Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur la régularisation des sans-papiers, à l'Assemblée nationale le 17 novembre 1998.

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Circonstance : Séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale le 17 novembre 1998

Texte intégral

(Réponse à une question de M. Le Quillet sur la régularisation des sans-papiers)

« - Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les députés,
Monsieur le député,


Il existe parfois au sein d'une majorité l'expression de points de vue divergents, et il semble même que cela existe au sein d'une opposition. L'important est que dans cette situation, l'orientation générale et le sens du discours et de l'action soient clairs. C'est le cas de la politique du Gouvernement - je vous le confirmerai dans un instant -, et il peut y avoir telle ou telle déclaration, il y a ce qui est l'action du Gouvernement, qui, elle, ne sera pas changée. Je ne suis pas sûr que, des différences et des divergences qui apparaissent au sein de l'opposition, émerge un discours aussi clair et aussi cohérent.

Les questions de l'immigration sont des questions importantes. Compte tenu des différences de développement qui existent entre l'Europe riche et son pourtour méditerranéen, moyen-oriental ou africain, la tendance et la tentation de mouvements vers l'Europe et vers les autres pays développés est une tendance forte, durable et à laquelle il ne faut pas céder. Ces questions touchent aussi à une tradition française d'ouverture et d'hospitalité quand des hommes et des femmes sont menacés dans leur liberté - c'est le droit d'asile, c'est la volonté de répondre positivement aux combattants de la liberté.

Et puis, se posent aussi à travers tout cela des questions qui concernent notre identité nationale, entendue comme républicaine ; l'équilibre social de la France : la capacité de notre pays il intégrer - et il doit intégrer, non seulement des personnes étrangères sur son sol d'une certaine façon, mais aussi des concitoyens français d'origine étrangère. On a là un composé de problèmes considérables, démographiques, identitaires, économiques cl sociaux, touchant aux Droits de l'homme. Et vous accepterez que, répondant il votre question, je ne parte pas d'abord de tel ou tel événement ponctuel - ait-il été accompagné de déclarations qui à mon sens n'étaient pas nécessaires -, mais que je parte du sens même de la politique gouvernementale.

Quand nous sommes arrivés aux responsabilités – Monsieur Debré, n'utilisez pas dans ce domaine le mot pagaille, il vous reviendrait au visage - nous étions confrontés à un climat de passion, à un climat de polémique qui emportait l'ensemble du pays.