Texte intégral
Jean-Pierre Chevènement : Je suis convaincu qu’il est possible de juguler la montée de la délinquance par un effort ciblé, notamment sur la délinquance de voie publique et sur les violences urbaines, et qu’on peut le faire non pas du jour au lendemain, non pas par un claquement de doigt, mais par un effort soutenu à moyen terme. Si nous prenons le problème des violences urbaines, voilà un phénomène qui ne cesse de croître depuis 1992 et il s’aggrave parce qu’il y a un arrière-plan. Ce n’est pas un problème seulement de police, c’est un problème de société. Il y a un fait social. Non pas que je veuille dire : on ne peut rien faire tant qu’il y a du chômage. Non, je ne pense pas cela. Je pense au contraire qu’il faut réprimer énergiquement un certain nombre de gens qui gâchent la vie dans ces quartiers, qui sont à la source d’un processus qui tend à enfermer les habitants de ces quartiers, particulièrement les jeunes, dans une impasse suicidaire. Les jeunes qui sont dans ces quartiers ne sont pas tous des délinquants. Il faut bien distinguer entre un certain nombre de multirécidivistes et puis la grande masse de jeunes, parmi lesquels certains peuvent se laisser entraîner, mais pour lesquels le problème est pour la plupart d’entre eux de trouver un boulot. Et tant qu’on ne résoudra pas le problème de l’accès à la citoyenneté et de l’accès à la vie active pour ces jeunes, évidemment ça va patiner. Donc il faut un effort global, il faut un effort d’ensemble.
RTL : Sur la délinquance des mineurs, est-ce que vous diriez aujourd’hui encore qu’il faut modifier la législation et en particulier l’ordonnance de 45 ?
Jean-Pierre Chevènement : C’est ma tendance, oui.
RTL : Et vous allez essayer de faire passer à nouveau cette idée ?
Jean-Pierre Chevènement : Nous allons en discuter.
RTL : Et quand Jacques Chirac intervient sur ce thème de l’insécurité, vous prenez cela comme une critique ?
Jean-Pierre Chevènement : Pas du tout. Le président de la République a le droit d’intervenir et, d’ailleurs, il a conclu son intervention en disant qu’il savait rencontrer la préoccupation du Premier ministre et la mienne.
RTL : Il n’y a pas une compétition ?
Jean-Pierre Chevènement : Moi, je ne veux pas traiter ce problème-là en termes de compétition ou en termes de rivalité. Je crois qu’il y a un problème. Il faut que tout le monde essaye de le résoudre. Ce n’est pas un thème de droite, la sécurité.