Texte intégral
L’EDITORIAL
DE MARC BLONDEL
ET MAINTENANT
VIVE
LA FETE 1991 !
Notre manifestation du 22 septembre a été un succès. Personne d’ailleurs ne s’y méprend, excepté ceux que cela gêne et qui acceptent mal que Force Ouvrière puisse exprimer son indépendance et revendiquer, c’est-à-dire remplir pleinement son rôle d’organisation syndicale. Notre fête a également été un succès, même si certains commentateurs n’ont vu au meeting que « plusieurs centaines de syndicalistes » là où la plupart en voyaient des milliers, ce qui est objectif puisque nous connaissons, nous, les capacités des chapiteaux.
Visiblement certains journalistes, à moins qu’ils ne gravitent dans les théories d’autogestion de l’opinion publique et contestent l’expression des syndicats, c’est-à-dire la démocratie pour délégation, auraient besoin d’une consultation auprès d’un ophtalmologiste. Mais enfin, rassurons-les : tant que la Sécurité sociale ne sera pas progressivement remise en cause avec un projet comme la CSG, ils pourront être remboursés. Ce dossier de la CSG est aujourd’hui essentiel. Le projet de loi confirme techniquement que ce sera un impôt.
L’objectif est clair : en introduisant une fiscalisation du financement de la Sécurité sociale, non seulement on accroît la tutelle des pouvoirs publics, en leur donnant carte blanche pour, à terme, remettre en cause le niveau de la protection sociale, mais on leur permet de maintenir la politique de baisse du pouvoir d’achat, dans la logique déflationniste. Dans une telle démarche il faut faire preuve de beaucoup d’imagination pour trouver un aspect social à la CSG, exercice auquel a dû se livrer sans succès le gouvernement, avec l’aide de la seule organisation favorable à la CSG, la CFDT.
Les salariés la supporteront plein pot sur leurs salaires, leurs indemnités journalières, leurs pensions d’invalidité.
Les non-salariés et les titulaires de revenus du capital ne seront, eux, qu’égratignés et pourront toujours pratiquer des déductions diverses. Où est l’équité ?
Les retraités la supporteront aussi plein pot et devront maintenant payer un impôt pour financer leur retraite. Où est l’équité ?
Les bas salaires verront le pouvoir d’achat de leur revenu disponible augmenter… de 0,5 %, ce qui sera payé par les autres salariés. Quel acquis social, au moment où les pouvoirs publics feront, cette année, perdre aux salariés au moins 1 % de pouvoir d’achat. Où est l’équité ?
En manifestant nombreux et déterminés, les militants Force Ouvrière ont adressé un avertissement sérieux au gouvernement. Eh oui ! Force Ouvrière n’a pas pour seul objet que de défendre et représenter les intérêts des salariés actifs, chômeurs et retraités. Eh oui ! On ne fera pas taire Force Ouvrière.