Texte intégral
Présent - 11 juillet 1997
Le communiqué du Front national
Deux enseignements majeurs doivent être tirés du sommet de Madrid.
D’une part, notre pays marche à l’aveuglette en matière de relations internationales et de défense. Comment être crédible en matière de géostratégie quand, sur le plan national, les moyens font défaut et les missions restent floues ? Avant de jouer les bravaches dans les sommets diplomatiques, notre pays serait bien avisé de commencer par se donner les moyens de ses ambitions.
D’autre part, si l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a eu raison d’être lorsque la puissance militaire soviétique menaçait, elle est devenue aujourd’hui l’instrument privilégié des États-Unis pour faire régner l’ordre américain en Europe. Les diktats successifs de l’administration Clinton prouvent que l’Amérique n’attend qu’une chose des Européens : une soumission pure et simple à leur volonté, et la transformation de leurs armées nationales en harkas du nouvel ordre militaire mondial. L’élargissement de l’OTAN est, à cet égard, un piège mortel pour les nations d’Europe.
La France, qui sut longtemps préserver une fragile indépendance à l’égard de l’OTAN, a beau multiplié les gesticulations médiatico-diplomatiques, elle n’en est pas moins devenue en deux ans de présidence chiraquienne, un partenaire obéissant. Il s’agit là d’un retournement géopolitique sans précédent. Loin de prendre ses distances avec les États-Unis comme il prétend le faire croire, Chirac administre ainsi ouvertement la preuve qu’il a renoncé à maîtriser notre politique étrangère et renoncé à défendre l’intérêt supérieur du pays.
Présent - 26 juillet 1997
Le communiqué du Front national
L’extraordinaire cafouillage qui entoure le processus de régularisation des sans-papiers prouve au moins une chose, c’est qu’il y a dans notre pays des centaines de milliers, sinon des millions d’émigrés clandestins. De « gauche » ou de « droite », les gouvernements successifs ont donc, de la même manière, fait preuve d’un laxisme suicidaire en laissant s’installer chez nous en toute impunité des colonies de peuplement étrangères.
La « droite » est bien mal placée pour s’offusquer de la situation actuelle. Les socialistes régularisent les immigrés clandestins que le RPR et l’UDF ont laissé entrer et prospérer sur notre sol en toute impunité. Il est donc clair aux yeux de tous que les lois Pasqua-Debré ne constituaient qu’une gesticulation médiatique, destinée à abuser les naïfs.
Le Front national dénonce les faux débats actuels. La question n’est pas de savoir combien de clandestins il faut régulariser, mais quand et comment nous allons inverser, fermement et massivement, les flux migratoires. Il faut en finir avec le droit du sol et le regroupement familial, rétablir les contrôles aux frontières, dénoncer le traité de Maastricht, appliquer le principe de la préférence nationale pour l’emploi, le logement, les prestations familiales et sociales.
Français d’abord - 1er juillet 1997
Éditorial Jean-Marie Le Pen
Afrique : les raisons d’une débâcle
L’évacuation en catastrophe de nos ressortissants du Congo-Brazzaville dans un conflit opposant des bandes rivales pour des raisons autant ethniques que mafieuses, est l’illustration tragique de la déroute généralisée de notre politique en Afrique.
Seule l’énergique et très professionnel comportement de nos troupes d’élite dépêchées sur place a évité que ce fiasco ne se transforme en bain de sang. Grâce à nos aviateurs, à nos légionnaires et à nos marsouins, nous avons échappé au camouflet d’une évacuation catastrophe, du style de celle que connurent les États-Unis un certain 30 avril 1975 à Saïgon… Le savoir-faire de l’armée française, son calme et sa détermination, ont été à tous égards proprement remarquables. Mais il est clair désormais que les plus hautes instances de l’État ne peuvent faire l’économie d’une réflexion de fond sur ce qui a conduit notre politique à tourner ainsi en eau de boudin.
L’humiliant retrait du Zaïre, la déroute congolaise, notre départ précipité, avant-hier du Rwanda et hier du Burundi, notre exclusion de la région des Grands-Lacs, en attendant probablement notre éviction du Tchad, du Centrafrique, et pourquoi pas, si ça continue de la sorte, du Sénégal, du Cameroun, du Gabon ou de la Côte-d’Ivoire, prouvent que l’incompétence, la passivité, les mouvements erratiques et browniens de notre diplomatie ajoutés aux cafouillages d’un Chirac aux abois, ont fait perdre à notre pays tout à la fois la face et son influence sur le continent africain. Procéder à des évacuations humanitaires aussi spectaculaires soient-elles n’a jamais suffi, loin s’en faut, à définir une ligne politique ! Quand on entend le ministre de la défense avouer tout penaud que « le jeu du gendarme de l’Afrique est fini », on reste abasourdi. Qui va jouer ce rôle ? Une force interafricaine ? Personne n’y croit sérieusement une seconde. La récente déconfiture des troupes au Nigeria en Sierra Léone, les règlements de compte interethniques à Bangui, constituent autant d’illustrations du vide sidéral d’une semblable proposition. Sur qui donc alors nos apprentis-sorciers en matière géopolitique comptent-ils se défausser ? Sur l’ONU ? Sur les Marines américains ? Ou pourquoi pas sur des sociétés « privées », du type de l’officine sud-africaine Executive Outcomes ? Décidemment, tout cela n’est pas sérieux !
Derrière les rodomontades des technocrates du Quai d’Orsay ou du boulevard Saint-Germain, les proclamations plus aberrantes les unes que les autres de pseudo-instituts d’observation et autres officines aux ordres qui n’ont rien compris à la scène africaine, le constat est tragique : la France n’a plus de politique africaine, pas plus d’ailleurs qu’elle n’a de politique étrangère.
Les carences de nos diplomates et autres prétendus conseillers politiques parisiens sont évidentes. Nous avions les moyens d’empêcher l’embrasement du continent et une élimination humiliante de notre zone traditionnelle d’influence. Or, rien n’a été fait. Pis encore, les gouvernements Balladur et Juppé ont navigué à courte vue dans l’urgence et la confusion, ne comprenant rien à la nécessité d’une réflexion à long terme. En dépit d’une solide connaissance du terrain, en dépit de troupes particulièrement rodées aux interventions extérieures, nous avons perdu en quelques mois le bénéfice d’une politique qui avait assuré à notre pays depuis deux siècles un rayonnement certain sur une large partie du monde, et avons abandonné le contrôle d’immenses richesses minières et pétrolières aux intérêts des grands groupes anglo-saxons. Cette zone d’influence géopolitique, héritée de la troisième République, et malgré tout conservée vaille que vaille par de Gaulle et Mitterrand, par des réseaux et des cellules chez nos alliés traditionnels d’Afrique francophone, s’est désagrégée. Pour nos amis africains comme pour nous, c’est une catastrophe, car notre politique de puissance a cédé le pas à une politique de prébende.
Cette situation est infiniment plus grave qu’il n’y paraît, car elle consacre l’abandon de notre « pré carré » africain aux appétits du nouvel ordre mondial, et donc entérine notre affaiblissement sur la scène internationale. Pour ma part, je crois que rien ne peut se faire sans retour à la grandeur et à la puissance, clés incontournables du jeu subtil des relations internationales. Nous avons une carte à jouer, celle d’une nouvelle coopération avec les pays du tiers-monde, en particulier d’Afrique, qui passe par un soutien musclé à nos alliés et une claire volonté de mettre un terme aux menées hégémoniques du nouvel ordre mondial.
Mais nos gouvernants auront-ils le courage, la volonté et la clairvoyance d’aller au bout de cette logique d’opposition au nouvel ordre mondial ? J’en doute et crains qu’ils ne fassent plutôt l’inverse, en se ruant dans la servitude… Nos alliés africains ont été désagréablement surpris, et on les comprend, en constatant avec quelle facilité Chirac avait laissé en deux ans le champ libre aux Américains, annihilant par-là même le bénéfice de trente ans de politique étrangère. Il faut qu’ils comprennent que là aussi, leur intérêt bien compris réside en l’action du Front national, seul capable de redresser non seulement la France, mais encore de leur assurer par une coopération intelligente la paix et la prospérité qu’ils sont en droit d’attendre de la part d’une ancienne puissance amie.
Français d’abord - 1er juillet 1997
Bruno Mégret, délégué général du FN, député européen
La procédure judiciaire intentée à l’encontre de mon épouse, Catherine, à la suite de son interview au « Berliner Zeitung », constitue un procès capital par sa signification. En effet, le seul crime de Catherine consiste à avoir exprimé, dans le langage de tout le monde, la ligne politique du Front national.
Le journaliste allemand, à l’origine de l’affaire, le reconnaît lui-même : « Catherine Mégret parlait comme une madame tout-le-monde, avec une franchise et une sorte de bon sens pour tenir un discours très clair, en harmonie avec celui du FN ».
Tel est le sens de ce grave procès. Catherine est poursuivie parce qu’elle s’est exprimée avec une spontanéité dans laquelle beaucoup de Français peuvent se reconnaître sur un sujet interdit. Le déroulement de l’audience relève d’ailleurs plus du procès en sorcellerie que d’une procédure digne d’un pays démocratique. Peut-on imaginer d’ailleurs que les moyens déployés pour assurer la publicité du procès comme les écrans géants et chapiteaux installés à proximité du tribunal l’aient été sans prendre quelques assurances quant à l’issue du procès ?
Procès en sorcellerie
Mais surtout, l’ensemble des règles de droit a été bafoué. Les 570 plaintes déposées par des personnes privées contre mon épouse ne sont pas recevables en droit. Les plaignants eux-mêmes le reconnaissent. Mais le procureur décide de le justifier au seul motif qu’elles incarnent une aspiration citoyenne et une « clameur publique » !
De plus, Catherine n’est pas poursuivie pour l’interview accordée au « Berliner Zeitung », mais pour des bribes de celle-ci reproduites par « Le Monde » à partir d’une cassette. Or, jamais Catherine n’a été avertie de la transmission de ses déclarations au quotidien français. Elle ne pouvait donc être poursuivie pour la publication de propos imprimés contre sa volonté. Voilà pour la procédure.
Le débat interdit
Quant au fond, l’argumentation de nos adversaires ne tient pas plus. Dans son interview, Catherine évoque le comportement « colonialiste » des « immigrés » ou des « populations étrangères » présentes sur notre sol. Toute la jurisprudence considère que de telles expressions désignent des groupes trop vastes pour tomber sous le coup de la loi. Si tel devenait le cas, en effet, tout débat sur l’immigration serait interdit.
La jurisprudence établir également que la « provocation à la haine raciale » doit être directe. En aucun cas, les propos de mon épouse ne rentrent dans ce cadre. Pour démontrer le délit, un avocat des parties civiles s’est donc contenté de produire une lettre injurieuse et menaçante adressée à l’un de ses clients et prétendument consécutive aux déclarations de mon épouse. Personne ne sait d’où provient cette lettre. Mais qu’importe, le procureur la reprend dans sa propre argumentation !
La dictature des juges
C’est la politique, et non le droit, que nos adversaires font rentre dans le prétoire. Leur discours tient en une équation : le Front national est raciste, Catherine Mégret appartient à ce mouvement. Elle doit donc être condamnée même au mépris du droit et de la jurisprudence. Si le tribunal suit cette logique, cela voudra donc dire que la liberté d’expression n’existe plus dans notre pays.
Et si les tribunaux décident ce que les élus du peuple peuvent dire ou non, c’est l’un des principes fondamentaux de la démocratie, celui de la séparation des pouvoirs qui est remis en cause. En démocratie, seul le peuple confère la légitimité politique. Et la légitimité du pouvoir judiciaire découle de sa seule impartialité. Mais que penser de celle-ci lorsque parmi les plaignants siège un militant gauchiste, relaxé quelques jours auparavant par le même tribunal pour avoir traité d’ « erreur génétique » le conseiller régional FN d’origine antillaise Stéphane Durbec ?
Ubu antiraciste
La dégénérescence des institutions est telle, que même les évidences scientifiques sont niées et toute rationalité abandonnée. C’est ainsi qu’au sein du tribunal de grande instance d’Aix-en-Provence, l’inexistence des races a été proclamée au nom d’une constitution qui condamne les discriminations entre les races !
Comment s’étonner dès lors que l’un de nos adversaires, emporté par sa fureur inquisitoriale, puisse conclure le plus naturellement du monde sa plaidoirie par l’exclamation des guillotineurs de la Révolution : « Pas de liberté& pour les ennemis de la liberté ! » Que le tribunal lui donne raison, en condamnant Catherine le 8 septembre prochain, et alors nous saurons que la démocratie a succombé en France.
Français d’abord - 2e quinzaine de juillet 1997
Bruno Mégret, délégué général du FN, député européen
En plaçant à nouveau la France dans le giron de OTAN, Chirac recherchait une improbable européanisation de l’OTAN. Mais il n’a récolté, au sommet de Madrid, que l’otanisation de la France, c’est-à-dire la soumission de notre pays à l’hégémonie américaine.
Loin de constituer une surprise, l’abaissement de la France et le recul de notre indépendance nationale, consacrés lors du sommet de l’OTAN à Madrid, sont la conséquence logique de la politique mondialiste suivie par Chirac.
Résigné au déclin de notre pays, le président de la République avait d’abord envisagé de fondre nos moyens de défense dans une organisation proprement européenne. L’enlisement de l’Union de l’Europe occidentale réduit à néant cette volonté. Qu’à cela ne tienne ! Chirac dissoudrait donc nos forces armées directement dans l’OTAN. C’est la raison pour laquelle, en totale contradiction avec ses professions de foi gaullistes, Chirac devait ramener dès 1995 la France dans le giron de l’OTAN, trente ans après son départ fracassant décidé par le général de Gaulle.
L’OTAN paradoxal
L’OTAN et la tutelle américaine qu’elle suppose survivrait donc paradoxalement à la disparition du pacte de Varsovie et de la menace soviétique. Pour la légitimer, il ne restait donc plus qu’à l’adapter aux nouveaux enjeux. C’était là l’objet du sommet de Madrid. Au programme de celui-ci, l’élargissement de l’alliance vers l’Est, et la réforme de ses structures. Ce double aggiornamento devait être, prétendait Chirac, l’occasion pour l’Europe de rééquilibrer les pouvoirs en sa faveur. C’est au nom de cette « européanisation de l’OTAN » que la France saborde toujours plus ses capacités de défense et renonce à son indépendance nationale. Mais de rééquilibrage, il n’a évidemment pas été question à Madrid.
Marché de dupes
Qu’on en juge ! En matière d’élargissement, la France défendait les candidatures de la Slovénie et de la Roumanie. Mais seules la Pologne, la Hongrie et la République tchèque soutenus par les États-Unis ont été retenues. Exit la requête française et sa crédibilité auprès de ses alliés de l’Est. Sur le dossier de la rénovation des structures, la France n’a pas été plus heureuse. L’attribution du commandement Sud de l’OTAN à un Européen, qu’elle réclamait, s’est heurtée au véto américain.
Quant à l’adjoint européen au commandement en chef des forces alliées tant réclamé, il ne pourra mener que des opérations strictement européennes, et encore, avec l’aval de Washington. La prédominance américaine reste donc entière puisque la seule prérogative qui échoit aux Européen, c’est le financement de l’élargissement. Sur les 40 milliards de dollars que coûtera cette intégration, seuls 2 milliards seront versés par les États-Unis. Comble de l’impuissance, c’est l’Europe elle –même qui financera l’hégémonie croissante des États-Unis sur le continent européen !
La grandeur pour la Nation
En poursuivant la chimère d’une européanisation de l’OTAN, Chirac n’aura donc récolté qu’une « otanisation » de la France et de l’Europe d’autant plus grave qu’elle condamne notre pays à l’impuissance diplomatique au moment même où la liste des contentieux franco-américains en Afrique, au Proche-Orient et ailleurs s’allonge considérablement. En réintégrant progressivement l’OTAN, la France soutient donc le bras armé d’un nouvel ordre mondial dirigé contre ses propres intérêts.
C’est pourquoi il est urgent de rompre avec les politiques mondialistes qui relèguent la France aux rôles de second plan. Face à la politique de déclin actuellement suivie par les gouvernements successifs, il existe une autre politique. Une politique qui se donne les moyens de retrouver la puissance et l’indépendance nécessaires à la préservation de nos intérêts. C’est cette politique de grandeur et de liberté que se propose de mettre en œuvre le Front national.