Texte intégral
France 2 – mercredi 10 février 1999
France 2 : Nous allons revenir sur les incidents qui ont eu lieu dans le bureau de Mme Voynet et puis à la tourmente qui touche le monde agricole aujourd'hui. Hier, vous étiez reçu par le Premier ministre… Franchement, il n'était pas content après ce qu'ont fait ceux de la FDSEA ?
Luc Guyau : Oui, le Premier ministre n'était pas content, mais le président de la FNSEA n'était pas content non plus de ces débordements qui n'ont rien à voir avec l'action syndicale et que nous ne pouvons pas engager pour pouvoir être compris de l'opinion publique. Je crois que ce n'est pas comme cela que l'on peut se faire comprendre de l'opinion publique, ni des pouvoirs publics.
France 2 : Vous avez désapprouvé, mais pas condamné.
Luc Guyau : J'ai désapprouvé cette action parce qu'elle ne correspond pas à l'orientation que nous défendons dans une action syndicale, mais nous voyons aussi que les agriculteurs sont très inquiets toutes catégories défendues et qu'ils veulent exprimer leur mécontentement et leur inquiétude.
France 2 : Le représentant de la FDSEA, qui est à l'origine de cette action, met en garde le gouvernement sur les suites judiciaires qu'il pourrait y avoir après cela, en indiquant que cela pourrait attiser la colère des agriculteurs. C'est quand même inouïe comme réaction ?
Luc Guyau : Ce n'est pas parce que cette action syndicale a été mal préparée qu'il faut continuer dans la mauvaise préparation pour la communication. Aujourd'hui, il y a eu un certain nombre d'agriculteurs qui ont été entendus par la police. La justice fera son travail, les citoyens français sont égaux devant la loi et je crois que le Premier ministre l'a dit clairement : nous ne sommes pas là dans une société qui ne doit pas respecter les biens et les personnes. C'est ce que nous demandons à… chaque fois que nous faisons des actions syndicales.
France 2 : Vous reconnaissez que les agriculteurs, comme les jeunes, quand ils font des bêtises, puissent effectivement être poursuivis par la justice.
Luc Guyau : Il n'y a pas deux justices en France.
France 2 : Pourquoi vous vous en êtes pris à Dominique Voynet plutôt qu'à Jean Glavany qui est ministre de l'agriculture ?
Luc Guyau : Globalement, c'est vis-à-vis du gouvernement et des instances européennes que nous voulons orienter ces actions syndicales pour à la fois les soutenir et à la fois aussi les motiver. Parce que la négociation va se passer à Bruxelles. Il y a des grands engagements pour l'avenir de l'Europe, et de l'agriculture européenne et de tous les agriculteurs, toutes catégories confondues. Alors, vis-à-vis de Mme Voynet, il est vrai qu'il y a une taxe qui est en cours de discussion sur les activités agricoles, les activités polluantes, dit-on. Nous, nous ne sommes pas favorables à une taxe qui serait aveugle et qui pénaliserait toute l'agriculture. Nous préférons toutes les mesures d'incitation, même si – et nous le reconnaissons – nous devons faire encore des efforts supplémentaires et accélérer parce que déjà les agriculteurs ont déjà fait beaucoup d'efforts.
France 2 : Vous n'allez pas faire à Mme Voynet ce que vous aviez fait, il y a quelques années, avec Mme Cresson qui avait eu quelques difficultés avec le monde agricole ? Ce n'est pas parce qu'elle est femme et de gauche que le courant ne passe pas ?
Luc Guyau : Surtout pas, et personnellement j'ai eu de bonnes relations avec Mme Voynet. Je l'ai rencontrée à plusieurs reprises. Les débats ne sont pas toujours faciles avec Mme Voynet, comme avec les autres ministres de l'environnement, comme parfois avec d'autres ministres. Cela fait partie du rôle de notre activité syndicale. Mais je préfère que nous ayons une discussion ferme et déterminée. Mais il faut aussi que Mme Voynet et aussi ses collègues de l'environnement ou des partis écologistes comprennent l'évolution et l'avancée que fait le monde agricole. Quand on regarde ce que les agriculteurs ont mis en chantier pour mieux maîtriser leurs exploitations, que ce soit en matière d'engrais, en matière de phytosanitaires, en matière de procédures d'élevage, il y a un travail extraordinaire qui a été fait ; il faut le continuer, ce n'est pas fini et nous sommes d'accord.
France 2 : Mais franchement, est-ce qu'aujourd'hui, à la FNSEA, vous n'avez pas un petit problème interne, politique ? On sait qu'il y a à peu près 60 % des aides européennes qui vont à 20 % ou 40 % des agriculteurs ; on sait que les céréaliers de l'Île-de-France touchent à peu près 250 000 francs par an et par exploitation – ce qui n'est pas rien. Est-ce que vous n'êtes pas aujourd'hui un peu écartelé entre des petits agriculteurs qu'il faut défendre et puis ces céréaliers que vous soutenez parce que, sinon, ils risquent d'aller ailleurs ?
Luc Guyau : Je crois qu'il faut bien relire les choses. S'il y a des aides à l'agriculture aujourd'hui, c'est parce que l'Europe a voulu changer de système d'aide à l'agriculture et passer par le soutien au prix à un soutien aux aides. Donc, ces aides sont la compensation de la baisse des prix qui a été décidée en particulier en 1992. Il y a des distorsions entre les différentes productions, entre les différentes exploitations, ce n'est pas nouveau et nous essayons, chaque jour qui avance, nous, le gouvernement, l'Europe, de réduire ces situations-là.
France 2 : Vous ne soutenez pas que les gros agriculteurs ?
Luc Guyau : Non, nous soutenons tous les agriculteurs, et d'ailleurs, dans le cadre de nos orientations, quand nous parlons de rééquilibrage, c'est de faire en sorte non pas que tout le monde soit au même niveau, parce que ce n'est pas ce que recherchent les agriculteurs, ils recherchent simplement de pouvoir vivre, d'avoir une vie satisfaisante et de pouvoir transmettre leurs exploitations. On n'aide pas de la même façon les éleveurs que les céréaliers, même s'il y a des améliorations à faire. Et puis quand on parle des 60/40, je rappelle quand même qu'il y a des agriculteurs qui sont en très bonne santé aujourd'hui – et tant mieux pour eux – qui ne touchent strictement aucune aide : je veux parler de la viticulture, elle ne touche pas d'aides et elle trouve son revenu par les prix.
France 2 : Il y a un certain nombre de manifestations prévues en France et notamment une à Strasbourg entre Français et agriculteurs allemands : cela va bien se passer ?
Luc Guyau : J'espère que cela va bien se passer. Je fais confiance dans les responsables alsaciens qui sont toujours maîtres dans l'organisation. Et cette action syndicale est une des actions importantes pour préparer la grande action syndicale que nous menons le 22 février, à Bruxelles, avec l'ensemble des partenaires européens. Parce que, ce qui se passe aujourd'hui pour les agriculteurs français, c'est la même question que se posent tous les agriculteurs européens : quelle place auront-ils dans la société ? Pourront-ils répondre et continuer à répondre à la demande de la société ?
France 2 : Vous avez quand même donné des consignes de modération à tout le monde. Vous avez dit : maintenant, vous n'avez pas à refaire un calendrier d'actions.
Luc Guyau : Je l'avais dit avant, c'est-à-dire que toutes les actions syndicales qui doivent se faire doivent être innovantes, mais respecter les biens et les personnes. Je l'ai redit encore hier soir à l'ensemble des responsables des départements, parce qu'il en va d'abord du respect des biens et des personnes, mais surtout de la communication vis-à-vis de l'opinion publique, une opinion publique qui nous est plutôt favorable : ce n'est vraiment pas le moment de gâcher cet avantage.
Europe 1 – mardi 16 février 1999
Europe 1 : La protestation des agriculteurs contre la réforme de la PAC se met en place. Une pression multiforme s'accentue à Bruxelles, à Paris, dans toute la France. Tout commence ou recommence chaque jour. Est-ce que vous donnez, ici, l'ordre d'éviter les agressions, les brutalités ou les casses pendant ces manifestations ?
Luc Guyau : Tout à fait ! Ici, comme ailleurs ! J'ai toujours dit que les actions syndicales sont indispensables pour faire pression sur l'opinion publique et, en particulier, sur les pouvoirs publics mais, si c'est un acte de communication essentiel, il doit se passer dans le respect des biens et des personnes. Et les responsables ont une responsabilité immense de bien maîtriser ces actions syndicales.
Europe 1 : L'autre jour, vous avez été débordés par quelques voyous du monde agricole même s'il s'agissait de responsables départementaux souvent de la FNSEA ?
Luc Guyau : J'ai complètement désapprouvé ces actions parce que, d'une part, elles ne correspondent pas à l'orientation que nous souhaitons dans le cadre de nos actions syndicales, elles ont été mal préparées. Donc, il y a eu erreur de préparation et d'action.
Europe 1 : Est-ce que vous comprenez que les auteurs des débordements soient sanctionnés comme n'importe quel agresseur ?
Luc Guyau : En France, il n'y a pas deux justices : s'il est reconnu qu'il y a des responsabilités, la justice fait son travail. Ce n'est pas à moi de le décider.
Europe 1 : Vous dites oui, comme pour tout le monde ?
Luc Guyau : Oui, comme pour tout le monde ! C'est-à-dire qu'il y a la responsabilité des citoyens devant le respect des biens et des personnes et il n'y a pas eu beaucoup de casses, mais beaucoup de désordre. Si la justice considère qu'il doit y avoir quelques sanctions, eh bien, elle devra le faire.
Europe 1 : L'autre jour, vous avez été débordé ?
Luc Guyau : Je n'ai pas été débordé. C'est-à-dire que nos départements, les actions qui ont été faites, les responsables ont été débordés par manque de préparation.
Europe 1 : On vous a reproché, contre votre habitude, d'être complaisant, même mou parce que vous avez désapprouvé, vous n'avez pas condamné. Vous ne pouvez pas condamner quand quelque chose est irrégulier et illégal ?
Luc Guyau : Vous me connaissez : je n'ai pas l'habitude de changer d'avis tous les matins et, quand j'ai su dès 12 heures 30 ce qui s'était passé, j'ai désapprouvé totalement à ce moment-là, en fonction des connaissances que j'avais de la situation. Je crois qu'il faut garder des hiérarchies aussi dans le cadre…
Europe 1 : C'est-à-dire que vous répétez : « je désapprouve, je ne condamne pas. »
Luc Guyau : Je répète que je désapprouve.
Europe 1 : Pourquoi les agriculteurs s'en sont-ils pris aussi violemment aux écologistes en général, quelquefois à Daniel Cohn-Bendit et souvent, comme cette fois-ci, de manière assez scandaleuse, à Mme Voynet ?
Luc Guyau : Je crois qu'il faut d'abord prendre bien les choses. C'est-à-dire que, si les agriculteurs – ceux-ci comme tous les autres qui étaient en action syndicale le même jour, parce qu'il y en avait une quarantaine de départements qui était en action syndicale – se sont manifestés, c'est parce qu'il y a justement une inquiétude, un doute sur l'avenir, une grosse préoccupation.
Europe 1 : Pourquoi elle ?
Luc Guyau : Pourquoi ces agriculteurs sont allés vers Mme Voynet ? Sans doute, d'une part parce qu'ils ont considéré qu'elle était solidaire dans le cadre du gouvernement. Deuxième point, parce qu'il y a en chantier des positions qui sont prises ou à prendre concernant les taxations sur les activités de l'agriculture dite polluantes, c'est-à-dire qu'avant qu'on travaille, on veut nous mettre des taxes supplémentaires sur les engrais, sur les phytosanitaires pour essayer de polluer moins. Alors que nous, nous souhaitons beaucoup plus d'actions et de prévention.
Europe 1 : D'accord, mais est-ce que c'est par la menace, les coups et les dégradations qu'on arrive à se faire comprendre ?
Luc Guyau : Non, du tout et c'est bien pour cela que nous avons dit que nous désapprouvions cette action syndicale qui ne correspond pas à la démarche syndicale de la FNSEA.
Europe 1 : Quel est ou quelles sont les vraies cibles pour la FNSEA ?
Luc Guyau : Aujourd'hui, les principaux responsables, après qu'il y ait eu la Commission européenne dans le cadre de ses propositions qui n'a jamais voulu bouger de position – M. Fichler est un têtu de première, là-dessus, c'est clair –, aujourd'hui, c'est le gouvernement français, dans son ensemble, Premier ministre, ministre des finances, ministre de l'agriculture et avec le président de la République qui sont responsables de cette négociation.
Europe 1 : Mais la position de la France va être bouclée, sans doute, demain en Conseil restreint à l'Élysée. Il y a un accord. Mais est-ce que, vous, vous voyez des différences entre Chirac d'un côté, Jospin, Glavany de l'autre ?
Luc Guyau : J'ai eu l'occasion de les rencontrer tous les trois, et particulièrement M. Jospin et M. Chirac la semaine dernière. Je leur ai tenu le même discours et ils me tenaient aussi le même discours : celui de dire qu'il faut absolument sauvegarder une politique agricole pour les agriculteurs et pour l'ensemble de la société européenne.
Europe 1 : Mais quand ils vous le disent, vous les croyez ?
Luc Guyau : Tant qu'il n'y a pas de décisions contraires, je les crois. Mais justement les actions syndicales et les pressions syndicales que nous faisons aujourd'hui, c'est pour bien leur montrer qu'il n'y a pas que Luc Guyau, responsable, qui tient ces propos, mais que tous les agriculteurs sont derrière lui et que nous les attendons pour qu'ils ne reculent pas car la négociation va être dure.
Europe 1 : Vous voulez dire que, dans toutes ces manifestations à travers de la France – elles ont commencé et se déroulent partout –, vous manifestez pour soutenir MM. Chirac et Jospin ?
Luc Guyau : Nous manifestons surtout pour une Europe qui tienne compte de ses agriculteurs avec toutes les dimensions de l'Europe. Et, dans ce cadre-là, si le président de la République et le Premier ministre vont dans le sens des agriculteurs et de la société tout entière, donc dans la construction d'une Europe qui respecte ses hommes, ses produits et ses territoires, alors je n'ai pas peur de le dire : nous soutenons le gouvernement et le président de la République. Mais, par contre, s'ils font marche arrière, c'est à eux que nous demanderons les comptes.
Europe 1 : Vous pensez que la France peut aller à la crise avec les Européens pour cela ?
Luc Guyau : Je dirais que ce n'est même pas la France qui peut aller à la crise, cela peut être l'Europe, parce qu'aujourd'hui il n'est pas possible, il n'est pas envisageable, au moment où l'on met l'euro en place, la monnaie unique, de détruire la première politique européenne, la politique agricole commune. Au moment justement où on nous demande de plus en plus, aux agriculteurs, bien sûr de produire en quantité, en qualité mais d'assurer de multiples fonctions sur l'ensemble de la société. Plus on détruit le nombre d'emplois dans l'agriculture, plus on détruit le revenu des agriculteurs, moins c'est possible de le réaliser. Donc, c'est l'avenir de l'Europe même qui est en cause.
Europe 1 : Mais est-ce que cela peut durer comme avant, parce qu'il faut rappeler que 170 milliards des dépenses publiques vont à l'agriculture en France et que 75 milliards reviennent de Bruxelles. La réforme de M. Santer et de M. Fichler, c'est un moindre revenu de combien ?
Luc Guyau : Première chose, il faut bien faire attention : l'agriculture consomme 50 % ou presque 50 % du budget. Mais cela ne représente que 0,5 % du produit intérieur brut pour toutes les missions qui le lui sont confiées, c'est peu de choses. Nous sommes, comme nous l'avons été par le passé, depuis quarante ans, d'accord pour des évolutions. Nous avons connu des quotas laitiers.
Europe 1 : Je vais rappeler que pour la PAC, vous avez déjà gueulé les premières fois et puis après. Vous êtes un peu ingrats parce qu'après elle vous a sauvés, elle en a sauvé beaucoup des agriculteurs ?
Luc Guyau : Je crois qu'il ne faut pas dire cela tout fait parce que M. Fichler, le commissaire européen, c'est toujours ce qu'il dit : « mais, en 1992, vous avez criez haut et fort et puis, en réalité, cela ne s'est pas si mal passé. » Parce qu'on a fait changer les positions qui étaient engagées. Deuxième chose, parce qu'il y a eu quelques marchés mondiaux qui se sont améliorés et qui ont amélioré la situation, mais surtout, troisième chose qu'on oublie complètement, c'est qu'en 1992, il y a eu en France une conférence annuelle avec M. Bérégovoy qui a permis une réduction de charges qui représente près de 6 % de revenus en plus par an depuis 1992.
Europe 1 : En fait, la commission Santer veut, pour les années 2000, une agriculture européenne compétitive, capable de rivaliser sur le marché mondial avec les Australiens, les Américains, les Argentins, etc. Vous trouvez que c'est trop libéral ?
Luc Guyau : Tout à fait et je suis un peu scandalisé de ce qui se passe en Europe aujourd'hui. Nous avons quinze pays qui sont sous gouvernement socialiste ou social-démocrate. Plus on a de gouvernements sociaux-démocrates, plus la Commission est d'un libéralisme outrancier. C'est-à-dire qu'elle ne pense que marché mondial. Et c'est quoi un marché mondial d'un produit ? Mais ce n'est rien du tout ; c'est un marché d'excédents qui n'a pas de relations économiques.
Europe 1 : Mais est-ce que, pour les céréaliers, ça va durer comme maintenant parce qu'ils en ont beaucoup profité avec leurs grandes surfaces ? La viande bovine, est-ce que ça va rester comme ça ? Qu'êtes-vous prêts à accepter comme effort pour rééquilibrer ou donner plus d'équité à l'ensemble ?
Luc Guyau : Si nous contestons les propositions telles qu'elles ont été faites, nous ne sommes pas opposés à des évolutions. Mais aujourd'hui, baser une politique agricole commune uniquement sur la baisse des prix avec des compensations partielles – donc ne pas assurer le revenu et mettre encore un peu plus les agriculteurs au banc des accusés – nous ne pouvons pas l'accepter. Remettre en cause l'organisation commune des marchés, c'est-à-dire ce qui permet d'éviter les grandes fluctuations. Et puis, si on veut faire des économies, il n'y a qu'à pas toucher, par exemple, à la politique laitière dont tout le monde reconnaît qu'elle est satisfaisante, qu'elle ne coûte pas cher. Et ce que l'on nous propose coûtera le double.
Europe 1 : Les Allemands de Gerhard Schröder veulent moins payer. Que leur dites-vous ?
Luc Guyau : Je comprends que les Allemands veuillent moins payer au niveau européen. Mais je crois que la comptabilité, telle qu'elle est faite, n'est pas satisfaisante parce que les Allemands comptent simplement sur la politique agricole et sur le budget. Mais l'Allemagne a bénéficié aussi de beaucoup d'autres avantages qui ne sont pas comptabilisés. Alors, si on doit discuter du coût de l'Europe en général, il faut parler des Allemands, du chèque anglais, il faut parler du socio-structurel et de la cohésion au niveau de l'Espagne. À ce moment-là, la France peut peut-être faire quelques efforts.
Europe 1 : Quand je vous écoute, je pense que, même s'il y a du grabuge en Europe, tant pis.
Luc Guyau : Je crois qu'aujourd'hui, les échéances des semaines qui viennent sont tellement importantes, au-delà de l'agriculture, pour l'Europe, pour sa construction, pour son équilibre et pour son rayonnement dans le monde, que, s'il faut vraiment aller à la crise, il faudra aller à la crise.
Europe 1 : Deux questions rapides. Si vous n'obtenez pas satisfaction, est-ce que les agriculteurs chercheront un vote sanction aux européennes ?
Luc Guyau : Je ne sais pas comment les agriculteurs, mais c'est vrai que, quelques mois avant les élections, on peut s'attendre à ce que les agriculteurs soient mécontents et l'expriment dans le cadre de leur vote.
Europe 1 : C'est du chantage ?
Luc Guyau : Non, ce n'est pas du chantage. C'est la réalité.
Europe 1 : C'est classique chez vous.
Luc Guyau : Non, mais les agriculteurs ont toujours été très européens. Ils croient en l'Europe, mais ils croient à une vraie Europe, celle qui porte sur l'avenir et qui sait faire rayonner l'Europe dans le monde.
Europe 1 : Le 16 mars, lors du congrès de la FNSEA, vous allez demander un nouveau mandat. C'est le même. Vous le demandez ou vous ne le demandez pas ?
Luc Guyau : Je le demande. Je suis candidat à ma propre succession.