Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, secrétaire général du RPR et président par intérim, sur la nécessité de rétablir l'état de droit en Corse, sur la responsabilité du ministre de l'intérieur et du premier ministre dans les "mésaventures" du Préfet Bonnet et sur la modernisation de l'Etat, Ajaccio le 14 mai 1999.

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Intervenant(s) : 
  • Nicolas Sarkozy - Secrétaire général du RPR et président par intérim

Texte intégral

Mes chers amis,

Il y a peu plus de deux mois, j'étais avec vous à Ajaccio. C'était, à l'occasion des élections régionales.

J'avais été frappé par le décalage qui existait déjà à l'époque entre les mots que prononçaient au nom de l'État le gouvernement et ses représentants, et la façon dont vous perceviez la réalité. D'un côté, on évoquait l'autorité de l'État. Vous ressentiez une obsession réglementaire chaque jour plus « tatillonne », démesurée, et pour tout dire, manquant du plus élémentaire recul.

On parlait d'égalité devant la loi républicaine. Vous ressentiez l'humiliation profonde, réelle, justifiée de voir tous les Corses, sans distinction, assimilés à des fraudeurs, des délinquants, des suspects déjà condamnés. Le fait même d'être un élu démocratiquement élu, agissant comme un puissant facteur aggravant.

J'avais ressenti ce malaise tout en n'en mesurant pas toutes les conséquences. Celles-ci ne tardèrent pas à venir. Le résultat de l'incompréhension grandissante entre la Corse et la politique gouvernementale furent la progression des voix nationalistes ! Ceux qui affichaient leur volonté d'amener tous les Corses sur le chemin de la légalité républicaine obtinrent ainsi le résultat paradoxal de faire progresser significativement les voix de ceux qui s'opposent à la Républicaine française. Voilà où conduit l'excès dans le discours, la rodomontade systématique et l'outrance.

Je vous avais laissé là, ignorant que deux mois plus tard, ce ne seraient plus les mots qui étaient outranciers, mais les actes. Que ceux qui étaient là pour garantir l'ordre, organisaient le désordre. Que ceux qui étaient les garants de la transparence étaient devenus les agents de la brume la plus opaque et la plus nauséeuse. Que ceux qui devaient combattre les terroristes et la violence avaient fini par épouser sans vergogne leurs méthodes.

C'est dans ce contexte, dont on finit par se demander qui va l'emporter du ridicule ou de la tragédie, que j'ai profondément souhaitée revenir en Corse. Venir pour vous rencontrer, pour vous écouter et, surtout, pour témoigner.

Témoigner afin que malgré les échecs, les épreuves, les multiples déceptions vous ne désespériez pas de la France, de la République et l'État.

Il faut croire en l'avenir.

D'abord, parce que la France a besoin de la Corse. C'est la Corse qui nous enracine dans notre rôle de puissance méditerranéenne. C'est la Corse qui, de toutes les régions françaises, a fourni le plus important contingent des plus hauts serviteurs de l'État. C'est la Corse qui a tant de fois, dans notre histoire, donné les plus jeunes de ses insulaires pour aller se battre et mourir pour le drapeau tricolore. C'est en Corse que les continentaux aiment venir se ressourcer. C'est la Corse qui continue de fasciner nos compatriotes par cette façon inimitable qu'elle a d'entretenir le mystère sur ses sentiments les plus profonds. Pudique et fière, la Corse ne se laisse ni aimer, ni posséder à la première rencontre. Avant de donner sa confiance, elle veut être assurée que l'amitié qu'on lui propose est solide et dénuée d'arrières pensées. Oui, la France a besoin de la Corse. Je suis venu pour témoigner que le Rassemblement pour la République n'acceptera pas que des réactions épidermiques, sollicitées ou encouragées, viennent obscurcir ce message essentiel.

Ensuite, parce que la Corse est profondément, totalement, intimement française. Quelle que soit la gravité des événements du moment. Le brouhaha médiatique autour de telle ou telle mouvance nationaliste ou indépendantiste. L'outrance de ceux qui ont parfois du sang sur les mains, qui ont construit toutes leurs actions sur l'illégalité et, parfois même sur des relations mafieuses. De ceux qui sont responsables en grande partie de la peur qui règne parfois ici, terre française où l'on connut tant d'assassinats politiques tolérés ! De ceux qui sont complices d'une situation de sous-développement économique, produit direct d'une insécurité endémique. Bref, de ceux qui feraient mieux de se montrer plus discrets en ces jours si gris pour notre République. En dépit de tout cela qui existe, hélas, et qui est une réalité malheureusement, je sais que l'immense majorité des Corses se sentent Français à part entière sans l'ombre d'une hésitation.

C'est à ces Français insulaires que je suis venu dire ma solidarité, mon amitié, mon soutien déterminé. C'est pour marquer mon attachement à cette réalité que j'ai voulu que l'un des vôtres, Jean Baggioni, représente la France au Parlement européen de Strasbourg.

Enfin, il y a l'État. Le respect qu'on lui doit. La confiance, qu'il faut lui faire. Le rôle qui doit être le sien.

L'État a été dévoyé en Corse. Aussi difficile que soit cette réalité, il faut d'abord que soient sanctionnés, pour leur juste part, les responsables de ce dévoiement. Tous les responsables au plan pénal comme au plan politique. Il faudra ensuite que soit rétabli l'État en Corse. L'État rétabli dans les pouvoirs que lui donne la légalité républicaine. Ni plus, ni moins.

La caractéristique d'une démocratie, c'est qu'à tout moment, l'on doit être capable de répondre à la question de la responsabilité. La démocratie ne peut s'accommoder que de la transparence. Transparence des procédures, transparence des pouvoirs, transparence justement des responsabilités.

Qui est responsable des événements dramatiques que nous vivons en Corse depuis quinze mois ? Quinze mois non pour exonérer la droite de sa part de responsabilité. Convenons qu'en Corse, tout ce que nous avons entrepris n'a pas été couronné de succès. Il faudrait être frappé de cécité ou d'inconséquence pour ne pas en convenir. Le combat politique ne doit pas faire perdre cette lucidité sans laquelle il ne peut y avoir de jugements raisonnables. Mais quinze mois tout de même parce que depuis cette date, sinistre du 6 février 1998 où un préfet de la République a été assassiné dans l'exercice et à cause des fonctions qui étaient les siennes, j'ai le sentiment que la Corse emportée malgré elle dans une accélération de son histoire, qui aggrave chaque jour davantage les difficultés qu'elle connaissait pourtant depuis longtemps.

L'assassinat du préfet aurait dû, aurait pu provoquer un électrochoc obligeant chacun à prendre ses responsabilités, un élan de paix et de justice pour que la Corse redevienne paisible, une sanction exemplaire pour les coupables, afin que les mafieux sachent les risques qu'ils encourraient sur le territoire de la République française.

En fait de quoi, un an plus tard le gâchis est considérable. Le préfet, que la République a envoyé, dort en prison aux côtés du colonel de gendarmerie, censé être le premier auteur de la recherche des assassins du préfet Érignac. Quant aux assassins justement, pas le plus petit indice. Pas la plus petite trace. L'enquête fait du surplace à moins qu'elle ne recule. Un préfet assassiné. Un autre en prison. Quatre gendarmes embastillés. On n'avait jamais vu cela ni en Corse, ni ailleurs. Mais justement, c'est en Corse, et c'est d'autant plus grave. L'État se retrouve en position d'accusé. Des anciens détenus de droit commun paradent à la télévision sans la moindre pudeur, au moment même où ils vont demander réparation à la République française. La fameuse paillote, aussi illégale aujourd'hui qu'hier, est reconstruite avec une rapidité stupéfiante. Quant à la justice, elle tellement à faire avec la préfecture que j'espère qu'elle trouvera le temps, à ses moments perdus, de s'occuper d'une tradition mafieuse qui n'est pas plus tolérable depuis les mésaventures du préfet Bonnet.

Alors qui est responsable ? Cette question, je la pose non pour compliquer la tâche d'un gouvernement dont l'impéritie éclate chaque jour davantage, mais parce que nos compatriotes en Corse, comme sur le continent, veulent connaître la vérité et comprendre comment en 1999 un tel enchaînement a-t-il était rendu possible.

La responsabilité pénale. C'est à la justice de la rechercher. Elle le fait avec célérité. Des hommes sont en prison. Ils ont, comme chaque citoyen, droit à la présomption d'innocence, quelle que soit la gravité des charges qui pèsent sur eux. Il ne sert à rien de les accabler. Je dirai même que cela ne serait guère convenable. D'autres seront encore interrogés. La justice va suivre son cours, à son rythme, qui n'est pas celui de la politique. Mais nous n'avons nullement à y interférer.

La responsabilité politique. C'est bien là où nous ne pouvons nous satisfaire des explications données par le gouvernement. Il y a quelques années, les socialistes déjà nous avaient expliqué que l'on pouvait être responsable mais pas coupable. Lionel Jospin fait beaucoup mieux « mais il est blessé mais pas responsable ! » Mieux encore prenant l'opinion publique à témoin de sa propre blessure devant un tel dévoiement de l'État, il en tire lui-même la conclusion que la profondeur de sa blessure est inversement proportionnelle à la légèreté de sa responsabilité ! Comprenne qui pourra la logique d'un tel raisonnement !

Au moment où partout en France désormais des maires, des chefs d'entreprise, des responsables sont mis en examen et condamnés, non pour des faits qu'ils ont réalisés, mais pour des fautes que leurs subordonnés ont commises, on appréciera à sa juste valeur la façon dont Lionel Jospin et son gouvernement tentent de s'exonérer. Quand un panneau de basket se décroche accidentellement et blesse un adolescent, le maire est condamné. Quand une ornière dans une rue départementale provoque un accident, le président du conseil général est condamné. Quand une institutrice manque à la surveillance des enfants qui lui sont confiés, elle est condamnée. Quand un routier fait trop d'heures à son volant et provoque un accident, son employeur est traîné sur les bancs de la correctionnelle et est condamné. Quand l'un des vingt-deux préfets de région est accusé d'avoir, une année durant, détourné de sa mission républicaine une unité de gendarmerie, dont certains des membres iront jusqu'à organiser des attentats, le ministre de l'intérieur et le Premier ministre s'estiment responsables de rien pour la raison simple qu'ils prétendent en choeur n'avoir été informés de rien.

Sans doute Lionel Jospin ne s'est-il pas rendu compte que son système de défense l'accable plus qu'il ne l'excuse.

Le Premier ministre et son ministre de l'intérieur peuvent-ils ignorer ce que faisait le préfet de la région Corse pendant une année entière ?

Qui, si ce n'est Monsieur Jospin, a investi le préfet Bonnet des pleins pouvoirs ? À quoi servaient les réunions mensuelles entre le cabinet du Premier ministre et ce préfet, si ce dernier ne rendait aucun compte ?

Qui, si ce n'est le gouvernement a décidé la création du GPS et de ses 95 gendarmes avec les moyens considérables qui allaient avec ? À aucun moment, n'a-t-on songé à leur demander de rendre des comptes sur leur activité ? La direction de la gendarmerie, le ministre de la défense ne s'en préoccupaient-ils jamais ? Ne demandaient-ils aucun rapport ?

Qui était destinataire des rapports de la police et des renseignements généraux, indiquant les très nombreux dysfonctionnements observés depuis un an ?

Durant un an, il ne s'est donc trouvé personne au gouvernement pour s'intéresser au travail du préfet Bonnet, alors qu'à plusieurs reprises Lionel Jospin comme Jean-Pierre Chevènement, nous ont indiqué qu'il s'agissait d'un « préfet d'élite » investi de la totale confiance du gouvernement ?

Lionel Jospin a même oublié que c'est lui qui avait nommé le préfet Bonnet. La tentative pour y associer le président de la République est rien moins que pathétique. C'est aussi le président qui nomme les ministres de Monsieur Jospin ? C'est-à-dire que concrètement c'est lui qui les a choisis ?

La vérité, c'est que Lionel Jospin est triplement responsable :

Il est d'abord responsable d'une erreur stratégique majeure. On ne lutte pas contre l'illégalité en employant soi-même des moyens d'exception. Unité de gendarmes d'exception. Préfecture d'exception. Procédures d'exception. Discours d'exception. Ce qui fait la force d'un État de droit, c'est justement le droit commun, la qualité républicaine, la légalité républicaine.

Il est ensuite responsable d'un manque de vigilance caractérisée. Quand on veut faire de la Corse un symbole de la politique gouvernementale, il est incompréhensible de se laisser à ce point endormir par le discours d'un seul homme ? Dans ces conditions, à quoi ont bien pu servir les ministres de l'intérieur, de la défense et de la justice ? À quoi servent les directeurs d'administration centrale ? Qu'ont fait les membres du cabinet du Premier ministre ? Évoquer la seule incompétence collective paraît bien faible.

Il est enfin responsable d'un manque de discernement dans le choix des hommes chargés de mettre en oeuvre cette politique.

Erreur dans la stratégie. Erreur dans le contrôle. Erreur dans le choix des hommes.

La responsabilité politique du ministre de l'intérieur et du Premier ministre se trouve gravement engagée. Dans n'importe quelle démocratie, le ministre aurait tiré la conséquence d'aussi graves dysfonctionnements dans les services dont il avait la responsabilité. L'opposition, et notamment le RPR, ont été très responsables depuis le début de ce qu'il faut bien appeler un scandale d'État. Nous avons attendu que la justice progresse, que le gouvernement donne ses explications, que le Premier ministre prenne ses initiatives. Alors que les charges politiques sont accablantes, rien n'est venu, sur le plan politique du moins.

C'est donc à l'opposition qu'il revient de poser clairement la question de la responsabilité politique du gouvernement. Après l'avoir longuement évoqué avec le conseil politique du RPR, je crois que le moment s'approche où il va nous falloir censurer un gouvernement qui refuse à ce point d'assumer sa responsabilité politique.


Mes chers amis,

Rien dans l'avenir ne pourra se reconstruire sans l'appui des Corses eux-mêmes.

Il faut en appeler à un nouveau contrat de confiance. Cela ne se fera pas en un jour, cela sera sans doute difficile, réclamera des efforts, de la sincérité, du dévouement, du civisme et un sens élevé de l'intérêt général.

Ce nouveau contrat de confiance devra être fondé sur un dialogue politique et citoyen, riche et dense. Il faut passer d'un climat de défiance à un climat de participation et de confiance.

Ce contrat devra naturellement s'appuyer sur la fermeté. Une fermeté non pas exceptionnelle, mais tout simplement républicaine, continue, transparente, assurée par des forces de sécurité motivées et coopératives.

Il devra être à la base d'un développement économique et culturel, qui puisse répondre aux défis d'une modernité que la Corse ne doit pas avoir à redouter.

En un mot, il faut un sursaut collectif.

Il restera plus particulièrement à la formation gaulliste que je préside à réfléchir au rôle, aux missions, aux moyens d'un État moderne.

Je crois en l'État, à sa nécessité et à sa modernité dans le monde d'aujourd'hui.

Je crois plus encore à la nécessité de le reformer en profondeur. Immobile et sclérosé, l'État sera condamné. Réformé et modernisé, l'État sera pérennisé.

Je fais mienne l'expression reprise dans un grand journal du soir « la Corse n'est pas une exception maligne sur un corps sain ». Elle illustre, plus brutalement qu'ailleurs, l'essoufflement d'une puissance publique trop longtemps omnisciente et omniprésente, qui n'a pas été repensée conformément aux nouvelles nécessités économiques, sociales et mondiales.

Rigide là où il devrait être souple, présent là où il devrait s'être retiré, absent là où il devrait être présent, égoïste là où il devrait être exemplaire : l'État est en panne.

Il ne peut plus échapper à la réforme.

Il est tout de même paradoxal de voir réclamer des Français, des entreprises un effort, d'adaptation, de remise en cause, et parallèlement renoncer à traiter les faiblesses de l'État, de ses administrations et de ses services publics.

L'État doit être respecté. Pour cela, il doit être respectable. N'y revenons pas. Ce qui s'est passé en Corse en est le parfait contre-exemple. Mais notons que cela concerne plus l'État lui-même que la Corse. Il faut donc se garder pour elle de toutes démarches précipitées, qui ne pourraient nous conduire qu'à des déceptions. Parler d'un statut d'autonomie interne, ce serait reconnaître que la République est incapable d'assurer à cette partie du territoire national le développement auquel elle aspire. En revanche on peut avoir une vision ambitieuse de la décentralisation afin de prendre en compte l'insularité.

L'État doit avoir la religion de l'efficacité qui se juge année après année à l'aune des résultats obtenus en matière de lutte contre l'insécurité, d'intégration dans notre société des accidentés de la vie, ou encore, de formation des jeunes qui sont confiés à l'éducation nationale.

L'efficacité, c'est aussi la continuité du service public par l'instauration d'un service minimum les jours de grèves. Les Français ne supportent plus d'être pris en otage au nom de revendications peut-être légitimes, mais qui ne doivent pas les empêcher de travailler.

L'État se doit de faire un effort de transparence pour identifier la chaîne des responsabilités.

La modernisation de l'État doit s'accompagner d'une conception élevée de la responsabilité. L'épisode de ces derniers jours montre combien la légitimité de l'État et de ses serviteurs, politiques ou administratifs, est en ce domaine exigeante.

Qui décide assume !

C'est une question d'éthique et de transparence, les Français y sont à juste titre très attachés.

La responsabilité, c'est aussi mobiliser, soutenir, valoriser, voire récompenser les agents de l'État. Je crois aux vertus du travail ; j'estime que les gens qui se battent et font plus que ce qu'on leur demande simplement de faire, qui prennent des initiatives, doivent être encouragés.

L'émulation au sein de l'État ne doit pas être simplement fondée sur le sacrifice, mais aussi sur la récompense.

Dans cet esprit, je crois que nous aurions intérêt à réfléchir à l'évolution du statut de la fonction publique, qui doit assurer la récompense du mérite et de l'effort, aussi bien sur le plan des carrières que des rémunérations à la faveur, en particulier de l'introduction de mécanismes de participation.

J'aurai l'occasion, tout au long de cette campagne, de revenir plus en détails sur ce que doit être un État moderne. Je veux redire ma conviction que la liberté sans règle, c'est l'anarchie ; que la démocratie ne peut prospérer que parce que la loi est connue et respectée de tous. Que l'État a fait la France. Que la mondialisation ne met pas en cause sa légitimité, pas plus que son utilité, mais que son fonctionnement doit être profondément modernisé.

Amis corse, faisons de cette grave crise la chance d'un renouveau :
– renouveau pour l'État,
– renouveau pour la Corse,
– renouveau pour la France.

Soyez assurés que je continuerai à parler en votre nom, car je sais qu'ici en Corse, c'est le coeur de la France qui bat.