Texte intégral
Editorial – 1er novembre 1991
Qui exclut ? Et pourquoi ?
Un lourd reproche continue à nous être adressé par la classe politique de droite comme de gauche : nous serions, à l’entendre, le parti de l’exclusion. Nous sommes, paraît-il, des gens qui passent leur temps à exclure ou à vouloir exclure. C’est pourtant M. Mitterrand qui a parlé un jour du « seuil de tolérance », et c’est Mme Cresson qui vient de répéter, après M. Rocard « que la France ne saurait accueillir toute la misère du monde ».
Or, ce grief constamment utilisé contre nous d’être des gens d’exclusion est totalement faux. Le Front national n’a jamais refusé d’ouvrir largement les bras à des hommes et à des femmes de toutes confessions, de toutes professions de toutes conditions, de toutes sensibilités politiques et humaines. Citadins et gens de la terre s’y coudoient dans le même amour de la Patrie, dans la même et unique préoccupation du bien public.
Non, nous n’excluons pas, mais nous, on nous exclut dans le milieu politico-médiatique. Malgré la force évidente que nous représentons en France (plus de 5 000 000 d’électeurs), tout est mis en œuvre pour nous écarter des droits réservés aux autres partis. Nous sommes poursuivis d’une haine tenace : « Je hais, a dit M. Séguéla, cet homme qui a une âme de serpent. » L’homme en question, c’est moi bien sûr. Est-ce pour cela que les grands médias persistent à nous ignorer ou nous traitent dans notre propre pays comme des parias ? Exemples, quelques chiffres révélateurs : invitations dans les grandes émissions politiques depuis septembre 1990 :
« Objections » : FN : 1 ; PS : 12 ; UDF-RPR : 12. « Club de la presse » : FN : 2 ; PS : 17 ; UDF-RPR : 4. « Heure de vérité » : FN : 0 ; PS : 5 ; UDF-RPR : 5. « Grand jury RTL - Le Monde » : FN : 1 ; PS : 9 ; UDF-RPR : 10. « Sept sur Sept » : FN : 0 ; PS : 10 ; UDF-RPR : 5.
Il se raconte encore que, si l’on parle aujourd’hui d’instiller une dose de proportionnelle dans le scrutin pour les législatives, ce serait afin de favoriser le FN. Il n’en est rien. Nos socialistes cherchent simplement un moyen de créer un groupe des Verts à l’Assemblée pour leur servir de rempart et de renfort.
Malgré tant de persécutions injustifiées, nous ne cessons de monter dans les sondages comme dans les élections partielles. Rappellerai-je qu’à Nice, j’ai eu 2 000 auditeurs pour une conférence dont le prix d’entrée était de 100 F, alors qu’à Calais il a fallu payer des RMIstes pour participer à un banquet que présidait M. Fabius ?
Heureusement il y a des yeux et des oreilles qui commencent à s’ouvrir. Lors du congrès de « France Debout » à Montfermeil, dont le maire, M. Pierre Bernard (divers droite) avait invité des délégués du RPR, de l’UDF, du CNI et du FN pour traiter du thème de l’immigration, débat où notre parti était brillamment représenté par notre ami Yvan Blot, on a pu entendre M. Michel Poniatowski, ami personnel et ancien ministre de l’intérieur du président Giscard d’Estaing, déclarer : « Vous êtes tous Français et, somme toute, de bons Français, et si vous refusez de vous parler, si vous refuser de vous parler, si vous refusez le moindre accord, le plus petit accord de gestion, alors nous sommes foutus ! » et d’ajouter : « la France ne serait plus la France, mais un boulevard africain et socialiste livré à l’anarchie et à la décadence… »
La magnifique fête des B.B.R. où jamais je n’avais encore rencontré un auditoire aussi dense, aussi résolu, aussi enthousiaste que cette année, ne m’a pas seulement touché au plus profond du cœur ; elle m’a aussi confirmé dans ma conviction que l’heure de la victoire est proche pour une France qui, avec nous, retrouvera sa grandeur passée et toute son autorité à travers le monde.
Editorial – 15 novembre 1991
La mémoire et l’espérance
La beauté sublime des paysages tout empanachés d’or n’arrive jamais tout à fait à égayer l’automne. Elle est par trop fugace. La première tempête les dépouillera et même si on sait que le printemps les réhabilitera de neuf, on ne peut se défendre d’une mélancolie qu’avive l’évocation des morts.
Après les feuilles, les fleurs et les fruits viennent l’humus qui nourrira la renaissance. Je sais que nous aussi sommes faits des limons de la terre et que nos corps y retourneront. L’espérance, certes, allège nos doutes et nos craintes car nous savons pouvoir nous adresser au Fils de l’homme, à la manière du poète emprisonné.
« Vous avez trop aimé cette terre où nous sommes, Vous avez trop aimé l’ai que nous respirons. Pour n’avoir pas souffert ce que souffrent les hommes… » Il n’empêche.
Le 2 novembre est le jour du souvenir et de la piété, une fête profondément ancrée dans nos mœurs. Nos esprits et nos cœurs se tournant alors vers ceux qui viennent de nous quitter : cette année, notre fidèle ami, M. Louis-Marie Poulain, qui fut l’artisan admirable de cette Lettre, et dont la vie fut consacrée jusqu’aux heures ultimes au service de ses idées et de son pays, naguère, Jean-Pierre Stirbois encore si proche de nous, et aussi vers ceux dont nous sommes nés, ceux que nous avons aimés ou qui ont croisés notre tour et au-delà d’eux, vers ce milliards d’hommes et de femmes qui se sont fondus dans cette terre française jusqu’à en faire celle de la patrie.
Ceux qui prétendent ouvrir la France aux étrangers et qui nient en France les droits héréditaires des Français, doivent pourtant intégrer ce chiffre à leurs médiocres calculs politiciens. Car la nation n’est pas faite seulement de ceux qui y résident, ou même qui figurent sur les registres électoraux, mais aussi et surtout de ce fleuve de vies passées, présentes et futures dont les vivants ne sont qu’un moment.
Ceux qui sont admis à l’honneur et à l’avantage d’être Français doivent, au-delà des formalités, tenir compte du temps et de la nature. Quand les os de leurs parents seront mêlés au sol de France, alors ils seront vraiment et complètement des Français. C’est dans la terre et par les morts que se fait l’intégration.
Le 11 novembre, nous fêtons les héros de toutes les guerres, les martyrs de la Patrie. Tous ceux qui au long des siècles ont offert leur vie pout la terre charnelle. « Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie méritent qu’à leur tombeau la foule vienne et prie », dit le poète exilé. Par millions, eux aussi, tombés face à l’ennemi, ils font partie de cette terre qui pour nous n’est pareil à aucune autre.
Grèce à la communion nationale des vivants et des morts, leurs sacrifices fondent notre droit exclusif sur le territoire, sur la Nation.
Nous le ferons respecter.
Editorial – 1er décembre 1991
Le rameur héroïque
Ceux qui ont assisté à notre beau meeting BBR 91 se souviennent sans doute de l’immense ovation que soulever l’évocation du nom et de la tentative héroïque de mon compatriote d’Aboville (Crach est une commune mitoyenne de la Trinité-sur-Mer). Une fois de plus, nous étions en avance sur l’évènement.
Depuis, il est arrivé après avoir bravé les tempêtes, les chavirages, la fatigue que seuls peuvent imaginer ceux qui ont « hâlé sur le bois mort », dans un lourd canot de sardinier ou de thonier, vent debout dans le clapot, quand une morsure brûlante vous tenaille la nuque et les épaules, que les bras sont tétanisés et qu’on n’arrive plus à décrisper les mains. Pendant quatre mois, entre l’océan le plus désert et le ciel le plus vide, il a été seul face à l’angoisse, le doute, surtout à l’heure où tombe la nuit, quand on se maudit d’avoir échangé les bonheurs sûrs pour les dangers de l’aventure.
À peine le pied à terre, notre héros a été en butte à la méchanceté, à la calomnie des cloportes, au dénigrement de certains pisse-copies qui ne peuvent supporter ce qui surpasse la médiocrité de règle.
Beaucoup n’ont pas compris le sens de c défit surhumain, de tout ce qui était à leurs yeux du temps et des efforts perdus. Ils ne comprennent pas non plus les alpinistes, les vrais sportifs, ceux qui comme le disait Pierre de Coubertin dans la devise des Jeux olympiques veulent aller « Citius, altius, fortius », « plus vite, plus haut, plus fort », ceux qui ajoutent à l’effort porté à ses limites extrêmes le risque de perdre leur vie.
Ils ignorent que la plus belle victoire, la plus rare, c’est celle que l’on rempote sur soi-même plus encore que sur les éléments.
À dire vrai, d’Aboville avait de qui tenir. Il suffit pour s’en convaincre de lire le martyrologe du monument aux morts de Crach où les noms des siens se déclinent dans le granit breton.
Ils ont été des modèles. A son tour, il remplira ce rôle auprès des jeunes qui ont soif d’autres exemples que les cabrioles des saltimbanques du show-biz.
Au reste, si la jeunesse est moins une période de la vie qu’un état d’esprit, un effet de la volonté, une victoire du goût de l’aventure sur l’amour du confort, il est des leurs.
Notre combat pour la renaissance française est comparable, toutes choses égales d’ailleurs, à son odyssée. Comme lui, il nous a fallu et il nous faut affronter l’indifférence, le mépris pus, au fur et à mesure qu’on se rapproche du but, la haine, la fureur, la menace, à ceci près que la mer n’est que cruelle et que les hommes peuvent être féroces.
Nous aussi, nous affrontons les gouffres et les solitudes amères, nous voguons loin des lumières de la terre et des conforts de l’établissement.
Et, nous savons, en outre, que quand nous aurons réussi la traversée, notre mission ne sera pas terminée. Elle commencera.
Editorial – 15 décembre 1991
Nos patries et l’Europe
Au moment où les gazettes et les politiciens glosent sur les bienfaits supposés et futurs de Maastricht, et tandis que l’on déplore l’inaction de la communauté européenne devant le communisme agresseur en Croatie, il convient d’analyser les causes réelles de l’échec de la communauté européennes.
L’affaiblissement rapide du communisme dans ce qui reste d’URSS et son recul dans la partie Est de l’Europe, avaient occulté la question de la responsabilité des pays de l’Europe de l’Ouest et, particulièrement, celle de la communauté. Lorsque l’on constate à quelle vitesse les partis communistes et leurs appareils policiers, qui n’ont d’ailleurs pas totalement disparu, ont dû abandonner leurs sièges gouvernementaux, on peut affirmer que la communauté a fait preuve de lâcheté. Si nous avions exigé des réformes démocratiques réelles, en échange de l’aide économique, au lieu de nous contenter l’illusoire perestroïka, la transition se serait déroulée sous d’autres auspices que ceux du doute, de l’angoisse et de l’incertitude. La Communauté européenne pourrait en effet proposer aux pays de l’Est un modèle et une coopération, celle que l’on offre aux pays sinistrés. Or, il n’en est rien.
François Mitterrand, à Prague, l’an dernier, ferma la porte de la Communauté aux nouvelles démocraties : elles comportent sans doute trop de patriotisme réel et de respect des valeurs de notre civilisation pour être acceptées par le Bourguiba du socialisme français.
Rien d’étonnant à ce qu’ensuite les forces entre intactes du communisme essaient de créer un abcès de fixation en Yougoslavie, en se servant du parti communiste resté en place en Serbie et à la tête de l’armée fédérale, pour écraser la liberté en Croatie et faire comprendre ainsi que autres pays de l’Est que l’Ouest n’a rien de positif à leur apporter.
Jacques Chirac a proposé, quant à lui, de couper le pétrole à la Yougoslavie, mettant ainsi en parallèle la Croatie libre et la Serbie communiste : aider la liberté en lui coupant les vivres ! Voilà qui rapproche l’ancien premier ministre du président qui l’avait nommé et qui prouve que la vieille droite n’a plus rien à dire sur le rôle de la France dans le monde.
Le groupe des droites européennes a proposé, lors de sa récente réunion de Londres, que la communauté reconnaisse l’indépendance et la souveraineté de la Croatie et de la Slovénie et applique à la Serbie des sanctions économiques strictes, ainsi qu’un blocus militaire et maritime. Sans quoi la Hongrie, l’Albanie et la Bulgarie réclameront que la Serbie impérialiste respecte le droit de leurs minorités vivent dans les zones contrôlées par la Serbie : ce sera le retour des guerres et des crises balkaniques.
Pendant ce temps, à Maastricht, on tente de faire fonctionner la future fédération européenne, celle dans laquelle les douze Nations devraient disparaître au profit de la « Yougoslavie communautaire », dont l’arme fédérale sera la commission et ses dizaines de milliers de fonctionnaires. En accumulant ainsi des mécanismes institutionnels de plus en plus complexes, on rendra impossible le contrôle politique et démocratique des citoyens de chacun de peuples d’Europe. Certes l’Etat n’est pas la Nation, mais celle-ci ne peut se défendre et exister au travers les institutions qui constituent l’État national. En ôtant à celui-ci ses prérogatives et la souveraineté qu’il détient du peuple, les apprentis sorciers de Maastricht auront commis un double crime politique : à l’égard des douze Nations de la communauté, mais aussi à l’égard de celles qui, libérées en grande partie du contrôle communistes, attendent à nos portes pour rejoindre définitivement notre espace de richesse, de liberté économique et surtout d’indépendance politique. La plupart des pays d’Europe, à l’Est comme à l’Ouest, ont rejeté les systèmes socialistes et communistes. Rétablir le socialisme par le biais d’une fédération bruxelloise constitue une grave atteinte aux droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et une trahison à l’égard de l’Europe de l’Est. En faisant de communauté une fédération complexe de technocratique qui consacrera la fin de Nations à l’Ouest, Maastricht aura comme corollaire d’exiger des peuples frère de l’Est européen, qui souhaitent nous rejoindre, leur suicide préalable. L’accepteront-ils ?
Mais, face au fédéralisme antinational, les succès électoraux des mouvements nationaux d’Europe, que ce soit en Autriche en Belgique oui encore la remontée du MSI en Italie, sont autant de signes du réveil des peuples. Décidément - et c’est ce qui fit enrager nos adversaires - le balancier de l’histoire va dans notre direction ; l’heure de l’Europe des Patries a sonné.
L’année nouvelle verra de grands changements, ici et ailleurs. Quelle apporte à nous concitoyens l’espoir d’une renaissance morale et politique dans une France française et une Europe européenne.
A vous tous, joyeux Noël et bonne année.