Interview de M. Philippe Douste-Blazy, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale, à Europe 1 le 24 décembre 1998, sur le souhait d'unité de l'opposition de centre-droite et sur les méthodes de travail du gouvernement.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Douste-Blazy  : « M. Jospin a cru que les dossiers, les grands dossiers – les dossiers économiques, les dossiers sociaux, les dossiers de l'immigration – se régleraient d'eux-mêmes, grâce à la croissance d'un côté et aux bons sondages de l'autre. C'est ce qu'on a appelé pendant longtemps « La méthode Jospin ». Elle explique l'attentisme qui aura marqué l'année 98. Et je suis sûr qu'en 1999 on verra que les promesses – les 35 heures, les emplois-jeunes – ne pourront pas être tenues. Ou alors, il faudra augmenter les impôts ou laisser filer les déficits. Vous verrez. Les sondages baisseront pour les socialistes ; nous remonterons et nous gagnerons les élections. Et ce sera, encore une fois, pour éponger les déficits, alors que ce pays n'attend qu'une seule chose : les grandes réformes. »

C. Roux : 98, c'était aussi la crise de l'opposition. Il ne faut quand même pas l'oublier ?

Douste-Blazy  : « Quand vous prenez une gifle dans la vie, vous en tirez des leçons. Ces leçons c'était : plus d'unité.
Il est important, face à une majorité plurielle, d'avoir une opposition qui soit, aussi, plurielle. Ce qui est important c'est que les Français se rendent compte que cette opposition, maintenant, ne fait pas que réagir. Elle va faire des propositions qui me paraissent essentielles pour parvenir à un projet crédible, alternatif au socialisme. Il ne faut pas se tromper aujourd'hui, si nous prenons la parole, nous, les hommes et les femmes politiques, pour dire des phrases creuses, pour ne pas faire des propositions, ce n'est pas la peine, car plus personne ne nous écoutera. »

C. Roux : Je vous demande ce que vous retenez de cette année 98. Vous ne me parlez pas de la nouvelle UDF ?

Douste-Blazy  : « La nouvelle UDF, c'était l'occasion pour nous de cimenter des composantes qui étaient toutes petites et un peu isolées. Et nous avons su faire l'union pour organiser ce grand centre-droit dont la politique française a besoin. Voilà, c'est ça cette famille UDF : c'est la décentralisation, l'Europe et le social. »

C. Roux : Donc en 99 : propositions, action ; L 'UDF au cœur de l'action ?

Douste-Blazy  : « Et reconquête. »

C. Roux : C'est la période des vœux. Un vœu, personnellement, pour l'année 99 ?

Douste-Blazy  : « Participer, en tant que président du groupe à l'Assemblée nationale – du groupe UDF –, à cette crédibilité de l'opposition. Cette dissolution ratée aura été, pour moi, marquée par un mauvais souvenir. Je crois que nous n'avions pas démérité. On ne s'est peut-être pas suffisamment fait comprendre. Et donc il faut reconquérir cette opinion, avec de la modernité, et en particulier avec des jeunes. »

C. Roux : Donc, ça sera 99, la reconquête ? Vous y croyez ?

Douste-Blazy : « Oui, j'y crois plus que jamais. »