Texte intégral
Le Figaro : Dans le cadre d'une politique de réduction drastique des dépenses, le parlement n'a-t-il pas un rôle réduit à la portion congrue ?
Michel Péricard : Jusqu'à présent, le parlement n'était pas associé à la préparation du budget. Il était officiellement informé de son contenu au dernier moment. Après une vague tentative, sous le gouvernement Rocard, on constate aujourd'hui une véritable volonté du président de la République d'associer le parlement la réparation du budget. C'est une première, et nous allons avoir à faire notre apprentissage dans ce domaine.
Le contexte n'est pas du tout favorable, c'est vrai, puisque nous savons bien que ce débat ne peut conduire qu'à un budget sensiblement réduit, pour que les déficits soient à la baisse. On est toujours tenté de dire qu'un budget est bon dans la mesure où il est plus élevé que le précédent. Il faut changer de mentalité, et faire un budget autrement. L'État doit cesser de vivre sur un grand pied, il faut donc qu'il se réforme de l'intérieur. Il faut un autre État, et autre budget. Ce que nous demandons au gouvernement, c'est que les fameux services votés, ou que les interventions de l'État dans tous les domaines soient remis en cause. Est-ce utile ou non ? C'est la seule question. Que le premier ministre ait cette volonté, j'en suis convaincu.
Le Figaro : N'est-ce pas aussi la conception même du débat budgétaire qu'il faut rénover ?
Michel Péricard : Cela ne relève pas de nos compétences. Le gouvernement est seul maître en la matière. Mais il faut que les parlementaires changent eux aussi de comportement. On observe généralement que la majorité en place approuve le budget, et qu'ensuite, certains se répandent à la tribune pour en critiquer tel aspect, ou déplorer une dépense insuffisante dans telle circonscription. Là aussi nous devons changer de mentalité. En bref, il faut que les députés soient plus courageux.
Le Figaro : Pourtant, quand le député UDF Jean-Pierre Thomas a proposé quatre milliards d'économies dans le budget 1990, les tractations ont été laborieuses…
Michel Péricard : À mon avis, c'est un amendement qui n'avait pas sa place dans le débat. Car le rôle du parlement n'est pas de construire le budget ni de le réduire, il est de le voter. Les réductions préconisées par les parlementaires sont des réductions de punition pour marquer un point de désaccord avec le gouvernement. Or c'est au gouvernement à proposer des économies, pas au parlement. Cet espèce de bricolage, consécutif à l'amendement Thomas, n'a pas donné de bons résultats. L'intérêt du débat d'orientation budgétaire, c'est précisément de permettre au parlement d'indiquer au gouvernement des orientations pour réformer l'État, sans abandon des priorités. Il faut faire des économies dans ce que l'on appelle le train de la vie de l'État. Combien d'organismes existent, sans que l'on sache très bien à quoi ils servent ?
Le Figaro : Philippe Auberger, rapporteur RPR général du Budget, a critiqué à l'automne la politique « pointilliste » du gouvernement, ce qui lui a valu d'être sanctionné par la rue de Lille. Aujourd'hui, il semble plus modéré
Michel Péricard : Philippe Auberger a toujours été en accord avec la politique du gouvernement, même s'il a une façon parfois un peu rugueuse de dire les choses. Il soutient la politique d'Alain Juppé comme nous tous. Car il n'y a malheureusement pas cinquante politiques possibles. Ceux qui parlent en général d'une « autre politique » n'ont guère d'imagination quant il s'agit de l'appliquer. Je note que Nicolas Sarkozy se retrouve dans la politique que mène le premier ministre. Qui ne s'en réjouit pas ?
Je constate en outre que la majorité parlementaire dans son ensemble est sereine, et que nos amis de l'UDF sont extrêmement coopératifs.