Texte intégral
Le mouvement social, face aux graves décisions du pourvoir marque l'actualité. Le mécontentement, la colère, les luttes grandissent dans tout le pays.
L'identification d'une opposition sociale forte et diversifiée au plan Juppé constitue un élément nouveau dont il serait hasardeux de déterminer aujourd'hui tous les contours futurs possibles.
Dans ce contexte, nos responsabilités, en tant que force publique, sont considérables. Elles appellent un déploiement audacieux., ouvert et offensif de notre politique. Elles nous obligent à poser en plus grand la question du devenir de la société et du pays et des conditions à réunir pour le changement.
La mise en œuvre de réformes profondes, progressistes est à l'ordre du jour. Notre parti avec toute sa force militante, avec ses idées, ses propositions, avec sa mutation en cours, veut se placer résolument au service de notre peuple pour empêcher les mauvais coups de la droite et du capital et pour l'aider, dans le même mouvement, à construire le projet transformateur en faveur d'une société plus juste, plus belle, plus humaine.
Ce rapport d'introduction comportera trois parties.
I. – Les développements de la situation
Depuis notre précédente réunion beaucoup de choses se sont passées dans le domaine social et politique. Ce qui domine, c'est l'accélération, l'intensification du mouvement social.
Je m'en tiendrai donc, dans cette première partie, à l'examen de cette situation dans notre pays.
Je voudrais souligner quelques caractéristiques majeures qui se dégagent.
Une grande détermination
De près ou de loin, les luttes actuelles ne peuvent être assimilées à des « barouds d'honneur ».
C'est confirmé par la répétition des grèves dans certains secteurs ; la reconduite journalière dans d'autres ; l'importante manifestation des femmes le 25 novembre ; l'ampleur et la ténacité qui caractérisent le mouvement étudiant depuis le début ; la puissante journée d'hier où, plus nombreux, des salariés du secteur privé sont venus s'ajouter à ceux du secteur public et qui augure de nouveaux prolongements.
Une grande journée de lutte et de manifestations s'achève et déjà on parle d'une autre demain avec notamment les enseignants. Chaque jour, dans un nombre plus important d'entreprises, des travailleurs décident démocratiquement la poursuite de la lutte.
Pourtant le « paquet » a été mis, si je puis dire, pour nourrir le sentiment de fatalité face aux décisions annoncées. La détermination du gouvernement et de la droite présentant ses choix comme irréversibles et définitifs ; les efforts d'une grande partie de la classe politique, des commentateurs pour souligner « le courage » du gouvernement et « l'audace » des réformes projetées jusqu'à l'attitude plutôt favorable de Nicole Notat et de dirigeants socialistes, rien ne manquait pour concourir à démobiliser, à troubler. C'est le contraire qui s'est produit. Jacques Duquesne dans « La Croix » du 29 novembre pouvait dire, je le cite : « On observe un décalage croissant entre ce que pense le microcosme politico-médiatique parisien et les réactions populaires. Le dernier exemple en a été fourni par l'accueil réservé au plan Juppé sur la Sécurité sociale, que la presse et les milieux politiques (une partie des socialistes compris) avaient plutôt bien accueilli.
La fermeté et l'entêtement du pouvoir ont renforcé la détermination des salariés. D'aucuns ont pu parler de bras de fer, d'épreuve de force. Une chose est sûre, le sentiment grandit qu'il faut à tout prix mettre en échec l'offensive antisociale du gouvernement.
Une forte exigence d'unité
Quel que soit l'angle où l'on se place, que l'on prenne la question sous celui de l'unité d'action sociale, de la solidarité entre les diverses catégories en lutte ou encore de la compréhension, de la sympathie de l'opinion vis-à-vis des grévistes – le sondage CSA publié samedi après une semaine de grève montre que 62 % des personnes interrogées soutenaient les grévistes –, le souci du rassemblement s'exprime partout pour être plus forts et plus efficaces.
Cette convergence tient semble-t-il à la fois au sentiment que dans une telle épreuve l'unité d'action est déterminante et aussi à l'idée plus ou moins confusément ressentie que ce qui est en cause, avec le plan Juppé et les choix gouvernementaux actuels, touche au plus profond de la société française.
Personne ne peut dire ce que demain sera mais la combativité et l'aspiration unitaire sont fortes, très fortes.
Un contenu élevé des luttes
Bien sûr nous ne ferons pas dire aux luttes plus que ce qu'elles ne disent. Mais pas moins.
Chacun s'accorde à reconnaître qu'elles posent finalement des enjeux fondamentaux. L'avenir de la protection sociale, du service public, la place réservée à la jeunesse, à la formation, la défense des conquêtes sociales et démocratiques, bref tout ce qui participe à l'originalité française et qui peut concourir à un nouveau développement progressiste de la France est, de manière plus ou moins explicite, contenu dans les luttes actuelles.
À ceux qui prétendent que ce mouvement social est ringard, corporatiste, égoïste, les salariés dans l'action apportent le plus ferme démenti : ces luttes s'opposent en fait à un remodelage de la société entraînant un véritable recul de civilisation.
À marche forcée vers la monnaie unique
Ne constituent-elles pas dans une certaine mesure un affrontement sans précédent face à la pensée unique, aux marchés financiers, aux critères de Maastricht et à la machine de guerre que représente la marche forcée vers la monnaie unique ?
Ce mouvement social nous surprend-il ? Franchement, je ne le pense pas. Robert Hue, devant le Comité national de juin, avait souligné que pour comprendre ce qui se passe dans notre pays, il convenait de « partir d'une donnée de fond qui s'impose à tous : la société française ne peut rester en l'état. Il y a besoin de changement (…). Ce besoin ne se contente pas d'exister, en quelque sorte, « objectivement », il est profondément ressenti par notre peuple.
Dans son rapport, le 5 octobre dernier, Jean-François Gau pouvait dire : « Un nouvel état d'esprit de résistance, de combativité est en train de prendre corps parmi les salariés. Il s'exprime plus particulièrement dans le secteur public et nationalisé, mais il existe largement au-delà ».
Une fois élus, ils font le contraire
Évidemment nous, pas plus que d'autres, n'avions prévu la brusque accélération que nous vivons aujourd'hui. Elle s'explique par un ras-le-bol devant l'avalanche des mauvais coups, par le sentiment profond d'avoir été une nouvelle fois floués. Cela fait des années que des candidats se font élire en promettant une politique et qu'ils font l'inverse dès qu'ils sont en place.
De ce point de vue, le revirement du discours de Jacques Chirac après sa visite au chancelier Kohl et les décisions brutales du nouveau gouvernement Juppé ont fonctionné comme un détonateur sur le terrain où le doute, l'angoisse et l'inquiétude étaient et sont dominants.
Les sacrifices aggravent toutes les difficultés
Cette appréciation s'est nourrie aussi d'une évidence : depuis des mois, des années on demande toujours aux mêmes des sacrifices, on leur parle de rigueur, d'austérité, on taxe toujours plus fortement les salariés et les familles. C'est au nom de la lutte pour l'emploi, contre la fracture sociale que le Président de la République a mené sa campagne électorale en proclamant que c'est en créant des emplois qu'on réduirait les déficits. C'est le contraire qu'il fait, c'est le contraire que les Français vivent.
Le chômage et la précarité augmentent toujours, les fins de mois sont plus difficiles, la consommation s'effondre entraînant davantage l'emploi et l'activité sur la pente de la récession.
En quelque sorte, la dégradation de la situation économique et sociale actuelle donne un aperçu atténué de ce qui attend le pays si demain les plans du pouvoir étaient appliqués. En pire.
J'y reviendrai dans la deuxième partie mais je crois que ce qui se passe confirme bien que les questions quotidiennes et celle de l'avenir sont étroitement liées.
Une autre interrogation vient à l'esprit sur l'attitude du pouvoir face aux luttes.
Rien n'est jouer
Je crois qu'on peut avancer la réponse suivante : il a décidé l'épreuve de force mais il a sous-estimé l'ampleur et le processus de la riposte. Rien n'est joué.
Le nouveau gouvernement Juppé a été mis en place pour ça. L'avalanche brutale des réformes négatives n'est pas le fruit du hasard mais d'une volonté.
Le Président de la République dimanche, le Premier ministre depuis le début des conflits ne cessent de répéter qu'ils ne céderont pas. Ils veulent prouver qu'ils feront passer coûte que coûte leurs projets. Ils jouent le pourrissement, la division et même la provocation comme on l'a vu avec la tentative du RPR de dresser les usagers contre les grévistes.
Quel mépris !
C'est le temps du mépris. Celui qu'affichait lundi soir le porte-parole du gouvernement en déclarant « qu'il n'y a pas de motifs à la grève », celui des ministres qui, face à l'exigence de vraies négociations, ne cessent de répéter depuis une semaine que le gouvernement ne conçoit le dialogue que comme permettant de mieux « vendre sa marchandise » ! En quelque sorte, ils disent : « Travailleurs rentrez dans le rang. Vous n'avez rien compris, le gouvernement va mieux vous expliquer ! ».
Hier soir j'écoutais : les réactions de Louis Viannet et de Marc Blondel aux propos du Premier ministre, ils disaient que le gouvernement ne veut discuter que des modalités d'application de son plan ! Que c'était inacceptable. Le secrétaire général de la CGT faisait état du sentiment de déception et de colère qui devait animer tous ceux qui manifestaient ce jour même, tous ceux qui, comme les cheminots, luttent depuis des jours et des jours.
En même temps la montée du mouvement et son élargissement mettent le pouvoir en difficulté. Il a dû commencer à reculer face au mouvement actuel des étudiants et des lycéens. Sans, rien changer sur le fond, il apparaît plus embarrassé sur le dossier des retraites et des régimes spéciaux. Des voix commencent à s'élever de plusieurs horizons pour exprimer l'idée de négociations. Les élections partielles, qu'il faut analyser dans le détail, on traduit le trouble dans l'électorat de droite, une poussée du Parti socialiste et un léger progrès de notre parti, avec une participation plus importante que lors des scrutins partiels du mois de septembre. Et lundi, le gouvernement faisait savoir qu'il était hors de question d'envisager pour le moment une dissolution de l'Assemblée nationale comme certains à droite l'avaient suggéré ce week-end.
II. – Nos responsabilités
Le niveau et la nature de l'offensive du pouvoir, l'ampleur du mouvement social, les enjeux de civilisation qu'il sous-tend, l'approfondissement de la crise politique, tout cela rehausse nos responsabilités.
Il appartient bien sûr aux organisations syndicales de conduire les luttes revendicatives avec les salariés, les jeunes. Ce sont elles qui définissent avec eux les formes, les objectifs de leur action. Le mouvement actuel témoigne que leur rôle s'en trouve particulièrement valorisé dès lors qu'elles s'appuient sur l'exigence démocratique qui contribue elle-même à la détermination et à l'unité d'action.
Le gouvernement doit retirer ses projets et négocier
Nous soutenons ces luttes. Je rappelle qu'au soir même de l'élection présidentielle, Robert Hue déclarait : « Le Parti communiste s'emploiera à être toujours mieux au service de celles et ceux qui ne se résignent pas à la domination de la droite, qui refusent de se laisser faire et exigent des solutions neuves ».
Nous réclamons que le gouvernement retire ses projets destructeurs, que des négociations s'engagent, comme le demandent les syndicats, en prenant en compte leurs exigences, leurs propositions. C'est ce pouvoir et lui seul qui est responsable de l'impasse actuelle. C'est lui et lui seul qui par ses choix, son intransigeance, mais de l'huile sur le feu et contraint les salariés à poursuivre et à élargir les luttes.
Aider à l'obtention de résultats positifs
Notre soutien, notre solidarité n'ont pour but que d'aider à ce que des résultats positifs soient obtenus.
Mais, bien entendu, notre rôle ne s'arrête pas là. Comme parti, nous avons une responsabilité politique qui, dans une telle situation où grandissent partout les interrogations sur les causes des difficultés, sur les solutions à leur apporter, se trouve considérablement renforcée. Nos organisations – y compris dans les secteurs en lutte – ne mettent pas la clef sous la porte quand le besoin de faire de la politique – au sens le plus noble du terme – n'a jamais été aussi grand.
Responsabilités considérables, ai-je dit. C'est vrai pour faire mieux percevoir les enjeux. Protection sociale, retraite, formation, services publics, logement social, statuts, droits… constituent autant d'obstacle à l'alignement sur le dogme de l'argent-roi, sur le type de construction actuelle de l'Europe de Maastricht.
Je crois que nous devons insister sur le recul de civilisation à l'œuvre si par malheur : notre peuple ne parvenait pas à imposer d'autres choix, si le pouvoir, les forces du capital réussissaient leur remodelage destructeur de la société.
Toutes les fractures seraient aggravées
Toutes les fractures seraient aggravées. La fracture sociale, n'en parlons pas, avec l'austérité, avec la casse des fondements de solidarité et de justice de la Sécurité sociale, de l'hôpital public, du secteur, des services publics…
La fracture démocratique, avec la mise en cause des gestions paritaires, les abandons de souveraineté, la destruction des statuts et des droits, l'abaissement du Parlement l'aggravation de la crise politique…
La fracture européenne aussi, si je puis dire, avec l'alignement sur la Bundesbank, avec une monnaie unique pour deux ou trois pays, avec une mise en concurrence terrible des peuples sur le continent et sur toute la planète.
On peut montrer que tous les salariés, les actifs et les retraités, les jeunes, les chômeurs mais aussi d'autres catégories sociales, professions de santé, gens de culture, agriculteurs, PME, artisans, commerçants, sont concernés.
Éclairer les causes des difficultés
Responsabilités donc pour éclairer les causes des difficultés et pour montrer que d'autres voies que celles du déclin sont possibles. Le moment n'est-il pas à proposer à notre peuple, aux salariés, aux étudiants, de mettre toutes les cartes sur la table ?
Cela fait des années que les gouvernements successifs ont fait des choix économiques, financiers qui s'alignaient tous sur la seule rentabilité, sur la dictature des marchés financiers, sur la recherche permanente de la baisse du coût du travail. On a vu les résultats ! Aujourd'hui, le pouvoir, avec brutalité, avec des objectifs et des conséquences plus graves encore, notamment dans le cadre de la mise en place de la monnaie unique, se précipite dans la même direction.
Résolument pour des réformes progressistes
Eh bien non ! « Ça suffit », a-t-on envie de crier. Il faut faire autre chose, il faut faire autrement.
Le choix devant lequel notre peuple est placé n'est pas entre le statu quo et le pire.
Bien sûr, il y a réforme et réforme. Celles du pouvoir sont porteuses de terribles régressions. Elles font mal aux travailleurs, elles handicapent l'avenir, elles aggravent les causes mêmes des difficultés qu'elles prétendent résoudre. Il faut les combattre.
Mais notre pays a un besoin impérieux de réformes. Alors combattons les mauvaises, sans attendre, débattons, avançons avec audace nos propositions, aidons à ce que s'en construisent de bonnes. Il y a urgence !
Il est urgent de faire connaître nos propositions
Notre parti a travaillé sur des propositions. Elles ne sont pas à prendre ou à laisser mais elles existent. Faisons-les connaître sans attendre, enrichissons-les du débat du mouvement de la vie, celui des luttes.
Pratiquement, au travers de tous les grands questionnements qui aujourd'hui conditionnent l'avenir, qu'il s'agisse de la protection sociale, des services publics, de la SNCF, de la formation… on retrouve trois dimensions, trois enjeux essentiels : l'argent, la démocratie, de développement de la France.
L'utilisation de l'argent
Les prélèvements et les taxes déferlent sur les salariés, les retraités et les chômeurs, les salaires sont insuffisants. Tout cela réduit les moyens des familles, tire l'activité vers le bas, aggrave le chômage et augmente encore les déficits. On n'en sort pas !
On n'en sortira pas, si on ne s'attaque pas, à tous les niveaux, à la question de l'utilisation des ressources. Or ces ressources existent.
On a souvent cité les chiffres pour 1994 : sur les 2,234 milliards de francs de ressources nouvelles, moins de 30 % sont allés à l'investissement productif et souvent pour réduire encore les effectifs, tandis que 45 % de cet argent ont été utilisés en placements, OPA, exportations de capitaux, spéculations, versements de dividendes aux actionnaires et d'intérêts aux banques.
Et selon une toute récente estimation établie à partir des données officielles de l'INSEE, les entreprises auront vu leurs profits progresser de 7 % en 1995. Leurs revenus financiers se seront élevés à 340 milliards de francs.
N'y aurait-il rien à faire pour que cet argent n'alimente pas autant la spéculation et les grandes fortunes, ne sécrète pas d'immenses gâchis ?
Formulons nos propositions pour réformer la fiscalité, taxer les revenus financiers – hors de l'épargne populaire bien sûr – pour relever l'impôt sur les grandes fortunes afin de lutter contre l'exclusion, pour réduire les dépenses de surarmement et les affecter à la formation, à l'université, à la recherche. Je ne développe pas pour ne pas allonger.
Sous la pression des marchés financiers
Mais parlons de tout cela. Le courage n'est pas du côté de ceux qui se soumettent aux injonctions de la Bundesbank et aux marchés financiers. Ces derniers demandent, tout le monde le dit, au Premier ministre de tenir bon, de ne pas céder au mouvement social. Évidemment, pour eux, moins il y a de ressources pour les besoins humains, les services publics, les investissements matériels et immatériels utiles et plus il y a de l'argent pour la spéculation ! En fait, on ne réduira pas durablement et sainement les déficits et les taux d'intérêt sans s'attaquer au cancer financier qui les génère.
La démocratie
Bien sûr, il ne suffit pas de révéler l'existence des ressources, même si c'est important. Il y a urgence aussi de voir comment on modifie les choses, par quels moyens. Si l'on attend du pouvoir, du CNPF, ou des critères de Maastricht qu'ils changent de leur plein gré, on attendra longtemps. Alors comment faire bouger les rapports de forces, comment faire bouger les choix ? Je crois que c'est en poussant au maximum la question de l'intervention des salariés et des citoyens.
Comme nous l'avons dit à notre dernier congrès, dans toute la société – dans les entreprises et la vie publique, les institutions et les médias –, ouvrons toutes grandes les portes et les fenêtres de la démocratie !
Si ceux qui n'ont que leur travail pour vivre ou qui en cherchent un, ceux qui créent les richesses avaient leur mot à dire sur tous les choix qui les concernent, la France n'en serait pas là.
Pour de nouveaux pouvoirs de décision
Le développement de la démocratie, des pouvoirs de décision est la grande donnée de notre époque, celle qui conditionne souvent toutes les autres ; pour renouer avec le progrès social, pour une plus grande efficacité économique, pour un autre type de développement, une nouvelle croissance fondée sur la satisfaction des besoins humains.
Déjà, les luttes et les interventions que nous contribuons à faire grandir pour la transparence, le contrôle et l'affectation des fonds publics en faveur de l'emploi dans les CODEF participent de cette démarche. Généralisons-les !
Le développement de la France
On perçoit mieux, avec ce qui se passe aujourd'hui, que c'est aussi l'avenir des générations futures qui se joue.
Halte à l'austérité, à la récession et au déclin !
Nous avons besoin d'une vraie politique de redressement qui ne s'inscrive plus dans la logique d'abandon et de soumission dont j'ai parlé.
Un grand besoin pour la France
De ce point de vue, nous devons donner plus de force à un grand dessein pour une France jouant tout son rôle.
Il s'agit de valoriser nos atouts, nos potentialités pour une autre politique nationale et internationale.
Il nous faut faire grandir l'exigence d'un changement de cap.
Quelles politiques industrielles, de recherche, de formation ? Quels grands projets nationaux ou en coopérations ? Là encore, nous avons nos propositions, des idées. Discutons-en avec les salariés, les citoyens, dans toutes les régions concernées. C'est plus que jamais le moment.
Évidemment, comme le disait Rober Hue, samedi dernier : « Si on fait le choix d'une France soumise (…), d'une France à la remorque du deutschemark, d'une France enfoncée dans les ravages de la guerre économique destructrice menée en Europe et dans le monde, d'une France sans grand projet d'avenir (…) il y a trop de « coûts salariaux », il y a trop de « Sécurité sociale », il y a trop de « service public », il y a trop d'étudiants, il y a trop d'emplois (…) Mais si, au contraire, comme nous le proposons, on choisit de répondre aux immenses besoins humains et à ceux du pays, alors on a besoin de davantage d'étudiants bien formés. On a besoin de davantage de salariés mieux payés et travaillant moins longtemps pour leur permettre de mieux vivre. On a besoin d'un bon système de santé et de services publics rénovés, efficaces, démocratisés, etc.
Pour une autre construction européenne
Avoir un grand dessein pour la France, c'est aussi vouloir qu'elle tienne sa place dans la construction européenne et dans le monde.
Il est nécessaire de travailler en faveur d'une Europe pacifique de peuples et de nations pour répondre aux besoins, pour organiser et développer les indispensables coopérations, pour contribuer à l'émergence d'un ordre international plus juste, plus équilibré, plus pacifique. Des forces existent pour y parvenir en France et sur notre continent que nous voulons contribuer à rassembler.
Poser la question des conditions politiques du changement
Si, sur le contenu des luttes et des débats à mener pour des réformes progressistes, la situation actuelle nous appelle à être offensifs, ne nous commande-t-elle pas tout autant de poser la question des conditions politiques nécessaires pour le changement ?
Le besoin de travailler à la construction d'une issue politique, à une véritable alternative à la politique actuelle se pose avec encore plus de force quand les luttes sociales se développent. Si nous ne le faisions pas, ne croyons pas que ces questions ne seraient pas d'une manière ou d'une autre posées. Mais les réponses risqueraient d'être courtes, voire dangereuses avec le Front national. À ce sujet, faisons connaître à tous ceux qui luttent les ignobles propos de Le Pen à leur encontre.
Nous savons bien que ce n'est pas une simple alternance d'équipe au pouvoir qui peut changer vraiment les choses. Toute l'expérience de ces quinze dernières années l'a abondamment prouvé.
En débattre avec les citoyens
Allons-y ! Débattons de ces questions avec les citoyens, de ce qu'il faut faire pour que ce qui a échoué ne se renouvelle pas. De leur rôle, de leur intervention, des conditions à réunir pour construire une alternative réelle à la politique actuelle, qui mette les forces de gauche et de progrès à l'unisson de leurs aspirations. N'hésitons pas dans ces débats à confronter les points de vue, à faire des clarifications non pour polémiquer mais pour avancer, pour une union nouvelle, pour battre la droite.
On sait que malgré l'expérience, les idées de moindre mal ont la vie dure.
Le développement du mouvement social ne suffit pas en lui-même pour clarifier. On le voit avec les différentes prises de position de dirigeants socialistes sur le plan Juppé, les résultats des partielles ou le refus de Lionel Jospin de tirer les leçons des politiques menées par les gouvernements socialistes qui ont conduit au retour de la droite.
Dans les forums, confronter les points de vue, clarifier
Cette confrontation au grand jour, nous l'abordons en étant pleinement nous-mêmes, porteurs de nos propositions, de nos conceptions, de notre démarche constructive et unitaire, de notre mutation.
Cette mutation dont parle Robert Hue dans son livre contribue à donner à voir en quoi notre activité, nos conceptions ont profondément bougé et doivent bouger encore.
Je ne sais combien de dizaines de milliers de livres l'éditeur a directement envoyés à toutes les librairies de France. Pour ce qui nous concerne, 30 000 sont commandés. Le succès de ce lancement et les réactions très positives dans le Parti et au-delà nous encouragent à intensifier les efforts de diffusion.
C'est pour la confrontation, pour favoriser les luttes, pour avancer sur des propositions nouvelles, pour débattre des questions politiques que nous avons décidé le Forum national, à présent bien lancé puisque plus de 450 initiatives sont d'ores et déjà réalisées ou prévues dans les prochaines semaines sur les différentes questions soulevées lors du Comité national d'octobre. Mais j'y reviendrai dans la dernière partie.
Avant cela je veux dire quelques mots sur ce que nous avions envisagé, afin de créer les conditions permettant à notre peuple d'être consulté à propos du passage à la monnaie unique.
Vous vous en souvenez : dès que Jacques Chirac, le 26 octobre, après sa rencontre avec le chancelier Kohl, a annoncé la rigueur et la marche forcée vers la monnaie unique, Robert Hue lui a demandé une entrevue pour lui exprimer notre totale opposition. Notre secrétaire nationale a également écrit aux formations de gauche et de progrès pour examiner avec elles comment contribuer à faire grandir l'exigence démocratique d'une consultation des citoyens.
Nos rencontres avec les forces de gauche et de progrès
Nous les avons toutes rencontrées. Des différences et des divergences d'appréciation existent sur la construction de l'Europe et sur l'idée d'une consultation par voie référendaire avant la troisième phase de Maastricht. Mais je dois dire que dans tous les cas c'est une attitude plutôt positive sur la nécessité que notre peuple puisse s'exprimer qui a été réservée à notre suggestion.
Nous leur avons dit que nous reprendrions contact avec elles à l'issue de cette série de réunions. Le moment venu – pas maintenant bien sûr – nous déciderons des initiatives à prendre pour que progresse dans tout le pays cette exigence démocratique d'une consultation sur la question de la monnaie unique.
III. – Nos tâches
Nous avons déjà eu l'occasion de souligner combien, dès lors que nous prenons des initiatives, que nous allons à la rencontre de celles et de ceux qui nous entourent, le contact, la discussion sont intéressants. Un tiers des Français disent avoir une bonne opinion du Parti. Nos résultats lors de l'élection présidentielle ont montré que c'est dans tout le pays que notre influence s'était améliorée, confirmant ainsi les possibilités de progrès ultérieurs, partout. Pourtant, ils restent limités dans les élections partielles. De grandes inégalités subsistent. Même si nous n'avons jamais caché que tout ne se gagnerait pas en peu de temps, il nous faut bien réfléchir et travailler à notre remontée.
Faire beaucoup de politique
C'est en mettant pleinement en œuvre nos choix, notre politique, en faisant vivre et percevoir notre utilité que nous progresserons. C'est aussi, sans attendre les échéances électorales, gagner à l'idée que notre peuple dans sa diversité a, pour lui-même, besoin d'un Parti communiste plus influent, qu'il a besoin d'élus communistes.
Nous devons faire beaucoup de politique dans le Parti et autour de nous. Il faut que cela se voie. Cela demande beaucoup d'efforts aux directions à tous les niveaux pour aider les cellules, les communistes, le Mouvement de la jeunesse communiste, l'UEC.
Je ne reviens pas sur l'intense activité des communistes et de leurs organisations en liaison avec les formidables enjeux de la période et les questionnements qu'ils suscitent.
Je voudrais souligner trois tâches spécifiques.
Le forum
Je l'ai dit, plus de 450 initiatives se sont déjà tenues ou vont avoir lieu très prochainement. Ce résultat est positif. Il faut poursuivre. Cette initiative s'inscrit dans la durée, elle correspond à notre stratégie, à notre objectif politique : la construction du Pacte unitaire pour le progrès.
Luttes et débats politiques doivent se nourrir mutuellement. J'insiste sur deux idées :
– le forum doit permettre la confrontation des points de vue de tous ceux – y compris les représentants des formations de gauche – qui y sont invités et y participent avec leur identité ;
– le forum ne recoupe pas, bien entendu, la totalité de toutes les activités des communistes et des organisations du Parti.
Au début de l'année prochaine, nous organiserons plusieurs forums de dimension nationale dans des grandes villes… cinq ou six, auxquels d'autres de même dimension vont s'ajouter comme ceux initié par le secteur femme du Comité national, le premier, samedi prochain, sur le thème « Féministe pour construire un nouvel avenir », le second le 17 février, sur le thème « Femme et politique ».
Cette nécessité de confrontation sur les questions touchant à l'issue politique, à la perspective nous conduit à vous proposer, si vous en étiez d'accord, que chaque fédération organise un ou deux forums départementaux sur le thème suivant : contenu et condition du changement.
Les rencontres publiques
Les rencontres publiques (ex-assemblées populaires) vont constituer un moment privilégié où la cellule invite largement celles et ceux intéressés ou susceptibles de l'être par ce que nous sommes et par ce que nous faisons.
Elles permettent aussi de renforcer le Parti. Je rappelle que nous avons cette année réalisé, en janvier et février, plus de 6 000 adhésions.
Bien entendu, chaque cellule présente, conçoit, prépare à sa manière sa rencontre publique lors de l'assemblée générale où elle élira les camarades responsables de son bureau.
Pour toutes les cellules qui le souhaitent, le livre de Robert Hue, le débat qu'il sollicite sur son contenu pourraient être un temps fort de la rencontre publique permettant de donner à voir et à comprendre notre mutation en cours.
« L'Humanité » et la souscription
En même temps que nous devons poursuivre nos efforts pour atteindre et dépasser les effectifs de l'an dernier, ce qui est déjà le cas dans de nombreuses sections et fédérations, j'insiste pour qu'on ne relâche pas les efforts en faveur de la souscription pour notre presse.
Comme le soulignait notre secrétaire national, tournons-nous résolument vers tous ceux qui dans le développement des luttes, apprécient la place et le rôle de « L'Humanité » est une des garanties du plein exercice de la démocratie.
Enfin dans le cadre de la reprise des forums en janvier, du démarrage des rencontres publiques, et dans cette situation où le besoin de politique, de débat et d'informations s'affirment d'avantage, nous pouvons sans doute mieux faire apprécier le rôle de « L'Humanité » et de « L'Humanité Dimanche », qui propose une vente de masse les 11, 12, 13, 14 janvier.
Chers camarades,
Dans ce moment important de la vie nationale, notre ambition, notre activité présente doivent se situer à la hauteur des enjeux qui conditionnent le présent et l'avenir.
Je suis convaincu, malgré le peu de temps dont nous disposons, que notre discussion y contribuera.