Texte intégral
Q - Le chanteur de NTM va comparaître en justice pour avoir agressé une hôtesse de l'air.
- « Moi je pense surtout à tous les mécènes du parti socialiste, dont J. Lang qui ont été les supporter de « Nique ta mère », qui est un groupe qui a… dont le nom est d'ailleurs tout un programme. Ces gens-là devraient savoir qu'ils sont forcément pour la jeunesse des exemples regardés. Et je trouve lamentable leurs actes de violence et leur comportement. Il faut vraiment que, dans notre pays, on retrouve des repères, des références ; et que les gens qui sont des exemples médiatiques aient un autre comportement. Les socialistes, aujourd'hui, j'aimerais bien les interroger pour savoir ce qu'ils pensent du groupe « Nique ta mère » ?
Q - Surprise à l'Assemblée nationale : le gouvernement a retiré de l'ordre du jour de l'Assemblée, la loi sur l'audiovisuel, alors même que, lundi matin, il en avait confirmé l'étude à l'Assemblée, le 16 décembre. Approuvez-vous le gouvernement pour sa prudence vis-à-vis de cette loi, et sa volonté de la refaire ?
- « Je crois que c'est un débat interne entre la précipitation de M. Jospin et l'incompétence de son ministre de la culture et de la Communication. En ce moment, ça ne marche pas très bien pour les socialistes ; la plupart des projets qui sont présentés s'enlisent. Mais la question générale : personne n'a dit la réalité des choses. Pourquoi M. Jospin a-t-il voulu faire un projet sur l'audiovisuel ? Parce que c'est la Commission de Bruxelles, c'est le commissaire européen, qui demande à la France de supprimer toute forme d'aide public à l'audiovisuel. Et moi, ça me choque profondément, parce que je crois que… »
Q - La publicité ce n'est pas de l'aide publique !
- « Ce que veut Bruxelles, c'est en fait, qu'il n'y ait plus de service public. Parce que les biens culturels ne sont pas des marchandises comme les autres. Et moi, je suis pour un service public audiovisuel, fort et de qualité, et qui donc bénéficie d'un certain nombre d'aides publiques. Ce qui ne sera plus le cas si on écoute évidemment les commissaires de Bruxelles. Une fois de plus, Bruxelles a frappé. Alors M. Jospin a essayé de s'aligner, mais il avait confié le projet à un ministre, pour lequel il y a eu visiblement une erreur de casting. Madame Trautmann n'est pas tout à fait à la hauteur. Je propose un remaniement, d'ailleurs, à M. Jospin. »
Q - Il doit vous écouter pour ça…
- « C'est l'incompétence et la provocation de Madame Trautmann et de Madame Voynet. »
Q - La nouvelle UDF est née, dimanche, à Lille. Le président en est donc F. Bayrou. Ce fut votre famille, à une époque, l'UDF. Êtes-vous satisfait de cette union ?
- « Vous savez, je m'en fous ! Ça m'est totalement indifférent, comme les français qui nous écoutent. La question c'est de savoir… »
Q - Si ! Il y a des électeurs de l'opposition…
- « Oui, mais vous savez, j'imagine ce qu'ils peuvent penser en se levant. Intéressons-nous aux vrais problèmes. Je constate que, depuis quelques années, on est en train de transférer la souveraineté populaire de la France, sans bruit, dans la plus grande discrétion, et sans débat. On est en train de dévaluer la famille, avec le PACS. On est en train de brouiller, de déformer la mémoire - on met en valeur plutôt les collabos que les résistants, les mutins plutôt que les héros de la Première guerre mondiale. C'est-à-dire qu'on est en train de se donner à nous-mêmes une image dégradée de notre pays. Vous parliez de NTM ; hier, Madame Voynet a fait de l'incitation à des substances interdites, la drogue. Où est-on ? On est en train de… et après on s'étonne d'avoir une jeunesse qui est complètement perdue ! »
Q - Sur l'Europe, il y a quelqu'un avec qui vous aviez fait campagne, à l'époque, M. Séguin. Considérez-vous qu'on n'a pas le droit de se convertir finalement à l'Europe, de penser qu'on s'est trompé, à une époque et de changer d'avis, et de mener une liste comme M. Séguin va le faire ?
- « On a toujours le droit de se tromper et de se reprendre, à conditions de penser ce qu'on pense. Le traité d'Amsterdam, qui transfère la souveraineté législative de la France, vient après le traité de Maastricht qu'il transférait la souveraineté monétaire. C'est beaucoup plus qu'un post-scriptum. Et je ne vois pas comment on peut avoir, avec brio, rempli le rôle de pourfendeur de Maastricht et prétendre au statut de notaire d'Amsterdam. »
Q - Et vous, vous en êtes où ? Le Mouvement pour la France va présenter une liste à ces élections européennes, pour dire ce qu'il pense ? Et avez-vous de bonnes chances de la faire avec M. Pasqua ?
- « Je pense qu'avec C. Pasqua, nous avons la même analyse, les même inquiétudes, la même vision, et la même détermination. Alors pour l'instant, il y a deux étapes - les élections européennes on en parlera plus tard. Pour l'instant, nous réclamons un référendum sur le traité d'Amsterdam… »
Q - Vous n'aurez pas satisfaction…
- « Non, mais si vous voulez, quand vous pensez que la Turquie va rentrer dans l'Europe, par exemple, que nous aurons, bientôt, un territoire unique, après la ratification d'Amsterdam, qu'il n'y aura plus du tout de frontières, et que nos problèmes de sans-papiers seront gérés par les commissaires de Bruxelles - je ne sais pas si les gens qui m'écoutent entendent ce que je dis - mais c'est dramatique ! Alors déjà, on est incapable, nous-mêmes, les gouvernement français successifs, d'oser affronter nos problèmes de sécurité, d'immigration, et ça sera Bruxelles qui va nous gérer ! Et l'affaire de la drogue ? »
Q - Ce ne sera pas Bruxelles, ce sera l'ensemble des États.
- « Non, non, non. Ce sera Bruxelles ! Parce qu'on n'a pas vu que, dans le traité d'Amsterdam, il y a un article 62, un article 63, un article 67, qui sont les articles clés : c'est le monopole d'initiative de la Commission de Bruxelles, à partir de 2003. Vous imaginez, par exemple, la frontière du Nord et les frontières du Sud, avec la drogue qui se balade depuis les pays du Sud et les pays du Nord ! Et on n'aura plus de clause de sauvegarde, on ne pourra plus contrôler les entrées et les sorties de drogues chez nous ! Ça n'est pas sérieux ! On est incapable de résoudre nos problèmes d'immigration et de sécurité, et on croit, et on fait croire, et on veut faire croire aux Français, que Bruxelles sera capable de le faire à notre place ! C'est une démission que je trouve inacceptable ! Alors, oui, je serai présent, avec beaucoup d'amis, aux élections européennes et avec une constellation de gens qui n'acceptent pas l'abdication de la France et le transfert de la souveraineté populaire. »
Q - Affaire Dumas : pensez-vous que le président du Conseil constitutionnel doit démissionner ? Comment expliquez-vous qu'il soit, on va dire, « préservé » par l'Élysée ?
- « Je suis comme beaucoup de français. Je ne suis pas venu, ce matin, vous parlez la langue de bois. Donc… »
Q - Comme d'habitude…
- « Comme d'habitude exactement, j'espère. Je ne comprends pas le silence du Président de la République. Les électeurs de J. Chirac sont troublés. Pourquoi ? Il transfère la souveraineté de la France, avec Amsterdam. Il se tait sur le PACS - alors que là, on touche aux fondements de la société. Et troisièmement, il se tait sur le président du Conseil constitutionnel alors qu'il est évident que, pour la crédibilité de l'institution, qui est la clé de voûte de la Ve République, le Conseil constitutionnel, il faut que M. Dumas démissionne. Pourquoi M. Dumas est-il protégé à ce point par le milieu politique ? C'est au Président de la République qui, au terme de l'article 5 de la Constitution, assure, je cite, “le fonctionnement régulier des pouvoirs publics”. C'est à lui de demander publiquement, personnellement, solennellement, à M. Dumas de s'en aller. Et le plus tôt sera le mieux ! Parce que, moi, je suis un homme politique et j'en ai marre de tous ces gens, mis en examen, ou bientôt examinables, et qui donnent du milieu politique une image épouvantable ! Il faut un minimum de moralité publique, et c'est au Président de la République de rétablir cette moralité publique. »
Q - Donc, vous demandez à M. Chirac d'intervenir ?
- « Je lui demande d'intervenir. Alors pourquoi il n'intervient pas ? Je ne comprends pas, je ne comprends pas pourquoi ? Il y a des gens, sans doute, qui font pression sur lui. Je suis peut-être naïf, mais je ne comprends pas pourquoi ? Expliquez-moi M. Lapousterle, vous qui êtes un journaliste très informé ! Je ne sais pas, je ne comprends pas ! »