Discours de M. Jacques Chirac, député RPR maire de Paris et candidat à l'élection présidentielle 1995, sur ses propositions pour améliorer la représentation politique et les conditions de vie des femmes, Paris le 7 avril 1995.

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Circonstance : Réunion organisée par le Conseil national des femmes françaises dans le cadre de la campagne de l'élection présidentielle 1995

Texte intégral

Mesdames,

Il est assez impressionnant, pour un homme politique, de s'exprimer devant votre Conseil.

Depuis des années, vous vous êtes fait connaître par le sérieux de votre travail, la persévérance de votre action, et aussi la hauteur avec laquelle vous abordez les problèmes. Vous voulez ce qui est bien et ce qui est juste, non seulement pour les femmes, mais pour l'ensemble de notre société. Les deux choses sont d'ailleurs liées. Comment pourrions-nous avoir une société juste, tant que les femmes seront victimes d'injustices ?

Je sais que vous avez invité les différents candidats à l'élection présidentielle dans un esprit de dialogue et d'ouverture. Je sais aussi que vous êtes attentives, vigilantes, peu disposées à entendre des propos vagues sur la place des femmes dans notre pays, et tout particulièrement sur leur place dans la vie politique française.

J'ai tout à fait conscience qu'aucun homme politique n'est exempt de reproches. Moi comme les autres. Si nous avions eu davantage la volonté de donner leur chance à des femmes, notre paysage politique ne serait pas à ce point en décalage avec la société.

Bien sûr, la vie publique n'est pas tout. Il y a bien d'autres domaines où le changement est nécessaire, et pas seulement en ce qui concerne la situation qui est faite aux femmes. Mais je pense, comme vous, que la vie publique est éminemment symbolique.

L'absence ou la sous-représentation des femmes dans les instances politiques va de pair, en général, avec leur sous-représentation dans les autres instances décisionnelles, notamment économiques.

Stendhal écrivait que "l'admission des femmes à la vie politique serait la marque la plus sûre de la civilisation". À cette aune, beaucoup reste à faire pour que nous soyons civilisés.

Les chiffres sont là, qui nous placent à la traîne de l'Europe.

6 % de femmes seulement à l'Assemblée Nationale, alors qu'elles sont six ou sept fois plus nombreuses dans les Parlements des pays nordiques. 6 % de femmes, alors qu'elles sont près de 10 % dans les pays latins, comme l'Italie, l'Espagne et le Portugal, preuve, justement, que ce n'est pas la "latinité" qui est en cause. 6 % de femmes parlementaires, alors qu'elles étaient 7 % en 1945, au sortir de la guerre. C'est plus qu'une anomalie choquante. C'est un échec de la démocratie.

Cet échec est d'autant plus paradoxal que notre pays a enregistré, au cours des trente dernières années, la plus forte augmentation de l'activité professionnelle des femmes, ce qui ne signifie pas, d'ailleurs, qu'elles soient placées à des postes de décision.

Quelles sont les raisons de cette sous-représentation tenace des femmes dans notre vie politique ?

Est-ce l'archaïsme des partis, de leurs structures, qui est en cause ? Est-ce la loi du terrain, qui fait que les instances locales étant à forte dominante masculine, les femmes, plus récentes en politique, ont beaucoup de mal à s'y faire entendre ? Est-ce un problème de mode de scrutin, le scrutin uninominal à deux tours favorisant les personnalités implantées depuis longtemps, en général des hommes ? Sont-ce nos traditions culturelles, selon lesquelles la parole publique revient aux hommes, alors que les femmes se voient confier l'action concrète dans des domaines spécifiques, tout particulièrement le social et le culturel ?

Il y a sans doute un peu de tout cela, sans oublier les rythmes de la vie politique, qui privilégient les réunions tardives et les manifestations pendant les week-ends.

N'y a-t-il pas aussi une certaine tendance des femmes elles-mêmes à se tenir en retrait ? Les femmes, parfois, s'appliquent à elles-mêmes des critères d'excellence, là où la compétence suffirait. Elles doutent trop aisément d'elles-mêmes, de leurs talents, ce que les hommes ne songent guère à faire, s'imaginant toujours qu'ils sont aptes à tout.

Peut-être parce qu'elles ont le sens de ce qui est vraiment important, il arrive que les femmes répugnent à se battre, à s'imposer dans la compétition politique, tout simplement parce que le jeu, à leurs yeux, n'en vaut pas la chandelle. Enfin, nous savons tous que certaines femmes, parvenues au somment du pouvoir, quel que soit le pouvoir, se montrent parfois misogynes, parce qu'elles se sont tellement identifiées, par obligation, au monde des hommes, qu'elles en conçoivent une distance vis-à-vis de leurs consœurs. Cela signifie que la révolution culturelle commencée il y a plus de cinquante ans, et qui reste à accomplir, doit être faite aussi par les femmes elles-mêmes.

Cela, c'est le constat.

Comment changer les choses ? Comment faire évoluer le paysage politique, pour que notre démocratie cesse de marcher à cloche-pied ?

La question centrale, tout le monde la connaît. C'est celle des quotas en politique. Faut-il ou non, instituer des quotas, et sous quelle forme ?

Je vais vous dire, en toute sincérité, le fond de ma pensée.

Je suis favorable à des quotas de fait, mais je m'interroge sur les quotas de droit.

Pour deux raisons. La première, c'est qu'imposer, par la loi, des quotas de femmes dans les différentes élections suppose une réforme constitutionnelle. Il est aisé, dans cette période, de multiplier les promesses sur ce point. Mais ce ne sont que des promesses. Je ne suis pas sûr, et personne ne peut l'être, de l'issue d'une telle réforme. Qu'elle se fasse par la voie du Congrès, qui réunit les deux Assemblées, ou par la voie du referendum, il n'est pas du tout certain que les parlementaires dans un cas, le peuple dans l'autre, décident de fixer arbitrairement la place qui serait dévolue aux femmes sur les listes électorales. C'est ma première crainte, d'autant plus vive que si cette réforme échouait, le résultat psychologique et politique serait désastreux. Cela risquerait de figer la situation pour longtemps.

La deuxième raison de ma perplexité, c'est que le principe même des quotas légaux me semble dangereux et contraire à ce que veulent les femmes, c'est-à-dire l'égalité. Un auteur dramatique anglais, William Gibson, faisait s'écrier à son héroïne : "les femmes sont des hommes comme les autres !" Ce qui est sûr, c'est que les femmes veulent être traitées, politiquement, comme les hommes. Est-ce bien la logique des quotas légaux ?

Le danger existe qu'ils ouvrent la porte aux dérives du "politiquement correct", dont on constate les effets aux États-Unis. Ils signifieraient que l'on ne choisit plus les êtres pour ce qu'ils ont fait, pour ce qu'ils valent, mais pour ce qu'ils sont, en termes d'état civil. Pourquoi ne pas imaginer, demain, d'autres quotas, pour telle ou telle communauté religieuse ou ethnique ?

En fait l'expérience montre qu'il n'y a pas de rapport entre l'égalité réelle et l'institution de quotas légaux.

Est-ce à dire qu'il faut rester dans le statu quo, en espérant que la misogynie politique reculera d'elle-même ? Bien sûr que non. Il faut se fixer des objectifs clairs en matière de représentation des femmes. Pour moi, ce ne peut être que la parité.

Déjà, pour les élections européennes, j'avais voulu que le Rassemblement pour la République place en situation éligible plus de 30 % de femmes. Il faut aller plus loin pour les toutes prochaines élections municipales et faire figurer sur les listes autant de femmes que d'hommes. Vous le savez, j'ai fait un appel en ce sens à toutes les personnalités qui vont conduire ces listes. C'est cela que j'appelle les quotas de fait.

Un observatoire de la parité devra être mis en place auprès du Premier ministre. Il regrouperait des personnalités issues, notamment, des grandes associations féminines, et aurait pour mission d'alerter l'opinion et de se prononcer dans tous les domaines qui concernent les femmes, et en particulier celui de la vie publique. L'idée est simple. Un parti ne pourra plus réserver aux femmes la portion congrue sans que cela se sache, et que cela soit dénoncé. Au-delà, je serais favorable à ce que la loi prévoie une modulation de l'aide financière de l'État eux partis politiques, en fonction de la place qu'ils donnent aux femmes dans cette perspective de parité. Je connais bien les partis politiques, ce serait une forte incitation…

Mon intention n'est pas d'enterrer, pour autant, l'idée d'une réforme constitutionnelle sur la parité politique entre hommes et femmes. Je vous ai dit, en toute franchise, mon opinion personnelle sur les quotas légaux. Elle peut être discutée et n'engage que moi. Mais je crois que la question de la parité, qui est vraiment une question de société, mériterait un débat national. Pourquoi une Commission, semblable à la Commission Marceau Long sur le Code de la Nationalité, ne serait-elle pas constituée ? Représentative par sa composition et totalement indépendante, elle entendrait tous les avis, et permettrait d'y voir plus clair. La parité politique, via une réforme constitutionnelle, ne peut être, en aucun cas, un gadget électoral, mais la conclusion de travaux démocratiquement conduits.

Voilà, sur ce point important, ma réflexion et mon engagement. Mais il n'y a pas que la vie politique.

Ce qui est en cause, en réalité, c'est le conservatisme de notre société. Bien sûr, le chemin parcouru est important, surtout quand on se rappelle que les femmes n'ont le droit de vote que depuis cinquante ans, grâce au Général de Gaulle. En un demi-siècle, des évolutions majeures ont eu lieu : accession à la majorité politique et juridique. Développement du travail féminin, y compris dans les bastions les mieux gardés. Maîtrise de la contraception et de la maternité, qui est, avec le travail des femmes, le fait central. Autant de progrès qui ont bouleversé les comportements, les modes de vie, les structures familiales, et qui ont engendré des relations différentes, pas nécessairement faciles, d'ailleurs, entre les hommes et les femmes.

Il n'empêche que le conservatisme se porte bien. Le conservatisme, ce s'ont les vieux réflexes. C'est la volonté d'enfermer les êtres, en l'occurrence les femmes, dans des choix dont on ne peut plus sortir. Le conservatisme, c'est accepter ce qui existe, même si c'est injuste, sans essayer de le changer. C'est le désir de reproduire un modèle ancien, tout en faisant semblant, le cas échéant, d'adhérer aux modèles nouveaux.

C'est le conservatisme qu'il faut combattre.

D'abord, à l'école, parce que c'est là que se joue l'avenir.

Il est urgent de faire un audit des programmes et des manuels scolaires, afin d'écarter les instruments éducatifs qui véhiculent une image rétrograde de la femme. On sera étonné du résultat et du décalage qui existe entre les contenus proposés aux enfants et les mentalités d'aujourd'hui.

Au collège, au lycée, combattre le conservatisme, c'est faire en sorte que les filles, à résultat égal, voire supérieur, ne se dirigent pas vers les filières les moins performantes; comme c'est trop souvent le cas.

Combien de voies de garage, traditionnellement "féminines", que les jeunes filles choisissent faute d'informations, de conseils, faute aussi d'imaginaire, parce que les déterminants sont lourds ? Combien de formations obsolètes, qui conduisent, sans qualification utile, aux portes de l'ANPE ? Je souhaite que l'Éducation nationale mette en place une politique de contrats d'objectifs, académie par académie, afin de donner aux jeunes filles toute leur place dans les filières scientifiques et techniques où elles ne sont pas assez nombreuses, et qui sont porteuses d'avenir. C'est un élément-clé de l'égalité des chances.

Mais si l'école a pour mission de transmettre le savoir, d'assurer une formation, elle a aussi pour mission d'intégrer. L'école républicaine doit être le lieu qui donne sa chance à chacun, et qui transmet des valeurs autant que des connaissances. Nous avons en France une certaine conception des droits de l'homme et des droits de la femme. Là-dessus, l'école ne doit pas transiger. Pour beaucoup de jeunes filles, notamment celles qui sont concernées par l'intégrisme musulman, l'école constitue la seule possibilité de trouver leur place dans notre société française et d'échapper â un ordre qu'elles ne sentent plus comme le leur. Cela suppose que nous soyons fermes sur le principe de la laïcité républicaine. Le sort futur de nombreuses jeunes filles en dépend.

Il est une autre terre de conquête pour les femmes, c'est l'entreprise, et le monde du travail en général.

Chacun sait que l'égalité des droits, acquise dans les textes, est bafouée dans les faits. Les femmes, qui sont 11 millions à travailler, soit la moitié de la population active, demeurent cantonnées à certains types d'emplois, souvent non qualifiés, n'exercent pas les mêmes responsabilités que leurs homologues masculins, n'ont pas les mêmes possibilités de promotion, et sont frappées au premier chef par le chômage.

La génération des femmes de 50 ans a été obligée de se battre pour faire carrière. Les plus jeunes ont cru que les discriminations s'étaient largement estompées, mais elles se rendent compte, en gravissant les échelons, que passé un certain niveau, il n'en est rien.

Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement le principe "à travail égal, salaire égal", principe qui n'est pas respecté puisque, toutes les statistiques le montrent, les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs de 30 % à ceux des hommes. C'est aussi le principe "à compétence égale, égalité des chances", dont l'application est encore plus difficile à obtenir. Pourtant, il faut absolument y arriver. C'est l'un des thèmes qui devront être traités, désormais par les partenaires sociaux, au niveau de l'entreprise et de la branche comme au niveau national interprofessionnel. L'État devra jouer son rôle, et inciter à ces négociations d'un nouveau type, avec l'objectif de mettre en place de véritables contrats de progrès pour l'égalité professionnelle.

Au-delà, reconnaissons enfin dans notre politique familiale le droit au travail professionnel des femmes. 80 % des jeunes femmes entre 25 et 35 ans travaillent. La très grande majorité d'entre elles a des enfants.

Leur permettre de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale est un devoir en même temps qu'une nécessité.

Il y a une forte attente en ce qui concerne les modes de garde, qui doivent être plus nombreux et plus souples. Gardons-nous de toujours privilégier les structures collectives lourdes et coûteuses. Encourageons les structures plus légères, les initiatives individuelles, associatives, qui répondent souvent mieux à la diversité des besoins. Développons, dans le même esprit, les emplois de proximité, par des incitations fiscales ou des aides financières mais également en leur donnant un statut, avec une formation spécifique.

Il y a aussi, on le voit en allant sur le terrain, et en parlant avec les gens, une aspiration à plus de liberté et de fluidité. Rares sont les femmes qui font un choix de vie, une fois pour toutes, dans le sens du travail ou de la famille, comme c'était naguère le cas. D'ailleurs, à l'heure où un mariage sur deux à Paris, et un sur trois en province, se termine par un divorce, les choix les plus définitifs sont forcément incertains. Les femmes, dans leur immense majorité, veulent tout à la fois travailler et élever leurs enfants. Mais beaucoup souhaitent aussi faire une pause au moment des naissances, puis reprendre leur activité professionnelle sans retard ni handicap. C'est également le cas de certains pères, plus nombreux chaque année.

C'est pour répondre à ces aspirations que je propose une allocation de libre choix, qui est en fait une allocation d'accueil à l'enfant. Elle serait versée, dès la naissance du premier enfant, à l'un des parents, qu'il travaille ou non, soit pour compenser le coût de la garde de l'enfant, soit pour compenser temporairement la perte de salaire.

Mais en vérité, le problème qui se pose est plus vaste. En accédant massivement au monde du travail, les femmes l'ont mis en pleine lumière: c'est celui de notre rapport au travail, de notre organisation du travail.

Nous changeons d'époque. Les nouvelles technologies, la banalisation des fax, des ordinateurs personnels, abolissent le temps et les distances. L'homme va toujours plus vite, et pourtant ce que l'on appelle "le temps de vivre" est toujours un luxe très peu partagé.

Parce qu'elles subissent le plus souvent une double journée de travail, mais aussi parce qu'elles ont un autre regard sur le temps, les femmes sont au premier rang pour défendre une meilleure répartition des temps de la vie, une plus grande flexibilité dans l'organisation du travail, selon les âges et selon les besoins. En bref, pour défendre le temps choisi, qui est l'un des enjeux de l'an 2000.

Ce n'est pas seulement un enjeu pour les femmes, mais pour les hommes aussi. La société du temps choisi, c'est celle qui permettra à chacun, homme ou femme, d'avoir la fluidité, la souplesse et la liberté à laquelle il aspire. Autrement dit, de réussir à réconcilier pour chacun les différents aspects de la vie : vie familiale, vie professionnelle, activités personnelles, bénévolat, activités d'utilité sociale… En bref, c'est inventer tin nouveau mode de développement, avec l'être humain pour priorité.

Autrefois, Ford, le constructeur automobile américain, disait : "chacun pourra choisir la couleur de sa voiture, pourvu qu'elle soit noire". En matière d'organisation du temps, et d'aménagement du temps de travail, c'est tout à fait ce qui se passe, et nous Hommes très en retard.

Les 37 heures, dont on entend parler ces jours-ci, sont une réponse simpliste à une vraie question d'avenir. Il est clair que décider arbitrairement et d'en haut une diminution forfaitaire du temps de travail n'est pas adaptée. L'enjeu, c'est une nouvelle gestion du temps, avec toutes les formules de travail à distance, de temps partiel et de temps choisi. Cette nouvelle gestion du temps devra être au cœur des négociations collectives de demain, à régal des problèmes de salaire. C'est l'équilibre et l'épanouissement de notre société qui sont en cause.

Vous le savez, j'ai la volonté de remettre l'homme, et bien sûr la femme, au cœur des choix politiques. C'est l'idée-maîtresse de mon projet.

Cela va dans le sens de l'histoire économique. Les nouvelles technologies exigent, plus que jamais, l'intervention intelligente de l'homme. On est revenu de la robotisation à outrance, telle qu'elle était pratiquée dans les années 70-80, et qui correspondait à une logique de productivité à court terme, désormais dépassée.

Il y a eu, au cours des vingt dernières années, un terrible gâchis humain, à force de mettre en œuvre des politiques à courte vue. Plans de licenciement, au nom de la compétitivité, sans s'interroger sur leur coût humain et financier pour l'ensemble de la collectivité. Politique du logement sans imagination. Priorité donnée aux petits logements, ce qui a favorisé l'éclatement des familles. Suppression des services publics dans les petites communes, en appliquant des barèmes, et sans tenir compte des réalités locales.

On pourrait multiplier les exemples, et ce n'est pas mon propos. Ce qu'il faut, maintenant, c'est inverser le cours des choses. L'épanouissement des êtres, la qualité de la vie, la dimension humaine permettent à une société d'être plus dynamique, plus novatrice, plus conquérante. C'est ma conviction. Je compte beaucoup sur les femmes pour réussir cette révolution culturelle.

J'hésite à vous parler de certaines de vos qualités : le goût du concret, la lucidité, le sens des priorités. J'hésite, parce que les hommes ont souvent tenu ce discours aux femmes pour leur interdire les sphères plus hautes de la pensée et de la décision. Pourtant, je pense que vous avez une vocation particulière à transformer notre société. Je crois que les femmes d'aujourd'hui sont moins conservatrices que les hommes, parce qu'elles comprennent mieux la nécessité de changer, notamment pour que leurs enfants aient une vie meilleure. J'en veux pour preuve leur capacité à s'engager et à innover. S'il y a ce bouillonnement de projets et d'idées dans la vie associative, c'est largement aux femmes qu'on le doit.

Voilà, Mesdames, ce que je voulais vous dire aujourd'hui, sur la place des femmes dans notre pays, ce qu'elle est, ce qu'elle devra être. Si je suis venu au rendez-vous que vous m'avez donné, c'est parce que je voulais prendre des engagements publics.

Mais nous le voyons bien, parler des femmes, c'est parler des hommes et des femmes, c'est parler de l'avenir, c'est parler d'une nouvelle France, une France pour toutes et pour tous.

Je vous remercie.