Texte intégral
Mesdames,
Messieurs,
Depuis le Conseil européen de Madrid au mois de décembre dernier, nous sommes clairement passés, s'agissant de l'euro, du « Pourquoi ? » au « Comment ? ».
Une monnaie pour nos compatriotes, ce sont avant tout des pièces et des billets. Le concours destiné à sélectionner les dessins pour les futurs billets de banque en euro a été lancé en avril dernier par l'Institut monétaire européen.
J'ai le plaisir de lancer aujourd'hui le concours français et européen pour la gravure des pièces de l'euro.
J'aurai également le plaisir de vous présenter les résultats de l'état initial de l'opinion publique française sur l'euro.
Michel BARNIER devait se joindre à moi pour cette manifestation. Il est retenu à Rome aujourd'hui pour la préparation du prochain Conseil européen de Florence.
1. Le lancement du concours pour la gravure des 8 pièces de l'euro :
Conformément au scénario arrêté à Madrid, les nouvelles pièces de l'euro seront mises en circulation le 1er janvier 2002. Il y aura 8 pièces, allant de 1 cent, c'est à dire un centième d'euro, à 2 euro, soit environ 13 FF, au cours actuel de l'Ecu.
Chaque pièce aura une face commune à tous les pays de l'union monétaire, ce sera le revers où figurera la valeur faciale, et une face dite nationale avec un motif propre à chacun des pays mais toujours entouré des douze étoiles de l'Europe, disposées en cercle.
Bien entendu, toutes les pièces de l'euro, comme les billets, pourront être utilisées dans tous les pays de l'union monétaire.
Ce concours a un double but :
– décider les dessins pour les faces nationales des futures pièces françaises de l'euro ;
– choisir, pour chaque pièce, trois projets de face commune européenne, qui concourront ensuite avec trois autres projets issus de chacun des autres pays de l'union européenne.
Quels sont les thèmes à représenter sur ces pièces ?
Pour la face commune, les artistes peuvent choisir entre trois thèmes :
– des éléments d'architecture et des motifs décoratifs de tous styles ;
– les buts, idéaux et symboles de l'Union européenne ;
– enfin des personnalités européennes ayant compté dans l'histoire.
Pour la face nationale, il y aura deux éléments obligatoires : les 12 étoiles de l'Europe et la mention « République Française ». Pour le reste, le sujet est laissé à la libre inspiration des artistes : un symbole de la France ou de la République, un idéal un personnage célèbre, un monument, un site ou une oeuvre d'art...
Le concours est doté de prix au niveau français et au niveau communautaire.
Le règlement détaillé du concours est disponible à partir d'aujourd'hui à la direction des monnaies et médailles.
Les dessins devront être envoyés d'ici le 15 octobre 1996 au plus tard. Les résultats définitifs du concours au niveau français et au niveau européen seront connus en mai 1997.
Je voudrais souligner deux points essentiels :
1. Ce concours constitue une étape majeure de la réalisation de la monnaie unique européenne. Nous entrons véritablement dans les préparatifs les plus concrets. Une fois dessinées, ou plus exactement gravées, les pièces seront frappées à raison de 7 millions de pièces par jour pendant 1 000 jours dès 1998.
2. Je fais appel au talent créateur de nos artistes et de toutes celles et tous ceux que cela intéresse. Ce concours est ouvert à tous. Il s'agit de concevoir pour la France et l'Europe du XXIe siècle les plus belles pièces du monde. Ce concours représente une occasion unique et historique d'exprimer par la voie artistique au travers de nos futures monnaies, ce que représentent la France, la République et l'Europe unie.
Je souhaite que nous ayons de nombreux projets et des projets de qualité.
2. Présentation des premiers résultats de l'observatoire de l'euro :
Le conseil des ministres du 31 janvier 1996 a décidé d'arrêter, à la fin du premier semestre de cette année, un plan de communication sur six ans pour préparer les français à l'arrivée de l'euro.
Pour élaborer ce plan de communication, la démarche s'est voulue à la fois pragmatique et méthodique.
Elle a consisté, tout d'abord, à mesurer les points d'adhésion ou éventuellement de rejet des Français à l'égard de la monnaie unique, de connaître leurs attentes et leurs besoins d'information. Une enquête qualitative, confiée à la société IPSOS, a été réalisée durant le mois de mars auprès du grand public tant à Paris qu'en province. Elle a fait apparaître une forte structuration des perceptions sur le passage à la monnaie unique en fonction du niveau de revenu des Français.
Cette première étape a permis de construire un questionnaire quantitatif qui a été administré par la SOFRES du 4 au 9 avril dernier.
Cet « observatoire de l'euro » qui sera réalisé périodiquement – environ deux fois par an – poursuit un triple objectif :
– suivre l'état de l'opinion sur l'euro ;
– mesurer ultérieurement la perception, par le public, des décisions qui seront prises par le gouvernement dans ce domaine ;
– évaluer enfin l'impact des actions de communication engagées sur l'euro.
J'ai souhaité rendre public les résultats de cette première vague. Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?
1. Tout d'abord, 57 % des français se déclarent spontanément favorables à la mise en place de la monnaie unique. La France se situe ainsi parmi les pays dont l'opinion publique est le plus favorable à l'euro. Mais des clivages importants apparaissent, selon la catégorie sociale, selon le sexe et non comme on pouvait s'y attendre selon le critère d'âge.
2. S'ils sont relativement confiants sur les conséquences macro-économiques du passage à la monnaie unique, une courte majorité de Français (51 %) voit venir cette échéance avec une relative inquiétude.
Ce sont principalement les difficultés concrètes qu'ils risquent de rencontrer dans leur vie quotidienne qui inquiètent nos compatriotes : calcul mental, affichage des prix. Plus curieusement, on note une certaine inquiétude sur le pouvoir d'achat, l'épargne et la stabilité des prix.
Mais une nette majorité pense que ces difficultés seront faibles ou passagères (60 %).
3. Même si le nom de la monnaie, l'euro, et la logique d'ensemble du processus sont majoritairement connus, les Français s'estiment, pour 77 % d'entre eux, mal informés.
Ils privilégient une information écrite sous forme de dépliants ou de brochures, disponible dans des lieux de proximité : les banques et les mairies, venant loin devant les autres lieux publics.
Vous trouverez dans le dossier qui vous a été remis le détail des résultats de cette étude. Ils sont essentiels à mes yeux, car ils doivent orienter les travaux que nous menons pour préparer le plan de communication du gouvernement sur le passage à l'euro.
Ce plan vous sera présenté avant le 15 juillet prochain. Il nous permettra d'adopter une démarche rigoureuse et cohérente dans la durée.
L'arrivée de l'euro constitue en effet pour le gouvernement une échéance majeure. Changer de monnaie est une opération de grande envergure et d'importance capitale.
La confiance est au coeur du contrat qui lie le citoyen à la monnaie. En tant que ministre de l'Économie et des Finances, je me considère comme le dépositaire de cette confiance et je place donc la réussite de l'arrivée de l'euro en tête de mes priorités d'action.
Il conviendra de mobiliser tous les relais disponibles dans cette optique. J'ai commencé à le faire, puisque je me suis rendu la semaine dernière à Valenciennes dans le Nord, pour rencontrer des élèves de lycée et des entrepreneurs.
J'ai voulu montrer par là le rôle déterminant que devront jouer l'Éducation nationale et le réseau des chambres de commerce et d'industrie dans la préparation de cette échéance capitale pour notre pays.
Je vous remercie.