Interviews de M. François Léotard, président de l'UDF, à TF1 le 7 octobre 1997, France 3 le 28 et RTL le 30, article dans "Le Monde" du 8 intitulé "Le ministère de la boue", sur les "révélations" de deux journalistes sur l'assassinat de Yann Piat, sa plainte en justice contre les auteurs.

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Intervenant(s) : 

Circonstance : Publication chez Flammarion du livre "L'affaire Yann Piat, des assassins au coeur du pouvoir" de André Rougeot et Jean-Michel Verne début octobre 1997-publication du livre de réponse de François Léotard "Pour l'honneur" chez Grasset, le 28 octobre.

Média : Emission L'Invité de RTL - Emission la politique de la France dans le monde - France 3 - Le Monde - RTL - Site web TF1 - Le Monde - Télévision - TF1

Texte intégral

Date : mardi 7 octobre 1997
Source : TF1

P. Poivre d’Arvor : Vous avez intitulé votre point de vue dans Le Monde : « Le ministère de la boue. » Vous dites avoir honte. Vous avez honte très très généralement, mais qu'est-ce que vous ressentez ? La première chose que vous avez ressentie quand vous avez reçu ce livre, ou quand vous avez entendu parler de ce livre ?

F. Léotard : Je voudrais vous dire d'abord, qu'avant tout cela, il y a la mort d'une femme. Une femme qui était un parlementaire que beaucoup d'entre nous respections, pour laquelle nous avions de l'affection ; et que c'est d'abord à elle et à sa famille que je pense. Et je ne voudrais pas que le tombereau d'immondices qu'on est en train de jeter sur cela cache le beau visage d'Y. Piat qui était une femme courageuse. La deuxième chose que je voudrais vous dire, c'est que – certainement c'est une minorité – mais il y a des journalistes qui sont des crapules et qui, aujourd'hui, déshonorent la profession, qui est une profession dans laquelle on doit découvrir la vérité. J'ai pris une décision – et j'espère que vous en rendrez compte, à la différence de certains services publics – qui est de demander aux juges des référés de faire en sorte que les auteurs de ce torchon puissent, dans les jours qui viennent, apporter la preuve de ce qu'ils disent. Car si je dis que vous êtes un assassin, si on dit publiquement devant les Français, devant des millions de Français qu'un homme est un assassin et qu'un homme qui a été ministre a utilisé la force qui était en son pouvoir pour assassiner quelqu'un d'autre, cela mérite la mort. Je suis contre la peine de mort, mais cela mérite la mort.

P. Poivre d’Arvor : Vous dites que ces journalistes sont des crapules, mais ils disent avoir la preuve de ce qu'ils avancent.

F. Léotard : Mais je vais demander dans les heures qui viennent qu'ils la déposent cette preuve. Vous imaginez, bien entendu, qu'ils ne l'auront pas, et que dans les jours qui viennent il va falloir qu'ils disent : oui, voilà qui a fait cela, à quel moment et voilà les documents que nous avons. Cela je souhaite que la justice française, de laquelle on doute quelquefois, puisse établir la vérité. Est-ce qu'il y a une infamie plus grande, plus grave que celle-là ? Est-ce qu'on peut imaginer quelque chose de plus bas que cette accusation ? La politique n'est certainement pas fait pour des âmes tendres mais qu'on soit arrivé en France, dans mon pays, à ce niveau de bassesse qui me donne honte de ce que nous sommes devenus, et de ce qu'est devenue la politique française, je dis : je ne sais plus à quel saint se vouer, je ne sais plus à quel droit se vouer, je sais plus à quel ministre se vouer ! J'ai entendu tout à l'heure le Premier ministre : ce n'est pas mal ce qu'il a dit, mais il faut aller un peu plus loin. Qu'on lève le secret-défense qui n'a rien à voir dans cette affaire. Rien ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire qui consisterait à protéger un éventuel assassinat ? Qu'on lève le secret-défense, que le ministre actuel de la défense, comme son prédécesseur, protègent l'honneur des militaires ! On dit que ce sont des militaires qui ont assassiné, en France, sur le territoire français, une femme qui est un parlementaire ! Que le ministre de la défense dise quelque chose. On ne peut pas rester dans une situation dans laquelle on est train de dire qu'on a assassiné quelqu'un, que ce sont des militaires français qui l'ont fait, et que les journalistes – si on peut dire – auteurs de ce torchon, puissent vivre librement, comme cela, circuler en France, et que personne ne les inquiète. C'est honteux.

P. Poivre d’Arvor : En d'autres termes, vous demandez que l'État porte plainte de son côté ?

F. Léotard : Bien sûr.

P. Poivre d’Arvor : Et vous-même vous allez le faire ?

F. Léotard : Bien entendu. Je suis en train de le faire dans les heures qui viennent et sous la forme d'un référé. Je vais demander en même temps, parce que je crois que j'en ai le droit, au garde des sceaux, de faire en sorte qu'il y ait un supplément d'information puisqu'il y a doute sur la qualité de l'information judiciaire, puisqu'on semble douter de la façon dont les magistrats ont opéré. Qu'on demande un supplément d'information ! C'est possible, devant la cour d'assises devant laquelle vont être jugés ces petits tueurs. Et puis, je voudrais qu'on sache que derrière ces gens-là, ces deux personnes qui osent se qualifier de journalistes, il y a probablement des petites frappes dont le métier est de faire des montages de ce genre. Et que cela aussi, j'aimerais bien qu'on le découvre, cela aussi j'aimerais bien que la justice le découvre et qu'on le dise. On ne peut pas rester dans une démocratie dans laquelle un assassinat est impuni. Un assassinat d'un parlementaire, d'une femme, c'est quelque chose que personne ne peut accepter.

P. Poivre d’Arvor : Vous pensez bien que si les journalistes ont travaillé pendant deux ans sur cette affaire...

F. Léotard : Travailler ! Qu'est-ce que cela veut dire travailler ?

P. Poivre d’Arvor : Ils ont rencontré des gens des services secrets, un « général » dont ils ne disent pas le nom...

F. Léotard : Est-ce qu'une démocratie peut vivre comme cela avec des services de l'État –  fonctionnaires, militaires – dont on dit qu'ils alimentent des informations de cette nature ? Est-ce que cela ne concerne pas le chef de l'État ? Est-ce que cela ne concerne pas le Premier ministre, le ministre de la défense, le garde des sceaux ? Est-ce qu'il a un pays autour je nous qui vit comme cela ? Il faudra bien qu'un jour les Français se posent la question de la façon dont leur démocratie est vécue. Je me la pose personnellement. Parce que, qu'est-ce que cela veut dire ? Vous avez le droit ainsi d'affirmer comme cela que Monsieur Untel, votre voisin de palier, est un assassin et, puis après, vous partez tranquillement à la pêche ? Qu'est-ce que cela veut dire ?

P. Poivre d’Arvor : Quand vous en appelez au chef de l'État, qu'est-ce que vous lui demandez précisément, parce que votre phrase est : « Qu'attend le chef de l'État pour restaurer un minimum de transparence nécessaire à l'exercice d'un service public ?

F. Léotard : Que disent les auteurs de ce torchon ? Ils disent : au fond, il y a des services d'État, c'est-à-dire des militaires avec des armes, qui ont assassiné un parlementaire. S'ils disent cela, il faut que, dans les jours qui viennent - il ne faut pas attendre un mois - ils en apportent la preuve. Et non seulement, que ce sont des militaires qui l'ont fait ! Imaginez les centaines de milliers de militaires qui sont humiliés, ridiculisés dans cette affaire. Et on laisse faire, et on ne dit rien ! Et après qu'on dise : voilà, s'ils ont fait cela, c'est qu'il y a eu des ordres. Qui a donné ces ordres ?

P. Poivre d’Arvor : Ils disent clairement qu'il y a deux commanditaires politiques. Ils ne donnent pas vos noms, mais vous vous êtes reconnus derrière ce nom et celui de J.-C. Gaudin. Cela vous paraît absurde d'imaginer un instant que vous avez pu souhaiter la disparition de Y. Piat ?

F. Léotard : Vous savez le drame c'est que, vous en parlez ou vous n'en parlez pas, le résultat est le même. L'immondice est tombée sur vous. Que vous en parliez ou n'en parliez pas, c'est la même chose. Vous dites que c'est honteux, cela n'est pas moi, le résultat est exactement le même. Dans le regard des gens, dans l'esprit des gens, le mal est déjà fait. Si c'est cela la République d'aujourd'hui, si c'est cela la démocratie d'aujourd'hui, je vais vous dire : il vaut mieux faire autre chose. Parce que ce qui est en train de se faire – je peux vous le dire, ce n'est pas être un grand prophète que de le deviner – c'est que, petit à petit, les gens n'y croiront plus du tout à la démocratie, ni à la liberté des gens, ni à la protection des individus, ni à la présomption d'innocence, ni à la justice elle-même. Personne n'y croira plus. Cela s'appelle autre chose que la démocratie, mais c'est en train de se faire en France. Cela je peux vous le dire. Moi, je me suis battu, cela fait 20 ans que je me bats contre cela, et je me demande si je dois continuer.

P. Poivre d’Arvor : Quand on est comme cela confronté à ce que vous appelez « la boue » et qu'on a envie de se laver, on peut intervenir en donnant des évidences. Par exemple, il est écrit que vous auriez rencontré le chef de la mafia sicilienne à Corleone.

F. Léotard : Si je n'étais pas un homme, si je n'étais pas de cette race heureusement qui sait ce que c'est que le caractère et le courage - je parle de ma mère corse·-, eh bien je réglerais moi-même cette question. Parce que, quand vous dites ça, Monsieur Poivre d'Arvor, quand... quand vous dites cela -alors que c'est un des rares pays européens dans lesquels je n'ai jamais mis les pieds - vous êtes en train de faire une construction qui consiste en fait à avilir un être humain, à le dégrader publiquement, devant tout le monde ; et quels sont les moyens que vous avez de répondre ? Encore une fois est-il encore possible dans ce pays de défendre l'intégrité, l'honneur, la dignité d'un homme et surtout d'un homme public, c'est-à-dire de quelqu'un qui a choisi de se battre pour ses engagements et ses convictions ? Il faut vraiment faire attention. Vous êtes journaliste et je respecte l'immense majorité des journalistes, leur devoir est très difficile, mais je ne respecte pas ces petites crapules qui s'amusent à ce genre de choses. Je n'ai aucun respect, aucun ! Et j'espère que leurs collègues, leurs confrères, les gens qui diffusent malheureusement ce genre de choses, sauront s'arrêter un jour parce que, quand sur une radio de service public, pendant vingt minutes, un matin, vous diffusez cela, avec mon argent ! Avec celui des contribuables, qu'est-ce que cela veut dire ! Si ce n'est contribuer à la saloperie. Voilà la réalité, et ça, je ne l'admets pas. Pardonnez-moi si je suis passionné, mais vous réagiriez de la même façon. Tous les Français qui nous regardent réagiraient de la même façon. Ils n'accepteraient pas cela. Là, il y a un danger très grave de dégradation de la vie publique française. Et moi je ne l'accepte pas. Je ne l'accepte pas pour mon fils tout simplement, pour ma femme, pour ma famille, pour la ville que j'ai servie.

P. Poivre d’Arvor : Je vous ai invité...

F. Léotard : Je vous remercie de l'avoir fait. Vos confrères du service public ne l'ont pas fait, certains confrères de la presse écrite ont dit n'importe quoi sur ce sujet et donc c'est à votre honneur de l'avoir fait et à l'honneur de votre chaine. Et je vous en remercie.

P. Poivre d’Arvor : Que va-t-il se passer dans les jours qui viennent ?

F. Léotard : J'espère qu'on va les condamner. Et je peux vous dire que je vais suivre cela minute par minute. J'espère qu'ils vont être condamnés et j'espère qu'ils seront dans l'incapacité de montrer la moindre preuve dans les jours qui viennent, parce que j'ai choisi une procédure de référé. Et j'espère que la justice de ce pays, ça voudra dire encore quelque chose.

P. Poivre d’Arvor : Si vous voyez un jour sortir du bois un de ces « généraux », un de ces hommes des services secrets que vous stipendiez, qu'est-ce que vous pensez...

F. Léotard : Je pense surtout que... J'ai aimé l'armée. J'ai aimé ces soldats. Je trouve que c'est une belle profession que d'être militaire. Mais quand on la dégrade – si jamais c'est le cas –, si jamais il y a des officiers qui se sont prêtés à cela.

P. Poivre d’Arvor : Ça peut être le cas ?

F. Léotard : Bien entendu. S'il y a des officiers qui se sont prêtés à ça, mais honte à eux ! Honte à eux ! Vous avez des centaines de milliers de Français qui sont sous les armes, qui sont des soldats professionnels, qui sont des appelés, qui sont des gens qui servent et qui aiment leur pays, et que, un ou deux ou trois personnes, comme cela, discréditent ce monde-là ça me fait mal au cœur. J'ai été ministre de la défense, je sais de ce dont ils sont capables en héroïsme, en courage, en dévouement. Maintenant voilà qu'on essaie de dire que des militaires français ont assassiné un parlementaire français ! C'est ça qu'on est en train de dire dans ce livre !

P. Poivre d’Arvor : Quel peut être l'intérêt de cette manipulation ? On n'arrive pas à comprendre. Pourquoi s'en prendre à vous ?

F. Léotard : J'espère qu'un jour on y arrivera. À qui fais-je peur ? Je me pose la question. Pourquoi cette haine ? Pourquoi sommes-nous dans un pays dans lequel quand vous avez un engagement public – il est clair mon engagement, je l'ai toujours dit, tout le monde le connait – pourquoi vous accable-t-on de haine ? À quoi cela sert-il ? Moi, je suis prêt à débattre avec qui on veut des problèmes de fond de la société française. Pourquoi accable-t-on, comme ça, un être humain ou deux êtres humains, ou d'autres, de haine, de malveillance et de mensonges ? Quand la mort et le mensonge sont liés de cette manière, on n'est plus tout à fait dans une République.

P. Poivre d’Arvor : Avez-vous trouvé de la solidarité dans la classe politique ?

F. Léotard : J'ai senti l'atmosphère cet après-midi à l'Assemblée. Ce n'est pas moi qui suis en cause, c'est une certaine façon d'être ensemble, c'est une certaine façon de vivre la démocratie. Et ce qu'a dit Emmanuelli est juste. Si jamais c'est vrai, il faut que la sanction soit... Il n'y a pas de sévérité excessive. C'est terrible quelqu'un qui fait ça ! Si c'est pas vrai il faut que cela soit la même chose. Parce que ceux qui ont dit ça, il faut qu'ils soient châtiés comme jamais on n'a châtié quelqu'un en France. Parce que vous n'avez pas le droit de faire ça. On ne peut pas rester dans cette situation : où c'est vrai, et je peux vous dire que là il faut que la sanction soit épouvantable. Mais si ce n'est pas vrai – et bien sûr que ce n'est pas vrai ! – eh bien je souhaite que la justice française sache ce que ça veut dire que d'accuser quelqu'un d'assassinat.

P. Poivre d’Arvor : Est-ce que, comme P. Mazeaud, vous avez confiance dans la justice de votre pays ?

F. Léotard : Quelquefois je doute, comme tout le monde. J'espère que les procédures pourront se dérouler normalement ; j'espère que rapidement, parce qu'il ne faut pas que ça dure des mois –  parce que pendant ce temps les gens se disent : après tout on ne sait jamais –, dans les jours qui viennent on aura réussi à démontrer que ces gens sont des imposteurs, des truqueurs, et que derrière eux, peut-être, il y a d'autres officines qui, depuis maintenant 20 ou 30 ans, sont à l'œuvre dans la Ve République pour déshonorer et pour salir.


Date : 8 octobre 1997
Source : Le Monde

Une femme, Yann piat, députée PR du Var, est morte, voilà plus de trois ans. Assassinée. Le jour de ses obsèques, dans la petite église de La Londe, je me suis exprimé au nom du gouvernement pour honorer celle qui nous avait, dans le silence de sa mort, réunis. La honte que nous éprouvions alors pour un geste d'une telle sauvagerie, nous l'avons retenue, gardée en nous, pour que la République, dans la patience de sa justice, puisse éclairer les mobiles de cet assassinat, démasquer ceux qui l'avaient conçu, condamner et châtier tous ceux qui ont pu s'associer à cette infamie.

Car un membre politique, si c'en est un, n'est pas un meurtre comme les autres. Il met en cause, à sa racine même, la confiance que chacun doit avoir dans les fondements d'une démocratie, dans la libre expression des élus du peuple, dans la protection dont ils doivent bénéficier – autant que d'autres –  vis-à-vis de la violence toujours cachée de la vie publique. Assassiner un élu, c'est démontrer par un seul geste que l'ensemble du mécanisme démocratique l'édifice fragile de la controverse et du débat, c'est un instant disloqué qu'il a montré une impuissance tragique à empêcher la violence de prévaloir sur la liberté de la pensée et sur le droit éminent à représenter des citoyens. C'est le peuple lui-même qui est ainsi touché. Aujourd'hui, la honte que nous éprouvions pour cet acte, pour ses auteurs, pour la haine ou l'intérêt qui le motivaient, cette honte revient en force sur nos visages, sur notre région, sur notre pays.

Il convient de dire pourquoi.

Une incroyable théorie d'impudeur et d'indignité a été construite par la voie d'un livre autour de ce meurtre. [NDLR : L'Affaire Yann Piat, des assassins au cœur du pouvoir, d'André Rougeot et Jean-Michel Verne, Flammarion, 298 pages.]

Cette théorie ajoute à la mort d'une femme un sentiment de nausée dont le pays tout entier ne pourra pas se débarrasser facilement si la vérité n'est pas, de nouveau, recherchée.

Oui, je le confesse, j'ai honte.

J'ai honte, un instant, d'être de ce pays-là.

J'ai honte pour ceux qui font profession de découvrir la vérité et qui s'accommodent, sans déplaisir, de la voir jetée ainsi, avec tant de désinvolture, dans le cul-de-basse-fosse du scandale.

J'ai honte pour une radio dite de service public qui consacre sur l’argent des contribuables, les moments de plus grande écoute à l'étalage et à la mise en scène d'une si évidente ignominie.

J'ai honte pour un État qui n'est pas en mesure de défendre ses propres agents et qui laisse prospérer des réseaux dont la seule fonction est de salir.

J'ai honte pour ce qui s'appelle encore une République et qui depuis Mehdi Ben Barka et Stevan Markovitch, avec les mêmes hommes, a laissé les officines spécialisées fabriquer du discrédit, de l'amalgame, du ridicule et de la mort.

En quel pays sommes-nous qui s'accommode de ces cloaques où certaines fonctions d'autorité peuvent continuer à s'exercer dans le plus grand des déshonneurs ?

Sommes-nous dans un pays de barbouzes ou dans un État de droit ?

Sommes-nous devant une catégorie nouvelle de citoyens qui auraient, seuls, le droit dont parlait Camus d'être des insulteurs ?

Quel est ce privilège étrange - ignoré des sociétés primitives - qui consiste à inculper dans le tapage et à disculper dans le silence, à couvrir la vérité d'immondices pour s'en prétendre ensuite le plus ardent défenseur ?

Quand l'État s'accommode lui-même du ministère de la boue que reste-t-il à espérer de ses procédures, de ses agents, de son droit, tout simplement de sa légitimité ?

Qui aura le courage juridique et politique d'arrêter, en France le glissement constant de la dérision vers la diffamation, de la diffamation vers l'insulte et bientôt de l'insulte vers la violence ?

Quand aura-t-on la volonté d'empêcher que l'on utilise le beau principe de la liberté de la presse pour protéger de leurs propres turpitudes les tartuffes, les imposteurs ou les truqueurs ?

Alors, pour que ne s’ajoute pas au premier crime la seconde mort perpétrée par une injure faite à la vérité, pour qu’une région tout entière ne se laisse pas entraîner dans le désordre des passions et des rumeurs, pour que la République soit un peu moins opaque qu’elle ne l’a été, il faut que chacun mesure sa part de responsabilité.

Qu'attend le ministère de la justice pour ordonner que soient ouvertes de nouvelles procédures judiciaires ?

Qu'attend le ministère de la défense pour prendre la parole au nom de militaires ridiculisés et humiliés ?

Qu'attend le premier ministre pour lever le « secret-défense » sur un sujet où il n'a aucune raison de s'appliquer ?

Qu'attend le ministre de l'intérieur pour mettre un terme à l'activité d'un service administratif qui est devenu, au fil du temps, le studio glauque où se fabriquent les ridicules montages de l'indignité nationale ?

Qu'attend, enfin, le chef de l'État pour restaurer le minimum de transparence nécessaire à l'exercice d'un service public qui ne peut échapper, par nature, à aucune des dérives provoquées par le secret, la confusion des fonctions, la raison d'État ?

À vrai dire, pourquoi demander aujourd'hui à l'État de reprendre démocratiquement ce qu'il a laissé au fil des années proliférer et gangrener tout en se protégeant ?

Pourquoi demander aujourd'hui que l'on fasse ce qui n'a pas été fait depuis plus de trente ans ?

Tout simplement parce que la boucle est bouclée et qu'il ne peut plus y avoir de représentation de qui que ce soit ou de quoi que ce soit quand, la mort ayant mené au mensonge, c'est le mensonge qui finalement triomphe.


Date : mardi 28 octobre 1997
Source : France 3

E. Lucet : J'imagine que la décision de justice vous satisfait. Mais avez-vous décidé d'aller plus loin, notamment de porter plainte contre les deux auteurs ?

F. Léotard : Oui, bien sûr. Ce que nous voulions c'est qu'il y ait une décision de justice sur le livre comme messager du mensonge. Ça, ça a été fait tout à l'heure à six heures. Et demain matin mon avocat déposera auprès du garde des sceaux une demande d'information pénale qui permettra de défendre la thèse de la diffamation au pénal, c'est-à-dire avec juge d'instruction et convocation des journalistes en question. Je crois qu'il faut aller jusqu'au bout La dimension de cette infamie, le caractère monstrueux de l'accusation supposent qu'on aille jusqu'au bout, à la fois pour mon honneur – mais ce n'est pas le plus important –, je crois aussi pour l'honneur du monde de la presse et des médias, et aussi pour une certaine conception de la justice et de notre pays. Je pense qu'on ne peut pas-être dans un pays dans lequel il est possible d'affirmer et de vendre de tels mensonges. Donc je suis ce soir satisfait, mais satisfait au milieu du parcours. J'irai jusqu'au bout, et je souhaite que cette fin du débat et de la polémique pénale se termine par l'accusation très forte des deux journalistes en question.

E. Lucet : Vous avez décidé d'écrire un livre qui s'appelle « Pour l'honneur » qui est publié par Grasset, qui sort aujourd'hui. Vous voulez répondre ainsi aux auteurs de « L'affaire Yann Piat ». Vous dites vous-mêmes que vous avez emprunté le chemin de la colère. Est-ce que cette colère s'est un peu apaisée aujourd'hui ?

F. Léotard : Si on peut dire, oui bien sûr, parce qu'elle n'est pas porteuse de quelque chose de positif. J'ai fait confiance à la justice et je suis heureux de voir que la justice de mon pays fonctionne. Mais j'ai encore ce sentiment de profonde irritation devant le fait que ça a pu être affirmé, devant le fait qu'on a pu aller jusque-là, qu'on a osé dire ça.

E. Lucet : J'ai envie de reprendre quelque chose de très précis dans ce livre. À la page 45, vous dites : « l'opération est faite à la fois d'une grande précision, mais aussi d'une vaste confusion puisqu'elle cache ses vrais auteurs derrière le rideau bien commode d'écrivaillons sans talent. » Alors savez-vous, vous, ce soir qui sont ces vrais auteurs dont vous pariez ?

F. Léotard : Je n'arrive pas à penser que deux personnes, comme cela, dans leur coin, aient monté une telle machination. Je n'arrive pas à le penser. J'espère que la justice montrera ce qui est en train d'apparaître, si j'ai bien compris : les liaisons entre ces deux personnes et d’autres personnes. Quelles sont ces autres personnes ?

E. Lucet : Justement !

F. Léotard : Qui a donné de l'argent ? Je n'en sais rien. Je n'ai jamais voulu être magistrat ou procureur, ni dans cette affaire, ni dans d'autres. Je crois que c'est à des professionnels de la justice, à des magistrats de le faire.

E. Lucet : Vous venez de dire : qui donne de l'argent ?

F. Léotard : Je dis qu'il faut regarder cela aussi. Je n'en sais rien. Mais je serais très étonné qu'il y ait ainsi deux personnes qui, d'un seul coup, se soient mises à écrire de telles horreurs. Et que, probablement, il y a derrière, d'autres personnes et d'autres gens, d'autres mécanismes. C'est à la justice de le montrer.

E. Lucet : On va revenir plus globalement sur la situation dans le Var. C. Pasqua n'a pas été tendre avec vous le week-end dernier en affirmant que si la majorité était dans ce département en difficulté vous en étiez le grand responsable ?

F. Léotard : D'abord ce serait bien s'il s'occupait d'abord de son département. Je ne vois pas ce qu'il vient faire là-dedans, qu'il s'occupe de ses oignons. Deuxièmement, je ne jouerai jamais à ce petit jeu des petites phrases qui consiste à dire : tiens le voisin de palier n'est pas bien. Mais je joue l'union de l'opposition.

E. Lucet : Justement, est-ce que cela ne favorise pas le FN ?

F. Léotard : Mais bien sûr. C'est peut-être ce que veut M. Pasqua. Mais cela est de sa responsabilité. Moi, je ne jouerai pas à ce jeu-là. Alors qu'il regarde ses propres affaires – ce serait bien pour tout le monde. Mais pour ma part le message qu'on envoie à nos compatriotes se sont des messages d'union. Moi, je m'efforce de faire des listes d'union actuellement un peu partout en France, c’est ma responsabilité. Et mon interlocuteur, ce n'est pas M. Pasqua, c'est M. Séguin. Et je peux vous dire que c'est un autre niveau, cela.

 

Date : jeudi 30 octobre 1997
Source : RTL

O. Mazerolle : Vous publiez chez Grasset Pour l'honneur. 115 pages écrites d'un trait, avec colère ?

F. Léotard : Sans aucun doute. Comme quelqu'un qui a reçu un coup de poing dans le ventre, quelqu'un qui a été suffoqué par ce que l'on a pu dire et qui a eu envie de répondre à son tour de la même manière. Ce n'est pas tellement aujourd'hui mon cas personnel qui me préoccupe le plus – il y a beaucoup d'injustices autour de nous, beaucoup plus graves et plus douloureuses pour les gens –  c'est qu'à travers ce qui est arrivé, c'est mon pays et une certaine forme de démocratie et une certaine idée que j'en avais qui s'est effondrée dans mon esprit. Mais j'espère que ce n'est pas le cas de tous mes compatriotes.

O. Mazerolle : Vous avez obtenu deux satisfactions. D'abord, au tribunal des référés et ensuite, hier, le ministère de la défense a publié un communiqué disant qu'aucun militaire n'était impliqué dans cette affaire ni comme informateur, ni comme exécutant.

F. Léotard : Je saisis l'occasion puisque vous me posez cette question pour dire que j'ai été là aussi stupéfait que l'on puisse dire que des militaires, généralement des officiers ou des sous-officiers, auraient pu même obéir à un ordre aussi immonde que celui qui est évoqué c'est-à-dire faire assassiner quelqu'un. Et la communauté militaire que j'aime beaucoup, que je connais a dû être exaspérée par ce type d'accusation. Ce sont des gens dont l'honneur est un des éléments de fonctionnement et qui se trouvent, là, devant une accusation invraisemblable. Même si quelqu'un de monstrueux avait donné cet ordre et s'il avait été exécuté par un militaire qui a le devoir de refuser l'exécution d'un ordre injuste ou erroné ou contraire aux droits de l'homme, le militaire en question serait lui-même un monstre.

O. Mazerolle : Le communiqué du ministère vous suffit ?

F. Léotard : Bien entendu. Je veux qu'ils aillent plus loin d'ailleurs et je demande au ministre de la défense que l'on dise exactement ce qui s'est passé dans le domaine foncier - il y en a pour un quart d'heure, pas pour une heure - c'est-à-dire quels ont été les terrains qui ont été éventuellement vendus ou pas vendus, acquis, comment ? Par qui ? Je rappelle que c'est le ministère des finances qui vend les terrains de la défense. Il y en a pour un quart d'heure pour un journaliste dit d'investigation. C'est un coup de téléphone.

O. Mazerolle : Vous parlez des terrains dans le Var ?

F. Léotard : Dans le Var ou ailleurs.

O. Mazerolle : Dans ce livre, vous parlez de votre mère. Vous rappelez qu'elle est corse et vous dites qu'elle est irritée devant la longueur de la procédure. « Elle a raison ma mère » dites-vous et vous rappelez « autrefois chez nous en Corse, cela se réglait autrement ». On découvre un F. Léotard chez qui il existe une violence de l'honneur.

F. Léotard : Vous savez quand on vous dit une chose comme cela, c'est-à-dire que d'après ce livre, je suis un assassin – bien – et que la réponse à celle question est donnée par le juge un an et demi, deux ans, trois ans plus tard ! Imaginez qu'on le fasse pour vous, imaginez qu'on le fasse pour ceux qui nous entendent aujourd'hui sur RTL, vous n'avez pas le sentiment que l'excès de l'accusation, le caractère immonde de l'accusation et la lenteur de la réponse, c'est quelque chose qui ne va pas ensemble ! Alors on a choisi une procédure qui permet d'aller un peu plus vite mais modestement puisqu'on a pu condamner en fait le livre. Mais la décision finale, ce sera quand ? 1998 ! 1999 ! 2000 ! Et je vais traîner cela jusqu'en l'an 2000 ! J'ai entendu E. Guigou, hier et elle a raison de dire ce qu'elle a dit, c'est-à-dire qu'il faudrait que la justice soit plus rapide tout en étant sereine et qu'on puisse aboutir à des décisions de justice qui permettent de laver quelqu'un lorsqu'il a été soumis à ce type d'accusation.

O. Mazerolle : Une précision. Lorsque vous parliez de peine de mort l'autre jour sur TF1, vous ne visiez pas les deux journalistes ?

F. Léotard : Je visais moi-même. Je veux dire que quelqu'un qui dispose de la force publique et qui aurait donné ce type d'ordre – je suis totalement hostile à la peine de mort – il mériterait cela. Je n'ai jamais parlé des journalistes, qu'ils vivent le plus longtemps possible au milieu de leurs ordures.

O. Mazerolle : Vous parlez dans ce livre, en quelque sorte, de la France qui se dilue dans le mépris. Vous rattachez votre cas à celui de la nation tout entière. Pourquoi ? Parce que vous ne pouvez pas supporter l'idée d'être seul en premier ligne dans ce style d'affaires ?

F. Léotard : Concernant la solitude, j'ai l'habitude. Je ne vois pas pourquoi on continue à parler d'État de droit si ce pays qui a le plus d'État et le moins de droit continue à se comporter de cette manière. J'ai toujours vu la France avec une sorte de tendresse comme un pays qui aime le droit, qui aime la liberté·, qui aime la justice, qui vend cela à l'extérieur – c'est notre meilleur produit d'exportation –  et qui d'un seul coup, au fond, se dit le droit ce n'est pas important ; la présomption d'innocence ce n'est pas important ; la défense de l'individu, de sa réputation qui est une partie de son identité, ce n'est pas important. Cela, ce n'est pas le pays qu'on aime, ni vous, ni moi, ni ceux qui nous entendent d'ailleurs. J'ai le sentiment que les Français, aujourd'hui, ont la République triste. Ils se rendent compte au fond que ces dysfonctionnements cela contribue à donner une image de notre pays qui n'est pas belle.

O. Mazerolle : L’« homme-poubelle » dont vous parlez dans ce livre, cette nouvelle catégorie, c'est qui ?

F. Léotard : Ce n'est pas un monsieur ou une dame, c'est une façon d'être. Ce sont des gens qui aiment la rumeur, qui aiment l'utiliser, qui aiment la culture du discrédit. Vous avez des gens comme cela depuis des siècles, bien sûr ce n'est pas nouveau, mais avec les médias cela se développe. C'est-à-dire qu'au lieu d'accepter qu'une élection, ce soit un débat loyal sur des idées, sur un projet, ils utilisent le discrédit pour disqualifier les adversaires.

O. Mazerolle : Mais vous allez jusqu'à écrire que le pouvoir ne les contrôle pas mais de temps en temps, les utilise.

F. Léotard : Tous les pouvoirs utilisent, hélas, ce genre de personnage. Tous. De gauche, de droite, d'hier et d'aujourd'hui. C'est probablement quelque chose à quoi nous devrions nous attacher.

O. Mazerolle : C'est ce à quoi vous faisiez allusion quand vous parliez d'officine dans votre article dans Le Monde ?

F. Léotard : Oui et puis même à des services tout à fait honorables, parfaitement honorables, de la police dont je demande qu'ils soient modifiés ou changés depuis des années. Je pense à la direction des renseignements généraux qui est un service parfaitement honorable qui joue certainement un rôle utile mais dont je ne vois plus, tel qu’ils fonctionnent aujourd'hui, l'utilité dans la société française.

O. Mazerolle : Vous vous adressiez au Président de la République dans votre article du Monde. Vous a-t-il répondu sur ce thème ?

F. Léotard : Je crois qu'il n'avait pas à le faire. Je veux dire que quand j'ai dit dans l'article du Monde que cela concernait l'État, c'est pour que l'on essaye de revoir ensemble, et le chef de l'État le premier, ce que c'est qu'un État de droit c'est-à-dire quelles sont les garanties données au justiciable - je vois d'ailleurs que la réforme d'hier va un peu dans ce sens - et quelle est la conception que l'on a de la République. C'est un vrai problème.

O. Mazerolle : Dans ce livre, vous posez la question au fond mais qui a appuyé sur le déclencheur de la diffamation, qui a appuyé sur le déclencheur de la manipulation ? Vous n'avez aucune réponse mais au fond de vous-même ?

F. Léotard : Je n'arrive pas à penser que seuls, deux petits bonshommes dans leur coin – qui déshonorent une belle profession comme la vôtre, avec des gens honnêtes –, ont pu agir tout seuls. Cela je n'arrive pas à le croire. Alors, j'espère que la justice montrera – et je vois que cela vient avec de vrais journalistes d'investigation puisque l'on est en train de découvrir qui ils ont vu, à quel moment, on commence à parler d'argent, on commence à parler de menaces – donc, j'espère que la justice montrera toute cette espèce d'enchaînements des complaisances ou des compromis.

O. Mazerolle : Vous avez des noms en tête ?

F. Léotard : Non. D'abord, je ne suis pas magistrat et j'espère que la justice le fera.

O. Mazerolle : Le Front national, vous l'attaquez également dans ce livre en disant que c'est lui qui encaisse les bénéfices ; c'est B. Mégret qui encaisse les bénéfices. Dans la situation où vous êtes aujourd'hui, êtes-vous en position de pouvoir attaquer et de continuer à attaquer le Front national ?

F. Léotard : Ce n'est pas une question d'attaquer ou pas ! Moi, j'essaye d'avoir une conception pour quelque chose, pour ma région pour une certaine idée de la démocratie mais quand un homme comme B. Mégret – qui prétend à de vastes ambitions – dit qu'au fond, tout cela est vraisemblable, c'est extraordinaire ! Cela veut dire qu'il est vraisemblable que des militaires français aient assassiné un parlementaire ? Dites cela aux États-Unis et vous faites sauter les États-Unis d'Amérique ! Alors quand on dit cela, cela veut dire que dans sa tête, lui qui est – d'après ce que j'ai cru comprendre –  un défenseur de l’armée française, il est vraisemblable qu'un militaire appuie sur la gâchette d'un revolver pour tuer un parlementaire ! Il y a un moment où il faut s'arrêter dans le délire.

O. Mazerolle : Vous savez ce qu'on dit, vous y faites allusion dans le livre, pourquoi F. Léotard, chef d'un parti politique national n'a-t-il pas nettoyé son département alors que dans son propre département, des amis à lui fréquentaient, de notoriété publique, la pègre ?

F. Léotard : Il y a deux raisons. La première, c'est que j'ai une espèce de vraie répulsion que je continue à avoir - excusez-moi - pour changer de rôle. Je ne suis pas magistrat, je ne suis pas procureur, je ne suis pas juge d'instruction et j'ai toujours respecté ceux qui faisaient cela comme les journalistes, je ne suis pas journaliste non plus. Cela c'est la première raison et je n'ai pas l'intention de changer. La deuxième est que je ne savais rien de tout cela. Moi, j'apprenais un certain nombre de choses par la presse. À partir du moment où la justice, elle-même, ou la police ne faisaient pas ce type de travail, pourquoi le ferais-je moi ? Pendant des années, cette question s'adressait à la police et à la justice. Quand aujourd'hui, J.-P. Chevènement dit qu'au fond dans ces régions, il n'y a pas de droit... Il a des milliers de policiers sous son autorité. Le ministre de la justice a des milliers de magistrats sous son autorité et ils existent dans cette région. C'est d'ailleurs très insultant pour eux d'imaginer qu'ils n'auraient pas fait leur travail. Il y a la police judiciaire ; il y a la police nationale, urbaine, etc. Ils font leur travail. Ce sont des fonctionnaires tout à fait honnêtes qui font leur travail. Je trouve que quand un ministre commence à dire, au fond, « mes agents ne font pas leur travail », c'est à lui qu'il s'adresse.

O. Mazerolle : Là vous l'interpellez carrément !

F. Léotard : S'il dit que les policiers français…

O. Mazerolle : Parce que vous, vous êtes prêt à répondre à tout ! Vous avez parlé des terrains militaires, de la mairie de Fréjus aussi…

F. Léotard : Tout est transparent. Tout est sur la table. Il n’y a aucune espèce d’opacité là-dessus mais quand un ministre que ce n’est pas un État de droit. À qui s’adresse-t-il si ce n’est à lui-même ?

O. Mazerolle : Et maintenant pour vous ? C’est les régionales avec le RPR ? C’est ce que vous avez décidé avec P. Séguin avant-hier ?

F. Léotard : La volonté dans toute la France est d'essayer de développer l'union et de faire des listes communes avec nos amis du RPR. J’espère que cela prévaudra, je vois bien qu'il y a des gens qui pensent autrement. Ils ont le droit de penser autrement mais je défendrai toujours l'union de l'opposition dans la situation très difficile dans laquelle nous sommes actuellement.