Texte intégral
Mes chers compagnons,
Je me réjouis de vous retrouver aujourd'hui pour ce premier Comité politique de l'année.
Je ne saurais commencer autrement mon propos qu'en renouvelant, à chacune et chacun d'entre vous, mes voeux les plus ardents pour 1999.
Je souhaite que la période qui s'ouvre vous soit favorable, qu'elle soit favorable à notre Mouvement et à l'Opposition républicaine, qu'elle soit favorable, surtout, à notre pays.
Depuis notre dernière rencontre, les événements n'ont pas manqué : - scission, désormais établie, du Front National, annulation de l'élection de Charles Millon à la présidence de la Région Rhône-Alpes et tenue d'un nouveau scrutin, annonce par notre Compagnon, Charles Pasqua, de son intention de mener une liste aux prochaines élections européennes, disputes au sein de l'opposition sur la méthode à adopter dans la perspective de cette même consultation.
Il m'a donc paru utile que nous fassions le point. Qu'il vous soit rendu compte des positions que le Mouvement a été conduit à prendre. Que vous ayez l'occasion de confirmer la stratégie qui est la nôtre.
Tout au long de la campagne d'explication qui a précédé la première élection du Président du R.P.R. au suffrage universel, j'ai rappelé que le Mouvement se fixait deux objectifs essentiels : soutenir le Président de la République et contribuer à créer les conditions de sa réélection ; travailler à l'émergence d'une majorité législative d'alternance.
Ces deux objectifs nous paraissent plus nécessaires que jamais.
Car moins que jamais l'action de ce gouvernement ne nous paraît servir les intérêts de la France.
Ce gouvernement est en panne d'idées, privé de tout ressort, incapable de faire les choix nécessaires - je ne parle pas même des bons choix - en matière de sécurité, de retraites, de fiscalité, paralysé qu'il est par les contraintes électorales de son chef et par les contradictions récurrentes de sa majorité. L'actualité de ces dernières semaines nous en a fourni de nombreux exemples.
Pour s'en tenir à l'illustration la plus récente, on conviendra que les virages successifs accomplis par M. Jospin sur la question de l'éloignement des mineurs délinquants et la mise sous tutelle des allocations familiales pour les parents concernés finissent par donner le tournis, en dépit d'une politique de communication savamment orchestrée.
Après dix-huit mois de colloques, de Comités interministériels, d'effets de manches, plus personne ne sait exactement ce que le gouvernement veut faire pour améliorer la sécurité des Français. Et pourtant le temps presse : les statistiques de la délinquance augmentent de nouveau, alors que les gouvernements précédents étaient parvenus, grâce à une action persévérante, à enrayer leur progression.
Les chiffres ne trompent pas : ils démontrent, mieux que n'importe quelle argumentation que le "tournant sécuritaire" de la gauche, dont on nous rebat les oreilles, n'est qu'une figure rhétorique, consentie, épisodiquement au talent du Ministre de l'Intérieur.
Les contradictions entretenues sur ce thème, comme sur bien d'autres, ne doivent probablement rien au hasard. Il s'agit de ne s'aliéner aucune des clientèles qui composent la majorité, et aucun des grands courants qui parcourent l'opinion... Il y en a pour tout le monde : pour les partisans de la fermeté, pour la base du P.S., pour les électeurs de M. Cohn-Bendit... On en avait déjà eu autant avec les sans-papiers. Vous voulez de la rigueur : voyez : je ne régularise pas tout le monde. Vous voulez du laxisme : voyez je me refuse à expulser... Et tout le monde est présumé content !
D'où cette impression qui prévaut de plus en plus que le gouvernement plafonne, qu'il patine.
En fait, le Premier Ministre joue la montre et c'est la France qui perd du temps.
La majorité s'est fait élire sur deux thèmes contestables mais forts : les 35 heures et la création de 700 000 emplois semi-publics. Elle a été incapable, depuis, d'en trouver d'autres. Elle a été incapable de rebondir ; d'ouvrir d'autres perspectives.
Dès lors, le gouvernement se contente de gérer son patrimoine électoral, avec l'espoir de le faire fructifier ultérieurement.
Mes chers compagnons,
Alors que la Gauche est ainsi en panne, l'Extrême-droite, elle, se retrouve en pleine implosion. C'est dire que l'opposition unie a, pour la première fois depuis longtemps, l'occasion d'émerger comme la première force politique de ce pays !
Il est d'autant plus nécessaire qu'elle saisisse cette chance que son incapacité pourrait devenir bientôt l'ultime argument du gouvernement. Mais un argument terriblement efficace.
Encore faut-il qu'elle s'accorde sur ses buts et sur les moyens de les atteindre.
Encore faut-il qu'elle soit claire dans sa stratégie et persévérante dans sa mise en oeuvre.
Encore faut-il qu'elle ne se laisse pas accaparer par ses problèmes de configuration ou d'équilibres internes...
Nous n'en sommes toujours pas là.
Raison de plus, pour ce qui nous concerne, d'expliquer de nouveau nos analyses.
Nos positions reposent sur deux exigences fortes et indissociables.
La première est celle de la clarté des alliances et des comportements.
Nul ne l'ignore, notre vie politique, le bon fonctionnement de la démocratie, les idées et les valeurs que porte l'opposition sont gravement perturbés depuis des années et des années par l'existence d'une Extrême-droite à 15 % des suffrages.
Je sais, mes chers compagnons, votre lassitude à entendre évoquer ce problème. Pourtant, gardons-nous d'oublier deux réalités, Cette situation française est unique en Europe. Par ailleurs, rien de durable ne pourra être accompli aussi longtemps que cette situation durera.
Le R.P.R. s'en est tenu à une attitude constante : faire en sorte que la vie publique puisse s'organiser de nouveau autour de la confrontation démocratique et loyale de la Gauche et de la Droite républicaines, et que l'authenticité du suffrage ne soit pas plus longtemps compromise.
C'est la raison pour laquelle il s'est toujours refusé, tout à la fois, à accepter une collusion avec !'Extrême-droite ou une connivence avec la Gauche.
Toute autre solution, d'une manière ou d'une autre, lui paraît en effet renforcer la capacité d'attraction de l'extrémisme.
Nous devons dire non, bien sûr, à tout accord avec l'Extrême-droite. Car cela conduit - l'avons-nous assez répété - à une triple impasse : morale, politique, électorale. Et cela laisse supposer qu'entre l'Extrême-droite et la Droite, il n'y aurait pas de différence fondamentale. Ce qui revient à légitimer l'Extrême-droite. Alors que nous devons, au contraire, établir un véritable cordon sanitaire, en nous convainquant que c'est en maintenant l'Extrême-droite dans une impasse politique que nous la conduirons à se déliter. Et les récents événements au sein du F.N. laissaient augurer que cette stratégie allait donner de premiers résultats…
Oui. De premiers résultats, tangibles.
Mes chers compagnons, il n'est pas question de chercher à nous parer des plumes du paon et à nous décerner, comme le Premier Ministre ou d'autres, le mérite de ce qui se passe au Front National.
Mais nous ne pouvons pas ne pas observer que les divisions au sein du F.N. proviennent d'un conflit entre ceux qui se résignent à l'isolement et ceux qui veulent en sortir. Preuve, s'il en était besoin, que notre stratégie pose des problèmes à l'Extrême-droite. J'ajoute à l'attention des donneurs de leçons qu'entre les deux fractions issues de la scission, nous avons dit - et je crois que nous avons été les seuls - que nous ne faisions aucune différence. Et que notre stratégie ne varierait pas.
Ces résultats que je viens d'évoquer, nous les avons payés très cher. Car il ne fut pus si facile de rejeter, en mars dernier, les arrangements de divers ordres qui auraient pu sauver telle ou telle présidence de Régions.
Chacun sait bien que nous avons eu les pires difficultés à faire admettre par une grande partie de notre électorat notre refus des voix F.N. dans les Conseils régionaux. Le bateau a tangué. Nous avons maintenu le cap...
Pour autant, l'autre volet du diptyque n'est pas moins essentiel à la compréhension et à l'efficacité de notre ligne. Et cet autre volet, c'est le refus de toute solution de front républicain, de tout accord avec la Gauche qui aurait pour effet d'accréditer les thèses extrémistes, de créer la confusion politique et de provoquer, pour finir, une hémorragie de notre électorat vers l'Extrême-droite ou vers ceux qui sont candidats à être ses comparses.
Car il faut bien comprendre que tout soupçon de connivence avec la Gauche alimente le thème le plus meurtrier du Front National à l'adresse d'une opinion désemparée. L'Extrême-droite cherche en effet, depuis des années, à faire croire que les partis de l'Etablissement, comme elle dit, mènent la même politique et portent les mêmes valeurs.
Elle cherche à accréditer, avec un certain succès, d'ailleurs, la thèse selon laquelle "la Gauche et la Droite, c'est pareil" afin de se poser en seule et véritable force d'opposition, quelle que soit l'orientation du gouvernement en place.
Rien ne doit donc être fait qui puisse apporter de l'eau à son moulin. Tout ce qui contribue à élargir la brèche dans laquelle l'Extrême-droite s'est déjà engouffrée doit être banni.
Combattre l'Extrême-droite, ce n'est donc pas se contenter de proclamer toute la sainte journée que la République est en danger. C'est s'attaquer aux réalités et aux mythes qui la font vivre, en prenant à témoins ceux qu'elle s'efforce de séduire...
Il ne s'agit pas que de prendre des poses avantageuses pour obtenir un applaudissement, au demeurant éphémère. Il s'agit de s'en tenir patiemment, obstinément, de s'en tenir à une ligne qui est la seule susceptible de venir à bout de cette exception française-là.
C'est cette voie que nous avons, une fois pour toutes, décidé d'emprunter. Je sais bien, je sais probablement mieux que quiconque, qu'elle est parfois difficile à suivre et à faire comprendre. D'autant que nombre de médias qui vont au plus simple, sont pour la plupart sur une ligne - certainement plus romantique - de front républicain.
Nous n'avons pourtant pas dévié, fidèles, au demeurant, à la position définie, en son temps, par Jacques Chirac, puis reprise par Alain Juppé.
Et comprenons bien que c'est le parallélisme des formes qui a donné à notre attitude toute sa force et qui a, en définitive, assuré son succès.
Mes chers compagnons, la clarté des alliances et des comportements, je viens de m'efforcer de le démontrer, est le premier pilier de notre stratégie.
L'union de l'opposition républicaine en est le second.
L'union est le complément indissociable, en même temps que le corollaire, de l'objectif de clarté.
Cette union, nous n'avons cessé de dire qu'elle devait s'établir dans le respect de la diversité des familles qui composent l'opposition républicaine. Et nous n'avons pas changé d'avis. La pluralité des courants de pensée est notre plus sûre richesse, à condition qu'on en fasse bon usage.
Cette union, nous avons contribué à l'organiser sur des bases réalistes.
Cette union, elle est en effet nécessaire pour des raisons évidentes, de simple bon sens.
Nous ne pouvons, demain, gouverner qu'ensemble.
Nous ne pouvons gagner qu'ensemble. Alors autant, d'ores et déjà, travailler ensemble.
Dans le respect de l'identité de chacun.
C'est ce qu'attendent, ce que souhaitent les électeurs qui nous sont restés fidèles. C'est le test auquel nous soumette un grand nombre des électeurs qui pourraient nous rejoindre.
Nous n'avons, pour notre part, aucune visée hégémonique à l'égard de quiconque. Nous avons oeuvré, avec beaucoup de patience, pour une organisation de l'opposition où chacun ait toute sa place.
Nous ne cherchons pas à capter les électeurs de nos partenaires. Nous voulons seulement gagner les électeurs qui ne votent pas encore, aujourd'hui, pour l'opposition.
Nous pensons que nous avons beaucoup à faire ensemble. Entamer la préparation d'un programme de gouvernement. Préparer les élections intermédiaires : les municipales de 2001. Et, bien sûr, les européennes de juin prochain.
A l'occasion de ces élections européennes, nous souhaitons, pour notre part, que puisse être constituée une liste d'union de l'opposition.
Nous le souhaitons pour diverses raisons :
D'abord parce qu'elle nous paraît aller dans la logique de la création de L'Alliance pour la France.
Parce que, ensuite, cela nous paraît la meilleure manière de battre la Gauche qui va aller, elle, en ordre dispersé à l'élection.
Parce que, enfin, une liste d'union serait un message d'espoir et de mobilisation fort, adressé à nos électeurs.
Nous convenons bien volontiers qu'il existe d'autres solutions.
Il est ainsi déjà arrivé à l'opposition de ne pas aller unie aux européennes. Il nous arrive, dans d'autres élections, de pratiquer des primaires. Les statuts de L'Alliance eux-mêmes n'excluent pas la possibilité de candidatures séparées aux élections, quelles qu'elles soient...
Pour autant, si d'autres solutions existent, il ne nous apparaît pas que ce soient les meilleures solutions.
Voilà, en tout cas, mes chers compagnons, brièvement rappelées nos analyses et nos positions. Elles sont dépourvues de toute ambiguïté. Nous avons eu souvent l'occasion de les exprimer. Nous n'en avons pas changé.
Pourtant, cette stratégie dont j'ai ainsi rappelé les contours - clarté d'une part, union d'autre part - a été mise à l'épreuve à deux reprises au moins au cours des dernières semaines.
Je ne m'attarderai pas sur la première avanie que nous avons subie, par souci de ne pas relancer une polémique bien inutile. Mais enfin, vous n'avez pas pu ne pas remarquer les attaques incessantes, constantes qui ont été portées à l'encontre de celui qui, sans avoir jamais fait acte de candidature, est souvent considéré parmi nous comme une tête de liste tout à fait présentable pour les élections européennes.
Articles de presse, déclarations diverses et variées en forme de mise en cause personnelle et de procès d'intentions... Rien n'a manqué dans la panoplie.
Nous avons pris acte, sans broncher.
Ce qui était la meilleure démonstration de notre volonté d'union.
Le deuxième écueil sur lequel nous avons buté est la conséquence directe de l'annulation de l'élection de Charles Millon à la présidence du Conseil régional de Rhône-Alpes.
Nous avions bien prévu que, compte-tenu de l'état des forces en présence et des dispositions des uns et des autres, le pire pouvait sortir de cette élection à la présidence de la Région Rhône-Alpes. Je dois dire que nous n'avons pas été déçus.
Nous avons joué le jeu. Notre Bureau politique a ainsi arrêté, avec le groupe R.P.R. du Conseil régional, notre tactique électorale, à la lumière de notre volonté d'union de l'opposition et conformément à notre stratégie nationale.
- appui à la candidate U.D.F. qui s'était déclarée ;
- annonce de l'expression de notre libre point de vue, tour par tour ;
- le tout, sous la réserve des deux impossibilités politiques que j'ai rappelées.
Et nous avions fait savoir, publiquement, qu'au cas où l'une ou l'autre de ces situations, inacceptables à nos yeux, se réalisait, nous refuserions de participer à l'exécutif.
Le jour de l'élection, nous avons pu tenir la ligne qui avait été ainsi définie jusqu'au début du 3ème tour de scrutin inclus, et jusque-là, d'ailleurs, les choses se sont plutôt mieux déroulées que prévu.
En contribuant à bloquer un total de 19 voix sur une candidature R.P.R./U.D.F. au premier tour, nous avons d'abord obtenu le retrait de la candidature de Charles Millon, qui se retrouvait alors dans une impasse.
En renouvelant cette attitude au 2ème tour, et en démontrant que toute solution de collusion avec l'Extrême-droite était à nos yeux définitivement exclue, nous avons obtenu le retrait du vote de plus des 2/3 des voix du Front National et rendu définitivement impossible le retour au statu quo ante.
Enfin, entre le deuxième et le troisième tour, dès lors - je le répète - qu'il n'y avait plus de danger de collusion avec !'Extrême-droite, nous avons fait valoir à la candidate U.D.F. que le moment pouvait paraître venu de reconstituer l'union de l'opposition nationale sur la base du résultat des élections régionales de mars 98.
Nous lui avons donc proposé d'accepter de participer à des réunions de l'intergroupe R.P.R./U.D.F. puis de l'ensemble de l'opposition, pour déterminer quel pourrait être, dans cette perspective, le candidat commun de l'ensemble de l'opposition.
Nous restions évidemment prêts à la suivre jusqu'au bout, quitte à perdre l'élection à la régulière. Mais nous estimions qu'entre-temps, il nous revenait de déployer tous nos efforts pour faciliter un succès, qui était redevenu possible, mais ne pouvait passer que par la candidature du doyen d'âge.
Cette solution était, au demeurant, celle qui aurait dû normalement prévaloir en mars dernier.
Qu'avions-nous reproché alors à M. Millon ? Nous lui avions justement reproché de ne pas s'être retiré en faveur du doyen d'âge, ce qui aurait assuré une victoire aussi claire qu'incontestable des forces d'opposition.
On aurait donc, 9 mois après, remis les pendules à l'heure. Toute la période intermédiaire eût été nulle et non avenue. Et nous aurions pu réunifier les forces d'opposition qui entre temps s'étaient si malheureusement dispersées et opposées.
Notre interlocutrice a opposé une fin de non-recevoir à ces suggestions. Nous lui avons néanmoins renouvelé notre soutien pour le 3ème tour, après que les diverses candidatures aient été déclarées - y compris celle du candidat socialiste, M. Queyranne.
C'est alors qu'à l'occasion de multiples suspensions de séances est intervenu un fait nouveau le retrait, en bonne et due forme, vers 1 heure du matin, de M. Queyranne.
Dès lors, nous avions une décision à prendre, très rapidement. Nous ne pouvions pas feindre d'ignorer ce retrait. Retrait qui créait une situation caricaturale. Il ne s'agissait plus seulement de risque de connivence avec la Gauche. Il s'agissait de nous transformer en marionnettes de la Gauche.
Mme Comparini, en comptant nos voix, pouvait encore, à ce moment, compter sur 17 suffrages. La Gauche lui en apportait 60. C'est-à-dire que sur un total de 77 voix potentielles, 60 venaient de gauche. Il ne s'agissait pas d'aller chercher un complément ou un renfort à gauche. Il s'agissait de se mettre entre les mains de la Gauche.
Pouvions-nous consentir à participer à cette opération ? Après avoir procédé à quelques consultations, dans la logique de notre ligne politique, nous avons estimé que non.
Notre refus avait des inconvénients, ça ne nous échappait pas. Mais continuer de soutenir Mme Comparini avait de plus grands inconvénients encore.
C'était un formidable cadeau à faire à M. Millon dont toute la stratégie passée se serait retrouvé légitimée a posteriori et dont le Mouvement, la Droite, aurait bénéficié d'une formidable rampe de lancement.
C'était créer dans notre électorat un trouble plus grand encore que celui de mars dernier...
Et puis, nous nous étions engagés à soutenir une candidature R.P.R./U.D.F. et pas une candidature U.D.F./P.S./P.C./Verts/Extrême-gauche/R.P.R.
Restaient à déterminer les nouvelles modalités de notre attitude. Entre le simple retrait, qui aurait consisté à se laver les mains de tout cela et le ralliement à la solution que nous avions nous-mêmes conseillée à Mme Comparini, nous avons estimé logique de choisir celle-ci.
Compte-tenu des réactions que notre attitude, pourtant claire, logique et prévisible a déclenchées, nous nous sommes efforcés de l'expliquer. En termes aussi clairs et nets que possible. Car aussi bizarre que cela puisse paraître, c'est nous qui avons été mis en accusation.
Nous avons donc dit ce que nous avions à dire.
Comme nous avions fait ce que nous avions à faire.
Et puis, nous sommes revenus au fond du problème.
Le fond du problème, c'est l'union.
Et, dans l'immédiat, l'opportunité de l'union aux élections européennes.
A laquelle nous continuons de croire.
Plutôt que de considérer l'affaire de Rhône-Alpes comme un élément d'aggravation d'une situation déjà passablement perturbée, nous avons estimé qu'elle devait, tout au contraire, être un motif à reprendre notre marche commune en avant, puisqu'elle apportait la démonstration du trouble que causait toute insuffisance de l'union.
C'est dans ce sens que s'est prononcé notre Bureau politique.
Notre Bureau politique qui a fait savoir haut et fort que l'accident Rhône-alpin devait être surmonté afin que ne soit pas remis en cause l'essentiel. L'essentiel, c'est-à-dire la capacité de l'opposition à aller de l'avant, à être plus déterminée, plus imaginative, plus unie.
Notre Bureau a ainsi exprimé sa conviction que l'année qui venait de s'ouvrir était cruciale pour l'avenir de l'opposition. L'opposition qui doit pouvoir s'appuyer, pour renverser la vapeur, sur la confiance des Français dans le Président de la République, sur le travail accompli pour rendre une identité forte à l'opposition, sur les désunions de la majorité plurielle et les contradictions de la politique suivie par le gouvernement.
Et il est vrai, mes chers compagnons, je veux le répéter, que la Gauche n'est pas inébranlable. Sa domination n'est pas définitive. Elle est le produit d'une situation insolite qui n'a pas vocation à se perpétuer. A condition que nous sachions nous donner enfin les moyens d'y mettre un terme.
Pour nous, donc, à quelque chose malheur peut être bon. De ces épisodes, de ces secousses, l'union peut, l'union doit sortir renforcée.
C'est en tout cas notre devoir de tout mettre en oeuvre pour qu'il en soit ainsi.
Ainsi s'explique l'invitation que nous avons lancée à l'ensemble de nos partenaires. Invitation à remettre l'ouvrage européen sur le métier.
Plus précisément comme chacun le sait, nous avons suggéré, jeudi dernier, à nos partenaires de l'U.D.F. et de Démocratie Libérale la constitution, dans les plus brefs délais, d'un groupe de travail afin que soit rédigé de concert la plate-forme de l'opposition pour le scrutin européen de juin 1999, sans a priori ni arrière-pensée.
C'est là, en effet, nous le répétons, la meilleure façon de procéder.
Mettons-nous d'accord sur une plate-forme, et dès lors que l'ensemble des colistiers devront y souscrire, nous réglerons dans un second temps d'autant plus aisément les problèmes de personne qui, du coup, auront perdu en apparente acuité.
Commençons donc par discuter du fond.
Serait-ce si difficile ?
Nous ne le pensons pas. Nous avons gouverné, ensemble, de 1993 à 1997. Avons-nous eu un problème particulier en matière européenne ? Non. Nous soutenons, les uns et les autres, la politique européenne du Président de la République. Cela nous crée-t-il un problème ? Non.
Alors, mettons-nous sans attendre au travail.
Alors que la Gauche gouverne treize des quinze Etats membres de l'Union, nous souhaitons, avec nos partenaires, faire des élections européennes de juin prochain une étape importante sur le chemin de l'alternance politique, en France et même au-delà. Et ce, en conjurant le risque d'une mainmise de la Gauche sur les principales institutions européennes.
Tel est le coeur de notre démarche. Une démarche volontariste, pragmatique dont nous avons tenté de préciser le sens au cours de notre Convention sur l'Europe d'octobre dernier.
Nous sommes prêts, dans le cadre du groupe de travail proposé au sein de L'Alliance pour la France, à la développer. En définissant un projet commun, préalable indispensable à la constitution d'une liste unique et en prévoyant une coordination étroite de la campagne à venir avec les formations politiques du Centre et du Centre-droit en Europe. Et nous ne manquons pas, dans cette perspective, de propositions.
Aux clivages du passé, que certains veulent à toute force faire resurgir entre fédéralistes et partisans de l'Etat Nation, il nous paraît bien plus judicieux, en effet, de substituer, à l'intention de nos concitoyens, une autre grille de lecture.
Aujourd'hui, le vrai clivage en Europe n'est pas, n'est plus entre partisans des Etats Unis d'Europe et partisans d'un nationalisme étriqué.
Cette querelle-là est derrière nous. Elle est inutile. Elle est dépassée. Elle est dangereuse. Plus personne de sérieux, en Europe, ne prétend construire une Europe où les Etats et les Nations seraient appelés à disparaître, ou à s'affaiblir inconsidérément.
Tout cela, Jacques Chirac l'a énoncé dans cette formule forte et vivante : non pas les Etats Unis d'Europe mais l'Europe unie des Etats.
Non, mes chers compagnons, notre problème il n'est pas là. Et surtout pas à l'occasion des élections européennes. Le vrai clivage, il est, il sera entre une Europe social-démocrate et une Europe des libertés.
L'Europe social-démocrate, celle qui nous menace, c'est celle des réglementations, des taxes, des impôts, de la bureaucratie incontrôlée, celle de la vassalité aux Etats-Unis par l'impuissance, par le suivisme béat.
Notre Europe, c'est celle de la démocratie, du respect du citoyen, de la liberté économique, celle de la solidarité mais qui dit non à l'assistanat.
C'est assez dire que nous considérons pour notre part que, dans le contexte international de l'après-guerre froide, l'Europe est plus nécessaire que jamais. Que la construction européenne doit être un levier pour la modernisation du pays, un démultiplicateur de nos efforts pour maîtriser la mondialisation.
Que face au leadership américain, elle doit nous permettre d'instaurer un modèle commun de civilisation, conforme à nos traditions politiques, culturelles et sociales. Il y va de la paix, de la stabilité et du progrès de notre continent, donc de l'intérêt supérieur de la nation française.
Pour nous, le processus ne peut réussir qu'à condition que l'Europe se décide à s'assumer pleinement, à se constituer en un ensemble original et indépendant.
Original parce que progressivement élargi aux dimensions du continent grâce à une politique résolue mais réaliste d'intégration des Nations d'Europe centrale et orientale dans l'Union.
Indépendant parce que doté d'une véritable capacité de défense autonome, donnant aux Européens les moyens d'agir en commun, s'ils le souhaitent, pour préserver ou restaurer la paix sur le continent, ou lorsque leurs intérêts vitaux sont menacés. Les tragiques événements du Kosovo montrent à quel point cette exigence est forte.
Cette Europe forte et indépendante, elle ne pourra voir le jour, selon nous, que si, elle assure sa cohésion économique et sociale. Car ni la France ni ses voisins ne résisteront indéfiniment au développement du chômage de masse. Et ce ne sont pas les recettes proposées par la Social-démocratie qui le feront reculer.
Une Europe dominée par la Gauche, c'est une Europe qui accroît les obstacles structurels à l'emploi, qui accentue les déficits publics et la charge fiscale.
C'est pourquoi nous voulons profiter de la mise en oeuvre de l'euro pour convaincre qu'une autre politique économique est possible et souhaitable.
Une politique favorable à la croissance, ce qui suppose une coordination des investissements publics dans les secteurs créateurs d'emploi, un effort collectif de recherche des marchés extérieurs à l'Union, un allégement des impôts, des charges et des réglementations de toute nature qui entravent la compétitivité des entreprises et aboutissent à des distorsions de concurrence y compris à l'intérieur de l'Europe.
Cette politique devra, nous l'avons dit et redit, être articulée, par tous les moyens nécessaires, avec une politique monétaire qui ne doit pas avoir comme seul objectif la stabilité des prix mais la recherche du meilleur niveau de croissance et d'emploi.
Pour autant, nous savons bien, qu'il s'agisse de sécurité, de croissance ou d'emploi, qu'aucun de ces objectifs ne pourra être atteint si le système institutionnel de l'Union n'est pas profondément réformé dans le sens d'une plus grande efficacité et d'une légitimité démocratique accrue.
C'est dans cet esprit que nous avons proposé une codification des normes européennes afin de clarifier et simplifier la clé de répartition claire entre les tâches qui demeureront de la responsabilité exclusive des Etats et celles qui, à la suite de transferts de compétences librement consentis, seront dévolues à l'union pour être exercées collectivement.
Il reviendrait également à cette véritable Constitution européenne d'organiser des mécanismes simples de codécision entre le Conseil, le Parlement Européen et la Commission ainsi que de garantir le plein exercice du contrôle démocratique des peuples, notamment par la participation des Parlements nationaux aux processus de décision en Europe.
Vous le savez, lors des débats préalables à la ratification du Traité d'Amsterdam, le groupe R.P.R. a proposé trois amendements forts allant en ce sens. Nous continuerons dans le même esprit car, comme l'a excellemment souligné René André à Versailles, lundi dernier, nous ne nous satisferons pas de bonnes intentions et de déclarations lénifiantes.
Il est temps, à nos yeux, de sortir du flou actuel et de fixer clairement les responsabilités ; il est temps en effet que l'on sache qui décide, qui contrôle, qui sanctionne.
Mes chers compagnons,
Les quelques pistes que je viens d'explorer devant vous - et qui sont d'ailleurs dans le droit fil de notre Convention sur l'Europe - constituent une base de réflexion dont nous voulons discuter avec nos partenaires.
Nous nous sommes d'autant plus réjouis qu'ils aient réservé, jeudi dernier, une réponse de principe positive à notre proposition de dialogue.
Nous nous en sommes d'autant plus réjouis qu'il y a désormais urgence.
L'opposition n'a plus de temps à perdre. Quelle que soit la solution retenue, il faut maintenant qu'elle soit prise dans des délais raisonnables.
Rien ne serait pire que de continuer à afficher des divergences. De continuer à donner une impression de division et d'irrésolution. Alors même que nos électeurs attendent de la clarté. Cela serait préjudiciable à l'opposition tout entière et à chacune de ses composantes.
Prolonger les atermoiements dont nul dans l'opinion ne saisit vraiment le sens ne pourrait que nous affaiblir.
J'ajoute que nous ne pouvons pas laisser le terrain libre plus longtemps à nos adversaires. Nous ne pouvons pas laisser leurs argumentations sans réponse. Il nous faut pouvoir préparer cette campagne européenne rapidement...
Nous avons proposé avant-hier que, dès cette semaine, ait lieu une première réunion du groupe de travail chargé d'établir la plate-forme. Le Président de Démocratie Libérale nous a donné son accord. A ce jour, à cette heure, nous n'avons pas eu d'autre réponse.
Nous avons cru comprendre que certains de nos amis de l'opposition attendraient le 7 février avant de se prononcer. Ou de faire connaître à quelles conditions ils pourraient se prononcer. Nous sommes tout à fait disposés à comprendre ces contraintes. Et nous ne voulons brusquer personne.
Pour autant, il nous faut avancer. Or, le mouvement se prouve en marchant.
Dès lors, ce soir, nous devons confirmer avec force notre volonté d'union. Mais dire aussi que nous sommes déterminés à entamer, d'ores et déjà, le processus de constitution de ladite liste d'union, la rédaction de la plate-forme et la préparation de la campagne avec ceux qui pourraient y être déjà prêts, quitte à élargir le cercle, ensuite, à tous ceux qui auront fait le même choix.
Tout doit ainsi être mis en oeuvre pour que la campagne - qui sera longue et difficile - puisse être entamée début février. Etant précisé qu'il nous reviendra à la même époque, et à l'occasion, par exemple, de la réunion d'un Conseil National, d'arrêter définitivement et officiellement notre stratégie.
Nous sommes en effet dans une situation d'ouverture complète. Prêts à discuter de tout. Nous n'avons d'exclusive contre personne.
Mais nous ne pouvons supporter de rester plus longtemps l'arme au pied.
Nous ne pouvons supporter non plus de participer plus avant, fût-ce indirectement et à notre corps défendant, à ces querelles et agitations inutiles. Nous pensons avoir mieux à faire. Et nous allons le faire.
Nous sommes engagés dans un combat exigeant.
Un combat dont l'élection européenne n'est qu'une étape.
Un combat dont l'objectif majeur est l'alternance politique en France.
Un combat dont l'autre raison d'être, à nos yeux, est la réélection du Président de la République.
Ce combat, nous entendons le mener sans attendre ni faillir.
PARIS-MATCH : 21 JANVIER 1999
Paris Match. Aux yeux de vos détracteurs - nombreux cette semaine-, vous faites-pour vous, le président du R.p.r. et de L’Alliance, de grand vaincu de l'élection d'Anne Comparini en Rhône-Alpes. Que leur répondez-vous ?
Philippe Séguin. Les grands vaincus de l'élection sont la morale publique, la clarté politique et le bon sens. Le vainqueur n'est pas Mme Comparini ; c'est la gauche qui a réussi une belle opération de manipulation ; ce sont surtout l'extrême droite et ses complices qui vont pouvoir expliquer que la droite et la gauche c'est la même chose et que la seule opposition, c'est le Front national. D'autant qu'on en a deux maintenant pour le prix d'un seul ! Ah, décidément, il faut du génie pour relancer les extrémistes quand on commençait à les affaiblir...
P.M. Comment pouvez-vous leur expliquer vos "variations énigmatiques" ?
Ph.S. Quelles variations ? Nous n'avons pas changé nos positions qui étaient et demeurent ni alliance avec l'extrême droite ni connivence avec la gauche, car c'est le plus beau cadeau, je le répète, à faire à l'extrême droite. Nous avons justement changé notre vote final quand il est apparu qu'il y avait connivence entre l'U.d.f. et la gauche. Nous avons refusé de nous y associer. Si certains rêvent d'un débat politique réduit à la gauche et quelques comparses d'un côté, l'extrême droite et ses obligés de l'autre, très peu pour nous ... Ça n'est pas notre stratégie. Car c'est mauvais, et même dangereux pour la démocratie.
P.M. Avez-vous l'impression d'avoir été trompé, floué, voire trahi par les centristes ? Claude Goasguen a dit "qu'il y a eu une opération savamment montée entre le P.s., le président de l'U.d.f. et la mairie de Lyon". Etes-vous de son avis ?
Ph.S. L'avenir le dira. C'est d'ailleurs à M. Bayrou de répondre à la question. De toute façon, ce qui s'est passé, finalement, est l'une des hypothèses que nous avions étudiées. Rien n'a été totalement inattendu. Nous avions discuté tous les scénarios possibles. Nous nous sommes prononcés en toute connaissance de cause. Et si cela devait recommencer, nous ferions exactement la même chose.
P.M. Pourquoi avoir soutenu le doyen d'âge, Pierre Gascon ? Est-ce sous les injonctions d'Alain Madelin ?
Ph.S. Nous avons, au premier tour, en bloquant nos voix sur Mme Comparini, contraint M. Millon à se retirer. En récidivant au 36 deuxième tour, nous avons éliminé l'extrême droite. Les mégrétistes se sont retirés. Il n'y avait plus de danger de renouvellement de l'opération de mars dernier. Dès lors, nous nous retrouvions en position de pouvoir reconstituer notre majorité relative issue des urnes en 1998, donc de nous retrouver à égalité avec la gauche et de l'emporter grâce à l'avantage du doyen ! Nous avons donc confirmé notre soutien au troisième tour à Mme Comparini et lui avons, forts de notre situation, conseillé de se retirer. Elle a refusé, à notre grand regret. Nous aurions continué néanmoins à la soutenir si son alliance avec la gauche ne s'était alors révélée...
P.M. Certains attribuent cette cacophonie du R.p.r. à l'axe Sarkozy-Madelin qui, depuis des mois, tente d'amenuiser le rôle de l'U.d.f. au sein de L'Alliance. Qu'en pensez-vous ?
Ph.S. C'est ridicule. Qu'est-ce que cela veut dire "amenuiser le rôle de l'U.d.f. ? Le problème, c'est précisément qu'il ne semble pas toujours que l'U.d.f. soit intéressée à jouer un rôle dans L'Alliance.
P.M. Faut-il, selon vous, dissoudre le nouveau conseil régional Rhône-Alpes ? Ou bien faut-il donner sa chance à Anne-Marie Comparini, qui, peut-être, peut après tout s'en sortir ?
Ph.S. Il faut donner sa chance à Mme Comparini. Ce qui nous permettra de déboucher d'autant plus sûrement sur la dissolution. Car, à moins de formaliser son accord avec la gauche et de devenir une marionnette entre ses mains (elle est dans un rapport de force de 1 contre 4), avec quelle "majorité" pourrait-elle gouverner ? Dois-je rappeler que, avec 14 conseillers régionaux (elle compris), Mme Comparini représente moins de 10 % des effectifs du conseil régional ? Tout cela est dérisoire.
P.M. Les centristes sont-ils retournés à leurs vieux démons ? Ont-ils de nouveau la tentation d'aller vers la gauche et de créer un vaste front U.d.f.-gauche ?
Ph.S. Durieux, Rausch, Durafour, Soisson, Dorlhac, Stoleru, Stirn ont effectivement participé à des gouvernements de gauche en venant du centre. C'étaient des démarches individuelles. Il ne s'est rien passé de tel après juin 1997. Faut-il s'en réjouir - comme nous le faisons - ou s'en inquiéter ? Cette absence de démarches individuelles était-elle le prélude à une démarche collective ? Après tout, avant Giscard, il y avait deux centres. L'un, engagé aux côtés du R.p.r. et de l'U.d.f. de l'époque, l'autre, qui jouait les partis charnières style IVe République. Certains rêvent peut-être d'un remake de la vieille complicitéM.r.p.-S.f.i.o…
P.M. François Bayrou, président de l'U.d.f., doit-il d'urgence clarifier ses intentions ?
Ph.S. Poser la question - comme vous le faites -, c'est y répondre.
P.M. Nicolas Sarkozy a carrément dit que si Bayrou veut rejoindre la gauche, il n'a qu'à le faire, "L'Alliance pouvant prendre d'autres formes". Est-ce votre avis ?
Ph.S. Le problème de L'Alliance, c'est effectivement que son engagement dans l'opposition et aux côtés du président de la République doit être sans équivoque.
P.M. Lorsque Bayrou réclame davantage de loyauté et moins d'hégémonie de la part de ses alliés du R.p.r. et de Démocratie libérale, que lui rétorquez-vous ?
Ph.S. Qu'il faut d'abord de la clarté. Comment s'y retrouver quand on a, comme au troisième tour de l'élection de Lyon, deux candidats U.d.f., totalement en règle avec leur parti, candidats au même poste de président de Rhône-Alpes, l'un soutenu par M. Bayrou et l'autre par M. Millon. Et c'est à nous que l'on vient faire reproche d'avoir des "variations énigmatiques" ? Maintenant, reprenez votre collection de journaux. Est-ce le R.p.r. qui a harcelé, ces derniers mois, l'U.d.f. jour après jour et mis en cause son président, ou l'inverse ? Mais je ne confonds évidemment pas toute l'U.d.f. avec certains de ses comportements récents.
P.M. Comment allez-vous relancer L'Alliance ?
Ph.S. L'union de l'opposition se fera en s'en tenant aux contours de l'opposition. Je sais qu'ils sont nombreux à l'U.d.f., ceux qui le pensent... et qui condamnent ce qui s'est passé à Lyon…
P.M. Quelles conséquences toute cette crise va-t-elle avoir pour les élections européennes ?
Ph.S. A nos amis de l'U.d.f. de démontrer qu'elle n'était pas qu'un nouveau degré de plus dans l'escalade vers une rupture programmée.
P.M. Serez-vous toujours tête de liste de la liste d'union Alliance ? Ou bien allez-vous revoir votre position ?
Ph.S. Nous irons aux européennes défendre nos idées sur l'Europe et nous mettre en position de gagner les législatives et d'aider Jacques Chirac à gagner la présidentielle. Avec ceux qui s'entendent sur cet objectif. Quant à ma candidature personnelle, je n'ai pas le souvenir de vous l'avoir jamais annoncée.
P.M. Les centristes préféreraient avoir pour tête de liste d'union un européen convaincu comme Michel Barnier ? Est-ce encore envisageable ?
Ph.S. Vous avez parlé d'hégémonie ? Le R.p.r. a-t-il jamais prétendu arbitrer lui-même entre les personnalités U.d.f. ? Voilà qui serait hégémonique…
P.M. Selon vous, R.p.r., U.d.f., D.I. peuvent-ils encore aller ensemble au combat des européennes ?
Ph.S. Je le souhaite, mais ça ne dépend plus de nous. Cela étant, les choses doivent être claires. On ne peut être unis seulement de temps en temps. Il faut choisir son camp. Une fois pour toutes. Et en tirer les conséquences. C'est ce que nous ferons, pour notre part.
P.M. Vos relations avec Chirac sont-elles toujours au beau fixe ?
Ph.S. Bien sûr. Je soutiens Jacques Chirac. Et si le besoin s'en faisait sentir, je le protégerais, contre ses faux amis.