Texte intégral
Q - Qu'est-ce que la machination d'Amsterdam ?
- « Le traité d'Amsterdam. c'est une révolution. Avec le traité de Maastricht, nous avons transféré notre souveraineté monétaire. Avec le traité d'Amsterdam, nous transférons notre souveraineté législative, notamment en matière de sécurité et d'immigration. »
Q - Les Français ont voté pour Maastricht. Même si le « oui » fut de justesse, ce fut une décision démocratique. Vous continuez à vous y opposer. Jusqu'où cela peut-il vous conduire ? Jusqu'à la marginalisation ?
- « Bien au contraire. La preuve: la diarchie qui nous gouverne n'ose pas faire un référendum sur le traité d'Amsterdam, car la réponse serait largement négative. »
Q - Si vous êtes Européen, pour quelle Europe êtes-vous donc ?
- « Je suis profondément européen. Mais il y a deux manières de construire l'Europe. La voie fédérale avec les instances de Bruxelles qui contrôlent les nations et qui se substituent à nos libertés publiques et la voie de l'Europe des nations, au sens gaullien. Dans l'Europe fédérale, les pouvoirs des nations sont résiduels. Dans l'Europe des nations, les pouvoirs des nations sont mis en commun avec des objectifs très précis, comme, par exemple, le marché commun. Aujourd'hui, il n'y a plus de marché commun agricole et nous en payons les pots cassés. »
Q - Serez-vous à la tête d'une liste aux Européennes du printemps prochain pour défendre ces thèses ?
- « C'est possible, voire probable. Mais il ne s'agit pas, pour moi, de courir après un mandat. Je mène un combat d'idées. Actuellement, on se dirige vers une constellation où on trouvera un certain nombre de gens comme Charles Pasqua, Jacques Calvet, François Guillaume et Henri Guaino. »
Q - Pourquoi n'annoncez-vous pas plus clairement la couleur sur vos intentions ?
- « Je veux d'abord faire l'union la plus large. Avec Charles Pasqua, nous pensons que l'urgence n'est pas de parler des élections européennes dont tout le monde se fiche, mais de parler du traité d'Amsterdam pour réclamer un référendum. »
Q - Vous dites constellations ? Cela peut ressembler à un rassemblement hétéroclite...
- « Au contraire. Les clivages traditionnels volent aujourd'hui en éclats sur la question essentielle de l'organisation du couple France-Europe. Est-ce que la France va disparaître en tant que nation libre dans une Europe dominée par l'Allemagne ou est-ce qu'on va faire progresser l'Europe sans défaire la France ? »
Q - Considérez-vous que l'arrivée au pouvoir de Gerhard Schröder, en Allemagne, change la donne ?
- « Oui, et pour deux raisons. La première, géographique. Schröder est un Saxon qui va s'installer à Berlin. Le centre de gravité de l'Europe va se déplacer vers le Nord et vers l'Est. La seconde, politique. Je suis deux fois contre cette Europe-là. Je suis contre le socialisme en France et contre le socialisme en Europe. »