Déclarations de MM. Brice Lalonde, président de la Génération écologie, et François Léotard, président du PR, à Lyon le 25 novembre 1995 et parues dans "Démocratie moderne" du 14 décembre 1995, sur le soutien de Génération écologie et du PR à Force démocrate.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Congrès de la refondation du CDS en Force démocrate à Lyon les 24 et 25 novembre 1995

Texte intégral


Brice Lalonde

« Si c'est le moment enfin de retrouver le souffle des grandes fondations, si c'est le moment enfin de retrouver le souffle des grandes projets, l'enthousiasme de l'action partagée, alors oui, nous à Génération Écologie, nous y sommes prêts et nous voulons y contribuer avec vous.

Nous avons toujours pensé qu'il fallait à la France une force autonome et que cette force portait un certain nombre de projets, des projets dont les Français ont besoin, pour la société en cette fin de siècle et dans le début du siècle prochain. Comment peut-on vivre un projet pour l'État, avec toute cette solitude, cette absence de jeunesse, tout ce chômage ? Qui décide ici ? Est-ce que c'est la noblesse d'État ? Est-ce que ce sont les mécanismes internationaux ? Ou est-ce que ce sont les citoyens autonomes responsables et solidaires ? Comment peut-on vivre un projet pour la nation ? J'ai été heureux de retrouver plusieurs fois ce mot. Oui, pour le plaisir et la joie d'être Français, pour le plaisir et la joie que la France joue sa partition avec et dans l'Union européenne. Cette partition n'est pas celle du repli frileux. Elle est celle du contraire de l'excellence.

Je suis comme vous tous inquiet, je vois à la fois la montée de l'inhumanité, la montée de la démesure technicienne et puis la montée des périls démagogues, populistes et extrémistes. C'est pourquoi je crois avec vous que le Centre est condamné à l'audace, que les modérés doivent agir vite et fort.

Alors, pour ce monde plus humain, ce monde où les techniciens ne sont pas des technocrates, ce monde où nous tous responsables politiques pensons plus à l'avenir qu'aux prochaines élections, ce monde-là, pouvons-nous le construire ensemble ? C'est notre voeu, c'est notre conviction, c'est notre volonté. »


François Léotard

« Je suis venu simplement pour vous apporter quelques mots d'amitié et quelques mots de confiance. Vous qui étiez, vous qui devenez encore plus aujourd'hui une force dont la vie politique française et dont notre pays tout entier ont particulièrement besoin.

Je souhaite que nous mettions ensemble fin, non pas à la concurrence entre nos deux familles, je crois aux bienfaits de la concurrence, mais à la défiance qui nous a menés trop souvent aux difficultés politiques que les Français ont rencontrées.

Vous avez su ici à Lyon conjuguer trois attitudes qui, je crois, sont des qualités pour notre peuple et pour votre famille politique, la lucidité, l'ambition et la responsabilité.

La lucidité, c'est cette conviction qui nous habite, que la réforme est nécessaire pour chacune de nos familles politiques. Si elles ne se réforment pas, elles prendront le risque, et elles l'ont déjà pris, de l'affaiblissement, du repli sur soi et finalement de l'impuissance.

L'ambition, c'est celle qui consiste à ne ménager aucun effort pour renforcer et illustrer, le rôle de famille de pensée que devrait être je crois un parti politique.

La responsabilité,  je crois que nous la partageons avec vous, c'est de reconstruire patiemment et de façon démocratique l'UDF.

Vous me permettrez de dire deux derniers mots sur l'Europe, et sur la crise que nous traversons. D'abord sur l'Europe, nous avons devant nous quatre défis majeurs qui sont chacun un risque pour la construction européenne : la conférence intergouvernementale de l'année prochaine, l'élargissement, la monnaie unique et les alternances politiques dans chacun des pays qui nous entourent ; Nous voyons bien que chacune de ces alternances peut être l'occasion pour des majorités ou pour des oppositions parlementaires de s'exprimer non pas pour l'Europe mais contre l'Europe.

Je voudrais terminer par une réflexion sur la crise que nous traversons et qui a, j'allais dire, environné, entouré votre conseil et votre congrès. Dans les difficultés qui s'accumulent sur notre pays et dans l'esprit de nos concitoyens, nous sommes véritablement à une croisée des chemins, nous ne pourrons pas aller vers une monnaie forte avec une société faible.

Et c'est à nous de répondre à ce défi-là. Et c'est pourquoi, je le dis devant des ministres ici et devant des représentants de la majorité parlementaire, c'est pourquoi notre participation à la majorité n'est pas à contre temps. Elle est responsable tout simplement, c'est-à-dire attachée à la fois à la réforme et au dialogue social.

Et permettez-moi de terminer en disant simplement que l'intelligence, le bon sens, la loyauté mais peut-être aussi l'élégance politique, c'est aujourd'hui de ne pas mesurer notre soutien au gouvernement dans l'épreuve qu'il traverse.