Texte intégral
S. Soumier : On reparle de l'affaire de la vache folle. Vous avez fait le constat que les informations sur l'éventuelle transmission de cette maladie à l'homme étaient imprécises, incomplètes. Vous voulez donc en savoir plus et concentrer les moyens de la recherche ?
F. d'Aubert : Oui, il y a beaucoup d'interrogations sur la vache folle, sur la maladie de Creutzfeldt-Jacob, des interrogations auxquelles seule, à mon avis, la recherche scientifique peut donner des réponses. Donc on propose une mobilisation en créant une super-équipe d'experts avec le ministre de l'agriculture et avec le secrétaire d'État à la santé. Pour avoir cette mobilisation très forte qui permette à la fois de trouver ce qu'est exactement l'agent infectieux, à la fois sur Creutzfeldt-Jacob, sur la maladie de la vache ou sur la tremblante du mouton qui permettent de connaître exactement la maladie, également d'arriver à un test diagnostic parce que c'est ça qui est très important – en ce moment, il n'y en a pas ; et enfin d'envisager des outils pharmacologiques.
S. Soumier : Mais alors vous allez regrouper tous les chercheurs qui travaillent en France sur la maladie de Creutzfeldt-Jacob : est-ce que vous allez aussi leur donner plus de moyens ?
F. d'Aubert : Oui, on veut doubler le nombre de chercheurs. Actuellement, il n'y en a qu'une quarantaine qui s'intéresse au sujet. On veut doubler le nombre d'équipes et également doubler les moyens financiers en un an et demi.
S. Soumier : Ça veut dire que cette maladie de la vache folle devient une priorité de santé publique ?
F. d'Aubert : C'est certainement une priorité de la recherche scientifique maintenant pour beaucoup d'organismes, c'est ce que je souhaite et c'est vrai que ça pose un gros problème de santé publique, chacun s'en rend bien compte aujourd'hui.
S. Soumier : La recherche doit se mettre au service des producteurs de boeuf ? Ce sont eux qui vous demandent de telles mesures ou du moins des effets d'annonce qui pourraient rassurer le public ?
F. d'Aubert : Non, il est indispensable de répondre à des questions qui sont importantes. Sur les modes de transmission, on ne sait pas, aujourd'hui, s'il y a transmission effective de la vache folle à l'humain, par exemple. Aujourd'hui, on ne peut pas répondre par oui ou par non.
S. Soumier : Vous espérez une réponse des scientifiques dans combien de temps ?
F. d'Aubert : Ça va mettre malheureusement du temps. C'est très compliqué. Jusqu'à maintenant, ça n'a pas vraiment passionné la communauté scientifique, sauf quelques personnalités dont M. Dormon qui va être le président de ce comité. Donc ça peut prendre un certain temps, je ne peux pas vous dire combien. La découverte scientifique ne se programme pas, malheureusement.
S. Soumier : Même pour le test, vous ne pouvez rien dire !
F. d'Aubert : Non, mais c'est l'objectif prioritaire.