Interview de M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville, dans "Le Parisien" le 3 mars 1999, sur l'accueil de jeunes des banlieues dans les stations de ski et villes balnéaires dans le cadre des opérations "Ville Vie Vacances" (VVV).

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Le Parisien :
Redoutez-vous que les quelques incidents dans les stations, notamment à La Toussuire et à Ancelle, remettent en cause votre action ?

Claude Bartolone :
Absolument pas. Au contraire, ils la justifient. Ces petits incidents, qui sont vraiment minoritaires, renforcent notre projet « Ville vie vacances » (VVV) et prouvent que, sans une bonne préparation sur les sites d’accueil, quelques départs en vacances peuvent déraper.

Le Parisien :
Quelle est votre priorité pour garantir des séjours sans problème ?

Claude Bartolone :
Un plan de coordination qui concerne les villes de départ et d’accueil des 13-18 ans. Il est essentiel, en effet, que les villes soient en relation. Par ailleurs, je tiens également, une fois que les jeunes sont en vacances, à mettre en place des « cellules de veille » avec des éducateurs compétents et performants, qui suivront le séjour de ces adolescents et jeunes adultes, pendant la journée et dans la soirée. Ces éducateurs veilleront à ce que les jeunes puissent profiter de leur séjour tout en respectant les règles du jeu.

Le Parisien :
Estimez-vous pouvoir éviter les dérapages de cette manière ?

Claude Bartolone :
Je le pense, oui. En tout cas, nous faisons tout pour. Par ailleurs, il est important de préparer ces séjours plusieurs mois à l’avance, pour impliquer également les jeunes. Ceux qui font l’objet d’un suivi judiciaire, et les autres, ceux qui ont droit à une « respiration » et qui n’ont jamais profité des centres ou bien des colonies de vacances.

Le Parisien :
Quand des jeunes des cités défavorisées partent en vacances, arrive-t-il que certaines villes soient réticentes à les accueillir, qu’elles s’opposent aux projets ?

Claude Bartolone :
Non, bien sûr que non. Aucune station de ski ni ville balnéaire n’a jamais refusé de les accueillir puisque notre projet apporte la garantie que les séjours se dérouleront dans les meilleures conditions possibles. Et, au contraire, les villes sont demandeuses. Elles recherchent cette sécurité.

Le Parisien :
La compétence des éducateurs est-elle importante ?

Claude Bartolone :
Essentielle. Je viens d’ailleurs d’adresser une circulaire aux préfets, leur demandant d’être très vigilants, sur ce point particulier.

Le Parisien :
Pensez-vous que les incidents qui ont eu lieu ces dernières semaines dans les stations soient liés au manque de formation du personnel d’encadrement ?

Claude Bartolone :
Oui. Et par ailleurs, les séjours improvisés pour ces jeunes risquent toujours de déraper. Les incidents de La Toussuire et d’Ancelle le prouvent. Nous, nous proposons un outil sécurisant.

Le Parisien :
Quelles leçons tirez-vous de ces dérapages et que retenez-vous pour l’été prochain ?

Claude Bartolone :
Il ne faut pas organiser de départs « industriels », car il ne s’agit pas de déplacer les banlieues à la campagne, au ski ou bien à la mer. Il faut mettre en place des séjours pour des petits groupes de jeunes. Et, surtout, prendre le temps de préparer ces vacances, avec les jeunes, dans les villes de départ et avec les villes d’accueil.