Texte intégral
« Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député.
Un accord a été effectivement conclu ce matin entre le président d'Air France et le principal syndicat de pilotes de cette compagnie. Il permet une reprise rapide de l'activité. Comme je l'avais souligné à l'issue de l'entretien que j'avais eu avec M. J.-C. Spinella, en plein accord et en présence du ministre des Transports, M. J.-C. Gayssot, et du ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, M. D. Strauss-Kahn, la préoccupation constante du Gouvernement à l'occasion de ce conflit, a été d'assurer l'avenir d'Air France, notre compagnie nationale. Et à mon sens l'accord trouvé répond à cette préoccupation.
Si ce conflit a été long, et je dirais même trop long, le dialogue a permis d'aboutir. Un cadre est maintenant fixé, conforme aux objectifs de développement de l'entreprise, qui reposent sur le nécessaire renforcement de sa compétitivité.
La nécessité d'une maîtrise des coûts des personnels navigants techniques et reconnue. Elle se traduit en particulier par le maintien en francs courants de la grille de rémunération sur la durée de l'accord. Le principe d'un échange salaire-actions, voulu par la direction, est acquis sur une base volontaire.
Comme il a été annoncé, la double échelle de salaires se verra substituer un système de rémunération spécifique pour les jeunes pilotes formés par l'entreprise, et en raison même de cette formation.
Les pouvoirs publics de leur côté, pour leur part, ont créé les conditions favorables au développement d'Air France après la recapitalisation de 20 milliards, au profit de l'entreprise : lancement des travaux de construction de deux nouvelles pistes à Roissy, qui vont donner à cet aéroport des perspectives sans commune mesure en Europe ; conclusion avec les États-Unis d'un accord bilatéral de trafic aérien qui doit aboutir à la création de nouvelles liaisons transatlantiques, et faciliter le partenariat recherché par Air France, avec de grandes compagnies américaines qui recherchent ce partenariat sans se préoccuper au même titre que vous du statut de l'entreprise.
Il appartient maintenant aux partenaires de préciser d'ici à la fin août, les conditions de mise en oeuvre des principes fixés par l'accord de ce matin, dans le respect des objectifs d'amélioration de compétitivité, garants du développement durable de la compagnie.
Quant à la question de la privatisation, Monsieur le député, j'ai du mal à comprendre la logique de l'idée qui voudrait que, si l'entreprise avait été privatisée, les problèmes se seraient résolus par miracle ! Parce qu'il me semble qu'une compagnie privatisée aurait insisté encore davantage sur la rigueur salariale, nécessaire à l'égard des pilotes. Il n'est nullement nécessaire qu'une entreprise soit totalement privatisée pour que ses actions soient valorisées, France Télécom en a fait l'éclatante démonstration sur les marchés de capitaux, lorsque nous avons ouvert le capital. Et nous avons l'intention d'ouvrir le capital d'Air France.
En somme, au moment que ce conflit se termine, je suis de ceux qui s'en réjouissent. J'ai eu l'impression que vous le déploriez. Nous n'avons pas la même philosophie. Et comme il ne me paraît pas qu'en matière de conflits sociaux, Mesdames et Messieurs les députés de l'opposition, vous soyez apparus au cours de ces dernières années comme les meilleurs spécialistes, laissez à la direction d'Air France, au Gouvernement en appui, le soin d'avoir négocié autant qu'il était possible, dans le dialogue, et sans céder sur l'essentiel, un conflit difficile, qui trouve aujourd'hui sa solution. »