Texte intégral
Q - Où en est la CGT aujourd'hui ?
« Nos effectifs sont stabilisés à 650 000 adhérents chez les actifs et à 10 000 chez les chômeurs. La CGT est la seule à essayer de se doter d'une représentation chez les chômeurs. Nous comptons 32 fédérations dont 19 sont en augmentation, dans l'agro-alimentaire et le textile en particulier. Aux élections prud'homales, nous avons obtenu plus de 33 %. C'est loin de nous satisfaire. Nous avons à renouer avec les catégories de salariés que nous avions tendance à laisser en friche. Les jeunes par exemple. A noter que, pour 80 % des délégués, le congrès de Strasbourg sera leur premier. »
Q - On dit que se déroule à la tête de la CGT une guerre entre les modernes et les conservateurs ?
« C'est sain qu'il y ait débat. Je vous fais remarquer que c'est la première fois qu'on discute des candidatures avant le congrès. Ce congrès sera un congrès de rupture avec le passé. A moi de convaincre les militants. Ce qui fait débat, c'est la façon dont nous articulons l'identité de la CGT dans nos rapports aux autres organisations. Si nous avions dans l'idée d'aboutir à une réunification syndicale, nous serions à côté de la plaque. Des années de clivage et de scission ont laissé des traces. »
Q - La CGT semble s'éloigner du syndicalisme de contestation...
« Aujourd'hui, chaque accord est certes apprécié au niveau confédéral mais, surtout, par les négociateurs de branches ou d'entreprises et, surtout, par les salariés eux-mêmes. On ne peut pas comparer le contenu d'une négociation d'une branche à l'autre. En cela nous sommes moins rigides que par le passé. En d'autres temps, la CGT aurait affirmé comment les 35 heures devraient s'appliquer sans tenir compte des disparités de situation. »
Q - Investir le terrain de la négociation vous amène-t-il à revoir vos appels à la grève ?
« Nous n'entendons pas renoncer à des journées, des manifestations, dès lors que nous avons un message à délivrer. Sans doute devrons-nous réfléchir à mieux articuler nos initiatives avec les préoccupations de ces salariés et pas seulement en les appelant à descendre dans la rue. Il ne faut pas oublier que aucune avancée sociale n'a été obtenue sans mobilisation. »
Q - Où en êtes-vous avec la confédération européenne ?
« Notre adhésion devrait être effective avant la fin du premier semestre 1999. Jamais comme maintenant l'Europe n'a été traversée par des mouvements par des mouvements sociaux. Plus que jamais l'Europe a besoin de convergence syndicale. »