Interview de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, dans Marchés tropicaux du 5 février 1999, sur la réforme de la coopération et ses conséquences pour l'Afrique, notamment avec la mise en place de la zone de solidarité prioritaire.

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Média : Marchés tropicaux

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Marchés Tropicaux : En dehors du Comité interministériel qui s’est tenu le 28 janvier dernier, que pouvez-vous dire de l’état d’avancement de la réforme des autres instruments de la coopération ?

Charles Josselin : Elle est achevée en ce qui concerne l’organigramme. Elle est en cours en ce qui concerne certaines dispositions pratiques comme les déménagements. Bien-entendu, elle a connu une étape significative à l’occasion du Comité interministériel de coopération internationale et de développement (Cicid, ndlr) dans la mesure où celui-ci a réaffirmé les priorités et a défini les zones géographiques à l’intérieur desquelles ces priorités vont s’exercer. Par ailleurs, une prochaine communication en Conseil des ministres sera l’occasion de donner à tout ce processus un point d’orgue sachant que, au-delà de l’organisation administrative avec notamment la direction générale de la coopération internationale et de développement, d’autres outils sont prévus. Il s’agit en particulier du Haut Conseil de la Coopération destiné à impliquer davantage la société civile ainsi que la Commission nationale de coopération décentralisée chargée de mieux intégrer les collectivités locales et territoriales voire de les réactiver, là aussi dans le courant du mois de février. J’ajoute également que les Assises de la coopération décentralisée se tiendront au mois d’avril et vont clore un cycle de réunions organisées pays par pays qui auront permis d’associer la plupart des villes et des départements présents dans chacun de ces pays, la première réunion ayant débuté il y a plus de six mois à présent. Pour en revenir à l’organigramme, j’ai dit que celui-ci était au point. Cela signifie que les responsables ont été nommés. Un organigramme ne vaut naturellement que par le choix des personnes qui se mobilisent pour le faire vivre.

Marchés Tropicaux : – Rencontrez-vous des divergences avec d’autres ministres concernés par ce projet, notamment le ministre des Affaires étrangères ? Comment vous concertez-vous ?

Charles Josselin : – Il y a eu des débats, Hubert Védrine s’est personnellement impliqué et n’a pas eu de difficultés à nous mettre d’accord même lorsqu’il s’est agi de faire des choix difficiles.

Marchés Tropicaux : – Lesquels ?

Charles Josselin : – L’organigramme dont je parlais par exemple. Fallait-il une seule direction générale ou, au contraire, en fallait-il plusieurs ? L’une plus culturelle et l’autre traitant davantage du développement ? Nous avons fait le choix d’aller le plus loin possible dans cette logique d’unification de la politique extérieure de la France.

Marchés Tropicaux : – Qui dit unification dit normalisation des relations privilégiées que la France entretient avec les partenaires de l’Afrique francophone. Comment ces derniers ont-ils perçu ce changement ?

Charles Josselin : – Certains responsables de certains pays, qui sont depuis longtemps les partenaires du ministère de la coopération, ont exprimé la crainte que cette réforme, qui vise le rapprochement entre le quai d’Orsay et la rue Monsieur, ne leur fasse perdre ce statut privilégié. Je crois que les explications que nous avons apportées les ont convaincues. Ce changement ne fera pas disparaître la relation et la fidélité que la France doit à l’histoire. En réalité, en leur permettant de profiter de l’ensemble des outils d’une coopération internationale qui, jusqu’alors s’adressaient à d’autres continents que l’Afrique, cette réforme est un enrichissement de notre coopération. Ces chefs d’État ont, me semble-t-il, bien compris le sens que nous souhaitions donner à cette évolution comme l’ont récemment illustrées la renégociation des accords de coopération et la tenue de commissions mixtes organisées à ce jour en Mauritanie et plus récemment en Côte d’Ivoire. Je crois également, que ces chefs d’État ont compris qu’il s’agissait là d’un désenclavement diplomatique. Si nous considérons les États africains comme des États de plein exercice, il n’y a aucune raison de leur réserver un traitement à part qui, dans une certaine mesure, pouvait les minorer. Nous entendons désormais dialoguer avec des partenaires à part entière, dans une relation adulte.

Marchés Tropicaux : – Depuis quarante ans, l’histoire de la coopération française est émaillée de rapports et de projets plus ou moins avortés de réforme. En quoi celle que vous présidez s’inscrit dans le long terme ?

Charles Josselin : – La question est de savoir pourquoi elle a réussi ? Vous avez évoqué des projets mais aucun n’a vraiment été mis en œuvre à l’exception, peut-être, de celui de Jean-Pierre Cot qui est intervenu dans un contexte bien différent. J’observe en tout cas que celle-ci va bien plus loin en ce qui concerne l’organisation administrative même si, il est vrai, Jean-Pierre Cot espérait, lui aussi, redéfinir le dialogue avec les responsables africains. La réforme actuelle est annoncée de longue date et a été déclarée nécessaire par de nombreux observateurs. M. Juppé lui-même, à l’époque où il était ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre, a annoncé qu’il la conduirait, ce qui n’a pas eu lieu. Cette fois, nous avons pu amener ce projet à bien grâce à une volonté politique forte, notamment de Lionel Jospin. Nous avons également su convaincre le président de la République que les notions de fidélité et d’ouverture pouvaient se conjuguer.

Marchés Tropicaux : – Vous avez évoqué le chef de l’État, Jacques Chirac s’est toujours refusé par le passé à entériner un tel projet. Par ailleurs, une cellule africaine existe toujours à l’Élysée. Vous court-circuite-t-il sur certains dossiers ?

Charles Josselin : – Je ne sais pas si le terme « court-circuiter » convient vraiment. Cette réforme vaut aussi bien pour les ministères concernés que le pôle économique. Mais elle n’a pas prévu de faire disparaître les bureaux et services qui s’intéressent à l’Afrique. S’il est vrai que nous avons des relations de travail avec certains collaborateurs du président de la République, on ne peut pas empêcher les relations, parfois directes, avec tel ou tel responsable africain et le président de la République. J’espère que les collaborateurs en question se souviennent – et je suis sûr que c’est le cas – que c’est bien l’actuel gouvernement qui mobilise les moyens et qui met en œuvre cette coopération, particulièrement avec le continent africain. Je le répète, nous avons des relations de travail et des échanges d’informations que je souhaite le plus complets possibles.

Marchés Tropicaux : – De nombreux chefs d’État d’Afrique francophone évoquent leur marginalisation…

Charles Josselin : – … j’ai le sentiment que les chefs d’État auxquels vous faites référence sans les nommer sont de moins en moins nombreux et sont de moins en moins cités. Vous même vous ne le faites pas. J’en ai rencontré quelques-uns… aujourd’hui, je n’en rencontre plus. Peut-être continuent-ils à se plaindre. Mais pas à nous.

Marchés Tropicaux : – Comment interprétez-vous le fait que le président de la République ait défendu le dossier togolais à la dernière conférence Afrique-France de Paris ?

Charles Josselin : – Il a eu raison de rappeler que la France était partenaire du Togo. Il a eu tort de ne pas préciser qu’il y avait quelques conditions, notamment quant au fonctionnement de certaines règles démocratiques que nous tenons à voir respecter. Mais le dialogue politique est engagé entre le pouvoir et les acteurs de la vie politique togolaise – y compris les partis d’opposition – et j’en accepte l’augure. J’espère que ce dialogue engagé par le général Eyadéma produira ses effets et nous permettra dans quelques mois de retrouver le rythme normal d’une coopération que je souhaite féconde avec ce pays.

Marchés Tropicaux : – Certains responsables n’ont-ils pas raison de s’inquiéter lorsque l’on sait que, depuis des années, le budget de l’Aide publique au développement (APD) régresse régulièrement et que, par ailleurs, la réforme élargit le champ d’intervention de votre ministère ?

Charles Josselin : – La tendance à la baisse de l’Aide publique au développement se vérifie malheureusement partout. Elle est d’ailleurs plus accentuée chez beaucoup de nos partenaires. Mais la France demeure, en valeur absolue, le second pays au monde par le niveau d’aide accordée aux pays en développement derrière le Japon et devant les États-Unis dont le nombre d’habitants est singulièrement plus important que le nôtre. Pour autant, il faut s’interroger sur la signification de cette baisse et éventuellement ses causes. Il y a des raisons techniques qui peuvent justifier la diminution de certaines lignes budgétaires notamment celles qui concernent l’ajustement structurel. Elle s’explique logiquement – et tant mieux par l’amélioration des finances publiques de certains États. Il y a également une baisse tendancielle de l’assistance technique, en d’autres termes, les rémunérations des coopérants qui sur place préparent la relève. On a définitivement tourné le dos à la coopération de substitution. Pour caricaturer quelque peu la situation, nous formons désormais des instituteurs, nous n’en envoyons plus sur le terrain. De ce point de vue, il n’est pas anormal que le nombre de personnel expatrié diminue. Il existe en revanche un besoin d’assistants techniques dans des domaines comme l’appui institutionnel, la justice, la police, la fiscalité. C’est dans le cadre de discussions avec le ministre des Finances et le secrétaire d’État au Budget que nous pensons à faire valoir les besoins de cette coopération plus spécifique. Surtout si, comme vous l’évoquiez, on tend à élargir son champ d’application. Pour revenir sur ce point, la disparition du champ ne signifie pas que, du jour au lendemain, nous allons pouvoir installer le même volume de coopérants dans certains pays d’Europe de l’Est qu’en Afrique où il existe une présence forte de la communauté française avec des attentes particulières. Nous devons malgré tout conjuguer cette tendance normale de diminution de l’assistance avec le besoin d’autres assistances dans d’autres pays. Un rapport précis sur ce type d’aide et sur son évolution est du reste en cours et devrait m’être fourni au mois d’avril. J’attends qu’il nous aide dans les discussions budgétaires. Ce rapport intégrera également un point important qui est l’abandon du service national et de cette catégorie singulière de coopérants.

Marchés Tropicaux : – Sur quels critères vous basez-vous pour définir les pays de la Zone de solidarité prioritaire ?

Charles Josselin : – Cette zone continuera d’accorder la place la plus importante aux États africains. Parce que, malheureusement pour lui, c’est sur ce continent que la pauvreté et le sous-développement demeurent trop souvent la règle. L’Afrique n’a également pas accès au marché des capitaux. La Zone de solidarité prioritaire abordera le continent dans sa globalité. Cela ne signifie pas que nous abandonnons l’espace francophone mais nous intégrerons les pays anglophones et lusophones, ne serait-ce que par logique régionale. Nous essaierons d’autre part de commercer à élargir cette coopération à d’autres pays non africains. Je dis commencer car cela sera défini chaque année dans le cadre du comité interministériel. L’ouverture se fera alors progressivement vers les pays asiatiques ou des Caraïbes pour prendre deux régions très distinctes mais au sein desquelles les besoins de développement sont très grands et où existe une présence française. Si l’Afrique garde un rôle important c’est parce que la France – et avec elle l’Europe – y a une responsabilité particulière. Sur ce point 1999 est l’année de la renégociation des accords de Lomé et nous allons y consacrer encore davantage que par le passé.

Marchés Tropicaux : – Certains observateurs vous critiquent car il existe dans cette zone des pays qui font traditionnellement partis du « pré-carré » mais qui ne constituent pas à proprement parler des pays moins avancés au regard de leur ressources.

Charles Josselin : – J’ai entendu ces critiques. Il y a des critères objectifs qui sont d’ordre statistique. A cet égard, certains pays peuvent apparaître comme étant à la charnière entre les pays en développement et les pays émergents même si la notion de statistique doit ici être employée avec précaution surtout pour des pays dont l’économie repose sur une ou deux productions lesquelles sont, aujourd’hui, lourdement affectées par la crise. Mais il y a aussi des raisons politiques. Nous choisissons certains pays plutôt que d’autres là où la France a des intérêts. Nous sommes attentifs à cet aspect. Le choix de la ZSP n’est donc pas uniquement guidé par l’aspect économique. J’ajoute que le fait d’appartenir à cette zone ne signifie pas automatiquement que l’ensemble des outils de la coopération vont s’y déployer avec la plus grande intensité. On peut imaginer qu’un pays inscrit à l’intérieur de ce périmètre ait en quelque sorte un droit de tirage et d’accessibilité à certains outils sans qu’il bénéficie forcément de la totalité de ces instruments ou de la totalité de l’aide dispensée dans ce cadre. Autrement dit, à l’intérieur de cette zone, nous nous réservons le droit d’utiliser ces instruments de manières différenciée et de les appliquer avec des intensités variables.

Marchés Tropicaux : – Y aura-t-il d’autres critères politiques ?

Charles Josselin : – Le principal est la référence à la fidélité. La communauté française n’est pas du tout de la même importance selon les pays. Ce sera un critère significatif. Tout comme la qualité des projets qui définira ici l’application d’un Fonds aide et coopération (FAC), là un financement de l’Agence de développement ou encore un protocole du Trésor, sans parler de l’action que la France pourra exercer au bénéfice de ces pays au sein des institutions internationales. Car j’ai évoqué jusqu’à présent la relation bilatérale. Mais il est clair que nous serons amenés à plaider plus fortement la cause des pays appartenant à la ZSP auprès de la Banque Mondiale ou du Fonds monétaire international.

Marchés Tropicaux : – Vous sentez-vous tenu par ce qu’on appelle la rentabilité de l’aide ?

Charles Josselin : – Je préférerais le terme d’« efficacité ». Celui de rentabilité fait penser à la recherche de je ne sais quel bénéfice pour je ne sais quel intérêt. Mais l’efficacité certainement. Nous allons faire en sorte que les procédures d’évaluation des projets soient plus opérationnelles de manière à corriger le tir si un projet n’atteint pas ses objectifs initiaux ou s’il s’avère que les pays aidés ne font pas le nécessaire – y compris en matière de lutte contre la corruption – pour rendre ce projet possible et sécuriser les investissements que nous essayons d’encourager.

Marchés Tropicaux : – Vous êtes attaché à la coopération décentralisée. Quelle place va-t-elle prendre dans le nouveau dispositif ?

Charles Josselin : – Je ne peux pas la quantifier. J’observe qu’elle représente déjà un chiffre important puisque d’aucuns ont évoqué FF 2 milliards, ce qui est tout à fait considérable. Moi-même, j’ai pu mesurer sur le terrain l’apport que représente cette coopération, tant sur le plan économique que sur le plan de la démocratie locale. Il s’avère que les villes sont parfois plus compétentes que l’État lorsqu’il s’agit de faire face à des problèmes spécifiques comme l’assainissement, l’eau ou le transport urbain. Ces mêmes villes peuvent, parfois mieux que nous, former les fonctionnaires de services publics ou mobiliser tout le réseau social comme les écoles ou les hôpitaux. Il y a là un effet multiplicateur très important et, sur ce point, nous avons prévu dans l’organigramme une structure spécifique qui sera en liaison directe avec les collectivités locales et en particulier les grandes fédérations d’élus qui seront naturellement nos premiers interlocuteurs dans ce domaine.

Marchés Tropicaux : – La coopération française accorde également un rôle de plus en plus important aux ONG. N’est-ce pas là une tentation de faire basculer l’aide publique vers ces acteurs privés qui sont de plus en plus nombreux, et dont le suivi des projets est, par définition, plus aléatoire ?

Charles Josselin : – Je vous laisse la responsabilité de ce jugement. Il y a des ONG qui travaillent très bien, d’autres moins bien. Et s’il apparaît qu’une ONG travaille mieux que les États – qu’ils s’agisse de la France ou de ses partenaires – alors vive la coopération avec les organisations ! Mais je crois que les ONG ont besoin de mieux se structurer et de resserrer le dialogue avec nous. Il y a parfois une part de bénévolat et de militantisme alors que nous devons tout de même nous assurer d’un certain professionnalisme. Loin d’affaiblir notre dispositif, l’implication des ONG doit, au contraire, renforcer notre efficacité et, par conséquent, la présence française.

Marchés Tropicaux : – Une récente étude de la Cellule d’analyse et de perspective (CAP) du ministère des Affaires étrangères est très pessimiste sur la situation politique et économique du continent. Partagez-vous ce jugement ? Peut-on encore être afro-optimiste aujourd’hui ?

Charles Josselin : – Vous savez, si l’on regarde globalement l’avenir du monde on peut avoir quelques raisons sinon d’être inquiets, du moins de s’interroger et ce, qu’il s’agisse de l’Asie, de l’Amérique Latine avec les difficultés que traverse actuellement le Brésil ou même l’Europe avec l’emploi. La situation de l’Afrique est très contrastée. Il y a de nombreux pays qui voient leurs grands indicateurs passés au vert. Et je ne parle pas du taux de change puisque l’arrimage de l’euro au franc CFA leur apportera une stabilité supplémentaire. D’autres pays à l’instar du Mozambique donnent beaucoup d’espérance en montrant qu’on peut installer le développement et la démocratie aux sorties d’une guerre. Malheureusement il y a plusieurs pays – trop nombreux – dans lesquels la violence occupe l’actualité avec des situations tout à fait tragiques et dans lesquels des logiques d’exclusion, d’opposition entre ethnies et clans se traduit par une extrême violence. Il y a ceci de difficile lorsqu’on est à ma place de découvrir que le lancement de certains projets est aussitôt annihilé par une nouvelle guerre. Les africains ont leur part de responsabilité. Mais ces conflits apparaissent rarement sans influence extérieure qu’elle soit financière ou purement spéculative. J’observe par exemple que l’activité mercenaire, qui n’a jamais complètement disparu, se développe à nouveau. Je ne peux évidemment pas m’en réjouir. Cela peut donner des raisons d’inquiétude. Mais j’aimerais que l’on ait une vision globale de la situation bien que certaines réussites ne soient pas les plus intéressantes pour les médias.

Marchés Tropicaux : – Le projet d’une force interafricaine de paix financée par les pays occidentaux a-t-il une chance de voir le jour ?

Charles Josselin : – Là encore on peut considérer qu’échecs et réussites s’entremêlent. La Minurca a préservé la paix en Centrafrique et j’espère qu’elle saura la garantir jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Je pense que la force d’interposition qui se met en place en Guinée-Bissau va heureusement aider à résoudre ce conflit. Mais je vois également les difficultés de l’Ecomog à rétablir la paix en Sierra-Leone tout comme les difficultés à mettre en place cette force interafricaine dont je rappelle que, pour ce qui est de la France, elle doit répondre à deux idées fortes. D’abord agir sous l’égide d’une organisation multilatérale qui pourrait être l’OUA ou l’ONU. Elle doit d’autre part être organisée sur une base régionale de façon à ce que la formation et la réflexion se fassent en commun afin d’inviter les différents pays à réfléchir à leur sécurité. Le projet d’école de formation régionale que nous allons mettre en place à quelques kilomètres d’Abidjan répond à cet objectif. Il en est de même des opérations militaires régionales. Mais ceci ne dispense pas les pays occidentaux d’apporter leur effort à la formation et à la logistique. C’est ce que nous avons fait pour la Minurca ou sur d’autres théâtres d’opérations. Mais il faudra encore des efforts avant que les armées africaines ne soient plus organisées sur une base ethnique et avant que les chefs d’État accordent à une gendarmerie inter-ethnique l’importance qu’ils accordent à leur garde présidentielle.

Marchés Tropicaux : – Il y a également les dissonances au sein des pays occidentaux.

Charles Josselin : – C’est vrai. Certains pays européens se sentent moins impliqués. Oserai-je dire moins responsables que la France ? Ils n’ont pas la même histoire avec le continent.