Texte intégral
Date : 3 mai 1997
Source : Présent
Le communiqué de Jean-Marie Le Pen
Le Pen dirigera la campagne du Front national sans se présenter lui-même. Voici le texte intégral du communique occulté par les médias.
Jean-Marie Le Pen ne sera pas candidat aux élections législatives de mai 1997. Il y a à cela des raisons de forme comme de fond.
Sur la forme, Jean-Marie Le Pen se trouverait, en cas d’élection, confronté directement au problème inhérent au cumul des mandats.
Député européen, il ne peut en aucun cas se démettre de ce mandat à l’heure où la question européenne et la mise en œuvre du traité de Maastricht sont au cœur de la vie politique française, et engagent l’existence même d la France.
Conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, et président du groupe Front national, le plus important, il a la ferme intention de prendre la direction de cette région lors des élections de mars 1998, et ne peut donc renoncer à ce mandat à un an de cette échéance capital.
Sur le fond, Jean-Marie Le Pen se pose d’ores et déjà en challenger privilégié de Jacques Chirac.
La forme plébiscitaire que le président de la République a donné à son message et à cette dissolution change la donne. Le chef de l’État s’est impliqué personnellement dans la bataille. Il devra donc en assumer toutes les conséquences. Une défaite de sa majorité, au regard du nombre de voix obtenues, l’obligerait à quitter son poste, comme le fit avec sagesse en 1969 celui dont il a fait son modèle, bien à tort semble-t-il.
C’est dans cette perspective de bouleversement général du jeu politique que Jean-Marie Le Pen a décidé d’animer la campagne du Front national, notamment au travers de dix grands meetings régionaux, et de soutenir les 570 candidats que le Front national présente sur tout le territoire.
Date : 3 mai 1997
Source : Présent
La réponse de Le Pen à Chirac
Le premier tour des législatives, le dimanche 25 mai, sera décisif : Chirac aura-t-il une majorité des suffrages pour opérer la disparition de la France en tant qu’État-major ? La consigne nationale est impérative : aucune voix aux candidats gouvernementaux. Voici les deux principaux passages de la réponse que Le Pen a faite à Chirac.
Alors chiche ! Ce sera sur le nombre des suffrages obtenus
Il s’agit pour une minorité anonyme et conquérante de mettre en place les institutions et les mécanismes qui permettront de générer, sans contrôle, les plus grands profits possibles et de s’attribuer la plus grosse part du revenu de l’activité et de la peine des hommes.
Cette conception mercantile, inhumaine, anti-démocratique et antinationale doit être combattue sans esprit de recul par tous les travailleurs et les citoyens, car elle est l’instrument de leur ruine et de leur servitude.
Ce complot vise à détruire les nations et les cadres de l’ordre naturel par la promotion des structures supranationales, la suppression des frontières, l’abaissement des nations, les politiques antinatalistes, et celles d’immigration et de naturalisation massives.
On comprend mieux la violence et la perfidie des attaques dont nous sommes l’objet quand on sait qu’ils nous considèrent comme le seul obstacle sérieux à leur ambition hégémonique puisque nous sommes les seuls à défendre la structure qu’ils veulent démanteler : celle de la Nation.
Or, disons-le et répétons-le, inlassablement, la Nation est aujourd’hui le seul bouclier efficace au drame qui menace les classes laborieuses, les classes moyennes et plus généralement ceux qui travaillent.
Sans la Nation et ses structures, ils ne seront bientôt plus que des individus isolés, réduits à n’être que des consommateurs, des chômeurs dont la survie dépendra de la bonne volonté de Big Brother.
Les princes qui nous gouvernent, aux ordres des lobbies, ont aggravé les problèmes économiques nés de la mondialisation, en supprimant les frontières et leur contrôle, plus encore, en attirant des millions d’immigrés, de plus en plus nombreux alors que le nombre des chômeurs ne cessait d’augmenter et celui des emplois de diminuer.
C’est-à-dire qu’ils ont, gauche ou droite, fait la même politique folle, à l’inverse de tout ce qu’il eût fallu faire. Contrôler les frontières, réduire le nombre des immigrés, appliquer la préférence française aux emplois, au logement, aux aides familiales et sociales.
L’activité économique diminuant, le chômage augmentant, ils ont été amenés à financer par l’impôt ce qu’ils appellent le traitement social du chômage puis le traitement social de la pauvreté, creusant le gouffre des déficits budgétaires, ruinant les contribuables pauvres et moins pauvres.
La France est ainsi entrée dans la spirale de l’appauvrissement, de la misère, du malheur et elle va continuer de s’y enfoncer si on ne change pas de politique.
Les échecs du gouvernement Juppé suivent ceux du gouvernement Balladur. La preuve était faite que faute d’avoir analysé les causes des phénomènes négatifs : chômage, immigration, insécurité, fiscalisme, corruption, illettrisme, dénatalité, le pouvoir se savait à la merci d’un événement politique ou économique, intérieur ou étranger qui aurait provoqué une déstabilisation décisive. Les affaires de corruption se multipliaient et s’approchaient dangereusement de Matignon et même de l’Élysée.
C’est pour ces raisons qu’ayant pris ses précautions en avertissant les chefs de la banque des quatre et ses propres partisans, décidant en outre de se partager avec eux le monopole des moyens audiovisuels, Chirac a provoqué la dissolution, et réalisé un véritable hold-up politique au mépris, une fois de plus, de ses déclarations officielles.
Écoutez ceci qu’on pourrait croire extrait de l’émission des Guignols et qui est pourtant authentique (Le Monde daté du 16 juillet 1996, il y a dix mois) : Répondant à Patrick Poivre d’Arvor et Alain Duhamel, après avoir parlé des prisons, de la justice, des taux d’intérêt, de l’éducation, de l’amiante, de la vache folle, de la Corse, de l’immigration, Monsieur Chirac en arrive aux rumeurs de dissolution.
Il dit, écoutez bien :
« La dissolution de l’Assemblée nationale n’a jamais été faite dans notre Constitution pour la convenance du président de la République. Elle a été faite pour trancher une crise politique. Il n’y en a pas aujourd’hui [juillet 1996]. Il n’y avait pas au lendemain de mon élection de crise politique. »
Mais alors, ou il y a une crise qu’on nous cache, ou il y a une raison inavouable. Dans les deux cas : Monsieur Chirac se moque du peuple français.
On peut penser qu’il avait peur de voir sa politique jugée dans un an, après que les impôts, contrairement aux promesses de Juppé, auraient été augmentés, quand les affaires auraient développé leurs odeurs de putréfaction, quand le Front national aurait, après une campagne de terrain, convaincu les Français, la majorité airait été battue.
Chirac a donc, de son propre aveu, fait un véritable coup d’État. Il exige un chèque en blanc pour 5 ans, c’est un véritable plébiscite. Alors chiche !
Mais bien sûr, alors, ce n’est pas sur la majorité parlementaire, issue d’un scrutin truqué qui élimine 5 millions d’électeurs et plus de toute représentation, qu’il faudra juger la réponse populaire. C’est sur le nombre des suffrages obtenus. Si les candidats soutenus par Chirac ont moins de la majorité, alors il devra partir comme le fit avec dignité le général de Gaulle en 69.
Dans son allocution, Chirac s’essaie aussi à moraliser. Je cite :
« Or, les esprits sont troublés. Des principes essentiels ont été mis en cause : le respect dû à chaque homme, la tolérance, la solidarité la plus élémentaire. Des appels à la haine ont été lancés et des boucs émissaires désignés. »
Derrière cette logomachie absconse qui sentait fort la secte maçonnique, posons la question à Jacques Chirac. De qui voulez-vous parler ?
Des appels à la haine ont été lancés ? Par qui ? Le seul appel à la haine que chacun a pu voir à la télévision, c’est celui de Sadi Mazeaud, président RPR de la commission des lois contre moi : « Je hais Le Pen ».
Des boucs émissaires désignés ? Par qui ? Le seul bouc émissaire, c’est-à-dire innocent mais chargé des péchés des autres, que je connaisse dans la politique française, c’est le Front national et c’est Chirac, Juppé, Toubon et les politiciens français qui ont lancé cet anathème contre le mouvement des patriotes parce qu’ils sont patriotes.
Pour notre part, nous n’avons jamais désigné comme responsables des malheurs de la Patrie que des boucs coupables : les politiciens français.
Relevons encore dans le galimatias et l’amphigouri présidentiels la notion de défense de l’ordre républicain.
Mais qui menace l’ordre républicain si ce n’est ceux qui violent cyniquement les règles et l’esprit de la démocratie, ou encore ceux qui laissent régner dans les banlieues sans droit l’anarchie et la peur, ou en Corse le racket des séparatistes ?
Vous, Monsieur Chirac et vos amis.
Avec l’insolence d’un Tartuffe et la cautèle de Basile, vous osez parler, je cite « d’une morale politique retrouvée avec des dirigeants qui donnent l’exemple ».
On croit rêver.
D’abord, s’il faut la retrouver cette exigeante vertu morale, n’est-ce pas vous qui l’avez laissé perdre ?
Et vous, l’ancien maire de Paris, le chef du RPR dont des centaines d’élus, ministres, députés, sénateurs, maires sont mis en examen pour corruption, dont les regards vous désignent comme chef, pensez-vous que vous êtes le plus digne, le mieux placé pour parler de vertu ?
Vous avez toujours trahi vos amis, vos idées, vos engagements électoraux et aujourd’hui, vous demandez un blanc-seing pour trahir la France en la dissolvant dans l’Europe de Maastricht.
Vous avez trahi vos amis, Chaban en 1974 au profit de Giscard que vous avez trahi sept ans plus tard au profit de Mitterrand. Vous avez trahi encore en 1998 quand, exécutant les promesses faites au B’nai Brith d’exclure le Front national, vous avez assuré la réélection de Mitterrand.
Vous avez été l’artisan d’une politique antinationale, antisociale anti-familiale. Vous avez renié les idées de de Gaulle sur l’Europe. Vous aviez condamné le recours à la dissolution et vous osez venir nous demander par godillots interposés, que dis-je par babouches feutrées, un chèque en blanc. De qui vous moquez-vous ?
Tenez-vous pour nuls, ignares, aveugles et sourds ces millions de Français que vous avez poussés à la pauvreté et pour certains à la misère par votre folle politique ? De ces Français que vous allez priver de la France en les livrant sans défense aux technocrates anonymes de Maastricht et de Bruxelles.
Où sont l’armée, la marine, l’aviation française capables d’assurer notre indépendance ? Où est d’ailleurs cette indépendance alors que 80 % des lois sont ou seront votées non à Paris mais Bruxelles et inspirées de New York, alors que vous n’avez même pas le pouvoir de décider de la chasse à la palombe en Gironde ?
Où sont passés les milliers de milliards engloutis dans le gouffre de la dette, détournés par des coquins qui font les fiers à bras ?
Je suis sûr que si vous, Chirac, avez la majorité, ce qu’à Dieu ne plaise, la première loi que vous ferez voter, c’est une loi d’amnistie pour sauver les coquins, la deuxième ; ce serait la loi Toubon, qui est pire encore que la loi Gayssot.
C’est votre maître à penser. Pompidou, qui a favorisé l’immigration des travailleurs étrangers pour, comme il l’a avoué, peser à la baisse sur les salaires français.
Mais c’est vous qui avez transformé délibérément l’immigration de travail en immigration de peuplement en 76, en autorisant le regroupement familial, la carte de séjour de 10 ans automatiquement renouvelable, qui avez été le promoteur de la loi Veil qui permet aujourd’hui l’avortement de confort qui nous prive des 200 000 enfants par an dont la France a cruellement besoin.
C’est vous qui, parmi tous les présidents de la République qui se sont succédé, avez osé accuser la France d’avoir été complice des crimes commis par l’Allemagne nazie.
C’est vous qui, dans un geste qui vous vouliez symbolique, avez fait attribuer la croix de combattants français aux membres des brigades internationales communistes de la guerre d’Espagne.
C’est vous enfin qui, trahissant sans vergogne l’idéal national de ceux qui se battirent pour la France, avez souhaité démanteler nos frontières et vous vous apprêtez à détruire et le franc et la France.
Vous demandez à brûle pourpoint aux Français d’acheter chat en poche votre politique en votant pour vos candidats mannequins. Ça, Monsieur, jamais !
Date : lundi 5 mai 1997
Source : TF1/Edition du soir
P. Poivre d’Arvor : Vous avez été pris de court par cette dissolution. Avez-vous eu le temps de remettre vos troupes en marche ?
Jean-Marie Le Pen : Un certain nombre d’indices permettaient de penser qu’il y aurait des élections anticipées. Je crois d’ailleurs que tous les partis avaient été mis au parfum comme on peut dire dans ces milieux-là et que personne n’a été étonné. Nous non plus d’ailleurs. Nous avions pris nos précautions en toute hypothèse.
P. Poivre d’Arvor : Qu’est-ce que vous pensez d’une éventuelle intervention du président de la République que ce soit dans la presse régionale si c’est le cas ou à la télévision ?
Jean-Marie Le Pen : En vérité, dans le cadre du coup d’État qu’a constitué la dissolution, je considère que c’est normal. J’ai entendu hier, M. Juppé déclarait sur une autre antenne que Chirac menait la politique qu’il avait déterminée. Or ce sont les termes mêmes qui désignent dans la Constitution française le rôle du Premier ministre. C’est dire que Jacques Chirac a étendu d’une façon totale maintenant ce que l’on appelait le domaine réservé autrefois. Il s’agit donc, comme je l’ai dit, non seulement d’une arnaque électorale mais encore d’un véritable plébiscite, un référendum-plébiscite qui est demandé aux Français. Que demande le président de la République ? Il demande de lui donner un chèque en blanc pour son camp, pour réaliser toute une série d’opération, en particulier, en relation avec l’Europe qui vont avoir pour conséquence de dissoudre la France dans l’Europe de Maastricht. C’est cela la grande question qui dépasse tout, c’est l’importance du chômage, de l’immigration, de l’insécurité. La question la plus importante est celle de savoir si après cela, il y aura encore une possibilité pour le peuple français de dire oui ou non à la disparition de la France. Moi, je me bats pour qu’elle dise non.
P. Poivre d’Arvor : Pour vous le chef de la majorité est Jacques Chirac dans cette affaire ?
Jean-Marie Le Pen : Totalement. Il est le chef de la majorité ; il est le chef du RPR ; il est le président de la République. Je crois que c’est un de ses commensaux, Charles Pasqua, qui disait que M. Juppé était le « dir-cab » comme on dit dans le langage traditionnel, directeur de cabinet.
P. Poivre d’Arvor : Est-ce qu’en ne vous présentant pas à Nice et en vous posant comme rival de Jacques Chirac à l’élection présidentielle, vous ne vous trompez pas d’élection car on est dans une élection législative ?
Jean-Marie Le Pen : Je ne crois pas du tout parce que je crois que dans la mesure où Jacques Chirac s’implique dans la campagne, qu’il demande un blanc-seing, un chèque en blanc, la réponse du peuple doit être interprétée non pas en termes de députés parce qu’on sait que le nombre de députés n’a rien à voir avec le résultat des élections puisque les communistes ont 26 sièges avec 8 % des voix et nous, zéro avec 16 %. Dans ce cas-là, ce qui est important c’est ce que vont dire les Français. Et les Français, s’ils disent non à Jacques Chirac, s’ils n’élisent pas une majorité ou s’ils ne lui donnent pas 50 % des voix, je pense que le président de la République devrait tirer les conséquences de cela comme le général de Gaulle l’avait fait en 1969.
P. Poivre d’Arvor : Pour vous, c’est la vraie et la seule raison pour laquelle vous ne vous présentez pas aux législatives ?
Jean-Marie Le Pen : Pas seulement ! Je vais essayer, dans la faible mesure de mes moyens, à travers des meetings qui seront ou ne seront pas répercutés par les médias, de compenser le formidable handicap du mouvement que je préside et qui n’a pratiquement pas d’espace médiatique ni dans la presse écrite, ni dans la presse radiophonique, ni dans la presse télévisuelle. Et cela les Français, je pense, doivent s’en rendre compte. Ils doivent savoir que le débat n’est pas un débat démocratique, c’est un débat truqué. Ils n’ont pas la possibilité d’entendre le principal parti d’opposition vraie, énoncer ses critiqués et faire ses propositions. Et par conséquent ils devront deviner ce que nous voulons faire. Je suis tenté de leur dire : si vous voulez savoir qui nous sommes, regardez nos adversaires qui occupent tous les écrans. Nous sommes exactement l’inverse de cela.
P. Poivre d’Arvor : Ce soir, c’est vous qui occupez l’écran. Nous avons décidé d’inviter parti par parti.
Jean-Marie Le Pen : Merci, je suis très heureux d’ailleurs car cela faisait plus de six mois que je n’étais pas venu chez vous. J’en suis ravi.
P. Poivre d’Arvor : On vous a pris le soir même de la déclaration de dissolution, il y a quinze jours et je crois que nous étions les seuls d’ailleurs.
Jean-Marie Le Pen : Mais vous m’avez un peu coupé le fil d’ailleurs.
P. Poivre d’Arvor : Comme tous les autres. Trois minutes chacun. Vous savez qu’un certain nombre de gens disent que si vous ne vous présentez pas, c’est que les sondages sont mauvais pour vous. Jacques Peyrat, votre ancien rival Front national à Nice a parlé de « dérobade ». Vous avez essayé de vous présenter quand même ?
Jean-Marie Le Pen : Je ne reçois de leçon de courage ni politique, ni civique, ni militaire de personne.
P. Poivre d’Arvor : Pas même du maire de Nice qui fut votre ami ?
Jean-Marie Le Pen : Pas même du maire de Nice. Comme je l’ai dit, Roland ne s’inquiète pas de l’opinion de Gagnelon.
P. Poivre d’Arvor : En ce qui concerne de vos thèmes habituels, les thèmes sur lesquels vous faisiez campagne depuis une bonne quinzaine d’années c’est-à-dire essentiellement insécurité et immigration…
Jean-Marie Le Pen : Pas seulement !
P. Poivre d’Arvor : Enfin, c’était vos deux thèmes de base.
Jean-Marie Le Pen : Non, non !
P. Poivre d’Arvor : On s’aperçoit quand même dans un sondage du Figaro à paraître demain que l’insécurité n’arrive qu’en troisième position avec 28 % et l’immigration en huitième avec 17 %. Les gens semblent préoccupés d’abord par le chômage, 79 % et puis par les inégalités sociales, 44 %.
Jean-Marie Le Pen : Oui, mais justement nous avons apporté des propositions. Personne ne résoudra le problème du chômage à part nous puisque les analyses qui en sont faites aussi bien par le gauche que par la droite – c’est bien pour cela qu’ils ont échoué tous les deux depuis vingt ans qu’ils se partagent le pouvoir – ne consistent pas précisément à s’attaquer aux causes du chômage. Les causes du chômage, c’est d’abord la politique euro-maastrichienne qui nous a fait dissoudre nos frontières et qui livre nos industries qui succombent par pans entiers les unes après les autres à une concurrence sauvage du reste du monde. C’est aussi le problème de l’immigration qui pèse d’un poids écrasant et c’est le fiscalisme qui alimente une machinerie bureaucratique énorme, une politique de subvention politicienne. Si on s’attaque à ces trois sujets-là, et seul le Front national peut le faire, on résoudra le problème du chômage.
P. Poivre d’Arvor : Vous parlez de « fiscalisme ». Vous proposez qu’il n’y ait plus d’impôt sur le revenu. Vous dites, par ailleurs, qu’il faudrait que le SMIC soit à 7 000 francs. Propositions qui sont a priori alléchantes mais chacun se demande où vous allez récupérer cet argent. Est-ce que cela ne va pas être aux dépends de la protection sociale et finalement ne va-t-on pas arriver à une société à deux niveaux comme cela se passe aux États-Unis ?
Jean-Marie Le Pen : Ces propositions ne sont pas contradictoires. Quand on regarde le gouffre des déficits publics qui ne cessent de s’aggraver, en particulier sous la direction de Messieurs Juppé et Balladur, quand on sait que leurs promesses relatives à la diminution des impôts sont des mensonges et des trucages. Rappelez-vous Édouard Balladur avait promis de diminuer les impôts de 40 milliards et il les a augmentés de 110 milliards. Et M. Juppé a fait de même avec plus de 180 milliards d’impôts supplémentaires en quatre ans. Nous disons qu’il faut diminuer les impôts et nous choisissons techniquement d’appliquer la diminution nécessaire, indispensable des prélèvements obligatoires qui dépassent maintenant 50 % et qui font que les Français travaillent plus de six mois par an pour les prélèvements obligatoires. Eh bien, nous disons qu’il faut appliquer cette diminution à l’impôt qui est le plus stupide, le plus démobilisateur de façon à relancer l’économie. Cet impôt est l’impôt sur le revenu mais on aurait pu en choisir d’autres. Il faut que tous les gens qui travaillent soient motivés de le faire. Il ne faut pas qu’ils soient écrasés, il faut qu’on rende leur argent aux Français. On ne devrait pas avoir de prélèvements obligatoires de plus de 33 % car l’argent qui ne serait pas ainsi confisqué par l’État irait soit à l’épargne et donc à l’investissement, soit au contraire à la consommation. Par conséquent, la seule manière saine et raisonnable et qui n’a pas été essayée est celle du Front national. Alors, je ne saurais trop dire à mes compatriotes qui m’écoutent : vous savez que cela a échoué à gauche ; que cela a échoué à droite, essayons le Front national, vous ne serez pas déçus.
Date : 6 mai 1997
Source : Présent
Le communiqué du Front national
La victoire de Tony Blair et de ses amis travaillistes constitue l’aboutissement logique d’une politique ultra-libérale. Libre-échangiste, visant à la mise en conformité totale de l’économie britannique avec les critères mondialistes. Le gouvernement de John Major n’a obtenu de bons résultats économiques, y compris en matière de chômage, qu’en sacrifiant délibérément et systématiquement les intérêts des travailleurs, en précarisant les emplois, en mettant à bas la protection sociale. Il est hélas à craindre que l’arrivée au pouvoir d’une gauche pro-européenne ne change pas grand-chose à cette situation, mis à part quelques ajustements techniques.
Cela revêt pour nous une valeur d’exemple : que les socialistes ou l’actuelle majorité gouvernementale remporte demain en France les élections législatives, la politique qui sera menée n’aura d’autre but que la soumission aux critères de Maastricht, la déréglementation à tout-va, et l’assujettissement de la France au nouvel ordre économique mondial. Voter en Grande-Bretagne pour Blair ou Major, c’est comme voter en France pour Juppé ou Jospin : c’est voter pour plus de chômage, plus d’insécurité, plus d’immigration, plus de fiscalisme. C’est voter pour ne rien changer.
En France, le seul vrai grand changement possible, c’est le Front national.