Texte intégral
Europe 1 : Jeudi 10 août 1995
M. Grossiord : La CGT a décidé de réaffirmer sa position ?
L. Viannet : Nous avons tenu une conférence de presse ce matin pour tirer les enseignements de ce périple qui a conduit notre délégation en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle Calédonie et en Polynésie française, et nous avions pris cette décision parce que dès le lendemain de l'annonce par le Président J. Chirac de la reprise des essais, nous avions reçu nombre de lettres, fax et messages de syndicats et organisations pacifistes de tous ces pays où on sentait bien qu'ils mettaient tout le monde dans le même sac. Ils considéraient que la décision avait été prise au nom de tous les Français et qu'à partir de là, ils tenaient à interroger la CGT. Nous avons considéré qu'en étant conscient qu'une telle décision portait un coup dur au crédit, à l'image et à la notoriété de la France, qu'il était de notre intérêt de procéder à cette délégation qui nous a permis d'affirmer notre position. C'est-à-dire d'affirmer notre volonté non seulement de nous opposer aux essais nucléaires mais d'intensifier notre lutte pour parvenir à l'interdiction totale des armes nucléaires.
M. Grossiord : Ce que l'on voit, c'est la mobilisation des syndicats contre les produits français. Ça pourrait se révéler très néfaste pour l'économie française, donc pour l'emploi. Ça ne vous refroidit pas ?
L. Viannet : Nous sommes au moins convaincus d'une chose. C'est que la motivation la plus efficace de cet engagement et de la traduction de cette émotion et de cette peur, c'est la mobilisation populaire. Il est certain que dans certains pays, cette mobilisation pousse à des mesures de boycott. Tant qu'il s'agit de mesures de boycott qui relèvent de la décision individuelle du consommateur…
M. Grossiord : Mais ce sont les syndicats qui appellent au boycottage ?
L. Viannet : Non, c'est plus compliqué que ça. Ça peut arriver. Mais nous ne mettons pas sur le même plan les réactions populaires et certaines décisions de boycott de caractère commercial voire gouvernemental où là, on sent bien que les motivations tendent plus vers le petit chantage économique que vers le souci d'arrêter les essais nucléaires.
M. Grossiord : Washington a publié une étude montrant que la France avait gagné nombre de contrats militaires dans les pays en voie de développement. Est-ce un motif de satisfaction ou dénoncez-vous les succès commerciaux des fabricants d'armes français ?
L. Viannet : Si véritablement l'amélioration de la balance commerciale de la France résulte essentiellement du commerce des armes, on ne peut pas dire que ça s'inscrive dans une politique vraiment novatrice et que ça répond aux besoins de ce qu'il faut faire et impulser pour redynamiser l'activité économique de la France. Donner aux gens aujourd'hui les moyens de s'entre-tuer, le moins qu'on puisse dire c'est s'inscrire dans les aspects les plus néfastes de la situation actuelle.
M. Grossiord : Les caisses de la Sécurité doivent être renflouées. Le déficit cumulé est de 120 milliards de francs. Il faut trouver une solution et les banques ont prêtes à répondre à un emprunt de la Sécurité sociale.
L. Viannet : Elles piaffent d'impatience !
M. Grossiord : Alors, qu'est-ce que vous en pensez ?
L. Viannet : À partir du moment où les banques piaffent d'impatience, ce n'est pas tellement parce qu'elles sont préoccupées de l'état de santé de la Sécurité sociale, c'est tout simplement parce qu'elles considèrent qu'il y a là de l'argent à gagner. Quand on voit ce qui s'est passé au-travers de l'intervention des banques dans l'Eurotunnel, on est en droit non seulement d'être vigilants, mais d'être particulièrement inquiets sur ce que pourraient être les résultats d'une disposition qui ne peut pas constituer en soi la solution au problème de la Sécurité sociale.
M. Grossiord : Ça s'est déjà fait ?
L. Viannet : Oui, mais le principe même de l'emprunt n'est pas condamnable, dans la mesure où c'est une disposition provisoire, qui permet de passer un mauvais moment, en particulier du point de vue de la trésorerie, à condition que ça s'insère dans un ensemble de mesures qui tendent au rétablissement de l'équilibre, équilibre dont on sait bien qu'il est mis en difficulté essentiellement par la situation de l'emploi, par le niveau de chômage dans notre pays, par le niveau des bas salaires et par l'ensemble des mesures qui tendent bel et bien à exonérer de plus en plus les entreprises de leur participation au financement de la Sécurité sociale.
M. Grossiord : Ce que vous voulez, vous, c'est qu'on augmente les charges sociales des entreprises ?
L. Viannet : Non, non. La position de la CGT – nous avons d'ailleurs fait des propositions en ce sens – part d'une approche beaucoup réaliste. Nous ne disons pas : il suffit d'augmenter les charges sociales des entreprises. Par contre, ce que nous disons, et nous allons formuler des propositions beaucoup plus précises dans ce sens, c'est que le moment est venu de faire participer le patrimoine et les revenus financiers au financement de la protection sociale.
M. Grossiord : Vous avez vu les premiers arbitrages budgétaires du gouvernement qui souhaite préserver trois secteurs : l'emploi, la solidarité et la justice. Vous êtes d'accord avec ces choix ?
L. Viannet : Avant de dire si on est d'accord ou pas d'accord, il faut prendre en compte le fait que ces trois priorités, ce n'est pas seulement un problème de crédit, c'est un problème d'utilisation de ces crédits. En ce qui concerne par exemple l'emploi, en ce qui concerne les fonds touchant à la rubrique solidarité, pour l'essentiel, ils s'en vont bel et bien à la trésorerie des entreprises sans qu'on puisse apporter la preuve qu'il va y avoir une traduction positive pour l'emploi.
M. Grossiord : Le nombre de fonctionnaires, en tout cas, ne devrait pas diminuer, même si les traitements…
L. Viannet : Aïe, aïe ! Moi, quand je regarde les chiffres, je constate quoi ? Je constate que les crédits qui sont inscrits dans ce budget ne permettront pas de compenser l'évolution normale des traitements des fonctionnaires tels qu'ils sont. Autrement dit, ce que peuvent redouter les fonctionnaires, c'est ou bien que le gouvernement pèse sur le nombre d'emplois, parce que le gouvernement dit : le nombre d'emplois ne va pas diminuer. Est-ce qu'il va compenser les départs en retraite ? Il va falloir vérifier cela. Deuxièmement, si véritablement les effectifs sont maintenus et personnellement je m'en félicite, alors il va falloir regarder de près la situation en matière de pouvoir d'achat, de salaires.
M. Grossiord : Évoquons pour conclure le débat sur la réduction du temps de travail. Volkswagen, le constructeur allemand a ouvert de nouvelles négociations avec les syndicats pour poursuivre l'expérience de la semaine de quatre jours, de moins de 29 heures de travail. Les discussions portent sur le maintien de primes spéciales. De simples aménagements donc, dans une formule qui semble bien rôdée. Pourquoi est-ce que vous ne faites pas de la réduction du temps de travail dans les entreprises, votre cheval de bataille, comme la CFDT notamment ?
L. Viannet : Mais pourquoi vous dites qu'on ne fait pas de la réduction de la durée de travail notre cheval de bataille ?
M. Grossiord : Vous êtes moins présents sur ce débat que la CFDT.
L. Viannet : C'est votre opinion. Nous considérons et nous avons toujours affirmé qu'il ne pouvait pas y avoir une politique de l'emploi dans ce pays, dynamique, qui aille dans le sens de la reconquête du plein emploi, parce que c'est quand même ça l'objectif, sans aborder avec la volonté de déboucher sur des mesures concrètes le problème de la réduction de la durée du travail, et le problème de la réduction de la durée du travail d'une façon suffisamment significative et sensible, pour que ça se traduise par des créations d'emplois. J'ai lu dans la presse, ce matin, qu'on se félicitait que le nombre d'emplois à tendance à ré-augmenter. On oublie de parler de la question qui est en train de devenir la question essentielle : de quels emplois s'agit-il ? Pour l'essentiel, il s'agit d'emplois à durée déterminée, il s'agit d'emplois à temps partiel. C'est-à-dire il s'agit d'emplois qui, dans beaucoup de cas, ne permettent pas à ceux qui vont en bénéficier, de vivre et en tout cas de vivre et en tout cas de vivre correctement et de répondre à leurs besoins.
M. Grossiord : Un mot sur une affaire dont on a beaucoup parlé ces jours-ci : celle de la fameuse pause-pipi.
L. Viannet : Je ne sais pas si fameux est l'adjectif qui convient.
M. Grossiord : En deux mots, les salariés d'une entreprise agro-alimentaire de Bretagne se sont vu imposer des horaires fixes pour aller aux toilettes. Protestations des salariés. La direction a assoupli un petit peu sa position. Est-ce que pour vous, c'est quelque chose de significatif ou de purement anecdotique ?
L. Viannet : Non, non, ce n'est pas anecdotique, hélas ! Je voudrais bien que ce soit seulement anecdotique. On pourrait le montrer du doigt.
M. Grossiord : Le patron est M. Bigard ?
L. Viannet : Le problème, c'est que ça s'inscrit dans un contexte général de dégradation des conditions de travail considérables, de comportements d'employeurs qui, maintenant, dépassent les limites du supportable et qui se traduisent par des atteintes à la dignité. Qu'est-ce qu'ils demandent, ces salariés ? Ils demandent qu'on les respecte, ils demandent qu'on respecte leur dignité, parce que c'est indigne, aujourd'hui, quand même de décider à quel moment on éprouve le besoin d'aller aux toilettes. Mais vous savez, des employeurs qui ont des fiches de paye qui ne veulent rien dire, qui font faire du travail gratuit, qui utilisent des salariés qu'ils ne déclarent pas, c'est quelque chose qui est en train de se généraliser. Parmi nos batailles de la rentrée, nous sommes décidés à saisir le ministère du Travail pour qu'effectivement le peu de droits qui restent, parce qu'on en a cassé pas mal de droits dans ce pays, le peu de droits qui restent soient respectés'.
France-Inter : Vendredi 11 août 1995
D. Astagneau : Est-ce que le fait que ce soient les derniers essais et qu'ils soient contrôlés par des experts européens modifie votre position ?
L. Viannet : Non. Notre position, nous l'avons exprimée bien avant la conférence de presse que nous avons faite hier, puisque dès le début de l'annonce par le Président de la République de sa décision de reprendre les essais et puisque j'avais l'occasion de le rencontrer dans les jours qui ont suivi, je lui ai fait part des raisons pour lesquelles la CGT est opposée à cette décision, parce qu'elle fait courir un risque de demandes d'autres pays et elle affaiblît sensiblement la déclaration gouvernementale qui vient d'être faite hier, annonçant avec éclat que la France était, non seulement décidée à signer de traité d'arrêt des essais nucléaires, mais qu'elle entendait jouer tout son rôle pour interdire complètement tous les essais. Je dois dire que cette déclaration aurait eu une autre allure si elle avait été faite au moment où le Président de la République a pris ses pouvoirs. C'est-à-dire au moment où il avait marqué son entrée sur la scène internationale par l'expression de la volonté très forte de la France d'apporter sa contribution, non seulement à l'arrêt des essais mais à l'interdiction totale des armes nucléaires et à la destruction de tous les stocks militaires.
D. Astagneau : Qu'est-ce que vous allez faire ?
L. Viannet : Nous allons continuer la mobilisation qui regroupe en France 112 organisations et qui se traduit par des sondages qui confirment qu'effectivement il y a une grande émotion et inquiétude devant le risque de reprendre un engrenage qui fait peser des menaces aussi lourdes sur l'humanité toute entière.
D. Astagneau : Est-ce que vous soutenez un boycott des produits français dans le monde ?
L. Viannet : Non. Nous avons envoyé une délégation dans les pays où l'émotion est très forte et nous l'avons fait parce que dès le lendemain de l'annonce par le Président de la République de sa décision, nous avons reçu de la part des syndicats de ces pays, des messages qui nous donnaient l'impression qu'ils mettaient quand même un peu tout le monde dans le même sac. En ce qui concerne le boycott, non seulement nous ne l'avons pas encouragé, encore moins nous n'avons l'intention de le susciter. Ce qui compte, c'est l'engagement populaire profond pour exprimer l'opposition aux essais nucléaires plus que des mesures qui ont des connotations de concurrence plus ou moins loyale.
D. Astagneau : Est-ce que vous êtes bien dans votre rôle de centrale syndicale ?
L. Viannet : Oui. Vous imaginez dans quelle situation seraient les syndicats pour défendre les intérêts des salariés si par malheur il y avait un dérapage, sans parler de ce que représente le gouffre financier, pas seulement des essais, mais de la force de frappe elle-même.
D. Astagneau : Comment combler le trou de la Sécurité sociale ?
L. Viannet : Il faut expliquer quelles sont les causes. Le gouvernement a lancé un emprunt. Il faut être clair, si on emprunte, il va falloir rembourser alors qu'actuellement les charges de remboursement de la Sécurité sociale des emprunts précédents sont lourdes et ça ne fait que reculer pour mieux sauter. Or, les causes, on les trouve autour du volant du chômage, mais aussi du nombre important de travailleurs précaires qui engendre une diminution des recettes de la protection sociale. Le niveau des salaires étant insuffisant, cela pèse sur les ressources de la Sécu. Les décisions d'allégement des charges constituent une forme particulièrement dangereuse, d'autant que l'État a du mal à assurer ce qui lui revient de parts de compensations par rapport à ces allégements de charges. Et enfin, il y a les dettes patronales, 18 milliards en 1994. Est-ce qu'on considère normal de donner de l'argent public à des entreprises au titre de l'allégement des charges pour créer des emplois alors qu'elles ont des dettes vis-à-vis de la Sécurité sociale qu'elles ne remboursent pas ?
D. Astagneau : Comment est-ce que vous la sentez, cette rentrée de septembre ?
L. Viannet : Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des échéances. À propos de la protection sociale, on vient d'en parler, nous avons bien l'intention de faire participer les revenus financiers au financement de la protection sociale, et là nous avons une idée très claire des résistances qu'elle va rencontrer du côté du patronat et du côté des possédants. Il y a également le budget avec des incertitudes qui planent. Les cris très forts de Madelin pour diminuer les dépenses n'ont pas eu l'effet escompté, parce que les risques politiques et sociaux étaient très graves. Si les dépenses diminuent moins que le voulait le ministre des Finances, il va falloir trouver de l'argent, donc des recettes nouvelles, donc des possibilités de relèvement d'impôts, donc autant de sujets de conflits, parce qu'il y a un refus du gouvernement. Nous sommes dans un pays où les grandes entreprises réalisent des profits considérables, où les revenus financiers ne participent pas au financement des dépenses sociales, alors que sans ces dépenses, jamais les profits et les revenus financiers ne pourraient atteindre les niveaux qu'ils atteignent.
France-Inter/France 2 : Mercredi 30 août 1995
Q. : Un mot d'abord sur la prestation d'A. Juppé ?
L. Viannet : Je l'ai regardé et j'ai quand même été frappé par le fait que même si certaines des propositions qui sont faites comportent des aspects positifs, c'est au total encore une goutte d'eau par rapport à ce qu'il faut faire pour s'attaquer aux vraies questions qui sont le chômage, le développement de l'exclusion, la protection sociale et qui sont surtout relance de la consommation par l'augmentation du pouvoir d'achat. Et sur tous ces aspects-là, le Premier ministre est quand même resté très discrets. D'ailleurs, moi je précise qu'il a beaucoup insisté sur la volonté du gouvernement de mettre en œuvre des réformes à son rythme, sans trop se presser ou se bousculer mais le débat n'est pas là. Le débat n'est pas ni sur le rythme ni sur l'ampleur des réformes mais sur dans quel sens elles vont aller. À qui on va demander les efforts ? Est-ce qu'on va toujours faire payer les mêmes ? Ce sont là les questions les plus fortes que nous allons aborder avec lui quand il va nous recevoir lundi prochain.
Q. : Quel est votre mot d'ordre pour cette rentrée ?
L. Viannet : Notre mot d'ordre c'est que les dossiers qui sont présents aujourd'hui dans les préoccupations des salariés nécessitent une mobilisation très forte. On parle beaucoup des fonctionnaires qui ont des défis à relever et c'est vrai ne serait-ce qu'un premier défi de dignité parce qu'il n'y a aucune raison pour qu'ils se laissent jeter à la vindicte publique sous prétexte qu'ils ont un emploi, sous prétexte qu'ils ont un salaire, sous prétexte qu'ils ont un déroulement de carrière. Ils n'ont pas à rougir de ce qu'ils sont ni de ce qu'ils font. Et de ce point de vue, je pense que les discussions qui vont porter sur la revalorisation des salaires dans la fonction publique, vont être particulièrement délicates et elles ne seront efficaces que si les fonctionnaires s'en mêlent. Mais derrière ce dossier, il y a tous les autres et en particulier le dossier très lourd maintenant du volume des aides qui sont accordées aux entreprises et dont la preuve est faite qu'elles n'ont pas les incidences que l'on nous dit sur l'emploi. Et le constat que nous faisons sur les 12 dernières années, c'est que plus on donne d'argent aux entreprises, plus l'économie va mal et plus la situation de l'emploi se dégrade.
RMC : Mercredi 30 août 1995
M.-C. Courtioux : Le langage du Premier ministre, celui de J. Arthuis, on ne desserrera pas les cordons de la bourse, c'est un langage qui ne vous convient peut-être pas ?
L. Viannet : J'aurais été intéressé de savoir ce que J. Arthuis entendait par laxisme. Je crois que ni les salariés ni les retraités ni les chômeurs n'ont eu jusqu'à maintenant ni le sentiment ni l'occasion de mesurer le laxisme du gouvernement dans les matières budgétaires. Au contraire, ce que nous constatons, c'est que le gouvernement persiste sur une orientation qui consiste à augmenter les allégements de charges et les cadeaux aux entreprises alors qu'à l'évidence les retombées sur l'emploi restent à démontrer et que parallèlement le patronat se livre quand même à une charge assez extraordinaire pour obtenir encore plus de concessions, encore plus d'argent, encore plus de flexibilité, encore plus de souplesses pour les plans sociaux, bref, c'est pas seulement on continue, on affirme la volonté d'aller plus vite et plus loin dans une direction dont aujourd'hui on mesure les dégâts. Alors c'est là où effectivement nous disons qu'il n'est pas question d'accepter une nouvelle cure d'austérité pour les salariés ou les retraités. Il n'est pas question que dans le domaine du financement de la protection sociale, on aille plus loin dans les ponctions qui sont opérer sur les salariés. Il faut faire participer les revenus du capital et les revenus financiers. C'est plus que des différences d'approche. Ce sont des divergences profondes et là ce sont les luttes sociales qui vont trancher le débat.
M.-C. Courtioux : Comment pour la CGT cela va se traduire pour la rentrée 95 ?
L. Viannet : Ça va se traduire dans l'affirmation et de notre caractère de syndicat et de notre stratégie de syndicat. Nous n'avons pas des positions d'opposition de principe, ni par rapport aux hommes ni par rapport à un parti ou par rapport à un groupe de partis. Nous nous situons par rapport au contenu concret, soit des mesures que prend le gouvernement, soit des propositions que peut faire le patronat et surtout nous nous appuyons sur les exigences des salariés qui aujourd'hui sont susceptibles de prendre une forme d'expression de plus en plus forte.