Articles de M. Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, dans "La lettre de la nation magazine" des 3, 10, 17, 24 et 31 mai 1996, sur le bilan de la politique gouvernementale, notamment le budget 1997, le système éducatif et la réforme du service national.

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Média : La Lettre de la Nation Magazine

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La Lettre de la Nation Magazine : 3 mai 1996

Un an après, le changement est en marche

Il y a un an, le 7 mai 1995, Jacques Chirac était élu Président de la République. À deux ans des prochaines échéances électorales et au début d'un septennat dont toute la durée sera nécessaire pour achever les réformes de fond voulues par le Président, l'heure n'est certes pas venue de faire un bilan.

N'oublions pas en effet quatorze ans de présidence et deux ans de gouvernements socialistes qui continuent de toute évidence à jouer un rôle déterminant dans la situation économique, sociale, politique et même psychologique de la France.

Il aurait été illusoire de croire qu'on pouvait remédier à toutes les difficultés en quelques mois. Mais ceux-ci ont toutefois été suffisants pour affirmer des convictions, une méthode et des objectifs.

Nos finances sont en voie d'assainissement. Cinquante milliards de francs ont d'ores et déjà été économisés sur les dépenses de l'État en 1995 et le déficit budgétaire est en baisse de 10 % en 1996, ce qui représente l'effort le plus important réalisé depuis vingt ans.

Conjugué à l'effet de mesures concrètes telles que le prêt à taux zéro ou le contrat initiative-emploi, cet effort d'assainissement trouve depuis quelques semaines une première récompense avec un regain de confiance.

Dans le même temps, le Président de la République et le gouvernement ont engagé notre pays sur la voie de ces réformes de fond éludées par les socialistes et rendues plus délicates encore par l'urgence.

Enfin, la France a retrouvé dans le monde le rang et la voix qu'elle avait perdus.

Cet effort va être poursuivi et amplifié dans les mois à venir.

La force militante du Rassemblement pour la République, la première de France avec plus de 151 000 adhérents, est, dans cette perspective, un atout précieux, pour appuyer, expliquer et promouvoir les actions du gouvernement, pour relayer les aspirations de nos concitoyens mais aussi pour réfléchir et proposer.

Nous avons, de ce point de vue, fait la preuve à plusieurs reprises au cours des derniers mois – que ce soit sur l'Europe ou, actuellement, sur la défense – de notre capacité de débat et d'ouverture sur l'extérieur.

Notre mouvement est en ordre de marche. Reflet de notre société, il en partage les espoirs et les appréhensions, sans cultiver pour autant d'états d'âme.

Ensemble, nous pouvons avec confiance poursuivre sur le bon chemin. Telle est la conviction que nous allons réaffirmer le 5 mai à Paris, avec Alain Juppé.


La Lettre de la Nation Magazine : 10 mai 1996

Réussir le changement, préparer la victoire

Le rassemblement des cadres et des élus du Mouvement, le 5 mai dernier à Paris, autour d'Alain Juppé, a donné la mesure de la mobilisation du Rassemblement.

En un an, aux côtés du gouvernement, nous avons d'ores et déjà parcouru un long chemin sur la voie du redressement de la France. L'annonce, il y a quelques jours, d'une baisse générale au mois de mars du nombre des demandeurs d'emploi en apporte une nouvelle preuve et conforte les signes de relance accumulés depuis plusieurs semaines.

Nous devons à présent poursuivre cet effort sans relâche. C'est l'objectif quotidien du gouvernement, comme le montre encore la tenue, le 6 mai dernier, d'une conférence sur la politique familiale destinées à répondre aux attentes nées de l'inaction de deux septennats socialistes.

Ne nous leurrons pas : c'est en effet avant tout sur notre capacité à répondre, pour le présente et pour l'avenir, aux craintes et aux espoirs de nos concitoyens que nous serons jugés en 1998.

Nous devons d'autant plus avoir à cœur de remporter cette échéance qu'elle sera déterminante pour permettre à Jacques Chirac de mener à leur terme, durant la deuxième partie de son premier septennat, les réformes profondes – comme celles de notre protection sociale, de la défense, de l'éducation, de la fiscalité – dont la France a besoin et dont certaines sont déjà engagées.

Au vu de l'enthousiasme manifesté par les participants à la convention du 5 mai, je suis pour ma part plus que jamais convaincu que notre mouvement continuera d'être à la hauteur des missions qui lui incombent : soutenir la politique du gouvernement et réfléchir, parallèlement, avec nos concitoyens, à de nouvelles propositions pour l'avenir.

Les contrats d'objectifs signés entre les fédérations et le Centre national contribueront utilement à lui en fournir les moyens.

Le succès de la campagne d'adhésion « 1 + 1 » que nous avons lancée le 5 mai sera, dans l'immédiat, le meilleur signe de la vitalité, sur le terrain, du Rassemblement. Je compte tout particulièrement sur vous pour y consacrer toute votre énergie.

Le cap est fixé. Le Mouvement est en ordre de marche, dans la confiance et la sérénité. C'est maintenant à chacun d'entre nous de jouer.


La Lettre de la Nation Magazine : 17 mai 1996

Le choix de la responsabilité

L'organisation cette semaine au Parlement, à l'initiative du gouvernement, d'un débat pour préparer le budget 1997 est à bien des titres riches d'enseignements.

Tout d'abord parce que ce débat apporte une nouvelle preuve concrète de la volonté de Jacques Chirac et d'Alain Juppé de rendre aux élus du peuple le pouvoir qui leur revient. Un an après le 7 mai 1995, c'est encore un engagement tenu.

Ce débat, initiative originale, confirme également la volonté déterminée démontrée depuis un an par le gouvernent d'en finir avec la logique d'un État toujours plus dépensier et moins efficace. Après avoir pris en 1995 les mesures d'urgence rendues indispensables par l'état très dégradé de nos finances, Alain Juppé et son équipe engagent là une véritable réforme de fond, ouvrant la voie à la réduction des impôts.

Enfin, ce débat budgétaire démontre avec éclat la coopération franche et loyale qui unit le gouvernement et sa majorité. Il est à cet égard le meilleur démenti que l'on puisse apporter à certains commentateurs, toujours prompts à identifier des querelles là où il  n'y a que des débats et des divisions là où se trouve l'union.

Un journaliste peu suspect de complaisance à l'égard du gouvernement relevait il y a quelques jours que ce débat souhaité par Alain Juppé comportait un « haut risque politique ». C'est justement là ce qui différencie peut-être le plus profondément l'action du gouvernement d'Alain Juppé de cette poursuivie durant deux septennats et dix ans de gouvernements socialistes.

Le Premier ministre n'élude pas les difficultés, il les affronte. Il ne dissimule pas les problèmes, il s'y attaque résolument. Il ne cache pas la vérité aux Français mais leur tient le discours de la franchise et de la responsabilité.

Alors, oui, il y a, c'est certain, dans ce choix un « risque politique » : celui qui va toujours de pair avec le courage et le refus de la résignation. Mais c'est un risque bien peu préoccupant au regard du péril financier, économique, moral, humain, qui menaçait notre pays.

Nous gaullistes, savons bien que la politique ne consiste pas à calculer les risques pour s'en protéger mais à savoir les affronter au nom de l'intérêt supérieur du pays.

Du moins Alain Juppé peut-il compter dans cet effort sur le soutien loyal et constant de toute sa majorité.

Le Rassemblement pour la République, pour sa part, continuera avec ardeur à mener, avec vous, auprès des Français au premier rang, ce combat pour la France.


La Lettre de la Nation Magazine : 24 mai 1996

Pour une véritable égalité des chances

Une réforme de fond de notre système éducatif est aujourd'hui indispensable. Regardons les choses en face : face à un monde dont les contraintes ont changé, l'Université – à laquelle les enseignants, dans leur immense majorité, apportent pourtant beaucoup de dévouement et beaucoup de compétence – apparaît par bien des aspects décalée, en partie déconnectée de la réalité.

Nous avons aujourd'hui toujours plus d'étudiants et toujours moins de jeunes diplômés armés pour s'insérer dans la vie active. Cela ne peut plus durer : nous n'avons pas le droit de laisser plus longtemps l'Université désespérer notre jeunesse.

À l'heure où l'évolution démographique de notre pays annonce à échéance de quelques années la baisse programmée des effectifs à tous les niveaux d'études, il est impératif que nous rompions avec une logique dépassée selon laquelle plus d'argent génère un système éducatif plus efficace.

Nous devons, dans cette perspective, faire œuvre d'imagination et de responsabilité pour passer d'une logique quantitative à une logique qualitative, pour dépenser non pas plus mais mieux. Cette exigence nous est familière : c'est celle dont Jacques Chirac et Alain Juppé se sont faits les défenseurs et les illustrateurs.

Devant un tel enjeu, qui concerne directement l'avenir de la communauté nationale, faut-il envisager de recourir, pour engager concrètement la réforme, à l'organisation d'un référendum ?

Celui-ci aurait l'avantage de relayer, au plan national et devant tous les Français, le débat que nous poursuivons aujourd'hui. Il éviterait, ensuite, que cette réforme déterminante pour l'avenir de toute la communauté nationale puisse, dans sa décision, être le fait d'une minorité de spécialistes. Lorsque l'avenir du peuple est en question, n'est-il pas normal que ce soit le peuple souverain qui tranche ? Peut-être est-ce davantage qu'une simple question de méthode, même si, encore une fois, nous n'en faisons pas le centre du débat.

L'essentiel est en effet ailleurs. L'essentiel, c'est la nécessité pour nous de répondre au défi lancé par l'évolution de la société au monde de l'éducation.

Le Président de la République, le Premier ministre et le gouvernement ont fait la preuve de leur détermination à mener à bien cette tâche.

Nous serons à leurs côtés, pour conforter toujours davantage une véritable égalité des chances.

Tel est le sens de la réflexion que nous avons engagée depuis plusieurs moins et que nous allons poursuivre dans les prochains jours, partout en France, avec les étudiants, avant que notre Bureau politique n'arrête pas nos propositions au mois de juin.


La Lettre de la Nation Magazine : 31 mai 1996

Une défense pour le XXIe siècle

Le 22 février dernier, le Président de la République avait part aux Français de sa volonté d'engager notre pays sur la voie de la professionnalisation de nos armées et de son souhait que s'engage, à travers tout le pays, un large débat sur l'avenir de notre défense et du service national.

Ce faisant, Jacques Chirac tenait l'engagement qu'il avait pris durant sa campagne présidentielle. Il faisait également face avec le courage et la lucidité dont il a fait preuve depuis un an à de multiples reprises, aux responsabilités de sa charge.

Les difficultés, pourtant, ne manquaient pas, dues en particulier à l'inaction et à l'aveuglement manifestés durant deux septennats et dix ans de gouvernements socialistes.

Le Président de la République, en véritable gaulliste, n'a pas hésité à prendre le problème à bras-le-corps, parce que l'indépendance de la France et la sécurité des Français étaient en jeu.

La consultation qu'il a souhaitée, et dans laquelle notre mouvement a tenu une nouvelle fois toute sa place de première formation politique de notre pays, a permis d'informer nos concitoyens et d'identifier des pièges que nous devions éviter.

Je pense en particulier à la confusion toujours possible sur le rôle qui doit être assigné à nos armées. Il faut être de ce point de vue très clair : il ne revient pas à nos forces de défense de remplacer la famille, l'école ou de participer à l'aménagement du territoire.

De même, il était important de prendre garde, comme le soulignait le général de Gaulle il y a plus de soixante ans à ne pas préparer la guerre précédente.

À cet égard, la suppression du service national obligatoire dès le 1er janvier 1997, annoncée par le Président de la République au terme de ce débat, correspond aux exigences auxquelles est aujourd'hui confronté notre pays.

Elle y répond en préservant, à travers l'organisation d'une rencontre entre le Nation et sa jeunesse, le lien qui unit traditionnellement les citoyens aux armées.

De même, l'instauration d'un service national volontaire permettra aux jeunes qui le souhaiteront de continuer à servir leur pays, sous les armes ou dans le cadre d'un service civil.

Notre mouvement ne peut que se féliciter de ces choix qui recoupent largement les orientations arrêtées par son Conseil national du 23 mai dernier.

Ils engagent concrètement la France sur la voie d'une défense moderne et efficace à l'horizon du XXIe siècle.