Interview de M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement des transports et du logement, à RTL le 17 mars 1999, sur le nombre élevé de jeunes victimes d'accidents de la circulation.

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RTL : A quoi attribuez-vous cette montée des accidents et des victimes de la route, alors que les conducteurs français étaient, semble-t-il, redevenus raisonnables.

Jean-Claude Gayssot : Franchement, je crois que – alors que pendant plusieurs années – presque deux décennies – une mobilisation réelle contre l’insécurité routière a été opérée dans notre pays – que depuis quelques années maintenant, on assiste à une sorte de fatalité. Il y a depuis, maintenant, plus d’un an, un relâchement en ce qui concerne les comportements, et il faut changer la donne. C’est ce à quoi le Gouvernement s’est attelé dans le précédent Comité interministériel de la sécurité routière.

RTL : Quelles sont les mesures que vous envisagez de prendre pour enrayer efficacement cette montée des hécatombes sur la route ?

Jean-Claude Gayssot : Cela touche à la fois à la prévention, à la formation, à l’éducation, ça touche aussi à la sanction et au contrôle. C’est sur cette palette de mesures qu’il nous faut agir. On a quelques éléments qui montrent que, pour le mois de février 1999, il y a une réduction – je ne vends pas la peau de l’ours, car je sais que c’est sur un long travail qu’il faut agir – mais une réduction, disons, de près de 6 ou 7 %, en février, du nombre de tués. Comment l’expliquer sinon par la mobilisation qui a été amenée, suite à tout ce qui s’est passé lors des fêtes de la Saint-Sylvestre ; une mobilisation plus grande de tous les acteurs, et avec une réduction du nombre de tués en février, de l’ordre de 7 % par rapport à février 1998.

RTL : Ces statistiques révèlent la forte progression du nombre de jeunes victimes de la route.

Jean-Claude Gayssot : Absolument et c’est dramatique ! Il y a une augmentation de près de 9 %, c’est 1 825 jeunes, de 18 à 24 ans, qui ont été tués l’an dernier. C’est-à-dire qu’ils représentent près de 22 % de tués sur les routes ! Ça veut dire que ce sont eux les premières victimes de l’insécurité routière. C’est pourquoi j’ai fait, en janvier, une table-ronde avec Mme Ségolène Royal et avec Mme Marie-Georges Buffet, pour voir comment on pouvait associer encore plus activement les jeunes à cette lutte pour la vie. Nous allons lancer une « Opération label vie » où nous allons associer tous les projets des jeunes sur toutes les initiatives et projets pour réduire le nombre de tués sur les routes. Mais vous voyez, qu’il s’agisse de ce qu’on appelle « l’après troisième mi-temps », parce qu’on a vu aussi des sportifs se tuer, c’est souvent le samedi, le dimanche que les choses se passent, ou la nuit, à la sortie des discothèques – qu’il s’agisse dont s’associer les fédérations sportives ou la fédération de l’hôtellerie, nous avons enclenché un travail pour pouvoir mobiliser tout le monde.

RTL : Quand sera appliqué, par exemple, « le délit de grande vitesse » ?

Jean-Claude Gayssot : Le projet de loi qui vient de passer en deuxième lecture, hier, à l’Assemblée nationale, maintenant va aller en navette pour être totalement adopté. On peut penser que, d’ici le mois de juin les choses seront réglées et que la loi pourra s’appliquer.