Déclaration de M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation, sur la situation de la filière laitière et notamment les outils d'analyse servant au paiement du lait, Saint-Lô le 12 mars 1996.

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Intervenant(s) : 
  • Philippe Vasseur - ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation

Circonstance : Inauguration du laboratoire professionnel laitier de Basse-Normandie, Saint Lô le 12 mars 1996

Texte intégral

Monsieur le président, 
Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,

C'est une grande joie pour moi d'inaugurer ce matin les locaux de votre nouveau laboratoire interprofessionnel laitier de Normandie, à l'invitation de votre président.

Les hasards du calendrier auraient dû me permettre d'être parmi vous alors que l'Assemblée nationale avait adopté un projet de loi autour duquel s'articule toute l'activité d'un outil d'analyses comme le vôtre.

Mais le débat parlementaire relatif à l'évolution de la Loi GODEFROY s'est révélé difficile et provisoirement infructueux. Je suis néanmoins convaincu que la nécessité de revoir les modalités de paiement du lait en fonction des réalités technologiques d'aujourd'hui apparaîtra clairement à nos élus et que le bon sens triomphera grâce à la sagesse de nos sénateurs. J'y veillerai en présentant un nouveau texte légèrement aménagé.

La démarche interprofessionnelle ayant conduit à la création de votre nouveau laboratoire, le LILANO, traitant les analyses laitières de près de 17 000 livreurs de toute la Basse-Normandie disposant de 570 000 vaches (11 % du cheptel national) me paraît devoir être citée en exemple.

Cette étroite collaboration, cette réconciliation de tous les intérêts, ce consensus sectoriel et régional, c'est la force exceptionnelle de l'organisation laitière française que nous envient tous nos partenaires européens.

Votre laboratoire interprofessionnel, doté des équipements les plus modernes sera une pièce maîtresse pour le développement de la filière laitière régionale et il y jouera de toute évidence un rôle des plus déterminants.

Ses missions consistent à effectuer toutes les analyses servant au paiement du lait dans le cadre des textes en vigueur : composition du lait (détermination de la matière protéique et de la matière grasse), mais aussi de sa qualité et en premier lieu de tout ce qui concerne le contrôle bactériologique, c'est-à-dire le nombre de cellules ou de germes présents.

Enfin, et vous savez que c'est là un domaine qui me tient tout particulièrement à coeur, ce laboratoire assume une responsabilité importante dans la politique en faveur des produits de qualité qui nous anime tous et qui compte certains de ses plus beaux fleurons dans votre région.

La nécessité absolue de maintenir l'excellence de nos produits au niveau que justifie leur réputation doit mettre ces contrôles au centre de nos préoccupations à tous. Cela s'applique aussi bien aux contrôles sur les appellations d'origine qu'à la réflexion en cours sur les contrôles en matière d'IGP.

Mais revenons maintenant aux modalités de paiement du lait. Pourquoi faut-il un nouveau projet de Loi ?

Pour une raison très simple, c'est que les choses ont évolué depuis 1969. Il est devenu indispensable aujourd'hui que le prix perçu par le producteur intègre de façon lisible les signaux en provenance de l'aval. C'est, je crois, l'approche générale qui doit guider nos efforts comme nos décisions pour mieux répondre aux attentes du consommateur et se conformer à ses exigences.

Fidèle à ce souci d'ajustement permanent j'ai vivement encouragé et travaillé à l'actualisation technique des critères de paiement du lait.

Le résultat obtenu était, je crois, à la hauteur de notre mobilisation commune : le projet examiné prévoyait dans la loi la possibilité de recourir à des critères additionnels mais facultatifs liés à l'aptitude technologique du lait, à fournir des produits transformés de bonne qualité.

Mais dans le projet de loi, il était une chose à laquelle je tenais plus qu'à toute autre. C'est le principe fondamental de la responsabilité interprofessionnelle dans la négociation du prix du lait. C'est pourquoi le texte prévoyait la capacité d'introduire une nouvelle typologie de critères pour la rémunération du producteur mais confirmait la compétence exclusive des accords interprofessionnels régionaux, sous l'égide du CNIEL, pour l'élaboration des grilles de classement.

Je me suis récemment longuement exprimé sur la situation de la filière laitière à l'occasion de l'assemblée générale de de la Fédération nationale des producteurs laitiers qui s'est tenue à Troyes en fin de semaine dernière.

Permettez-moi néanmoins de rappeler ici quelques grandes lignes de mon intervention : s'agissant des transferts de références laitières, les nouveaux outils législatifs ont donné à vos commissions départementales d'orientation agricole, les moyens de gérer à la base ce délicat équilibre entre favoriser les installations et conforter les outils de production de nombreuses exploitations existantes.

J'ai appris avec plaisir que des avancées significatives voyaient ça et là le jour, et en particulier dans la Manche vers la mutualisation de certaines références pour aider à mieux installer les jeunes.

L'évolution de la collecte me préoccupe et je me fais l'écho des mises en garde répétées de l'ONILAIT. Je fais ici, dans le deuxième département producteur français, solennellement appel à la responsabilité de chacun : une forte baisse des livraisons s'impose d'ici le 31 mars pour limiter des pénalités individuelles que la situation globale empêchera d'atténuer autant que dans un passé récent.

Sur l'avenir et l'interdépendance entre les différentes filières que compte l'élevage bovin, je voudrais vous indiquer que j'ai fait de la défense du revenu des producteurs de viande, la priorité numéro 1 de la demande française pour le paquet-prix 1996.

Rien n'est simple dans ce domaine, mais j'attends beaucoup des travaux du groupe de réflexion stratégique sur l'avenir de la filière bovine. Ses conclusions me seront rendues courant juin avant le bouclage du paquet-prix.

Les problèmes du GATT ou de l'Accord de Marrakech ainsi que les demandes d'adhésion des pays d'Europe centrale et orientale sont également au centre de mes préoccupations.

Beaucoup d'interrogations subsistent et il nous faut, ensemble, trouver des solutions pour nous affranchir des contraintes qui risquent de peser sur les volumes à l'horizon de l'an 2000.

Avec ce laboratoire flambant neuf, j'ai, de visu, la meilleure illustration qui soit du dynamisme dont a su faire preuve votre interprofession régionale. Je ne doute pas des capacités de vos organisations professionnelles nationales pour préparer un avenir serein.