Articles de M. Bernard Stasi, vice-président du CDS, dans "Démocratie moderne" du 16 novembre 1995, et déclaration à Lyon le 24 novembre, parue dans "Démocratie moderne" du 14 décembre 1995, sur la refondation du CDS en Force démocrate et sur son idéal.

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Circonstance : Congrès de la refondation du CDS en Force démocrate à Lyon les 24 et 25 novembre 1995

Média : DEMOCRATIE MODERNE

Texte intégral

Démocratie Moderne : 16 novembre 1995

En choisissant de nous appeler Force démocrate, nous nous sommes lancés un défi à nous-mêmes. La force, nous devons l'affirmer, la manifester, non seulement par rapport à l'image trop souvent répandue d'un centrisme mou. Hésitant, invertébré, mais aussi par rapport à la tonalité générale de la vie politique française.

Car la vie politique française est molle. Elle est molle, parce que l'obsession des sondages l'emporte le plus souvent sur le force des convictions. Elle est molle, parce que la gauche, encore sonnée par son échec, hésite entre le retour à ses vieux démons et une vague sociale-démocrate, aux contours indécis. Elle est molle, parce qu'elle oscille trop souvent au gré des manifestations de rue.

La vie politique de nos pays est molle, enfin, et c’est ce qui est le plus grave et le plus préoccupant pour l'avenir, parce qu’elle semble flotter loin des Français, lesquels s'en détournent désabusés et partais même dégoûtés.

Seul, le Front national donne un sentiment de force, le sentiment d'une force qui sait ce qu’elle veut, qui sait ce qu'elle veut pour la France.

Soyons donc plus forts sur la solidarité.

Si, sur ces trois points - l'Europe, la démocratie, la solidarité - nous sommes fermes, intransigeants, combatifs, conquérants, quelle que soient les difficultés, quelle que que soient les risques d'impopularité, quels que soient les échecs, alors, j’en suis persuadé, nous serons le noyau dur de la majorité, en attendant d'être un jour, le noyau dur et le centre dynamique rayonnant de la vie politique française.


Démocratie moderne – 14 décembre 1995

« Un pari difficile »

Refonder notre mouvement, ce qui signifie, pour dire les choses autrement, créer un nouveau parti, c'est, par les temps qui courent, un pari difficile.

Un pari difficile, parce que nos compatriotes, désorientés, déçus, parfois désespérés, n'attendent plus grand chose de la politique, Et ils se méfient des partis, qu’ils ont tendance à considérer comme de douteuses officines, terrains privilégiés pour les magouilles et les manoeuvres de tous genres.

Pour attirer l'attention des Français, il ne suffit pas que nous proclamions, la main sur le coeur, notre indéfectible fidélité aux valeurs de l'humanisme.

Il ne suffit pas, non plus, que nous leur présentions un programme ayant la prétention d'apporter une réponse à toutes leurs aspirations et à tous les problèmes du pays.

Ce n'est pas davantage en faisant état du ralliement à notre mouvement de telle ou telle personnalité, de tel ou tel cénacle, que nous susciterons l'intérêt de nos concitoyens, et encore moins leur adhésion.

C'est notre comportement, à chacune et à chacun d'entre nous, et non pas la qualité de nos discours ou la générosité de nos promesses qui fera comprendre aux Français que quelque chose est en train de bouger dans la vie politique de notre pays, que quelque chose de nouveau est effectivement en train de naître. Dès maintenant, si nous voulons réussir le grand Centre dont nous rêvons tous et que les Français, sans le savoir attendent, dès maintenant nous devons être animés par un esprit de rassemblement. Faisons comprendre que, loin de nous opposer aux formations politiques et aux courants de pensée proches de nous, loin de chercher à nous en différencier, nous voulons créer un mouvement avec eux, en nous appuyant sur ce que nous avons en commun. Cette politique de la main tendue est une nouveauté dans la vie politique de notre pays, une nouveauté qui surprendra, une démarche qui intéressera. Un esprit d’ouverture, aussi, au-delà de la sphère de la politique. Si nous invitons les Français débattre avec nous, ce n'est pas pour les endoctriner ou pour les enrôler. C'est parce que nous voulons les enrôler. C'est parce que nous voulons que le mouvement en gestation soit nourri de leurs aspirations, de leurs colères, de leurs rêves.

De l'ardeur que nous déploierons, sur le terrain, dans les semaines qui viennent, à tendre la main et à prêter l'oreille, dépend largement le succès de noire entreprise. Ce pari difficile, mais exaltant, nous ne pouvons le gagner que tous ensemble.