Déclaration de M. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales, sur la refondation du CDS en Force démocrate et sur les réformes entreprises par le gouvernement, Lyon le 24 novembre 1995, parue dans "Démocratie moderne" du 14 décembre 1995.

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Circonstance : Congrès de la refondation du CDS en Force démocrate à Lyon les 24 et 25 novembre 1995

Média : DEMOCRATIE MODERNE

Texte intégral

La France possède beaucoup d'atouts, les Français ont beaucoup de chances de jouer un rôle majeur dans le monde à venir. Encore faut-il qu'ils retrouvent un sens à leur destin et aussi à leur vie personnelle.

Voilà pourquoi cette refondation intervient à un moment décisif.

La promotion de la personne doit passer avant l'accumulation des richesses.

La société que nous voulons doit être une société plus fraternelle. La société que nous voulons, doit être une société de paix. Tout notre projet international reste marque par la construction d'une Europe unie et communautaire.

L'Europe unie est la voie de passage obligé vers le rapprochement fraternel des peuples par-delà les nationalismes, les intégrismes, les racismes de tous poils. Comment nous mettre en route vers l'idéal.

Une remise en ordre s'impose, remise en ordre de nos finances publiques et de nos finances sociales : elle s'impose au nom de l'avenir, au nom de la jeune génération qui paierait doublement l'accumulation des déficits, à la fois par des prélèvements toujours croissants et en même temps par un chômage grandissant. Libérer les énergies de la France implique aujourd'hui une lutte sans merci contre les gaspillages. C'est un effort rude. Il implique la mise en cause d'intérêts acquis, de corporatismes et plus encore celle de mauvaises habitudes, de routines.

Voilà pourquoi nous avons choisi une réforme de la sécurité sociale à la fois globale, juste et responsable. Globale, car elle s'adresse à tous et sollicite chacun à la mesure de ses moyens, juste parce qu'elle épargne les plus défavorisés et proportionné les efforts aux capacités de chacun, et responsable parce qu'elle ne se contente pas de régler les dettes mais qu'elle répartit clairement les responsabilités pour permettre à chacun de prendre sa part dans l'effort de régulation de la dépense.

Dans le même temps, et pas après, il nous faut accompagner ces temps d'efforts par un effort accru de justice. Et s'il y a bien une solidarité prioritaire, c'est celle qui doit permettre à la société française tout entière de se mobiliser pour faire leur place aux jeunes.

C'est la tâche entreprise par François Bayrou, non pas seulement pour réparer ici et là des inégalités, mais pour refonder notre système de formation et lui donner d'autres finalités que l'empilage des diplômes.

Il nous faut enfin une société française plus créative. Pour préparer cette société moins matérialiste, il faut un vigoureux effort d'aménagement du temps.

Le temps n'est plus à des partis où l'on se sent à l'étroit dans un militantisme étriqué et sectaire.

Le scepticisme des citoyens grandit lorsque la parole varie selon que l'on est opposant ou majoritaire.

Il faut en finir avec cette cassure destructrice entre gouvernants et gouvernés, entre le pays et ses élites. La victoire contre le populisme et l'extrémisme est à ce prix.

Force démocrate c'est l'énergie et le mouvement.

Et pourquoi démocrate ? Parce que c'est seulement dans le dialogue, le débat que l'on peut réformer, construire. La démocratie vivante c'est tout à la fois la démocratie politique, la démocratie sociale.