Interview de Mme Frédérique Bredin, ministre de la jeunesse et des sports, dans "Le Journal du dimanche" du 23 février 1992, sur le bilan des jeux olympiques d’Albertville.

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Média : Le Journal du Dimanche

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« Nous avons offert au monde l'image d'un pays qui avance. » Frédérique Bredin, ministre de la Jeunesse et des Sports, était visiblement heureuse de voir ces JO s'achever en beauté. Mais elle retenait aussi l'excellence d'une organisation qui n'a subi que de très rares couacs.

« Ce que j'ai remarqué surtout, c'est que l'on n'a pas ressenti les efforts d'organisation pour aboutir à ce succès. Tout semblait couler de source, ce qui à mes yeux est une réussite. Par ailleurs, sur le plan technologique et des industries de pointe, la France a montré ses capacités. Et cela devrait se révéler productif. »

Sur le probable déficit de ces Jeux, Mme Bredin n'a pas voulu se prononcer : « Il est encore trop tôt pour faire un bilan sur ce point précis. Mais très vite, nous nous assoirons autour d'une table pour faire le point. Mais jamais nous ne devrons oublier les quinze jours magnifiques que nous venons de vivre. »

Il y a cependant un autre aspect que les Savoyards ont retenu : malgré le soleil (surtout la deuxième semaine), une neige sublime et aucun problème de logement les stations concernées par les JO n'ont pas fait le plein de skieurs.

Dans la plupart des sites, si le nombre de spectateurs se situa dans l'ensemble au-dessus des prévisions, la fréquentation des touristes dans les stations et des skieurs sur les pistes autres que celles des compétitions fut très moyenne.

Au point que nombre de commerçants se plaignaient de ce manque à gagner qu'ils n'avaient pas prévu ! Ils pensaient, effet JO aidant, que leurs stations seraient bien plus garnies pendant cette période.

Cependant, ils étaient aussi nombreux à reconnaître qu'il ne fallait pas s'attendre à des miracles et que la présence massive de Norvégiens, Américains et Japonais sur les sites olympiques laissaient espérer pour l'avenir de fortes retombées au niveau de la fréquentation des stations savoyardes.

« Il faut bien reconnaître que les JO ont pénalisé les stations de la Tarentaise, commenta Jean-Guy Cupillard, président de Ski-France, organisation chargée de promouvoir les stations de ski française. La même chose s'était produite en 1968 pour l'Isère. Cela dit, dès le 22 février, avec les vacances scolaires, tout va rentrer dans l'ordre. »

Le maire de Courchevel, Michel Ziegler, estimait pour sa part que les JO constituaient un excellent tremplin, c'est le cas de le dire, pour développer le site du Praz et en faire l'une des places fortes mondiales du ski nordique : « Il faut éviter la mésaventure survenue au tremplin de Saint-Nizier après les Jeux de Grenoble. Nous nous battrons pour que la FIS inscrive le Praz dans son programme d'épreuves mondiales. À cet égard, la FFS doit nous soutenir, affirmait-il. Par ailleurs, il est évident que les Jeux ont grandement aidé à la promotion des stations savoyardes à travers le monde.

Même son de cloche chez Henry Dujol, maire d'Albertville, qui nous avoua sa satisfaction de voir tout se dérouler bien et normalement : « À Albertville, je peux vous dire que nous avons été ravis par ces JO. Avec une surprise agréable : la fréquentation de la patinoire de vitesse. Cette réussite nous donne envie de promouvoir notre ville au plan touristique mais aussi montagnard. Il nous faut profiter désormais de notre position géographique qui fait d'Albertville un carrefour exceptionnel. »