Texte intégral
Je voudrais vous dire que je suis très touché de la très grande cordialité de l'accueil que j'ai reçu à Dublin. Je pense qu'il y a beaucoup de raisons pour qu'un nouveau ministre français vienne donner un nouvel élan, comme l'ont souhaités le Président de la République française et le Premier ministre, aux relations bilatérales entre l'Irlande et la France.
Il y a d'autres raisons, au-delà des relations bilatérales, à l'approfondissement de notre dialogue, c'est le fait que l'Irlande soit assurer dans quelques semaines la présidence de l'Union européenne à un moment stratégique pour celle-ci. Nous comptons beaucoup sur les impulsions que l'Irlande donnera durant cette présidence pour faire avancer les sujets d'intérêts communs en Europe. Nous trouvons, bien sûr, au premier plan, la poursuite du processus de création de la monnaie unique, et j'ai tenu à réaffirmer à nos interlocuteurs la grande détermination de la France d'être présente au rendez-vous de 1999.
Il y a un autre enjeu qui se poursuit en ce moment, auquel je participe d'ailleurs chaque semaine, c'est celui de la conférence intergouvernementale. Notre objectif est que cette conférence puisse se terminer au printemps 1997 pour poursuivre et permettre l'élargissement. Il faut donc que les six mois de la présidence irlandaise soient des mois efficaces au cours desquels l'Union fasse preuve de volontarisme.
Nous sommes également tombés d'accord sur un autre constat, c'est que pour les prochaines étapes de la construction européenne, il faut que les citoyens soient d'avantage concernés et impliqués. Le Président de la République française a dit à Madrid qu'il fallait replacer l'homme au coeur du projet européen. Nous avons proposé à nos partenaires un mémorandum sur le modèle social européen. Sur tous ces sujets-là, nous serons, je pense, en accord avec l'Irlande pour faire bouger les choses. Les relations sociales dans chacun de nos pays, les expériences de développement local, sont par exemple des domaines dans lesquels l'Irlande compte prendre des initiatives que nous soutiendrons.
Si je dois repartir ce soir pour Paris, j'ai donc beaucoup de raisons de revenir bientôt à Dublin.
Q. : Avez-vous évoqué les questions relatives à la politique étrangère et de sécurité communes ?
R. : Nous avons évidemment beaucoup parlé de ce sujet. Nous connaissons la position traditionnelle de l'Irlande que nous respectons. Mon sentiment est qu'il doit être possible de parler et de décider de sécurité et de défense dans l'Union européenne tout en respectant les positions particulières de tel ou tel des Etats membres grâce à la règle de la coopération renforcée.
Si l'on ne parle pas de politique étrangère et de sécurité dans l'Union, avec cette clause de flexibilité, alors on risque d'en débattre en dehors de l'Union.
Q. : Que pensez-vous des derniers développements concernant la crise de l'ESB ?
R. : Nous sommes à l'évidence très préoccupé par la situation actuelle. Nous devons faire face à une crise grave qui touche non seulement les questions de santé et de protection des consommateurs, mais également les conditions de vie de centaines de milliers d'éleveurs et d'agriculteurs. Nous ne prendrons aucune sorte de risque par rapport à la santé ou aux conditions sanitaires des produits mis à la disposition des consommateurs, mais nous devons aussi éviter l'isolement du Royaume-Uni. Le Président de la République française a dit, au cours de son voyage à Londres, son souci de trouver des solutions, d'éviter cet isolement et de manifester sa solidarité avec nos partenaires britanniques. C'est dans cet esprit que nous aborderons les prochaines réunions à Bruxelles, en particulier la réunion des ministres de l'Agriculture : mais il faudra aussi que du côté du Royaume-Uni, un plan soit mis en oeuvre, des mesures soient décidées qui préviennent réellement tout risque pour la population.
Q. : Que pensez-vous des dernières menaces de M. Major concernant la poursuite de la coopération européenne ?
R. : Je crois qu'il faut interpréter l'attitude actuelle du gouvernement britannique au regard de la situation politique intérieure dans ce pays. Je ne pense pas qu'un durcissement ou une politique de la « chaise vide » puisse favoriser un règlement de cette crise. Le sujet n'est pas là : il faut que les Britanniques soient autour de la table comme ils l'ont été, par exemple, dans les comités vétérinaires, pour prendre les décisions objectives que nous aurons à adopter ensemble. Je ne crois pas qu'une telle attitude, elle devait être confirmée, pourrait permettre de régler ce problème.