Texte intégral
Midi Libre: samedi 20 septembre 1997
Midi Libre : Pourquoi tenez-vous tellement à ce qu’Air France ne soit pas privatisée ?
Jean-Claude Gayssot : Air France, notre seule compagnie nationale, est devenue, avec la fusion, la 8e compagnie au monde. Le gouvernement, respectant les engagements pris devant les électeurs, a choisi que cette entreprise nationale, appartenant au secteur public, ne soit pas privatisée. Ceci d'une manière non dogmatique ; le dogmatisme est du côté de ceux qui veulent privatiser parce que tout le monde privatise.
Air France a commencé à se redresser dans le cadre de son statut public. Ce statut sera une chance pour son développement futur. Cela n'empêche pas d'envisager l'ouverture du capital, en vue d'alliances nécessaires quand il y a volonté de participations croisées. Je pense aussi à la place réservée aux salariés. C'est le choix qui a été fait pour conserver à Air France sa dimension nationale et c'est ma volonté de la développer au plan national et international.
Midi Libre : Faut-il une entreprise publique pour faire du service public ?
Jean-Claude Gayssot : Une entreprise publique a plus de chance de remplir des missions de service public quand l’État, plutôt que le privé, est l’actionnaire majoritaire. Mais une entreprise publique ne doit pas être mise en difficulté de concurrence quand on lui demande des missions de service public : il lui faut des compensations. Et l'État doit jouer son rôle d'actionnaire pour le développement de l'entreprise.
Midi Libre : Pour Air France, vous avez dit « Ni privatisation, ni statu quo » ; cela s’applique-t-il aussi à la SNCF ?
Jean-Claude Gayssot : Non, je dis plutôt « Ni retour en arrière, ni statu quo ». L'idée de base est que les entreprises publiques doivent rayonner, être modernisées et démocratisées. Mais pour la SNCF, l'ouverture du capital ne se pose pas.
Midi Libre : Vous allez réformer la réforme ?
Jean-Claude Gayssot : Oui. Dans le sens de l'unicité de l'entreprise. La Commission européenne demande qu'il y ait séparation comptable entre la gestion des infrastructures et l'exploitation. Mais la réforme, choisie par le gouvernement précédent, de partager en deux entités publiques, ce qui va au-delà de ce que demande Bruxelles, a été vécue par les cheminots et par moi comme un risque d'éclatement de la SNCF. 0n va discuter de la meilleure formule pour resserrer les liens entre le maître d'œuvre et le maître d'ouvrage, tout en clarifiant mieux les responsabilités de chacun. J’y tiens !
Mais je ne veux pas de retour en arrière, qui équivaudrait à remettre 154 milliards de dettes à la charge de la SNCF. On se retrouverait dans une situation qu'elle a connue depuis quinze ans, où chaque année on supprimait 5 000 à 6 000 postes de cheminots. En dix ans, 70 000 postes ont été supprimés. Pour inverser cette tendance, j'ai proposé l'embauche supplémentaire de 1 000 cheminots sous statut et 1 000 emplois-jeunes, dès cette année. Pour bien faire la réforme de la réforme, il faut prendre le temps de la concertation : je vais ouvrir les discussions dès la fin du mois.
Midi Libre : Pourquoi le gouvernement s’est-il refusé à pénaliser le gazole ?
Jean-Claude Gayssot : Il a eu raison, car nous sommes déjà un peu au-dessus de la moyenne européenne pour le prix des carburants, y compris pour le gazole. Je préfère, à tous les points de vue, que les transporteurs routiers appliquent les accords, passés avec les organisations des salariés à la suite du conflit, plutôt que de les voir en situation de concurrence difficile face aux routiers des autres pays.
Moi, je suis convaincu qu'une politique sociale digne de notre temps est, en définitive, un atout pour efficacité et le développement des entreprises routières. Par ailleurs, on peut améliorer la qualité des carburants et favoriser l'utilisation de véhicules « propres » en ville. Dans mon ministère, je vais encourager l'utilisation de véhicules moins polluants.
Midi Libre : Vous dites cela pour faire plaisir à Dominique Voynet : mais par ailleurs, vous défendez les routiers…
Jean-Claude Gayssot : Oui, en a besoin d'eux. Mais je crois à la complémentarité des transports. Aujourd’hui, si on laisse les choses aller au fil de l’eau, on va à l'asphyxie sur les routes et autoroutes, au déclin du rail et à la mort de la voie d'eau. Inversons cette tendance, mais pas de façon administrative. Le problème ne doit pas être abordé contre les routiers mais avec eux, dans leur intérêt : nous devons déplacer des trafics sur le rail et la voie d'eau. Dès cette année, je vais mettre plus d'argent sur ces deux secteurs.
Midi Libre : Pourquoi tant d’acharnement contre le libéralisme ?
Jean-Claude Gayssot : La logique ultralibérale a déjà fait la preuve de sa nocivité avec 3,5 millions de chômeurs en France et 18 millions en Europe. C'est, entre autre chose, ce désastre que les Français ont voulu stopper en donnant la majorité à la gauche dans sa diversité. Le gouvernement, pour réussir, doit résister aux sirènes de l'ultralibéralisme. Face à la guerre économique, qui détruit les concurrents, les emplois, les services rendus, l'entreprise publique, du fait même de sa « durabilité », peut devenir un partenaire recherché pour des coopérations et des alliances de développement.
Europe 1 : mercredi 24 septembre 1997
J.-P. Elkabbach : Quand commence la construction des deux nouvelles pistes de Roissy ?
J.-C. Gayssot : Immédiatement.
J.-P. Elkabbach : C'est-à-dire cette semaine ?
J.-C. Gayssot : Tout de suite, oui.
J.-P. Elkabbach : On ne peut pas dire que votre décision suscite l'enthousiasme, à gauche et chez les Verts. Vous avez vous même D. Voynet se plaint et elle s'estime trahie ?
J.-C. Gayssot : Je crois que lorsque les riverains mais aussi les élus concernés, qui ont critiqué, qui se sont opposés à l'augmentation des pistes, quand ils verront les décisions et les propositions qui sont faites, ils verront bien que leur intervention, disons la concertation que j'ai ouverte à partir du 15 juillet, s'est traduite par des réalisations tout à fait nouvelles. Il n'y aura pas, à l'issue de la construction de ces deux pistes, de nouvelles pistes, dans l'avenir, qui seront réalisées.
J.-P. Elkabbach : Pas de troisième aéroport ?
J.-C. Gayssot : Sur le troisième aéroport, la proposition que je fais, c'est de rouvrir le débat sur le choix entre troisième aéroport ou utilisation des aéroports existants, comme Satolas par exemple.
J.-P. Elkabbach : Mais ils se plaignent, ils disent que c'est une concertation bidon ?
J.-C. Gayssot : Elle n'est pas bidon. D'ailleurs, j'ai donné hier à toute la presse le bilan, et c'est un livre très, très épais, où l'on voit que chacun a pu dire son avis et que la concertation a servi à quelque chose.
J.-P. Elkabbach : Et il fallait vraiment ouvrir ces deux pistes ?
J.-C. Gayssot : Oui.
J.-P. Elkabbach : Pourquoi ?
J.-C. Gayssot : Je crois que, à la fois le transport aérien français, l'intérêt dans le cadre du développement actuel du transport aérien à l'échelle mondiale exigeaient qu'il y ait cette ouverture de piste. Il y avait également des questions de sécurité qui se posaient ; les contrôleurs du ciel eux-mêmes disaient qu'ils ne pouvaient continuer ainsi. S'était absolument indispensable. Mais ce que j'ai voulu, et j'insiste, ce n'est pas simplement ouvrir deux pistes supplémentaires, qui seront réalisées, disons dans les trois quatre ans qui arrivent, mais c'est en même temps limiter, à l'avenir, le transport aérien sur la plate-forme de Roissy puisque certains parlaient de 80 à 90 millions, j'ai fixé à 55 millions le nombre de passagers. Et j'ai voulu surtout que soient intégrés les enjeux de l'environnement dans la démarche qui est aujourd'hui la mienne.
J.-P. Elkabbach : Qui porte atteinte à la solidarité du gouvernement : J.-C. Gayssot ou D. Voynet ?
J.-C. Gayssot : Non, je crois bien sûr que chacun a ses positions, les défend. La décision est prise par le gouvernement. D. Voynet a suggéré et m'a fait des propositions pour justement améliorer...
J.-P. Elkabbach : Mais elle savait ce que vous alliez décider ?
J.-C. Gayssot : Mais je crois que, dans tout le cadre de l'élaboration de la concertation, l'idée qu'il fallait arriver aux deux pistes, tout le monde la connaissait.
J.-P. Elkabbach : D'accord, donc elle savait. Et il va y avoir une manifestation le 18 octobre des Verts, vous la voyez manifester contre vous ?
J.-C. Gayssot : Non, je ne pense pas. Je pense très sincèrement que quand tout le monde prendra connaissance exactement des propositions, quand on verra que je m'attaque non seulement à...
J.-P. Elkabbach : Très bien.
J.-C. Gayssot : Je veux dire juste un mot. Il n'y aura pas d'augmentation des nuisances sonores à l'issue de la construction des deux pistes et tout de suite, je m'attaque aux nuisances actuelles. Dès le 1er janvier 1998, y compris la nuit, il y aura des restrictions et avec des amendes considérables pour tous ceux qui passeraient outre. Et je crée une autorité indépendante, par la loi, ce qui va être un élément tout à fait…
J.-P. Elkabbach : Europe 1 l'a bien expliqué hier. C'est la décision de J.-C. Gayssot ou celle du gouvernement Jospin ?
J.-C. Gayssot : C'est la décision du gouvernement.
J.-P. Elkabbach : Alors élargissons : J.-C. Spinetta succède à C. Blanc. Quand le capital d'Air France sera-t-il ouvert au privé ?
J.-C. Gayssot : Oui, J.-C. Spinetta vient de prendre ses fonctions de président. L'objectif du gouvernement, c'est vraiment le développement et le rayonnement de cette entreprise. Je l'ai dit dès le début de mon arrivée au ministère, que je souhaitais que cette entreprise reste une entreprise du secteur public, avec un capital public largement majoritaire. Mais j'ai dit dès le début qu'il fallait ne pas fermer sur l'ouverture...
J.-P. Elkabbach : Ça sera fait, ça peut être fait vite ?
J.-C. Gayssot : Ça peut être fait, ce sera discuté dans la concertation. Il n'y a pas de précipitation à avoir.
J.-P. Elkabbach : Si, dans un an, vous vous rendez compte qu'à cause de la féroce concurrence mondiale, la solution Gayssot - pas de privatisation - ne marche pas, est-ce que vous changerez ?
J.-C. Gayssot : Mais moi, je suis optimiste. Je pense qu'une entreprise nationale comme Air France, dans le secteur public, avec les moyens nouveaux qui vont lui être donnés, peut se développer. C'est la huitième compagnie du monde et cette entreprise nationale va gagner.
J.-P. Elkabbach : Vous avez entendu ce qu'a dit M Séguin : même les Chinois privatisent !
J.-C. Gayssot : Je suppose que P. Séguin ne va pas proposer au RPR le modèle chinois !
J.-P. Elkabbach : Ancien cheminot, vous êtes responsable du rail depuis cinq ans. Vos prédécesseurs promettaient le TGV-Est sans le lancer. Est-ce que vous renoncez ou est-ce que vous construirez le TGV-Est ?
J.-C. Gayssot : Non seulement je ne renonce pas mais nous allons lancer le TGV-Est.
J.-P. Elkabbach : Vous voulez dire que cette fois, c'est décidé.
J.-C. Gayssot : Oui.
J.-P. Elkabbach : De bout en bout ?
J.-C. Gayssot : Bien sûr.
J.-P. Elkabbach : C'est une bonne information que vous lancez-là. Le Président de la République vient de dire à Troyes que c'est l'emploi privé qu'il faut développer pour faire reculer le chômage, tout le reste est « fallacieux ». Vous qui encouragez les entreprises publiques qui sont sous votre tutelle à embaucher des jeunes, vous sentez-vous visé ?
J.-C. Gayssot : Je souhaite que les entreprises publiques et les entreprises privées créent des emplois. S'il y a eu des élections, que le Président de la République a voulues, et si elles se sont traduites par un changement, c'est que cela n'allait pas ! Pendant des années, on a donné des centaines de milliards au CNPF pour créer des centaines de milliers d'emplois, soi-disant. Il y a eu des centaines de milliards donnés mais il n'y a pas eu de centaines de milliers d'emplois créés ! Aujourd'hui, il y a des propositions, non seulement pour l'emploi jeune, qui vont se traduire par une situation radicalement nouvelle pour des centaines de milliers de jeunes qui attendent l'emploi, mais également, nous encourageons à ce que dans le secteur privé, il y ait aussi cette volonté de créer de l'emploi.
J.-P. Elkabbach : Dans une heure, au conseil des ministres, si le Président Chirac adresse au gouvernement Jospin quelques remarques ou remontrances sur le budget 1998 - étant donné les dépenses publiques, l'augmentation, les surcharges fiscales -, vous trouverez qu'il est dans son rôle ou pas ?
J.-C. Gayssot : Mais le Président de la République a le droit de dire ce qu'il veut et de porter un changement Ce qui est sûr, c'est que les Français ont choisi. Ils ont tranché pour une politique qui ne soit pas la même que celle menée par A. Juppé ou par E. Balladur. Aujourd'hui, nous nous attaquons à des problèmes majeurs dans le cadre d'un équilibre du budget qui est tout à fait respecté.
J.-P. Elkabbach : Vous voulez dire qu'il peut dire ce qu'il veut mais qu'il fasse « gaffe » un peu ?
J.-C. Gayssot : Il peut dire ce qu'il veut. Moi, je respecte les responsabilités de tout le monde. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut respecter aussi le choix voulu par les Françaises et les Français. Et ce choix, c'est le choix du changement en faisant de la justice sociale, de l'emploi, l'axe central, et c'est ce que nous essayons de faire aujourd'hui.
J.-P. Elkabbach : Beaucoup de gens sont choqués par le silence sur l'Algérie. Il y a des crimes qui s’y commettent tous les jours. Vous ne dites rien ?
J.-C. Gayssot : C'est insupportable ce qui s'y passe ! C'est impossible à accepter ce qui se passe, cette tragédie ! Je crois qu'on ne peut pas regarder en spectateur cette chose-là ! Évidemment, il faut essayer de tout faire pour soutenir ce peuple algérien, les forces progressistes, démocratiques et faire en sorte que ce soit efficace.
La Montagne : samedi 27 septembre 1997
La Montagne : Prévoyez-vous d'accélérer la mise à deux fois deux voies de la RN 145 (route Centre-Europe-Atlantique) notamment dans la traversée de l’Allier, de la Creuse et de la Haute-Vienne ?
Jean-Claude Gayssot : L'aménagement de la route Centre-Europe-Atlantique est pour moi une priorité. C'est le sens que je veux donner à mon déplacement à Montluçon. Dès 1998, une part importante de crédits du Fonds d'investissement pour les transports terrestres et les voies navigables sera consacrée à cet axe.
Sur la RN 145, les travaux seront accélérés dès 1998. J'ai, en effet, décidé d'y consacrer 50 millions de francs pour des opérations programmées, auxquels s'ajoutent 35 millions de francs pour un aménagement nouveau : la mise à deux fois deux voies du tronçon entre Ajain et La Pierre-Blanche (dans la Creuse, NDLR).
La Montagne : Une inconnue de taille subsiste dans le Puy-de-Dôme, sur le raccordement de la future autoroute A 89 (Clermont-Ferrand-Bordeaux) à l'axe autoroutier Paris-Clermont-Ferrand-Béziers. Entendez-vous conserver le tracé nord par Combronde, envisagez-vous un autre tracé ou une solution radicalement différente telle que la mise à deux fois deux voies de l'actuelle RN 89.
Jean-Claude Gayssot : Aujourd'hui, le débat porte moins sur le tracé de cette portion de l'A 89 que sur le degré de priorité à accorder entre ce tronçon d'autoroute et le doublement nécessaire de la RN 89. C'est ce débat qui se déroule actuellement. Les modes de financement routier et autoroutier en sont le cœur.
La Montagne : Qu'en est-il du dossier - qui semble avancer lentement - de la mise à deux fois deux voies de la RN 7, de Cosne-sur-Loire au sud de Roanne ?
Jean-Claude Gayssot : En ce qui concerne la RN 7, plus de 200 millions de francs seront consacrés, en 1998, à l'ensemble de l'itinéraire. Des travaux de sécurité concernent directement le département de l'Allier.
J'ai aussi demandé que la déviation de Lapa-lisse-Saint-Prix soit prévue dès 1998, par la réalisation d'un giratoire dit du « grand remblais ».
La Montagne : Comment comptez-vous faire sauter, sur l’autoroute A 75, le « verrou » de Millau ? Par un viaduc gratuit, un viaduc à péage, ou un itinéraire alternatif ?
Jean-Claude Gayssot : La solution actuelle est celle d'un viaduc gratuit. J'ai interrogé le Conseil d'État pour pouvoir envisager d'autres choix en toute sécurité juridique. Mon objectif est de retenir la formule qui permettra de réaliser cette infrastructure dans les meilleurs délais.
La Montagne : La région Languedoc-Roussillon a proposé de moderniser la ligne ferroviaire Béziers-Neussargues-Clermont-Ferrand, pour en faire un axe performant, susceptible de désengorger l’accès au littoral méditerranéen. Ce projet vous paraît-il réaliste ? Si oui, qui financera ? L’État, la SNCF, les collectivités ?
Jean-Claude Gayssot : J'ai reçu une délégation pluraliste de défense de cette ligne. J'ai décidé que des études seraient entreprises, sous la responsabilité de l'État, à partir des propositions faites. Elles prendront quelques mois.
Les possibilités de désengorgement de l'axe rhodanien et du littoral méditerranéen méritent, en effet, d'être étudiées. Elles me semblent crédibles. La question du financement sera à traiter après les études techniques et de marché. On peut espérer que toutes les collectivités qui poussent ce projet puissent s'associer au financement.
La Montagne : Les plafonds de ressources pour l'attribution de logements HLM suscitent des réactions négatives, notamment au sein d’offices publics, où l'on trouve la mesure trop sélective et où l'on craint pour la « mixité sociale », dans les cités HLM. Quelle est votre position sur ce sujet ?
Jean-Claude Gayssot : Les plafonds de ressources ont leur justification. Des adaptations peuvent néanmoins être nécessaires pour une plus grande mixité sociale et aussi pour prendre en compte la situation des ménages aux revenus modestes. Louis Besson (secrétaire d'État au Logement, NDLR) et le mouvement HLM discutent ensemble de cette question.
La Montagne : Récemment, à l'occasion de la Fête de l'Humanité, des militants communistes qui ne partagent pas certaines orientations de la politique actuelle ont exprimé un certain « désarroi » quant à la participation des ministres communistes au gouvernement. Quelles réponses pouvez-vous leur apporter ?
Jean-Claude Gayssot : Personne ne peut imaginer que dans le rapport de forces actuelles à gauche, tel que les citoyens l'ont décidé, ce sont les idées, les propositions communistes qui marquent l'essentiel des décisions gouvernementales. Mais personne ne peut non plus ignorer l'apport des communistes à la construction, de nouvelles réponses gouvernementales.
À la place qui est la mienne, qu'il s'agisse d'Air-France, de la SNCF, du logement social ou de la construction européenne, je travaille dans ce sens. Et je crois que l'immense majorité des communistes qui ont décidé de participer à un gouvernement pluraliste de gauche le savent. Comme ils savent que du succès des rencontres citoyennes qu'ils ont décidées, peuvent naître de nouvelles avancées.