai en rappelant que sous Présidence française, nous démarrerons les travaux de préparation de la Conférence intergouvernementale de 1996 de deux manières. D'abord en établissant le rapport du Conseil sur le fonctionnement du Traité de Maastricht pendant que la Commission et le Parlement établiront leur propre rapport et ensuite nous préparons l'installation du groupe des représentants des ministres qui devraient commencer à fonctionner à partir de Cannes et sous Présidence espagnole. Voilà, j'ai été à la fois long et évidemment très concis. Je suis prêt maintenant, si vous le souhaitez, à répondre à vos questions.
Q. : Est-ce que vous avez parlé du problème entre la France et la Hollande sur le trafic des stupéfiants ?
R. : Nous avons évoqué cette question, qui pour nous est importante car la mise en oeuvre des accords de Schengen – qui va se faire selon le calendrier que vous connaissez dans les six prochains mois – fait que cette question est extrêmement sensible pour nos opinions publiques, pour l'opinion publique française tout particulièrement.
Nous avons déjà depuis plusieurs mois développé notre coopération avec les Pays-Bas dans ce domaine. Vous savez que les opérations conjointes entre nos deux polices ont été menées et que nous avons détaché ici à La Haye des officiers et des magistrats qui nous permettent de comprendre nos préoccupations respectives et de mieux coopérer. Cette coopération est en progrès, nous sommes tombés d'accord pour dire qu'il fallait encore si possible la développer, l'intensifier dans un objectif de bonne compréhension mutuelle. Voilà ce que nous nous sommes dits sur ce sujet très important et très sensible.
Q. : Est-ce que le gouvernement français envisage toujours, même après l'application de la Convention de Schengen, de continuer le contrôle des voyageurs aux frontières françaises si les autorités hollandaises ne révisent pas leurs positions sur le trafic et la vente des stupéfiants ?
R. : Nous appliquerons les accords de Schengen tels qu'ils sont et nous n'avons pas l'intention de poser de nouvelles conditions qui s'ajouteraient à celles qui sont prévues dans les accords.
Q. : Est-ce que vous voulez aussi convaincre le peuple hollandais des avantages des hélicoptères Tigre ?
R. : J'ai soulevé cette question, bien entendu, car la France, comme l'Allemagne, dans le cadre du consortium Eurocopter, attachent énormément d'importance à ce choix. Je crois que tout le monde en connaît maintenant les données à la fois techniques et financières. J'en ai parlé à mes interlocuteurs et maintenant le processus de décision propre aux autorités néerlandaises est en cours.
Q. : M. le Ministre, est-ce que pendant votre Présidence vous pensez développer les relations avec la Russie, en dépit des événements en Tchétchénie ?
R. : Nous comptons pendant notre Présidence organiser une réflexion approfondie sur les relations de l'Union européenne avec la Russie, parce que c'est un sujet de première importance pour l'Union européenne et nous vous tiendrons évidemment informés au fur et à mesure de cette réflexion des orientations qui seront prises.
S'agissant de la Tchétchénie, la Présidence française depuis le début de l'année a pris un certain nombre d'initiatives avec la Troïka. Nous avons effectué plusieurs démarches à Moscou pour appuyer les démarches de l'OSCE et l'envoi d'une mission de l'OSCE sur place. J'espère que les autorités russes, qui avaient donné un accord de principe à l'envoi de cette mission, pourront le confirmer rapidement. Nous avons également proposé à nos partenaires de l'Union européenne – mais la discussion est en cours au Comité politique – une déclaration. Je ne vais pas anticiper, évidemment, sur la décision qui sera prise. Je voudrais simplement rappeler ce qui a été dit par la Présidence et ce que j'ai dit en tant que ministre français : certes la Tchétchénie est en Russie, mais la Russie a pris des engagements dans le cadre de l'OSCE. En tant que candidat au Conseil de l'Europe, dans le cadre également d'un accord de partenariat avec l'Union européenne, et ses engagements lui créent des obligations en matière de respect des Droits de l'Homme et en matière de proportionnalité des opérations de sécurité à l'intérieur de son territoire. Donc, nous souhaitons que ces engagements soient tenus par la Russie et nous l'y invitons vivement.
Q. : Avez-vous parlé d'une éventuelle diminution des langues de travail au sein de l'Union européenne ?
R. : Il faudrait préciser ce sujet. La France n'a jamais eu l'intention sous sa Présidence de prendre l'initiative de réduction des langues de travail. Je crois qu'il y a eu malentendu. Non seulement nous n'avons pas l'intention de demander la réduction de langues de travail, mais nous souhaitons même favoriser le plurilinguisme. L'un de nos projets, c'est de mettre au point une convention internationale par laquelle les États signataires s'engageraient à rendre obligatoire dans leurs établissements d'enseignement secondaire l'apprentissage de deux langues étrangères. Cela n'est pas pour gêner les Pays-Bas qui pratiquent cette discipline depuis longtemps. Il semble bon de l'étendre à l'ensemble des pays européens.
Q. : (Sur Europol ?)
R. : Il y a eu des problèmes, les objections ne sont pas exclusivement françaises. On fait toujours beaucoup d'honneur à la France. Par exemple, Europol s'occupera-t-il ou ne s'occupera-t-il pas du terrorisme ? Cela fait l'objet d'une discussion.
Q. : Y a-t-il des pressions françaises sur le gouvernement hollandais pour qu'il achète des hélicoptères Tigre ?
R. : Quand il y a plusieurs partenaires dans une négociation, que certains font beaucoup de pressions, si les autres n'en font pas, ils sont sûrs de ne pas être entendus. Je voudrais quand même préciser que l'essentiel de ma visite, c'est les priorités de la Présidence française.
Rencontre du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, à l'issue de son entretien avec le ministre italien des Affaires étrangères, Mme Susanna Agnelli, à Rome, le 19 janvier 1995
Dans le cadre de la tournée que la Présidence française de l'Union européenne effectue dans les capitales, j'ai été très heureux de me retrouver ce matin à Rome et de rencontrer Mme Agnelli que j'ai félicitée à nouveau de sa nomination. Ma venue ici avait pour but de présenter le programme de la présidence française, ses grandes priorités que je rappelle brièvement.
Ces priorités, vous le savez, sont maintenant connues. Elles tiennent en 4 ou 5 grandes rubriques. Tout d'abord la croissance et l'emploi. A ce titre nous sommes attachés, comme l'Italie d'ailleurs, à la réalisation des grands projets de réseau de transport, notamment les trains à grande vitesse.
La deuxième priorité c'est la dimension sociale de la construction, et nous allons organiser un certain nombre de rencontres à ce sujet.
Troisième thème, la sécurité et la stabilité de notre continent. Nous espérons pouvoir conclure le pacte de stabilité, au mois de mars à Paris, et simultanément, renforcer l'Union de l'Europe occidentale.
Le quatrième grand thème, c'est celui des relations extérieures de l'Union européenne. Il faut d'abord poursuivre tout ce qui a été engagé en Europe centrale dans la perspective de l'adhésion de ces pays. Mais il faut aussi insister plus qu'on ne l'a fait jusqu'à présent sur la dimension méditerranéenne des relations extérieures. De ce point de vue, la succession des présidences française, espagnole et italienne, est particulièrement heureuse. Enfin nous nous intéresserons aussi, pendant notre présidence, aux questions culturelles et audiovisuelles, de façon à favoriser la production européenne dans ce domaine.
Ceci n'est évidemment qu'un résumé rapide de l'entretien que nous avons eu ce matin. Je me suis réjoui, tout d'abord, de voir qu'il y avait une très grande convergence de vue entre l'Italie et la France. En second lieu, je dois dire que ce programme est très ambitieux mais que nous avons la volonté de le réaliser. J'ai lu sous la plume de certains observateurs ou journalistes italiens que la France était désemparée à l'approche de sa présidence. Eh bien j'espère ne pas vous donner ce matin le sentiment de quelqu'un qui est désemparé. Le programme de la présidence a d'ailleurs été très bien accueilli par le Parlement européen, et je voudrais conclure en me réjouissant de la façon dont le Parlement européen a très largement ratifié hier la nomination de la nouvelle Commission, avec laquelle nous allons pouvoir commencer à travailler dès lundi.
Merci encore, madame, pour votre accueil.
Q. : Comment concilier aujourd'hui votre charge de ministre des Affaires étrangères et celle de Président du RPR ?
R. : Je n'ai pas le sentiment de ne pas pouvoir assumer ma charge de ministre des Affaires étrangères. Je suis à Rome, cet après-midi je serai à Vienne, demain je serai à Dublin, demain après-midi à Copenhague, lundi et mardi à Bruxelles. Vous voyez que la priorité, pour moi, c'est d'assumer mon travail de ministre, et je crois le faire.
Q. : Est-ce que vous avez aussi évoqué l'Algérie ?
R. : C'est exact. Nous avons parlé avec Mme Agnelli de la situation en Algérie. J'ai redit que la France avait considéré avec beaucoup d'intérêt les conversations qui se sont nouées ici à Rome, d'une façon générale en Italie, sous les auspices de la Communauté Sant'Egidio et j'ai rappelé que notre position constante, depuis des mois et des mois, était d'appeler au dialogue. J'espère que ce dialogue va pouvoir s'ouvrir. C'est aux forces politiques algériennes, bien sûr, d'en décider.
Q. : Précisément, hier Alger a réagi, pour la première fois, et la réponse est négative.
R. : Nous ne nous lasserons pas d'appeler au dialogue, parce qu'il n'y a pas d'issue dans la confrontation et dans la violence.
Q. : Avez-vous également parlé de la situation en Tchétchénie ?
R. : Bien entendu. J'ai fait le point avec Mme Agnelli des initiatives que la présidence de l'Union européenne a prises. Vous savez que depuis le début du mois de janvier nous avons appuyé de tout notre poids les initiatives de l'OSCE, l'Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe. D'ailleurs la mission de l'OSCE doit se rendre dans les prochaines heures ou les prochains jours à Moscou et en Tchétchénie. J'ai publié il y a 48 heures, au nom de l'Union, une déclaration lançant un appel pressant à la cessation des combats et à l'ouverture du dialogue et de la négociation avec toutes les parties tchétchènes. Nous avons reçu des assurances de la Russie que les choses iraient en ce sens. Le Premier ministre Tchernomyrdine négocie, nous en reparlerons lundi à Bruxelles, et nous adapterons à l'évolution des choses notre réaction.
Propos du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, à la presse, a l'issue de son entretien avec le Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères irlandais, M. Dick Spring, à Dublin, le 19 janvier 1995
M. Spring : J'ai été heureux d'accueillir M. Juppé à Dublin ce jeudi 19 janvier, dans le cadre de la tournée qu'il a entreprise auprès des pays membres de l'Union européenne pour présenter les priorités de la Présidence française. J'ai eu l'occasion, au cours de ces discussions, d'évoquer la position du gouvernement irlandais sur un certain nombre de question, comme par exemple les relations de l'Union européenne avec les pays méditerranéens et avec les pays de l'Europe de l'Est, que j'aurai l'occasion d'exprimer à nouveau devant nos collègues lundi à Bruxelles. Nous avons également procédé à un échange de vues sur un certain nombre de questions internationales, notamment l'ex-Yougoslavie.
M. Juppé : Je voudrais simplement remercier M. Spring de nous avoir accueillis, ce matin, la délégation française et moi-même, à Dublin. Comme il vient de le dire, nous avons abordé ensemble un grand nombre de sujets, dans un climat de très grande cordialité. Je voudrais remercier le gouvernement irlandais pour l'appui qu'il a apporté aux priorités de la Présidence française telles que je les ai rappelées ce matin. Je crois que vous connaissez ces priorités qui ont été exposées notamment devant le Parlement européen il y a quelques jours et je voudrais d'ailleurs souligner que l'accueil du Parlement européen sur ces différents points a été extrêmement positif. Vous savez que nous avons mis au premier rang de notre programme la lutte contre le chômage, la croissance et l'emploi. Nous souhaitons aussi développer la dimension sociale de la construction européenne. Nous avons longuement abordé ce matin les questions de sécurité et les relations extérieures de l'Union et j'ai aussi indiqué comment nous entendions engager la préparation des premières étapes de la Conférence intergouvernementale de 1996. Nous avons également abordé, en sortant du cadre de la Présidence, nos relations bilatérales avec l'Irlande pour constater qu'elles étaient excellentes, notamment dans le domaine culturel, auquel nous attachons les uns et les autres une grande importance.
Q. : La question de l'Irlande du Nord a-t-elle été évoquée au cours de vos entretiens ?
R. : Nous avons effectivement parlé de cette question. Comme vous le savez, l'Union européenne et en particulier la France ont apporté leur appui immédiat et sans réserve au processus de paix. L'Union européenne a mis en place un programme d'aide à l'Irlande du Nord ; nous sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider à la poursuite du processus de paix. Je voudrais saluer le rôle personnel joué par M. Spring dans l'engagement de ce processus dont nous espérons qu'il sera finalement à même de ramener la paix et la stabilité en Irlande du Nord.
Conférence de presse du ministre des Affaires étrangères, M. Alain Juppé, à Copenhague, le 20 janvier 1995
Je voudrais d'abord remercier mon collègue et ami Niels Helveg Petersen de ce qu'il vient de dire. Je me réjouis que le programme de la présidence française, tel que je suis venu l'exposer aujourd'hui à Copenhague, d'abord au Premier ministre, puis à M. Petersen, rejoigne les vues du Danemark.
Je crois que vous connaissez déjà les grandes priorités de ce programme, donc je ne vais pas m'y attarder. Nous avons mis au premier rang toutes les questions relatives à la croissance et à l'emploi. Je pense par exemple au grand réseau de communications transeuropéen.
Nous souhaitons aussi donner une dimension sociale à notre présidence et nous avons prévu plusieurs rencontres sur ces questions.
Troisième priorité : la sécurité avec l'achèvement de la conférence sur la stabilité, qui doit se conclure à Paris au mois de mars.
Quatrième grand objectif : ce sont les relations extérieures de l'Union, avec deux objectifs principaux. D'abord l'Europe centrale. Il faut développer toutes les initiatives qui ont été prises au cours des derniers mois. Nous souhaitons en particulier que puisse être conclus, sous la présidence française, les accords d'association avec les États baltes, de façon qu'ils puissent participer comme les autres pays d'Europe centrale au dialogue structuré avec l'Union. Le deuxième grand pôle des relations extérieures, c'est la Méditerranée. Nous sommes d'accord pour donner plus d'importance à nos relations avec le Sud de l'Union européenne. Enfin, nous attacherons beaucoup d'importance aux questions culturelles, notamment à l'encouragement à la production audiovisuelle et cinématographique en Europe, ainsi qu'à celui de l'apprentissage des langues étrangères dans tous les pays de l'Union.
Voilà, c'est un programme très ambitieux, j'en ai bien conscience, pour une période de six mois, mais nous allons y consacrer toute notre énergie et je voudrais vous rappeler que mardi dernier, le parlement européen a réagi très favorablement à ces orientations, qui ont été exposées par le Président de la République française.
Voilà, je suis prêt à répondre à quelques questions, bien que maintenant le moment du départ se rapproche.
Q. : Le Danemark et d'autres pays sont satisfaits que vous vouliez encourager l'apprentissage des langues étrangères dans l'Union. Mais lorsque le programme de la présidence française a été présenté à Strasbourg, le texte était uniquement en français. Lorsqu'on a demandé plus tard à des fonctionnaires français à quel moment le programme traduit dans d'autres langues serait prêt, la réponse était qu'une version anglaise, espagnole ou allemande serait peut-être prête à la fin du mois. Est-ce que cela correspond à l'objectif que vous avez mentionné ?
R. : Si cette information est exacte, ce serait regrettable, effectivement. Nous allons vérifier que chacun puisse bénéficier d'une traduction dans les plus brefs délais. Je vous signale que l'intervention du Président de la République devant le Parlement européen à Strasbourg a été traduite et interprétée dans toutes les langues.
Q. : Pouvez-vous nous dire, alors, quand les versions dans les autres langues – et en particulier en danois – seront disponibles ?
R. : Je ne peux pas vous dire. On va regarder cela. Si vous êtes très impatient, nous allons essayer de vous l'envoyer le plus vite possible. Mais comme vous m'interrogez en anglais, je serais tenté de vous renvoyer à la version anglaise !
Q. : (Concernant la révision du traité de Maastricht et les principaux titres qu'envisage actuellement la présidence française ?)
R. : Il est beaucoup trop tôt pour répondre à cette question. La présidence doit évidemment prendre en considération les points de vue de l'ensemble des États membres. Nous avons mis en place une procédure. Nous préparons un avant-projet de rapport du Conseil sur le fonctionnement du traité. Dans le courant du mois de février, nous en parlerons avec chaque État membre. Nous aurons une première discussion à Quinze au mois de mars et le rapport sera arrêté au Conseil européen de Cannes, définitivement. Donc c'est dans ce calendrier-là que je pourrai répondre plus précisément à votre question.
Q. : Est-ce que vous avez discuté de la Tchétchénie et de la déclaration de l'Union qu'on va envoyer peut-être la semaine prochaine aux Russes ?
R. : Oui, nous avons abordé cette question qui est très importante. Vous savez que la présidence a tout de suite réagi, dès les premiers jours de janvier. Nous avons appuyé totalement les initiatives de l'OSCE. J'ai publié il y a deux jours, au nom de la présidence, une déclaration qui lançant un appel pressant à la cessation des hostilités et à l'ouverture des négociations. Nous en parlerons lundi à Bruxelles et l'Union européenne sera représentée dans la mission de l'OSCE, qui doit se rendre en Russie et en Tchétchénie, je l'espère, au cours des prochains jours.
Q. : Monsieur le Ministre allemand des Affaires étrangères et Boris Eltsine auraient envoyé lettre au Président de la Tchétchénie. Cette information est-elle exacte ?
R. : Écoutez, j'ai quitté Paris depuis 36 heures, pratiquement, donc je ne peux pas confirmer cette information. Je ne sais pas si nous l'avons reçue à Paris.
Q. : Qu'est-ce que vous allez faire pour renforcer la politique étrangère en Méditerranée, concernant surtout la menace fondamentaliste ?
R. : Je vous ai dit qu'une politique vers la Méditerranée me paraissait nécessaire pour les prochaines années. Pour définir ce que doit être cette politique, nous avons un rendez-vous important au mois de novembre. Ce sera la conférence euro-méditerranéenne, qui se tiendra sous la présidence espagnole. Nous allons préparer cette conférence dès maintenant avec nos amis espagnols. Elle devra aborder tous les aspects de nos relations avec les pays du Sud : le dialogue politique, les questions de stabilité et de sécurité, les relations commerciales, la dimension également culturelle, parce qu'il faut mieux se comprendre entre le Nord et le Sud, et également la coopération financière. Et dans l'intervalle, pour préparer ce travail, nous souhaitons faire aboutir un certain nombre d'accords, qui sont en cours de négociation actuellement avec Israël, le Maroc, la Tunisie et d'autres encore. Merci.