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Q - Vous venez de signer un accord incluant des baisses de tarifs, avec les cardiologues, avec les radiologues,… La politique du « coup par coup » est-elle la seule possible pour maîtriser les dépenses de santé ?
Martine Aubry. – Si les dépenses de santé augmentent, en 1998 et 1999, c'est à cause des prescriptions, des congés maladie et des honoraires des spécialistes. Surtout certains, comme les radiologues, les ophtalmologistes et, précisément les cardiologues. Les accords signés avec ces professions permettent de récupérer le dépassement et d'assurer qu'il n'y ait pas de nouveau dérapage. Mais ils s'appuient également sur la promotion de bonnes pratiques médicales et sur la qualité des soins. Ce n'est pas du « coup par coup » car nous prenons des mesures de santé publique. Exemple : est-il normal de passer sept clichés pour la même pathologie ? La révision des prix des médicaments, en fonction de leur efficacité, doit également permettre de grosses économies.
Q - D'autres professions de santé continuent de refuser les contraintes, notamment financières, souvent qualifiées par les syndicats de « restriction des soins »…
Martine Aubry. – L'accord passé avec les radiologues a permis de faire rentrer les 500 millions attendus dans les caisses, et je ne connais pas un malade qui se soit plaint ! Nous discutons avec les professions. A défaut d'accord, je suis obligée de prendre des mesures unilatérales. Quant aux chefs de clinique, je les invite à discuter avec la Cnam puisque c'est elle qui envisage de limiter les installations en ville. Bien sûr, il vaut mieux que les médecins s'installent là où il y a des besoins. Mais les problèmes se règlent par le dialogue. La résolution du conflit des médecins urgentistes dont nous avons reconnu le rôle et revalorisé le statut en est l'illustration.
Q - La Cnam a voté à l'unanimité contre le projet d'arrêté du ministère concernant les cardiologues…
Martine Aubry. – Je ne comprends pas très bien le sens de ce vote. Si la Cnam avait conclu une convention avec les spécialistes, je n'aurais pas à intervenir. Nous faisons confiance aux cardiologues pour développer les bonnes pratiques. En aucun cas, contrairement à ce que dit la Cnam, il n'y a de dépenses supplémentaires pour les patients. Je comprends d'autant moins ce reproche de rembourser aux malades les médicaments sur la base du médicament le moins cher. Cela se traduirait par un déremboursement massif, qui est pour moi inacceptable.