Texte intégral
Date : mardi 28 mai 1996
Source : RTL
RTL : C'est vous-même qui avez eu l'idée d'un tel rassemblement. Est-ce que vous vous attendiez à une telle unanimité ?
F. Bayrou : J'espérais qu'il y ait une telle réaction unanime, au-delà des frontières partisanes, au-delà des convictions religieuses ou philosophiques, des fonctions des uns ou des autres. J'espérais que tout le monde pourrait se retrouver pour envoyer le message nécessaire dans ces circonstances horribles. Je suis très heureux que cet espoir n'a pas été déçu.
RTL : Que répondez-vous à ceux qui disent que la mobilisation est trop tardive. Ceux-là même qui rappellent, qu'au début mai, un appel des femmes algériennes avaient donné au même endroit un rassemblement en faveur des moines ; rassemblement qui avait rassemblé moins de 100 personnes.
F. Bayrou : Ils ont sûrement raison. On ne peut se faire que des reproches. Bien sûr qu'ils ont raison. Tout le monde s'imaginait que cela s'arrangerait. Personne ne pouvait imaginer qu'on les avait conservés en otages pour les égorger. Tout le monde a pensé qu'il y aurait une libération un jour ou l'autre. C'est une raison de plus pour que, aujourd'hui, nous nous retrouvions pour dire ce que nous n'acceptons pas.
RTL : Le FN a dit qu’il a été exclu du rassemblement.
F. Bayrou : Ce n'est pas un jour à faire des polémiques. J'ai pris contact avec toutes les forces représentées au Parlement. Ce n'est pas un jour à avoir des discussions de cet ordre.
RTL : Après ce signal, je serais tenté de dire : et demain ?
F. Bayrou : Si le signal est bien entendu, que signifie-t-il ? Trois choses : premièrement, c'est que nous acceptons d'affirmer avec force que nous avons des valeurs à défendre. Que nous ne sommes pas simplement des désenchantés qui regardons comme des spectateurs au bord de la route. Que nous sommes engagés. Que notre conception du monde mérite d'être défendue. Et que l'idéal de respect, de générosité, cet idéal n'est pas simplement une naïveté : c'est une manière de vivre. Donc, le premier message est pour nous. Deuxième message : à tous ceux qui, dans le monde, sont en situation de danger du fait du fanatisme, c'est une manière de leur tendre la main. Troisième message : c'est un message aux bourreaux. Cela signifie, vous n'aurez pas notre indifférence. Tous les bourreaux spéculent sur le fait que les victimes ne réagiront pas. D'une certaine manière, c'est aussi une façon de s'adresser aux bourreaux.
(Manque Article dans La Croix)