Éditorial de M. Marc Vilbenoît, président de la CFE CGC, dans "La Lettre confédérale CFE CGC" le 19 février 1996, sur le syndicalisme et sur la trop faible participation des salariés à la gestion de l'entreprise, intitulé "La Paille et la poutre".

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : La Lettre confédérale

Texte intégral

(...)

Sans s'attarder à de vaines polémiques et quoi qu'en disent les organismes patronaux, il est bon de rappeler quand même qu'une organisation telle que la CFE-CGC peut se prévaloir de plus de 25 000 mandats confiés dans les entreprises et au moins autant dans la protection sociale, la formation professionnelle et autres activités d'intérêt général.

Lorsque le CNPF – qui semble hésiter entre ingérence et exécution sommaire – parle, en outre, avec délectation de favoriser un syndicalisme fort et responsable, ne faudrait-il pas se prendre à lire entre les lignes ce qu'il souhaite réellement : des organisations amorphes et consentantes.

On peut se prendre à rêver du modèle allemand, mais il y a dans ce modèle bien des règles mises en jeu et, en premier lieu, le respect de la partie syndicale et des droits qui lui sont reconnus.

Alors à qui la faute ? À qui doit-on le refus d'un corps national de règles protégeant l'engagement syndical militant à tous les niveaux ?

D'où viennent les obstacles dressés à la participation institutionnelle des salaries dans les instances d'orientation et de contrôle des entreprises ?

Qui est responsable du licenciement, chaque année, de plus de 14 000 représentants du personnel et de la quasi impossibilité d'être présent dans les PME ?

Et, puisque l'on parle de modèle allemand, à quand par exemple une conférence nationale sur l'emploi qui fonderait un contrat durable de répartition des gains de productivité entre les entreprises, les salariés et ceux qui veulent accéder, ou se réinsérer dans l'activité professionnelle ?

Ou encore qui fixerait les règles d'utilisation, pour la création d'emplois, de l'argent public actuellement accordé sous forme d'aides incontrôlées aux entreprises ?

Ou encore qui mettrait en place ce contrat de générations que nous avons proposé, propre à libérer 200 000 postes de travail immédiatement affectables aux jeunes en recherche d'emploi ?

Pour terminer, j'essaie de me remémorer où j'ai lu récemment qu'il existait une « crise grave d'identité, de représentativité et de légitimité » avec un « danger réel de déclin rapide et même d'éclatement » d'une « institution opaque, rigide, chère et inefficace ». Ah oui ! Cela me revient c'était dans un compte rendu d'audit du CNPF.

Quant au coût consacré par les entreprises à l'action patronale, il oscillerait, suivant le champ retenu, entre 5 et 10 milliards de francs. Merci le consommateur. Merci le contribuable !

Que les miroirs sont parfois cruels.