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La Croix : Lorsque vous avez été nommé ministre des PME, du commerce et de l'artisanat, avez-vous pensé à démissionner de la présidence de la région Poitou-Charentes ?
Jean-Pierre Raffarin : Non car, à travers le ministre, c'est toute une région qui est honorée, des acteurs économiques et sociaux qui trouvent un médiateur. Grâce à la présidence de la région, j'ai l'expérience pour exercer mes fonctions de ministre. Je sais ce que c'est que le travail concret avec les acteurs locaux.
Je ne serai pas opposé à ce que, durant sa présence au gouvernement, un ministre soit remplacé à la tête de l'exécutif local par un adjoint. Mais attention : dès qu'on se coupe du terrain, on se laisse dévorer par les fonctions administratives et le microcosme parisien.
La Croix : Comment conciliez deux emplois du temps aussi prenants ?
Jean-Pierre Raffarin : Je suis le lundi à Poitiers, au siège de la région ; les mardi, mercredi et jeudi, je travaille à mon ministère à Paris ; le vendredi, toujours en tant que ministre, je me déplace dans une région française. Le samedi et le dimanche enfin, je suis sur le terrain, en Poitou-Charentes.
Mais quand je rencontre les entrepreneurs ou les commerçants de ma région, je fais aussi mon travail de ministre. En fait, ils sont mes vrais conseillers techniques. C'est pourquoi je n'aurais pas accepté un départemental ministériel étranger à mon activité d'élu local.
J'ajoute que ce ne sont pas les administrés qui souffrent du cumul, mais les élus qui y laissent leur santé. Avec l'exemple de René Monory, les électeurs de la Vienne ont bien compris qu'un projet comme le Futuroscope se devait de conjuguer la force locale et le poids national.
La Croix : Le ministre n'est-il pas tenté de privilégier les demandes émanant de sa région ?
Jean-Pierre Raffarin : C'est le jeu normal de la démocratie représentative. Après moi, viendra un ministre d'une autre région. L'honneur d'un élu est de savoir concilier une volonté locale et une vision nationale.