Interview de M. Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, dans "La Tribune Desfossés" du 20 juin 1995, sur le résultat du deuxième tour des élections municipales de 1995 et le projet de loi de finances rectificative.

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Média : La Tribune Desfossés

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La Tribune : Voyez-vous une explication sociale au vote de dimanche ?

Jean-François Mancel : Le vote a d'abord été largement municipal, c'est-à-dire que les situations locales se sont révélées décisives. Tous les appels à la résistance lancés par les socialistes ont reçu peu d'échos, et il y a eu maintien de la confiance à la majorité et au président de la République. Les résultats ne traduisent pas une déception à l'égard du gouvernement, sans quoi des signes auraient été perceptibles. Mais il est vrai que les raisons sociales peuvent expliquer le vote en faveur du Front national, de la part d'électeurs fatigués par deux septennats socialistes et aujourd'hui en manque de réponses à leurs questions. C'est à partir de jeudi, quand sera présenté le collectif budgétaire, que viendront les mesures fortes.

La Tribune : Le gouvernement devrait-il selon vous infléchir sa politique économique dans un sens plus favorable à l'emploi ?

Jean-François Mancel : Dans le collectif budgétaire, il faut afficher clairement une volonté commune de sortir l'économie française de la situation de chômage où elle se trouve, en utilisant deux moyens à la fois. Les moyens d'action directe sur les entreprises, avec le contrat initiative emploi. Mais également en créant les conditions générales favorables à la baisse des taux d'intérêt, grâce à une réduction progressive du déficit budgétaire. Si on infléchissait la politique monétaire, on aurait le même résultat que si on laissait filer le déficit budgétaire. Car si les taux d'intérêt sont élevés en France, c'est que les déficits publics et l'endettement sont trop lourds et que l'État ne cesse de ponctionner les marchés pour les financer.

La Tribune : Les élus locaux redoutent aujourd’hui de voir l'État les abandonner. Comment le gouvernement peut-il les rassurer, s'il commence par amputer certains crédits ?

Jean-François Mancel : L'essentiel, c'est de rétablir une confiance forte des collectivités locales à l'égard de l'État. Les élus locaux sont prêts à prendre eux-mêmes leurs responsabilités dans la mesure où ils participent à la grande cause du rétablissement national. Des crédits seront-ils différés ? Pourquoi pas ? Mais il faut alors que cette décision soit expliquée, et donc éviter tout diktat de la part de l'État.