Articles de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, dans "Français d'abord" de la première quinzaine de janvier et de février, et de la deuxième quinzaine de février, sur le bilan politique de l'année 1995, les perspectives économiques défavorables de la France, et sur le mécontentement des Français face à la politique gouvernementale.

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Français d'Abord : janvier 1996

1995-1996 : illusions perdues et grandes espérances

Pour les Français lassés par deux interminables décennies de socialisme avoué ou rampant, l'année 1995 avait commencé dans l'espoir de voir enfin tournée la page du déclin et de concrétiser le changement attendu depuis si longtemps.

Cette année pourtant s'achève dans la confusion et l'affrontement et, pour beaucoup de nos compatriotes, dans l'amertume des demi-victoires qui, quand elles sont si cher payées, se révèlent plutôt des demi-défaites. Le bilan de cette année montre ainsi qu'on ne construit rien de solide sur l'illusion, mais que l'exigence de vérité demeure la première des vertus. L'actuel système politique français, dont il faudra bien un jour prochain entreprendre une réforme en profondeur, multiplie les blocages parce qu'à tous les niveaux il ne donne que l'illusion de la représentativité.

Ce système, en effet, officialise le décalage toujours plus grand entre le pays réel, celui que nos compatriotes composent et vivent au jour le jour, et le pays légal, celui, figé et obsolète, des professionnels de la politique qui prétendent parler au nom du peuple mais qui sont toujours plus incapables de comprendre ses aspirations et donc d'agir pour son bien.

Suivant un scénario qui rappelle beaucoup celui de l'élection de François Mitterrand en 1981, le succès de Jacques Chirac cette année n'a pas reposé sur une adhésion à sa personne, qu'on sait fort changeante, ni à son programme, flou et fait de promesses intenables, démagogiques ou contradictoires, mais seulement sur le rejet massif de ce que représentait son adversaire ; Sa chute vertigineuse dans les sondages ne doit surprendre que les naïfs et les imprévoyants. L'illusion dissipée de son aptitude à incarner un changement véritable, il retrouve aujourd'hui son capital de confiance réel, celui qui s'était clairement manifesté au premier tour : un Français sur cinq, et encore, uniquement parmi ceux qui votent.

De même, l'écrasante majorité dont dispose encore pour quelque temps le Gouvernement à l'Assemblée, ne peut donner l'impression d'une assise populaire qu'à ceux qui veulent délibérément oublier ou ignorer que par l'effet d'une loi électorale inique et scandaleuse, la moitié des Français n'y sont pas représentés et, parmi eux, ceux de nos compatriotes qui aspirent le plus à une rupture radicale avec les politiques de décadence que nous subissons depuis des décennies, les millions d'électeurs qui avec constance et détermination, continuent d'apporter leurs suffrages au Front national.

Quand le Parlement n'est plus le lieu du débat politique, la tentation devient grande pour le peuple de prendre la parole dans la rue, surtout quand l'arrogance, l'incompétence et l'obstination d'un Premier ministre qui ne connaît du peuple que ce qu'on en enseigne à l'ENA dépassent à ce point les bornes. Mais, quelque légitime que soit dans son fond cette révolte, là n'est pas la solution durable. La récupération éhontée de la colère populaire par des syndicats arc-boutés sur leurs privilèges, le coût exorbitant pour la Nation de ce type d'affrontements invitent à des actions plus réfléchies et plus riches d'avenir.

Aucun des problèmes angoissants qui écrasent aujourd'hui la société française ne trouvera de solution durable tant que le Front national ne parviendra pas à l'exercice effectif du pouvoir. Trop lentement sans doute au gré de beaucoup d'entre nous, mais inexorablement, nous nous approchons de cette éventualité, et nous nous y préparons avec calme, patience et opiniâtreté, car nous savons que la tâche pour nous sera rude et qu'il ne nous sera par permis de décevoir les Français.

Chaque nouvelle enquête d'opinion montre que nos idées progressent dans l'esprit de nos compatriotes. Chaque nouvelle élection partielle traduit cette progression dans les urnes. Les illusions qui, depuis tant d'années obscurcissaient le paysage politique, se dissipent une à une. La plus fallacieuse peut-être, celle qui empêchait nos compatriotes de nous voir tels que nous sommes s'estompe avant de disparaître.

Nous, nous ne ressemblons en rien à l'odieuse caricature qu'un monde politico-médiatique imbu de ses privilèges tentait d'imposer. En ouvrant les yeux sur nous, les Français s'ouvrent du même coup la route du renouveau.

Mes chers amis, en ce début d'année, je forme bien sûr pour vous, pour vos familles, et pour tous vos proches, les voeux les plus sincères et les plus chaleureux de santé, de réussite et de bonheur. Mais je sais que ce dernier voeu n'aura vraiment de sens, pour vous comme pour moi, que si notre pays lui aussi retrouve sa santé et le chemin de la réussite. Que 1996, soit donc pour nous tous une année de foi en la France, d'espérance en son avenir et de mobilisation de toutes nos énergies à son service. La victoire est proche.


Français d'Abord : 1re quinzaine de février 1996

Confiance en la croissance ? Vous plaisantez…

Les fêtes de fin d'année se sont-elles bien passées ? Abordez-vous 1996 d'un pied hardi et avec un moral d'acier ? Vous sentez-vous le coeur ferme et l'âme vaillante ? En tous les cas, je vous le souhaite ! Car l'année qui s'ouvre ne débute pas sous les meilleurs augures…

Permettez-moi de vous réciter un triste florilège à la Prévert. Le moral des ménages français, qui commençait à se dégrader au début de l'été 95, a encore accentué sa déprime en décembre pour atteindre son plus bas niveau depuis que l'INSEE a commencé à réaliser des enquêtes de conjoncture dans ce domaine en 1987. La consommation des ménages a d'ailleurs reculé de 0,7 % au 4e trimestre de l'an dernier. Et ce n'est pas prêt de s'arranger ! Côté industrie, ce n'est guère plus brillant : le marché français de l'automobile a reculé de 2,1% en 1995. Selon le rapporteur RPR de la Commission des finances de l'Assemblée, le gouvernement devrait prochainement réviser en baisse sa prévision de croissance pour 1996 à 1,6 %/1,7 % au lieu des 2,8 % prévus initialement.

En outre, l'État va devoir collecter 550 milliards de plus en 1996, puisque la réduction des déficits budgétaires annuels n'est pas suffisante pour empêcher la dette de s'alourdir. Côté emploi, ce n'est guère mieux : la France a consacré en 1994 plus de 285 milliards à la lutte contre le chômage. Et aujourd'hui, les services du ministère du travail prévoient des risques de dégradation de l'emploi plus forts que prévus. Il est déjà annoncé dans le cadre du seul secteur de l'armement que 50 000 emplois-seraient menacés d'ici 4 ans. Inquiétant quand on sait qu'une refonte de l'industrie française d'armement pourrait avoir des conséquences sociales similaires à celles provoquées par le démantèlement de la sidérurgie dans les années 80. Il n'y a guère lieu de s'esbaudir… Parallèlement, on a enregistré une baisse de 3 % des créations d'entreprises en 1995. Ajoutez à cela que le gouvernement renonce à son projet de réforme de la fiscalité. Comment s'étonner dès lors que 3 Français sur 4 jugent probable le déclenchement, dans les semaines à venir, d'une grève des services publics. Chaud, chaud, chaud, le printemps sera chaud…

Côté international, les présages sont tous aussi funestes puisque l'Asie confirme sa vitalité économique, la plus dynamique du monde. En dépit d'un ralentissement en 1995, les trois pôles émergents du continent, la Chine, les autres « dragons » et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), connaissent une croissance très supérieure à celle du reste de la planète. N'en déplaise aux adeptes de l'idéologie, mondialiste, ce qui est bon là-bas n'est pas forcément bon pour nous… MM. Chirac et Juppé ont beau nous expliquer la main sur coeur que c'est dans une alliance avec l'Allemagne que réside notre salut, il est permis d'en douter. Nos amis d'outre-Rhin ne semblent pas mieux lotis que nous… En effet, locomotive de l'Europe, l'économie allemande est depuis le second trimestre 1995 en panne de croissance et risque de végéter au cours de 1996. Le taux de chômage est monté à près de 10 % en décembre, et la puissante confédération des syndicats allemands a récemment affirmé que l'Allemagne ne comptait pas 3,7 millions de demandeurs d'emploi comme l'indiquait le chiffre officiel, mais 6 millions ! D'ailleurs, dès le 10 janvier, l'AFP annonçait que le ralentissement économique allemand constituait une mauvaise nouvelle de plus pour la France. Autant dire que Maastricht, c'est fini, que nous sommes engagés dans une impasse, et que nous avons perdu de précieuses années.

En vérité, Chirac est bel et bien l'héritier de Mitterrand et donc le fossoyeur de la France. Il devrait savoir que la confiance, ça ne se mendie pas, ça se conquiert. Face à ce constat, il n'y a qu'une voie, celle de la renaissance, défendue par le Front national. Nous avons des solutions, un programme, et surtout une volonté. Avec nous, la famille sera défendue, la sécurité rétablie, l'emploi retrouvé, la fiscalité réduite, le laxisme balayé. Lisez nos propositions, faites les connaître. Une France forte et tranquille, c'est encore possible. Avec nous…

P.S. Le Front national lance une grande campagne d'adhésion : que chacun fasse un adhérent nouveau. Tel est le mot d'ordre ! Je compte sur vous.


Français d'Abord : 2e quinzaine de février 1996

Quand l'oncle Piscou s'allie aux frères Rapetout…

Les perspectives économiques sont moroses et les Français broient du noir. 64 % d'entre eux estiment que la peur de l'avenir a joué un rôle très important dans le mouvement social de décembre. C'est ce qui ressort d'un sondage publié début février.

Plus édifiant encore, le bilan de ces grèves est jugé globalement négatif par nos concitoyens : 45 % d'entre eux jugent qu'elles ont eu des conséquences plutôt négatives, et 38 % considèrent qu'elles n'ont rien changé. Autrement dit, pour plus de 4 Français sur 5, la paralysie de décembre n'a constitué qu'une gigantesque comédie sinon nuisible, au moins stérile. Quand je vous disais que la grève était un moyen archaïque, aussi coûteux qu'inefficace pour apaiser les tensions sociales, je ne me trompais pas.

La France ne pas bien et les Français le savent. Selon la Caisse des dépôts, le produit intérieur brut a enregistré une chute de 0,4 % au dernier trimestre 1995, et va encore baisser en début d'année. Pour l'INSEE, les industriels prévoient une baisse de la demande et des effectifs au 1er trimestre 1996. En clair, l'économie est dans le rouge et le chômage repart de plus belle. M. Juppé peut bien tirer à hue et à dia, s'agiter comme un diable, multiplier les plans de « relance » aussi hypothétiques qu'illusoires, rien n'y fait. Les fausses-bonnes idées fleurissent. Les banlieues vont mal ? Le monde rural agonise ? M. Juppé propose des « zones franches ». Autrement dit du vent. Sauf pour les contribuables, qui eux, devront financer ces mesures aussi inefficaces que dilatoires. Car M. Juppé a trouvé la dernière source de richesse de ce pays, l'éternelle vache à lait de tous les gouvernements, celui qui travaille et n'a ni le temps ni l'énergie pour contester, je veux parler de ce « cochon de payant » si cher au fisc et aux polyvalents de tout acabit, le contribuable « Français de souche », sommé sans autre fioriture de payer.

Contribuables, mes frères, vous qui êtes la dernière armée mobilisable de ce pays, vous qui êtes taillables et corvéables à merci, à vos proches pour acquitter le tiers-provisionnel et à vos stylos, pour les déclarations d'impôts ! Vous savez au moins que vos sacrifices seront vains. Vous voici déniaisés et édifiés sur le vrai visage de ce gouvernement, qui n'est autre que l'alliance de l'oncle Picsou et des frères Rapetout, autrement dit une association de malfaiteurs…

Les Français n'ont pas le moral ? Cela prouve au moins qu'à défaut d'être heureux, ils restent lucides et ne se laissent guère émouvoir par les calembredaines et autres balivernes des politiciens de l'établissement. Ils savent que pour sortir de la crise, il faut une tout autre politique, qui s'attaque sérieusement à l'immigration, au chômage, à l'insécurité, au fiscalisme, au laxisme. Ce n'est pas de « communication », « dialogue », « concertation », et autres mots creux dont les Français ont besoin, mais de sécurité et de certitudes. La gesticulation médiatique a depuis longtemps montré les limites de son impuissance.

Malheureusement, tant que les sectateurs de Maastricht, qu'ils soient de « gauche » ou de « droite », seront au pouvoir, rien de changera vraiment. C'est là que se vérifie chaque jour davantage la coupure entre le pays légal et le pays réel. Aujourd'hui, les Français sont majoritairement contre l'application du Traité de Maastricht. Qu'importe. Les technocrates du très synarchique séminaire de Davos, qui regroupe de façon discrète les plus grands décideurs économiques, financiers et politiques mondiaux, et auxquels se sont joints pour l'occasion Monseigneur Etchegarray et Marc Blondel, se sont réunis en conclave début février en Suisse. Pour eux, il n'y a « aucune chance d'un assouplissement des critères de Maastricht ». M. Trichet, le gouverneur de la Banque de France, qui participait à ce séminaire, a précisé qu'il deviendrait « impossible de débrancher » une région ou un pays de ce processus de mondialisation, et que celui-ci supposait d'importantes réformes structurelles en Europe. Le démantèlement de notre vielle nation continue inexorablement…

Alors décidément, oui, les Français n'ont guère de raisons d'être optimistes. Il ne leur reste qu'un espoir : celui que le Front national arrive bientôt au pouvoir… tant qu'il en est encore temps ! On verra bien s'ils en prennent conscience. C'est pour les réveiller que nous lançons notre grande campagne d'adhésions, et il vous appartient de jouer les sergents-recruteurs de la grande armée nationale.

Je compte sur vous.