Texte intégral
Le Quotidien de la République :
Le Garde des Sceaux, Mme Elisabeth Guigou, donne des signes forts qui illustrent la détermination de son ministère à lutter contre les sectes. Qu’en est-il au ministère de l’intérieur ?
Jean-Jack Queyranne :
Tout le Gouvernement est déterminé à lutter contre les agissements de certains mouvements sectaires qui menacent l’intégralité des personnes, et abusent de leur crédulité. Cette volonté s’exprime par la création de la mission interministérielle de lutte contre les sectes. Elle prend la suite de l’Observatoire. Son rôle sera plus opérationnel. S’agissant du ministère de l’Intérieur, des instructions ont été adressées le 7 novembre 1997 aux préfets. Elles préconisent une meilleure utilisation des dispositions législatives et réglementaires pour protéger les individus des agissements répréhensibles au regard de la loi que des sectes pourraient commettre ou inspirer. Je compte sur l’attention des préfets.
Le Quotidien de la République :
Peut-on lutter contre les sectes sans porter atteinte à la liberté de croyance ?
Jean-Jack Queyranne :
La lutte contre les agissements sectaires est une question qui touche plus à l’ordre public qu’à la sécurité publique. Deux libertés fondamentales ont une valeur constitutionnelle : la liberté de croire comme celle de s’organiser en mouvement ne sont pas en cause. Il n’est pas question de réprimer en tant que tels des mouvements philosophiques, spirituels ou religieux mais de poursuivre leurs agissements lorsque ceux-ci constituent des infractions pénales : fraudes fiscale, abus sexuels, non assistance à personne en danger. A cet égard, le Gouvernement dispose des moyens juridiques nécessaires à travers la législation en vigueur. C’est bien le sens de mes instructions que de sensibiliser tous les services de l’Etat aux dérives sectaires répréhensibles au regard de la loi.
Le Quotidien de la République :
Les pouvoirs publics veilleront-ils à combattre certaines influences exercées par les sectes sur les milieux politiques ou économiques ?
Jean-Jack Queyranne :
Les sectes les mieux organisées dissimulent souvent derrière un paravent pseudo-philosophique des objectifs purement commerciaux. Elles sont tentées, bien sûr, de peser sur l’ensemble des décideurs qu’ils soient politiques ou économiques. Certaines actions de formation en entreprises destinées aux cadres peuvent cacher par exemple des agissements sectaires. La vigilance doit donc s’exercer à tous les niveaux de responsabilité et ne peut être le fait des seuls pouvoirs publics.