Texte intégral
Europe 1 : Vendredi 2 décembre 1994
F.-O. Giesbert : N'est-ce pas fatigant de ramer tout seul contre tout le monde ?
J.-M. Le Pen : C'est peut-être fatigant quelquefois mais cela ne m'empêche pas de le faire. Les événements d'ailleurs me donnent plutôt raison et les analyses que j'ai faites tout au long de ces dix années se sont trouvées vérifiées. Je suis tenté de dire, hélas.
F.-O. Giesbert : N'avez-vous pas l'intention de vous ranger des barricades ? Vous avez un petit faible pour E. Balladur, n'est-ce pas ?
J.-M. Le Pen : Pas un petit faible, ni un gros faible d'ailleurs. Ce que j'ai exprimé est un sentiment par rapport à la personne et pas par rapport à la politique menée puisque c'est une politique que je condamne pour son immobilisme et son impuissance.
Q: Vous êtes quand même balladurien ?
J.-M. Le Pen : Je ne suis pas balladurien du tout, mais plutôt lepéniste.
F.-O. Giesbert : S'il est candidat, E. Balladur bénéficiera-t-il de l'indulgence du Front National ?
J.-M. Le Pen : Sûrement pas. Je serai candidat au premier tour contre lui et par conséquent, je mobiliserai toutes les forces de notre mouvement en ma faveur et peut-être les voix des électeurs.
F.-O. Giesbert : Que demandez-vous à E. Balladur en échange, la proportionnelle par exemple ?
J.-M. Le Pen : Il est bien évident que si l'hypothèse que je ne sois pas au deuxième au tour se réalisait, dans ce cas le Front national et moi-même nous demanderions au candidat désigné en quelque sorte par le peuple, un certain nombre de satisfactions sur le plan de notre programme. Il est bien évident que si on a besoin de voix des électeurs du Front national pour constituer une majorité, il faudra tenir compte de ce qu'ils pensent et de ce qu'ils souhaitent.
F.-O. Giesbert : Donc vous demanderez de la proportionnelle ?
J.-M. Le Pen : Il me paraît évident que la proportionnelle serait de nature à assainir le climat de la politique française en permettant que toutes les portions du peuple soient représentées au Parlement, à l'endroit où l'on doit parler des choses de la nation.
F.-O. Giesbert : C'est donc votre message ce matin à E. Balladur ?
J.-M. Le Pen : À E. Balladur et à tout le monde. On connaît déjà nos positions. Sur la politique strictement intérieure, nous demandons aussi que le financement des partis soit réalisé de façon égale et juste, alors qu'actuellement la moitié du financement est détournée vers les députés, ce qui me paraît tout à fait anormal compte tenu du fait que certains mouvements politiques sont écartés du Parlement justement par le mode de scrutin.
F.-O. Giesbert : Vous commencez à vous énerver de plus en plus contre P. de Villiers, n'est-ce pas ?
J.-M. Le Pen : Je peux vous dire que P. de Villiers me laisse très calme. On me parle, de lui et dans ce cas je réponds, c'est tout. P. de Villiers a copié le programme du Front national, ce dont je me félicite puisqu'il a obtenu à l'intérieur de la majorité un chiffre de voix important sur les thèmes sur lesquels je me bats. Par conséquent, il renforce l'action politique que j'ai engagée.
F.-O. Giesbert : Mais il choque moins que vous, non ?
J.-M. Le Pen : Choquerait-il moins parce qu'il est vicomte, croyez-vous? Mais il y a plus de gens qui sont du peuple que de l'aristocratie.
F.-O. Giesbert : Pensez-vous qu'il y ait un lepéniste qui sommeille en lui ?
J.-M. Le Pen : Je crois d'ailleurs qu'il a du mal à étouffer sa voie…
F.-O. Giesbert : L'homme que vous redoutez le plus, n'est-ce pas C. Pasqua s'il est candidat ?
J.-M. Le Pen : Non mais ce n'est pas possible, lui aussi va être candidat ? Et puis Séguin ? Et puis qui encore? Comme le disait le général de Gaulle, qui avait des formules remarquables, « ce ne sera pas le vide mais le trop-plein ». C'est ce qui est en train de se produire. C. Pasqua est un illusionniste tout à fait brillant. Il est capable de faire croire à ce qui n'existe pas. C'est ce qu'il fait pour l'immigration, pour l'insécurité. On l'a bien vu pour les primaires puisqu'il a sorti le lapin par les oreilles et on s'est aperçu que c'était un bourricot.
F.-O. Giesbert : Pouvez-vous nous parler de votre slogan pour les présidentielles, « tête haute, mains propres » ? Les autres ont-ils les mains sales ?
J.-M. Le Pen : Je suis bien obligé de constater que tous les partis politiques et tous les hommes politiques sont plus ou moins pollués par la corruption dans notre pays, quand ils occupent, en tous les cas, des postes de responsabilité qui leur permettent de monnayer leur signature, soit pour eux-mêmes ce qui est particulièrement scandaleux, soit pour leur mouvement politique ou pour qui que ce soit ce qui est éminemment condamnable.
F.-O. Giesbert : Pourquoi plaidez-vous l'avènement d'une VIe République ?
J.-M. Le Pen : Nous pensons que la corruption dans notre pays et l'impuissance sont structurelles, beaucoup plus que liés à la personnalité des hommes politiques. Il nous paraît que les institutions ont besoin d'une réforme fondamentale. C'est pourquoi nous disons que vu l'importance des réformes, il vaut mieux les intituler sous le terme de VIe République pour montrer le changement essentiel qu'il faut apporter à nos institutions.
F.-O. Giesbert : Avant vous nous parliez exclusivement immigration, aujourd'hui vous nous parlez corruption, non ?
J.-M. Le Pen : Non, je parle institutions. Je parle d'insécurité, de fiscalité puisque je propose que dans la Constitution soit insérée une disposition qui limite à 33 % le chiffre des prélèvements obligatoires.
F.-O. Giesbert : J. Delors est en train de devenir la coqueluche des Français, vous ne pensez pas qu'il a maintenant son passeport pour l'Élysée ?
J.-M. Le Pen : Je crois qu'il devient la coqueluche des médias et des sondages, on verra bien s'il est la coqueluche des Français s'il se présente, ce dont je ne suis pas encore sûr, loin de là.
F.-O. Giesbert : Ce sera quand même un candidat redoutable, non ?
J.-M. Le Pen : Il aura quand même un courant formidable à remonter parce que dans l'euphorie de sa nouveauté, tout le monde oublie qu'il a été le ministre de la partie la plus condamnable du mitterrandisme, c'est-à-dire le gouvernement Mauroy. C'est aussi l'homme de l'Europe fédéraliste. Je ne vois pas comment on peut accepter de prendre la responsabilité d'être président de la République lorsque l'on a les idées qu'il a sur l'Europe.
F.-O. Giesbert : Mais les Français le savent et l'aiment bien…
J.-M. Le Pen : Nous verrons cela quand nous serons en tête-à-tête dans le débat et le combat politique.
Q: Cela va-t-il mieux entre vous et B. Tapie ?
J.-M. Le Pen : Je ne tire pas sur les ambulances. Je fais exactement l'inverse de la classe politique. Quand B. Tapie était riche et puissant, tout le monde était à sa botte, moi je le combattais. Maintenant qu'il est à terre, tout le monde le combat, moi je laisse la justice passer.
F.-O. Giesbert : Un mot sur la journée mondiale du SIDA ?
J.-M. Le Pen : Elle m'a rappelé que c'était moi, il y a huit ans, qui avais été le seul homme politique à révéler à nos concitoyens la gravité de la pandémie. On ne doit pas oublier non plus le rôle joué par certains hommes politiques et de responsables dans la diffusion de la maladie. N'oublions pas que c'est la transfusion du sang contaminé qui, chez nous, a donné un coup d'accélérateur formidable à ce fléau.
« GRAND JURY » – RTL-Le Monde : Dimanche 11 décembre 1994
Source : RTL
Question : Monsieur Le Pen, faites-vous partie de ceux qui attendent avec intérêt, voire avec impatience, la décision de Jacques Delors d'être ou non candidat à l'élection présidentielle ?
J.-M. Le Pen : Pas du tout, parce que je considère que les palinodies auxquelles se livrent, autour de Jacques Delors, le Parti socialiste et Jacques Delors lui-même sont un peu outrageantes pour le public et pour les électeurs. On ne joue pas avec une candidature. On sait ce que l'on veut ou on ne le sait pas.
Fédéralisme et haute trahison
À moins que l'indécision de M. Delors soit hautement justifiée. (...) Sachant que M. Delors est un fédéraliste et qu'il serait Président de la République française, je pense qu'il doit avoir une certaine crainte de se trouver dans la situation d'un homme chargé de défendre la souveraineté française, la République une et indivisible et d'être, dans le cadre du traité de Maastricht, chargé de liquider la France. Cette situation constitue, à mes yeux, un cas de haute trahison. (...)
À Essen (...), il a dit: "J'avais l'intention d'annoncer ma décision le 15 janvier. Pressé par mes amis, j'ai décidé, si je n'étais pas candidat, de l'annoncer avant Noël. Comme il semble c'est du moins son patron, M. Kohl, qui l'affirme qu'il va annoncer cela aujourd'hui, je pense qu'il n'est pas candidat. (...)
La popularité de Jacques Delors
(...) M. Delors n'est sympathique aux yeux de l'opinion que dans la mesure où ses adversaires ne le sont pas. (...) En fait, ce n'est pas M. Mitterrand qui a été élu en 1981, mais c'est M. Giscard d'Estaing qui a été battu, de même que M. Chirac a été battu. (...) M. Delors est celui qui embête tous les autres. Par conséquent, quand on les interroge, les Français répondent : Delors, pourquoi pas? (...)
Balladurisme et delorisme
Question : Rejoignez-vous ceux qui disent qu'entre le balladurisme et le delorisme, c'est bonnet blanc et blanc bonnet?
J.-M. Le Pen : Avec le delorisme, Il y a la douleur en plus. Avec le balladurisme, il y a la douleur en moins. J'ai souvent reproché à M. Balladur de se conduire comme un médecin apportant des soins palliatifs. (...)
Quelle est l'importance du centre ?
(...) Il n'est un pivot important que parce que la droite a exclu de façon délibérée et encore pour moi inexplicable, au moins politiquement, le Front national de la majorité marxiste du pays. Dans ces conditions, il est évident que le centre constitue un point de passage obligé, une espèce de pont aux ânes. (...)
M. de Villiers se présentera-t-il aux élections présidentielles ?
Question : Dans la mesure où la campagne présidentielle risque de jouer de nouveau en grande partie sur l'Europe, ne craignez-vous pas surtout la candidature de Philippe de Villiers ? (..)
J.-M. Le Pen : (...) Maintenant, il est probablement moins crédible dans une élection présidentielle qu'il ne l'était avec ses trois compagnons : M. Goldsmith, M. Jean-Pierre et M. de Gaulle. (...) Je le crois assez avisé pour ne peut-être pas risquer là un crédit de 12 % aux européennes qui pourrait se retrouver très amoindri à l'échelon national. (...) S'il se présente, sa candidature sera surtout faite pour porter préjudice à Jacques Chirac, avec lequel il a un certain nombre de points communs et certaines ambiguïtés relatives à Maastricht. Lui a été délibérément contre Maastricht, M. Chirac était pour mais il s'est un peu rétracté. (...)
M. Pasqua et M. Le Pen
Question : Trouvez-vous que la phrase prononcée par Charles Pasqua il y a quelques années selon laquelle le Front national et le RPR avaient un certain nombre de valeurs communes puisse encore s'appliquer à la situation actuelle ?
J.-M. Le Pen : Si M. Pasqua (...) veut défendre la liberté de l'esprit, la liberté de la presse et de l'expression, s'il veut remplacer sa politique de faux-semblants en matière d'immigration et mettre un contenu réel dans les affirmations publiques de sa politique, il est possible que nous trouvions des points de rassemblement, surtout dans une période de grave danger pour la France qui pourrait, par exemple, être la conséquence de l'arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés « FLN ». Mais là-dessus, il semble que nous n'ayons pas la même opinion l'un et l'autre, ni M. Pasqua ni la majorité, qui se prépareraient à accueillir ces réfugiés sur les aéroports français, notamment militaires, où on serait en train de bâtir des équipements pour les recevoir. (...)
L'immigration
(...) Contrairement à l'image qu'a parfois M. Pasqua dans l'opinion, il faut savoir que l'immigration continue. Il entre 110 000 à 120 000 immigrés légaux par an, tandis qu'on naturalise 120 000 étrangers par an. (...) Si j'étais élu Président de la République (...), la première mesure que je prendrais serait de cesser d'attirer les immigrés chez nous par des mesures sociales parfaitement injustifiées. C'est ce que vient de faire la Californie (...) par un referendum d'initiative populaire. (...)
L'intégration des médecins étrangers
Question : Cet après-midi à l'Assemblée, le Gouvernement a fait adopter un projet de loi visant à l'intégration dans le service public hospitalier des médecins titulaires de diplômes étrangers. (...)
Je trouve cela scandaleux dans la mesure où il existe un numerus clausus pour les jeunes médecins français. Je trouve scandaleux d'établir, comme dans beaucoup d'autres domaines, une préférence étrangère, alors que l'on sait (...) que la plupart d'entre eux ont un niveau de qualification inférieur au niveau moyen des médecins français. C'est le même problème que celui de la natalité. Quand on a besoin de Français en plus, il me paraît (...) plus simple de faire une politique familiale, d'encourager les Françaises et les Français à avoir plus d'enfants que de faire venir des immigrés. (...)
Le dépistage systématique du SIDA
Question : En revanche, les députés ont supprimé, à l'unanimité, l'obligation faite au Gouvernement par le Sénat d'inciter les personnes résidant en France à se soumettre au dépistage du sida.
J.-M. Le Pen : Cela me paraît mirobolant et scandaleux. (...) L'Assemblée nationale, à l'unanimité, mais nous sommes aujourd'hui dimanche et qu'on a tourné beaucoup de clés, a décidé de fermer les yeux sur un danger qui demeure mortel. (...) Est-ce qu'il n'est pas sage de demander à quelqu'un qui a des doutes de s'informer ? (...) Je ne comprends pas bien, dans notre société, la place tout à fait étonnante (...) qu'occupe le sida. (...)
« Je n'ai pas honte de ma femme »
Question : Cette semaine a été présenté le programme de votre campagne. Déjà, sur les murs, une affiche vous représente en compagnie de Mme Le Pen. Pour quelle raison?
J.-M. Le Pen : Parce qu'il me paraît que les Français ont le droit de savoir quelle allure ou quel visage aurait la première dame de France. (...) Pourrais-je le dire, je n'ai pas honte de ma femme. Je considère que sa présence à mes côtés est plutôt majorative que minorative. Je n'ai pas le goût du suicide. (...)
La télévision et le Front national
Selon le CSA, en 1992, sur 237 heures de ce qu'il appelle « les temps totaux politiques », le Front national a eu 5 heures 35, soit 2,38 %. Je rappelle que nous avons aux élections entre 12 et 14 % des voix. En 1993, le chiffre est tombé à 0,24 %. Au premier semestre 1994, il est tombé à 0,07 %. (...) Je m'adresse au CSA en vain qui me brandit un texte sans aucune valeur légale (...) : la règle des trois tiers, un tiers pour le Gouvernement, un tiers pour la majorité, un tiers pour l'opposition, sous-entendu parlementaire. (...) Comment cela va-t-il se passer pendant les trois ou quatre mois qui nous séparent de l'élection présidentielle ? (...) Bénéficierai-je d'une égalité avec mes concurrents? (...)
La dette de la France
La dette est de 3 000 milliards. Elle sera de 3 500 milliards à la fin de l'année 1995, ce qui coûte aux Français 200 milliards par an. Elle était en 1981 de 500 milliards. Elle a augmenté de 500 % sous François Mitterrand, et de 1 000 milliards sous Balladur. (...) Il faudra trouver un candidat alternatif à cette manière de gérer. (...)
Immigration et insécurité
L'immigration ? 6 millions d'étrangers dont le coût est évalué à 250 milliards par an. Je leur demande de rentrer chez eux. (...) On va d'abord mettre dehors, ce qui me paraît aller sans dire, tous les clandestins, sans discussion. Ensuite, tous les délinquants et un certain nombre de gens qui se font remarquer et qui affirment qu'ils ont « Ma haine » à l'égard de ce pays. Il me paraît qu'ils n'ont pas de place chez nous et qu'ils doivent rentrer chez eux. (...) Je pense à ces loubards de banlieue, à ces manifestants qui font régner dans plusieurs centaines de quartiers ou de villes françaises une atmosphère de pré-guerre civile, qui pratiquent la purification ethnique de fait. Car de ces quartiers et de ces villes, les Français sont obligés de partir parce qu'ils y sont menacés, qu'ils ne s'y sentent pas en sécurité et qu'ils n'y trouvent plus les commerces dans lesquels ils doivent se ravitailler. (...)
Le travail d'intégration est complètement raté. (...) L'immigration en France est planétaire. (...) Par exemple, il y a 7 000 turcs à Mulhouse. (...)
Il faut d'abord couper les pompes aspirantes. (...)
Je crois que la nation est un concept moderne et que l'Europe est une vieille lune. Le temps futur n'est pas aux empires mais aux nations.
Le financement du Front national
Question : Comment financerez-vous votre campagne électorale ?
J.-M. Le Pen : Avec l'argent de l'État. Il y a une dotation de 30 millions par candidat (...) qui va me permettre de faire une campagne digne. (...) Il y a aussi mes amis, nos adhérents, nos sympathisants, les patriotes français (...).
Le financement doit être public, mais juste. Or, jusqu'à maintenant, le Front national n'a que la moitié de la dotation que perçoivent les autres partis. En effet, une moitié est calculée en fonction du nombre de députés à l'Assemblée nationale, dont nous sommes exclus par le mode de scrutin. Il me paraîtrait juste que tous les partis politiques soient financés au prorata de leur nombre d'électeurs. (...)
Pour une sixième république
Il faut rajeunir la démocratie française par le referendum de l'article 11 de la Constitution et par le referendum d'initiative populaire. Il faut inscrire la préférence nationale dans la Constitution. Il faut y inscrire aussi une limitation des prélèvements obligatoires de façon que les Français puissent espérer garder pour eux une partie raisonnable de ce qu'ils gagnent en travaillant. Il faut instituer le salaire maternel ou parental, de façon à avoir une forte politique familiale et démographique, qui assure un renouveau des naissances qui est absolument indispensable. L'insécurité exige que soient prises des mesures très fermes dans le domaine de la répression des crimes et délits, symbolisées par le rétablissement de la peine de mort pour les crimes de sang et les grands trafiquants de drogue. (...)
La dernière campagne ?
Tant que je me sentirai intellectuellement, immoralement et physiquement capable, je continuerai. (...)
Question : Avez-vous des ambitions pour les municipales ?
J.-M. Le Pen : Non ! Cela n'a jamais été ma tasse de thé. J'ai la plus grande estime pour les hommes qui se présentent aux municipales, mais je suis résolument hostile au binôme du député-maire et du sénateur-maire. (...) Il faut établir une loi de non- cumul. (...) ?
Question : Vous démentez votre éventuelle candidature à Toulon ?
J.-M. Le Pen : Totalement. Je ne sais pas d'où est venue cette faribole ! (...)
Présent : 14 décembre 1994
Le seul défenseur de l'identité française
La non-candidature de Jacques Delors n'a pas de quoi surprendre. Le président de la Commission européenne a compris qu'il ne pouvait pas à la fois être le fossoyeur de la nation française à Bruxelles et prétendre en devenir le président de la République.
Constatant qu'il n'aurait pas eu les moyens de mettre en œuvre sa politique s'il avait été élu, il fait voler en éclats l'artificiel clivage « droite / gauche ». Il n'y a pas de majorité en France pour une Europe fédérale et mondialiste, défendue tant par les socialistes que par la droite parlementaire. Ce sera un des débats essentiels de la campagne présidentielle.
Contre une multitude de candidats représentant toutes les tendances de la social-démocratie, je serai le seul défenseur de l'identité française lors de l'élection présidentielle.
France 2 : mardi 20 décembre 1994
B. Masure : Beaucoup de journalistes glosent sur le virage à gauche de J. CHIRAC. Est-ce que c'est purement tactique ?
J.-M. Le Pen : J. Chirac, qui me paraît assez déstabilisé, cherche désespérément à se placer le plus près possible de Monsieur Balladur. Pour cela, il est prêt à faire un petit peu n'importe quoi, quitte à s'attirer des coups de toutes parts. Je doute que son initiative, un peu pitoyable, de vouloir relancer les réquisitions de 1945, alors qu'il est maire de Paris, qu'il a été pendant 10 ans dans la majorité qui a gouverné ce pays dans les vingt dernières années, qu'il s'est attiré l'ire de l'abbé Pierre ... Je pense que M. Mauer dans sa prison, le président de la COGEDIM qui a été un des grands financiers du RPR, n'a pas dû apprécier tout à fait…
B. Masure : Il est sorti…
J.-M. Le Pen : Tant mieux pour lui ! Mais il n'a pas dû apprécier les initiatives proposées par J. Chirac contre le patrimoine de sa société. Aucun des hommes politiques qui, aujourd'hui, dès que la température baisse d'un degré, ou dès qu'un événement médiatique quelconque les met sur l'avant-scène, ont des propositions qu'ils n'ont pas mises en œuvre, qu'ils n'ont pas étudiées pendant les années durant lesquelles ils ont été au pouvoir. Le problème du logement, notamment celui du logement des Français qui m'inquiète moi, est une conséquence directe du nombre considérable d'immigrés en trente ans dans notre pays : 10 millions en trente ans ! Et qui continuent d'entrer puisqu'il en entre, entre 130 ou 140 000 par an de supplémentaire. Ces gens-là, il est évident qu'il faut les loger. Il faut leur donner des écoles, des soins, etc. C'est le tonneau des Danaïdes : on n'y arrive jamais. Comme ceux-là ont une situation, qui est la plus émouvante – puisqu'il débarque de l'avion et qu'ils n'ont rien alors ils prennent la place de ceux qui attendent depuis des années et des années leur tour pour avoir une HLM. Je trouve cela assez scandaleux. Et je trouve assez scandaleux que l'on essaye d'utiliser cela pour une campagne électorale.
B. Masure : Il y a quelques mois, vous avez proposé une sorte d'union populiste avec B. Tapie. Maintenant qu'il est hors-jeu, cela vous ouvre un boulevard.
J.-M. Le Pen : J'avais constaté qu'il y avait une conjonction possible des électorats. Il n'a jamais été question que nous fassions un front populiste de leaders politiques entre B. Tapie et d'autres. Mais il est vrai que beaucoup de Français avaient trouvé, les uns dans le Front national, d'autres chez les Verts, d'autres chez B. Tapie, des possibilités d'expression qui rejetaient l'establishment politique de la bande des quatre. Dans la mesure où B. Tapie n'est plus présent dans la bataille politique, et dans la mesure où les Verts sont complètement explosés, il est certain que pour le Front national qui est une formation stable, et pour son candidat aux élections présidentielles, il y ait des chances accrues.
B. Masure : On a l'impression que dans vos discours vous épargnez. E. Balladur. Vous rêvez d'être l'un de ses ministres.
J.-M. Le Pen : Je suis dans l'opposition à l'actuelle majorité et à l'actuel gouvernement. Mais il est vrai que, dans la mesure où Monsieur Balladur nous considère comme des citoyens parmi d'autres – ce que ne faisait pas Monsieur Chirac ou d'autres dirigeants politiques français – nous avons à son égard une attitude de respect.
B. Masure : Vous comptez toujours arriver en tête des candidats de droite au premier tour ?
J.-M. Le Pen : Je souhaite être présent au second tour, car je crois que cela aurait le mérite d'offrir aux Français une alternative entre une politique de préférence nationale, et une politique sociale- démocrate qui est, somme toute, commune, à quelques nuances près, à la gauche et au RPR et à l'UDF. Cela me paraîtrait un choix décisif.
Présent : 21 décembre 1994
La démagogie, c'est de se taire sur l'immigration
La cause essentielle de la crise du logement : chaque année, plus de 120 000 nouveaux arrivants
Comme chaque année à la veille de la « trêve des confiseurs », de spectaculaires opérations médiatiques sont organisées et orchestrées pour découvrir, avec un étonnement calculé, qu'il existe en France une crise du logement et que les rigueurs de l'hiver sont particulièrement redoutables pour les plus démunis.
Les professionnels de l'émotion masquent cependant la cause essentielle de la crise du logement dans notre pays: une immigration incontrôlée qui, chaque année, nous oblige à loger 120 000 nouveaux arrivants officiels, sans compter les dizaines de milliers de clandestins, et cela le plus souvent au détriment des familles françaises.
Ce n'est qu'en réglant le problème de l'immigration qu'on apportera du même coup une solution à la crise du logement. En matière de logement aussi, il importe d'inscrire au plus vite dans la Constitution le principe de la préférence nationale. Il n'est pas tolérable que des familles françaises soient encore dépourvues de toit dans leur propre pays.