Texte intégral
M. Grossiord : Vous avez entendu le président de la République prôner le retour de l'Irak dans le grand concert des nations alors que vous aviez le premier brisé ce tabou ?
J.-P. Chevènement : C'est le bon sens, on ne peut pas parler aux pays de la rive sud de la Méditerranée comme s'ils ne parlaient pas la même langue. L'Irak est un grand pays et ce n'est pas par hasard qu'il est tenu sous un embargo féroce depuis cinq ans qui a fait 560 000 victimes parmi les enfants, sans qu'aucune grande conscience humanitaire se soit exprimée sur ce sujet. Je crois qu'il est tout à fait temps de dire, comme l'a fait le président de la République, que si l'Irak applique la résolution de l'ONU – et franchement l'Irak n'est plus une menace militaire, c'est une plaisanterie que de le prétendre –, il est temps d'arrêter ce massacre.
M. Grossiord : On peut parler des Droits de l'Homme en Irak également ? S. Hussein est un dictateur ?
J.-P. Chevènement : Tout à fait, mais il n'est pas différent de H. El Assad auquel le président Clinton est allé serrer la main il y a quelques mois. Le monde n'est pas composé de bons et de méchants seulement. Il y a une gradation et nous devons créer aussi pour l'Irak les conditions du développement de la démocratie, ce qui passe par le développement économique, donc la levée de l'embargo et puis la résurrection de ces classes moyennes que j'ai connues avant la Guerre du Golfe et qui portaient l'avenir d'un Moyen Orient pacifié et un jour démocratique, qui est la vraie chance du processus de paix.