Texte intégral
L’Evénement du 18 février 1999
L'Evénement :
Robert Hue, êtes-vous un communiste mutant ?
Robert Hue : Si, par là, vous voulez dire que je porte un regard lucide sur l’état réel du parti, sur ses rapports à la société, et qu’il faut poursuivre cette mutation, alors oui je suis un mutant.
L’Evénement :
Mais visiblement cette mutation fait peur dans le parti et certains nostalgiques s’organisent contre vous…
Robert Hue : Je comprends que des communistes puissent s’interroger sur les choix que je propose et qui sont en rupture avec le passé. Mais, à chaque fois qu’il y a eu des efforts de novation, il y a eu des gens qui se sont opposés, qui se sont repliés. C’est normal. Moi, je ne choisis pas ce repli, je pense que la meilleure façon d’être communiste aujourd’hui, c’est de s’ouvrir à la société. L’organisation communiste doit se nourrir de ce qui bouge dans la société.
L’Evénement :
Organisation ? Vous supprimez carrément le parti ?
Robert Hue : Non bien sûr ! Je pense qu’on a un peu le fétichisme des mots, dans ce pays. L’évolution de l’organisation passe par la modification du concept de parti. La structure doit-être au service de l’individu, pas le contraire.
L’Evénement :
Et le mot « communisme », vous pensez qu’il restera adapté au XXe siècle ?
Robert Hue : Le mot « communisme » a été altéré par ce qui s’est fait en son nom par le passé. Mais le communisme en France, c’est aussi le Front populaire, la Résistance, la lutte contre les guerres coloniales. C’est très différent du mode de pensée soviétique. L’idée communiste est antérieure à 1917. C’est pourquoi il peut y avoir aujourd’hui un communisme neuf. D’ailleurs, la situation de la France est assez inédite puisque c’est le seul pays du G7 avec un PC au gouvernement. Après tout l’Inquisition n’a pas fait disparaître le catholicisme !
L’Evénement :
Quelle comparaison !
Robert Hue : Pourquoi, elle vous choque ou elle vous fait plaisir ?
L’Evénement :
Tout de même, il reste encore des modèles de PC au pouvoir : la Chine, le Vietnam, Cuba et la Corée du Nord. Ces références ne vous gênent pas ?
Robert Hue : D’abord, il n’y a plus de mouvement communiste international. Ensuite, nous avons des rapports avec toutes les forces progressistes, dont les communistes mais aussi les partis sociaux-démocrates.
L’Evénement :
Donc, vous vous sentez plus près de Tony Blair que Fidel Castro ?
Robert Hue : Non, non, je ne me situe pas comme ça. Moi, je juge sur pièces : quand je regarde Cuba, je vois d’abord ce blocus terrible et scandaleux. En même temps, cela ne m’empêche pas de me poser des questions sur la démocratie…
L’Evénement :
C’est une dictature, à vos yeux ?
Robert Hue : Non, non, on ne peut pas simplifier comme ça ! Il y a des choses qui ne me conviennent pas dans la façon de gouverner de telle ou telle force politique communiste au pouvoir, que ce soit à Cuba ou ailleurs, mais en même temps je ne mélange pas tout. Et puisque vous me parler de Blair, c’est pareil. Regardez la rapidité avec laquelle il se trouve confronté à des difficultés politiques dans son pays.
L’Evénement :
Parlons de l’Europe. En 1992, vous faisiez campagne pour le « non » à Maastricht, et maintenant vous êtes euro constructifs. Expliquez-nous…
Robert Hue : À l’époque, on nous disait : « La monnaie unique va apporter des réponses formidables à la société française, notamment une diminution sensible du chômage. » C’est ce que disaient les socialistes aux côtés de Giscard. On ne pouvait pas être d’accord. Aujourd’hui, la logique maastrichtienne est bousculée, on ne la voit plus comme une fin en soi ! Aujourd’hui, nous voulons dépasser Maastricht et réorienter l’Europe. Pour avancer dans la construction de l’Europe, il faut rompre avec le libéralisme. Ce que ne font pas les socialistes. C’est d’ailleurs pour ça que nous ne sommes pas sur la même liste qu’eux.
L’Evénement :
Les personnalités que vous prenez sur votre liste vont accentuer ce tournant vers l’Europe.
Robert Hue : Il est vrai que Geneviève Fraisse, qui conduit cette liste avec moi, a voté « oui » à Maastricht. Mais aujourd’hui, pour elle, le refus du libéralisme l’emporte. Quand je discute avec Lionel Jospin, je reprends trois des conditions qu’il posait sur l’euro. Le contrepoids politique à la Banque centrale ? Il n’existe pas. Substituer au pacte de stabilité un pacte d’emploi et de croissance ? Je ne le vois pas venir. Une parité avec le dollar favorable à l’euro ? On voit bien qu’il n’y a pas de miracle. La contradiction n’est pas chez nous, elle est chez les sociaux-démocrates. C’est pourquoi ma campagne sera très axée sur l’affirmation d’une Europe forte et progressiste face à la loi du marché imposée par l’Amérique et le dollar.
L’Evénement :
Comment avez-vous fait pour débaucher Roland Castro, Geneviève Fraisse et Fodé Sylla, alors que Georges Marchais n’a jamais réussi à récupérer les chrétiens ?
Robert Hue : Je n’ai débauché personne, simplement nous avons un discours loyal. Nous traduisons la mutation en actes en ouvrant la moitié de notre liste à des hommes, des femmes qui ne sont pas communistes.
L’Evénement :
C’est votre façon à vous de régénérer le communisme ?
Robert Hue : Je crois que le geste d’ouverture à la société que nous venons de proposer avec les européennes est aussi important que la main tendue aux catholiques par Maurice Thorez au moment du Front populaire !
L’Evénement :
Mais est-ce qu’on ne va pas dire : « Tiens, Robert Hue fait cette liste parce qu’il est plus à l’aise avec Fodé Sylla qu’avec certains membres ou dirigeants de son parti ?
Robert Hue : Non, pas du tout. Toutes les sensibilités du parti seront représentées sur la liste. Il n’y aura pas, d’un côté, les porteurs d’eau communistes et, de l’autre, des non-communistes qui seraient élus. La parité sera partout, y compris dans le nombre d’élus. Si nous avons, par exemple, dix députés européens - une éventualité forte mais possible -, la moitié d’entre eux seront communistes, l’autre non.
L’Evénement :
Vous ne croyez pas que Georges Marchais se retourne dans sa tombe quand il voit Air France privatisé sous la tutelle d’un ministre communiste des Transports ?
Robert Hue : D’abord, Air France n’est pas privatisé, il y a une prise de participation au capital qui ne signifie pas privatisation. En revanche, je n’accepte pas de voir France télécom privatisée. Ce n’est pas du tout les engagements pris en commun par le PC et le PS. Je regrette beaucoup cette politique de fuite en avant, vers les privatisations et l’inflexion libérale, qu’elle peut engendrer. Ce n’est pas le boulot d’un gouvernement de gauche. D’ailleurs, nous le critiquons fortement sur ce point…
L’Evénement :
Pas très fortement, tout de même…
Robert Hue : Si, si. Nous sommes dans la majorité plurielle, mais nous gardons toute notre capacité critique quand le gouvernement ne fait pas tout ce qu’il devrait faire, sur le terrain social notamment.
L’Evénement :
Certain parlent de « libéralisme de gauche », vous réagissez comment à cette expression ?
Robert Hue : Pour moi, c’est antinomique, le libéralisme ne peut pas être de gauche. C’est une façon détournée de parler du capitalisme. Appelons un chat, un chat. Je pense que le libéralisme, c’est une vaste hypocrisie. C’est la pire des choses : c’est vouloir prétendre à un humanisme, une conception d’une liberté qui n’est que la liberté des marchés financiers, de ceux qui ont les pouvoirs financiers d’écraser une bonne partie de l’humanité. Quand en gros 20% de la planète consomment 83% des richesses créées, c’est fou ! Le libéralisme est complètement antinomique avec l’idée de progrès social.
L’Evénement :
Mais vous ne pouvez plus prétendre supprimer l’économie de marché !
Robert Hue : Non, mais elle peut, en revanche, fonctionner dans une situation de mixité où l’efficacité sociale et l’emploi, la croissance, l’emportent sur la rentabilité financière. Le marché peut être autre chose. Il faut intervenir pour que l’efficacité sociale abolisse la domination des marchés ! Ce sont des réformes profondes…
L’Evénement :
En somme, c’est une conception sociale-démocrate classique.
Robert Hue : Absolument pas ! La social-démocratie ne vise pas le renversement du capitalisme…
L’Evénement :
Vous visez le renversement du capitalisme ?
Robert Hue : Je vise un dépassement, c’est évident ! Ma démarche est fondamentalement révolutionnaire ! N’en déplaise à ceux qui me situent ailleurs… En même temps, cette démarche révolutionnaire s’inscrit dans notre temps.
L’Evénement :
Quel schéma révolutionnaire ? Ce n’est plus celui de Lénine ?
Robert Hue : Je vous ai dit que le communisme à construire n’est pas celui du XXe siècle et de l’ère industrielle, mais celui de la révolution informationnelle et du XXIe siècle. Il faut des réformes profondes, de nature à s’attaquer au poids des marchés, à leur domination sur le crédit, l’investissement, les droits des salariés, etc. Des réformes qui modifient la nature de la domination capitaliste et permettent d’aller vers des changements révolutionnaires. Jaurès parlait d’ « évolution révolutionnaire », c’est une formule qui me convient.
L’Evénement :
Pourtant, le marché avance un peu plus chaque jour. Ainsi EDF va bientôt perdre son monopole.
Robert Hue : Je ne m’inscris pas dans cette perspective. Pour EDF, il faut veiller à ce que ne s’appliquent pas les directives européennes qu’on veut nous imposer. Il existe un projet de loi qui, à mon avis, doit être sensiblement amendé et qui ne devrait pas s’inscrire dans la directive européenne. Il faut préserver des atouts.
L’Evénement :
Vous voulez sortir du nucléaire ?
Robert Hue : Non, on ne peut pas imaginer d’abandonner dès aujourd’hui l’énergie nucléaire. D’ailleurs, faut-il aller dans ce sens ? Je suis pour toutes les recherches…
L’Evénement :
Vous iriez à la Hague expliquer ça, comme Daniel Cohn-Bendit ?
Robert Hue : Je suis pour le débat. Quand il prend des formes violentes, ça ne me convient pas. Il reste que des situations de souffrance existent réellement pour des hommes et des femmes qui s’interrogent de façon légitime sur leur propre avenir et celui de leur famille, avec des angoisses fortes ! Quand c’est le cas, attention au discours politique : il faut trouver les moyens de se faire comprendre et non pas d’aller à des affrontements qui sont dangereux ! Daniel Cohn-Bendit a le droit d’avoir son opinion sur l’avenir de l’énergie nucléaire, le droit d’aller expliquer, mais pour lui l’intérêt, c’est de pouvoir se faire entendre et donc de comprendre ceux à qui il s’adresse.
L’Evénement :
Y aura-t-il un écologiste sur votre liste ?
Robert Hue : Il y aura des gens de cette sensibilité, mais nous ne sommes pas de ceux qui pratiquent le débauchage. Nous savons bien que telle formation écologiste, qui a pu donner une majorité aux deux tiers à Daniel Cohn-Bendit comporte un tiers qui n’est pas d’accord !
L’Evénement :
Avez-vous peur de la concurrence de la liste Laguiller-Krivine ?
Robert Hue : Pourquoi en aurais-je peur ? Simplement, je ne pense pas que leur démarche soit efficace. Leur approche de la politique française est complètement décalée par rapport à la réalité. Selon eux, on aurait affaire, avec Jospin, à un gouvernement bourgeois auquel nous participerions… Cela me semble à mille lieues de la réalité. Penser que Juppé et Jospin, c’est la même chose, ce n’est pas sérieux. Les trois quarts de ce qu’ils disent sont tournés contre Robert Hue et un petit quart contre la droite…
L’Evénement :
Cela veut dire qu’ils ont un espoir de ramener à eux les communistes déçus par Robert Hue ?
Robert Hue : Tout ça, c’est vieillot, pas de notre temps ! Si cette liste dépensait contre les forces de l’argent toute l’énergie qu’elle investit dans les anathèmes contre moi, sa crédibilité y gagnerait, mais ce n’est pas le cas.
L’Evénement :
Vous êtes sûr que, le 13 juin, votre liste sera devant la liste Laguiller-Krivine ?
Robert Hue : L’hypothèse contraire ne m’empêche pas de dormir. J’ai vraiment confiance dans ce qui est en train de se passer au PC, dans les grandes orientations, dans les choix que fait le parti aujourd’hui. Quoi qu’il arrive, il sera difficile à Arlette Laguiller et à Alain Krivine de m’enlever ma passion communiste.
L’Evénement :
Vous avez reconnu que Marchais exagérait en annonçant 600 000 militants communistes. Maintenant, vous ne gonflez plus les chiffres ?
Robert Hue : Je n’ai nullement dit cela. Je donne les chiffres d’aujourd’hui : il y a 210 000 communistes. C’est vérifiable, pas de problème. Si on veut ainsi faire la démonstration qu’il y a eu un affaiblissement de l’organisation communiste, des effectifs, c’est exact. Mais que l’on me donne les chiffres des autres formations. Toutes les forces politiques et syndicales sont confrontées à ce problème. D’ailleurs, je pense qu’avec 210 000 adhérents nous restons une organisation très forte. C’est important.
L’Evénement :
Actuellement, vous diriez que la transformation du PCF est réalisée à 10 %, 20 %, 50 % ?
Robert Hue : Je ne sais pas. C’est comme si vous me demandiez le score de notre liste au soir du 13 juin ! Un chemin important a été parcouru, mais beaucoup reste à faire, parce que nous sommes face à la nécessité de trouver des formes d’organisation, des pratiques militantes complètement neuves. On a pu penser qu’après tout on avait passé le cap critique de l’effondrement à l’Est. Avec un parti autour de 9 % à 10 % des voix, on peut penser qu’il a réglé le problème de son redressement. C’est un peu rapide. Le PC doit pousser bien plus loin sa transformation pour se redresser mais aussi pour gagner en influence. Il faut oser, j’ose.
L’Evénement :
Le PCF aura 80 ans en 2000. C’est un cap. Un militant communiste d’aujourd’hui peut-il encore croire à l’avènement d’une société sans classes ?
Robert Hue : Si vous parlez d’une société sans classe comme la définissaient Marx et Engels, c’était une utopie qui s’est transformée ensuite en dogme. En revanche, si vous parlez d’une société nouvelle à construire, tout reste à faire.
L’Evénement :
Vous parlez de changement, est-ce que vous allez garder longtemps la faucille et le marteau à la « une » de « l’Humanité » ?
Robert Hue : Ce n’est pas ma préoccupation majeure.
L’Evénement :
Le soir des élections européennes, vous aurez trois mandats. Est-ce qu’une tête de liste doit siéger à Strasbourg ?
Robert Hue : Une tête de liste doit siéger à Strasbourg. Je suis pour qu’on vote la loi contre le cumul des mandats et je prendrai mes responsabilités à ce moment-là, ou avant si je l’estime nécessaire.
Corse Matin du 25 février 1999
Corse Matin :
Quelles sont vos attaches avec la Corse ?
Robert Hue :
J’y ai effectué plusieurs déplacements, à l’invitation de mes amis des deux fédérations du Parti communiste. Cela m’a permis de mieux comprendre la réalité de l’île et la force des besoins qui s’y expriment, en matière de développement et de sécurité tout particulièrement. Et puis cela m’a aussi laissé des regrets. La Corse est une terre magnifique, singulière et attachante. J’espère qu’un jour mon emploi du temps me permettra d’en faire la découverte…
Corse Matin :
Avez-vous suivi de très près l’élaboration de la liste ?
Robert Hue :
Je m’y suis intéressé, bien sûr. Mais c’est aux communistes corses et à leurs partenaires de la gauche plurielle qu’a incombé le soin de la constituer. C’est normal : c’est à partir du terrain, de la connaissance qu’en ont celle et ceux qui sont engagés dans l’activité publique que réside l’efficacité. Et j’ai été sensible aux efforts des communistes corses pour parvenir à un accord de qualité, susceptible d’ouvrir une perspective en Corse.
Question :
Selon vous, les femmes sont-elles suffisamment représentées dans la liste ?
Robert Hue :
Je crois savoir que leur participation est améliorée par rapport au précédent scrutin. Et je sais qu’Alain Pieri, conseiller sortant, a décidé de ne pas se représenter pour faire place à une candidate progressiste, Mme Jacqueline Dary. Je pense que ces efforts méritent d’être salués.
Corse Matin :
Vous parliez d’ouvrir une perspective. Mais que peuvent espérer les Corses de cette consultation ?
Robert Hue :
Bon nombre d’événements, ces derniers mois, ont mis la Corse au premier plan de l’actualité. Il y a, me semble-t-il, dans la population de l’île une volonté de tourner la page, celle de la violence, pour engager une dynamique nouvelle, démocratique, s’attaquant aux problèmes des Corses et de la Corse. Les prochaines élections à l’assemblée territoriale ne pourraient-elles pas être une occasion de faire progresser cette dynamique ? La liste de la gauche plurielle peut offrir un prolongement utile aux grandes manifestations de février 1998. Et confirmer le rejet alors affirmé de la droite de l’affairisme, du terrorisme et du déclin.
Corse Matin :
Le message communiste n’est-il pas noyé dans la pluralité de la liste ?
Robert Hue :
Vraiment, je ne le crois pas. Mon ami Dominique Bucchini, maire de Sartène, est en seconde position sur la liste. Et j’insiste une fois encore sur le rôle joué par les communistes corses dans la constitution de la liste. Et puis en Corse, comme partout dans le pays, la diversité de la gauche plurielle est une richesse qu’il s’agit de faire vivre, et non pas de diluer.
Corse Matin :
La liste, pendant la campagne, porte beaucoup l’accent sur le retour à l’état de droit. Mais les Corses n’attendent-ils pas des propositions concrètes pour sortir de l’impasse ?
Évidemment. Mais il faut, d’urgence, rétablir dans leur intégralité les règles élémentaires d’un fonctionnement démocratique de la société corse. L’évolution et les réactions suscitées par l’assassinat du préfet Claude Érignac ont montré qu’il s’agit d’une aspiration très majoritaire. Le gouvernement de la gauche plurielle a commencé à s’en préoccuper. Il faut poursuivre l’action engagée. En s’appuyant sur le peuple corse qui exprime à la fois un rejet résolu des actes de violence et de terrorisme et l’exigence d’une plus grande transparence de la vie publique.
Corse Matin :
La gauche peut-elle encore s’ouvrir au-delà de ses partenaires naturels pour tenter de prendre les rênes du pouvoir territorial. Et sur quelles bases ?
Robert Hue :
La liste de gauche plurielle avance des propositions fortes, ouvertes, en terme de rétablissement de l’état de droit, de démocratie et de transparence, de développement économique et social, de respect et de promotion de la culture corse. Sur cette base peuvent se retrouver et travailler ensemble toutes celles et tous ceux qui ont au cœur la Corse et les intérêts de son peuple. En tout cas, je crois que les candidates et candidats de la liste conduite par Emile Zuccarelli y seront prêts.
Corse Matin :
Sur quels thèmes les communistes aimeraient insister le plus pendant la campagne électorale ?
Robert Hue :
Au-delà des problèmes liés au retour à la loi que je viens d’évoquer, il faut poser, et de façon inséparable, ceux du développement de l’île et du respect de l’identité culturelle corse. L’économie insulaire est malade de l’opacité et des dérives délinquantes dans l’utilisation de l’argent. La Corse, en dépit d’aides publiques non négligeables, se situe parmi les régions les plus en difficulté. Les salaires y sont inférieurs de près de 20 % à la moyenne nationale. Ne faut-il pas repenser la fiscalité appliquée à la Corse, dans un souci d’efficacité sociale et économique ? Le système de zone franche ne doit-il pas laisser la place à un dispositif d’aides aux entreprises assorties de contreparties réelles en terme d’emplois et de salaires ? Et il y a beaucoup à entreprendre pour combler les retards de la Corse dans les domaines comme le logement social, la santé, la présence et le développement des services publics.
Je dirais pour rassembler en une phrase ces propositions, qu’il s’agit de mobiliser l’argent et les crédits au bénéfice de l’emploi, de la formation et des dépenses sociales.