Texte intégral
La société française doit faire face, en cette fin de XXe siècle, à des tensions fortes et de nature nouvelle. C'est l'ouverture au monde à commencer par l'Europe, qui nous interdit de borner notre regard et qui modifie, en profondeur nos comportements.
Au carrefour des axes majeurs de la politique gouvernementale, au point de rencontre des responsabilités de la puissance publique et des attentes du citoyen il y a la culture.
D'abord, parce que l'ensemble des activités liées à la culture et à la communication est un gisement important d'emplois, directs et indirects. Il faut donc réhabiliter l'investissement culturel : pour trois raisons.
En premier lieu, parce qu'il mobilise des secteurs à fort contenu de main d'œuvre – songeons au bâtiment, à l'artisanat, aux métiers d'art, autant de domaines fortement créateurs d'emplois.
Ensuite, parce que l'argent investi dans le domaine culturel au sens large est immédiatement suivi d'effets et se lit en termes de résultats, tant auprès de l'opinion publique que dans les indicateurs économiques.
Enfin, parce que la qualité des équipements culturels dont notre pays se dotera lui permettra de conforter et d'accroître sa part sur le marché mondial du tourisme, de contribuer à la création d'emplois de service, d'améliorer encore l'excédent de la balance des paiements, source indispensable du financement de notre économie et de la tenue de notre monnaie.
Conformément aux engagements pris par le Président de la République, les moyens dont le ministère de la culture disposera pour mener à bien son action seront accrus et portés à un pour cent du budget total de l'État. La reconnaissance de la priorité budgétaire accordée à la culture nous permettra, dans un souci d'efficacité, de simplicité, de transparence, de conduire notre ambition pour la culture.
Investir dans la culture, c'est donc investir pour l'emploi. Parce que le chemin le plus court entre l'investissement et l'emploi, c'est la culture.
Il nous reviendra de poursuivre et de consolider la politique d'investissements du ministère de la culture. Non seulement en achevant les grands chantiers en cours : Grand Louvre, Bibliothèque Nationale de France, centre Jean-Marie Tjibaou. Mais en prenant l'initiative de projets nouveaux, dans l'esprit de modernité et de novation qui est celui du département.
Ainsi, sera étudiée la construction d'ateliers d'artistes, incluse dans le programme de développement du logement social et qui sera la manifestation concrète de notre volonté de réinsérer la culture dans la cité tout en recréant les conditions même d'accès à l'art, voie par excellence de sociabilité et d'éducation. Ainsi, sera renforcé le réseau des bibliothèques territoriales, avec la poursuite du programme des constructions des bibliothèques municipales à vocation régionale et l'association des grandes bibliothèques à la Bibliothèque Nationale de France.
Ces investissements contribueront, chaque fois que ce sera possible, au rééquilibrage entre Paris et la province, élément de base de toute intervention politique dans le domaine culturel. Ainsi, les grands projets en région seront-ils poursuivis. Dans le même esprit, seront engagées des actions en coopération avec d'autres départements ministériels, à l'instar de la création, à Reims, d'un centre d'archives ouvert aux chercheurs, spécialisé dans la période contemporaine et fruit d'un travail exemplaire des deux ministères de la défense et de la culture.
La qualité des réalisations architecturales, le respect des œuvres du passé, la priorité à l'homme et aux relations entre les hommes dicteront notre politique, dans le domaine de l'architecture dans lequel la responsabilité du ministre de la culture est, pour la première fois, affirmée avec force. Pour inscrire cette politique dans la durée et faire œuvre d'éducation, nous devrons mener à son terme l'indispensable réforme de l'enseignement de l'architecture. Mais nous devons également nous attacher à promouvoir une architecture de qualité, attentive à l'homme et à ses aspirations, et mieux insérée dans la ville – notamment dans le bâti ancien.
La vie musicale de notre pays est aujourd'hui confrontée, après une période d'expansion heureuse mais peu ou mal contrôlée, à une série de défis qui ne pourront être surmontés sans une intervention, décisive, de la puissance publique. Trois exemples le montrent avec éclat.
C'est la réforme de l'Opéra National de Paris, menée selon le plan d'Hugues Gall et selon le calendrier prévu : la modernisation du statut et la réforme des procédures de fonctionnement ont, d'ores et déjà, permis une diminution des coûts de production ; le retour à l'équilibre de ce grand établissement public, prévu pour 1995, doit être obtenu si la conscience de l'intérêt général l'emporte auprès de tous.
C'est la Cité de la musique, dont l'achèvement est en vue et dont la mission élargie lui confère, désormais, un rôle véritablement national auquel la salle, à l'acoustique exceptionnelle, autant que la programmation, contèrent de surcroît une dimension qui dépasse largement nos frontières.
C'est la réflexion entreprise à l'initiative de l'État sur les actions pédagogiques des orchestres, pour accompagner et encourager la recherche de nouveaux publics, jusqu'alors conduite un ordre trop dispersé par les structures de production.
Les établissements publics sont ainsi, devenus plus nationaux et moins parisiens ; la politique musicale de l'État se met, véritablement, au service de l'ensemble des citoyens ; les actions en cours dans le domaine de l'enseignement et les projets de taille en province – auditorium de Dijon, Opéra National de Lyon – sont des signes évidents qu'un tournant se dessine.
Pour autant, la puissance publique, toute à son ambition de production et de programmation, ne semble pas avoir tenu compte des changements consécutifs à la fois à la réactualisation, à l'évolution du goût et des pratiques du public, aux transformations des modes de production artistiques. C'est à une mission véritablement régalienne, qui consiste à réguler l'ensemble de l'économie musicale, que nous devons désormais nous consacrer. Elle passera par trois directions.
Il nous appartiendra de conforter l'utilité sociale des orchestres permanents et des opéras de région – ressources propres, engagements par les festivals et les salles de spectacles, image artistique – par une meilleure articulation de la production et de la diffusion musicales, faute de quoi ces ensembles seront menacés à court terme.
Mais l'État ne dispose, pas plus sur le plan juridique que sur celui des finances, des moyens d'orienter, concrètement, la politique de diffusion. Pour fonder au plan national cette politique, il faudra que se mettent en place, entre les collectivités territoriales, les ensembles permanents et la puissance publique des chartes d'objectifs, véritables contrats qui redéfinissent les missions, structurent les moyens, concentrent les efforts.
Enfin, le réseau de l'enseignement spécialisé, qui dépend du ministère de la culture, devra devenir un véritable service public, faudra une loi-cadre, qui redéfinisse les compétences de l'État et des collectivités, précise les responsabilités des uns et des autres, adapte les moyens financiers.
Réguler, rationaliser et élargir la vie musicale du pays par une action nouvelle et volontariste sur la diffusion. Fonder un véritable service public de l'enseignement spécialisé de la musique et de la danse. Voilà la définition d'une politique musicale française qui rapprochera la France de ses principaux voisins, en respectant autant les acquis les meilleurs des dernières années que les attentes du public et des professionnels.
Dans le domaine du théâtre, il importe avant tout de faire porter nos efforts sur la participation du public. À cet effet les théâtres missionnés offrent une avancée concrète que nous amplifierons. Dans le même temps, le renouvellement des générations en matière de créateurs passera par un effort accentué en faveur des compagnies. Une politique ambitieuse de la formation professionnelle et la mise en cohérence de l'ensemble des réseaux qui concourent à la vitalité du théâtre, en France, devront être entreprises et inscrites dans la durée.
Au nombre de nos priorités, il y a la protection, la mise en valeur et l'animation de notre patrimoine national. Il est exceptionnel à un triple titre.
Marque et trace de notre passé, il contribue avec force à l'enracinement d'un sentiment identitaire non pas replié sur lui-même, comme pouvait l'être, au siècle dernier, un nationalisme intransigeant, mais ouvert aux autres richesses du monde, dans le respect légitime des diversités qui fondent le sentiment commun d'appartenance au patrimoine de l'Europe. Les effets directs sur l'emploi des dépenses d'entretien, de restauration et d'animation des monuments tant publics que privés sont un atout qu'il faut amplifier. Enfin, le patrimoine est la vitrine de la France et son renom, comme sa connaissance, un élément de vitalité touristique majeur.
L'effort devra, à l'évidence, porter sur les monuments les plus prestigieux. Mais il faudra veiller avec beaucoup de soin à ce patrimoine rural ou de proximité qui perpétue la trame dans laquelle s'inscrit, au fil des travaux et des jours, ce que Fernand Braudel appelait l'identité de la France et qui concourt, au milieu d'autres, à l'aménagement de l'espace français.
Riche d'un patrimoine exceptionnel en monuments historiques, la France l'est également du nombre et de la qualité de ses musées ; elle est d'ailleurs, à l'origine de la notion et de la réalité mêmes de ce qu'est un musée. Ces lieux de mémoire vivante sont, à la fois, un enjeu économique et social et le point final d'une histoire collective.
Les musées sont des lieux de référence et d'éducation du goût. Pour ne pas laisser s'étioler ces outils indispensables, une restauration des grands musées a été entreprise depuis quelques années. On en voit, d'ores et déjà, les conséquences : ce sont le Louvre, les musées de Grenoble ou de Rouen et, demain le Musée des Monuments Français, le Musée National Art Moderne, … On en mesure directement, les effets dès leur réouverture : c'est la multiplication du nombre de leurs visiteurs.
Dans une époque tournée vers la connaissance scientifique et vers la technologie, des lieux tels que les musées sont de véritables concentrations des produits les plus élevés de la culture, de l'art et du goût. De telles constructions culturelles, permanentes et durables, sont essentielles pour une collectivité à mesure même qu'ils deviennent, quelquefois, la figure emblématique d'une ville.
Nous le voyons à travers chacun des domaines que je viens d'évoquer : la culture, c'est la présence vivante et accessible du savoir, au sein de la cité. Ce savoir, le livre et l'écrit en demeurent et doivent en demeurer instruments essentiels. Il y a une bataille du livre et de la lecture, encore et toujours à gagner.
Parce que l'illettrisme est une des causes majeures de l'exclusion, l'action menée pour le développement de la lecture, avec le concours des bibliothèques, des associations, des enseignements, des collectivités locales est une des priorités du ministère en la matière.
Parce que le livre est la première des industries culturelles, il m'apparaît également fondamental de préserver les équilibres de la chaîne du livre, en concertation avec l'ensemble de ces acteurs : auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires. Il faut continuer à agir pour la juste rémunération des « producteurs » au sens économique du terme : auteurs et éditeurs. Tel est le sens de la loi du 3 janvier 1995 sur la reprographie à usage collectif.
Il faut, également, continuer à agir pour la juste rémunération des « diffuseurs », c'est-à-dire ici des libraires. Le libraire est le maillon faible de la chaîne du livre. Sans librairie, pas de présence du livre ! Tel est l'enjeu. C'est pourquoi le ministère accentuera son soutien à ce secteur. C'est pourquoi il continuera à chercher un règlement au problème du rabais, parfois trop élevés, demandés par les collectivités.
La diffusion, c'est aussi la bibliothèque. Le réseau des bibliothèques et des librairies, relevons-le, est le maillage culturel le plus serré du territoire. Appuyons-nous sur l'existant. J'ai évoqué la Bibliothèque Nationale de France et le développement du réseau territorial. Nous disposons avec cet ensemble d'un instrument voué tout à la fois à l'action culturelle, à l'aménagement culturel du territoire et au patrimoine, puisque la bibliothèque territoriale – rappelons-le – conserve un tissu, réparti sur tout le pays, équivalent à celui de la Bibliothèque Nationale de France. Le ministère, en concertation avec les collectivités territoriales, intensifiera ses initiatives par la mise en valeur, l'enrichissement et l'ouverture au public de ces richesses mal connues.
Au-delà de sa présence sur tout le territoire, le livre demeure un outil majeur du rayonnement de la culture française et le ministère, poursuivra son action en faveur de la présence du livre français à l'étranger.
Pour autant, le livre est aujourd'hui, nous le savons tous, confronté à de nouveaux supports. Il faut qu'il puisse tirer profit de ce qu'ils apportent d'innovations. Il ne faut pas qu'il succombe à leur existence. Par le biais notamment du centre national du livre, le ministère s'efforce donc de promouvoir une édition multimédia de qualité, à fort contenu, littéraire, notamment grâce aux crédits supplémentaires accordés pour 1995 à cet établissement public par le Parlement.
Artistes et créateurs français, comme les professions qui leur sont liées, doivent avoir tous les moyens d'exprimer leur talent. Nous ferons donc porter nos efforts pour que soit encouragée la création artistique, musicale et littéraire. Protéger les droits des auteurs et encourager la création littéraire ; assurer le développement de l'édition française, restée l'une des plus dynamiques du monde, mais toujours fragile ; réunir les conditions propres à reconstituer les dynamiques réseaux de distribution des produits de la culture – livre et disque, notamment ; faire bénéficier ce dernier du taux réduit de la TVA, comme l'a proposé le Président de la République. Voilà les trois axes de notre action à venir.
Les entreprises du secteur de la communication, qu'elles appartiennent au domaine privé ou public, doivent connaître un développement harmonieux qui puisse engendrer des emplois. La réflexion sur le régime économique de la presse écrite, devra se poursuivre. Dans le même esprit, le secteur public de l'audiovisuel devra gagner en efficacité, se rapprocher de ses missions, être assuré d'un financement approprié.
Nous avons aujourd'hui quatre chaînes publiques diffusées sur des réseaux hertziens (France 2, France 3, Arte, la Cinquième) qui ont certes des identités et des cultures différentes, mais qui devront davantage travailler ensemble. Des rapprochements, notamment au niveau des coproductions et des échanges de programmes, doivent être envisagés pour le bien du secteur public audiovisuel dans son ensemble, et celui de chaque chaîne en particulier.
De la même façon, l'action audiovisuelle extérieure de notre pays passe aujourd'hui par de nombreuses chaînes et sociétés. Dans ce domaine, le même souci d'efficacité et de recherche de cohérence doit primer.
D'une manière générale, nous déterminerons les mesures à prendre, pour que le développement et les changements en cours dans les moyens de communication modernes soient accompagnés des ressources financières nécessaires.
Consolider nos industries de l'image, qu'il s'agisse du cinéma ou de la production d'œuvres audiovisuelles, constitue également un enjeu majeur au niveau national, comme au niveau européen. Cet enjeu, qui est aussi bien culturel qu'économique, la France en a fait une priorité dans le cadre de sa Présidence de l'Union. Aujourd'hui, nous avons remporté une première bataille qui n'est pas seulement symbolique, puisque nous avons obtenu un accord sur le plan de soutien aux industries cinématographiques et de production audiovisuelle, Média II.
Cette première étape est décisive car elle donne une dimension dynamique à notre ambition de créer un espace européen du cinéma et de l'audiovisuel.
Après la réussite de l'accord sur le volet financier que constitue l'adoption du plan Média II, il nous faut à présent nous concentrer sur la révision de la directive Télévision sans frontières, et nous efforcer, là aussi, de convaincre nos partenaires européens, ce qui ne sera pas facile.
Enfin, il nous faut aussi, sur un plan plus national, réfléchir à l'adaptation des dispositifs de soutien à la production cinématographique. Il ne s'agit pas en l'espèce, de « révolutionner » un dispositif qui a fait ses preuves, mais plutôt de continuer à l'adapter pour le rendre plus efficace, en réfléchissant notamment aux rapprochements possibles entre le cinéma et la production d'œuvres audiovisuelles.
Ainsi, notre action consolidera et développera la dynamique de la production cinématographique et audiovisuelle française, à partir du renforcement d'un tissu à la fois dense et équilibré d'entreprises de production et de distribution et du développement des productions multimédia qu'accompagne le progrès technologique.
De cet ensemble de projets se dégage un impératif : les mesures que nous prendrons seront décidées en fonction de leur rôle en termes de renouveau ou de recréation du lien social. La culture est un facteur primordial de dialogue, d'échange, de solidarité ; elle doit jouer tout son rôle en faveur du progrès social ; elle est au premier rang de ceux qui contribuent à la lutte contre l'exclusion.
Ce n'est pas un luxe voué à l'éphémère. Inscrite dans la durée, fondée à la fois sur une exigence de l'esprit et un désir de convivialité, elle doit s'installer ou se réinstaller au cœur même de la vie de la cité, être accessible au plus grand nombre, montrer, à chacun, la voix de l'épanouissement personnel, de l'éducation citoyenne, de la solidarité sociale.
Éduquer : telle est bien la tâche que nous proposons aux Français. Un mot fort et juste, et qui signifie éveiller et élever. Une action à mener avec le concours de tous, associations et collectivités territoriales. Une ambition qui vise à rapprocher la culture des citoyens et les citoyens de la culture, en créant de nouveaux lieux d'enseignement et de diffusion culturels, partout en France, en particulier dans des lieux d'où ils sont, pour lors, absents et auprès de publics jusqu'alors peu ou insuffisamment concernés : nous irons vers les jeunes, ils viendront à nous.
Pour mettre en œuvre ce programme, nous moderniserons et adapterons les instruments de la politique culturelle, dans trois directions.
D'abord, prendre mieux en compte le développement considérable qu'ont connues les actions culturelles des différentes collectivités territoriales : la culture, comme la démocratie ou les sous-bois, peut avoir besoin de clarté !
Ensuite, intégrer les contraintes et les conséquences, mais aussi profiter des possibilités qui résultent des décisions communautaires et des négociations internationales : la culture ne saurait échapper au double mouvement de la construction de l'Europe et de l'ouverture au monde !
Enfin, le ministère de la culture devra simplifier ses structures administratives, modifier le fonctionnement des échelons déconcentrés de son action, rendre plus accessibles au citoyen ses priorités, ses missions, ses résultats.
Pour contribuer, de façon décisive, au rayonnement de notre pays dans l'Europe et dans le monde, nous engagerons un effort exceptionnel de promotion des arts, de la création et des industries de la culture, en demeurant ouverts aux cultures des peuples du monde, comme le veut notre belle tradition de pays du dialogue et de la fraternité.
Intensifier la coopération culturelle, en direction des pays de l'Europe centrale et orientale et des nations d'Afrique, auxquels nous lient une part précieuse de notre histoire et de notre identité. Participer à l'émergence, patiente et tenace, d'une Europe de la culture, qui s'appuie sur une identité partagée et offerte et qui renforce l'exception culturelle en créant un espace européen de la culture, de la communication, des films et des programmes.
Le rayonnement d'une civilisation se mesure à l'aune du rayonnement de sa langue. Au-delà même d'impératifs et d'enjeux économiques évidents – ainsi peut-on évoquer le lien entre une technologie nouvelle, des mots nouveaux, des produits nouveaux – il y va du respect des dispositions internationales en matière de langues officielles.
C'est dans cet esprit que la loi sur la langue française a été conçue. Loin d'être un combat d'arrière-garde, c'est l'enjeu d'un combat politique. Celui de la France et de son rayonnement au-delà de ses frontières.
Parce que nous sommes au centre d'une des communautés linguistiques mondiales – la francophonie – qui attend beaucoup de nous. Ainsi, une politique de la langue est un élément de notre politique multilatérale. C'est dans cette continuité que j'entends me situer.
« Le libéralisme noble » écrivait Ernest Renan « … se propose la culture et l'élévation de la nature humaine ». C'est bien là l'esprit qui nous anime : augmenter notre capacité de vision, donc de choix ; affranchir l'homme de tout ce qui lui pèse. La politique culturelle, c'est la politique de l'esprit et c'est, donc, une politique de l'homme. Donner l'exemple, établir des règles, choisir l'intérêt public et l'intérêt du public.
Tout nous y pousse : le prestige de nos créateurs contemporains, la richesse de notre patrimoine l'amour de notre langue. La demande de culture, c'est une demande de France ! À travers cette parole et cet appel, il y a l'exceptionnelle vitalité de la culture, il y a la promesse d'une éducation, il y a l'espoir du progrès social.
Dans les quartiers urbains en difficultés, rongés par l'anomie, plongés dans l'absence de vie communautaire, la culture propose des valeurs partagées : la liberté, la créativité, le respect et la dignité de l'autre. Une bibliothèque, un lieu de répétition, un café-musique ; la création d'une œuvre d'art dans un espace public ; la rencontre des acteurs de la culture sur les lieux même de la vie.
Autant d'exemples de générosité, de service, d'œuvre d'art et d'éducation en même temps. Ainsi l'avait compris, dès 1952, André Malraux lorsqu'il écrivait que « … l'État n'est pas fait pour diriger l'art, mais pour le servir. Et il le sert, dans la mesure où ceux à qui il en confie la charge le comprennent ».
Le rayonnement du pays, l'emploi et le lien social, l'éducation et les valeurs partagées : la culture est un résumé de la France que nous voulons, parce que nous l'aimons. Cette démarche, cette ambition, ce projet qui portent notre politique culturelle c'est, à la fois, notre fierté et notre fraternité communes.