Texte intégral
Europe 1
Pour vous, P. Séguin, c’est une très ancienne connaissance. Il fut votre directeur de cabinet. Il a fait hier soir un retour rapide et remarqué sur la scène publique ; est-ce qu’il s’est mis, selon vous, en route pour un destin national ?
Christian Poncelet
« Je note tout d’abord qu’il reste au RPR. C’est un point positif. On avait imaginé pour lui une autre démarche. Il reste au RPR. Il va bien sûr continuer à militer au sein du RPR. Il s’exprimera, dit-il, avec toute sa liberté. Mais j’ai le sentiment et même la conviction que P. Séguin s’est toujours exprimé librement. »
Europe 1
Vous voulez dire qu’il n’y a rien de changé, mais il va pourtant créer, au sein du RPR, une sorte de courant Séguin « qui m’aime me suive » en espérant aller jusqu’au sommet.
Christian Poncelet
« Il va animer un courant au sein du RPR. Il y a aura d’autres courants qui seront animés par d’autres personnalités du RPR. Par conséquent, il va justifier que le RPR est bien un rassemblement où les sensibilités peuvent librement s’exprimer. »
Europe 1
Oui, mais il le dit comme une sorte de menace ou d’avertissement.
Christian Poncelet
« Aujourd’hui, chacun se positionne comme étant un candidat présidentiable possible. »
Europe 1
Est-ce que vous croyez que P. Séguin peut incarner une alternative à J. Chirac ? Est-ce qu’il peut-être un recours à J. Chirac ?
Christian Poncelet
« Séguin est un homme libre, il s’exprimera bien sûr avec toute sa liberté, mais la question que je pose est la suivante : aujourd’hui quel est, pour l’opposition, le meilleur candidat à opposer au Premier ministre actuel qui, manifestement, est lui aussi candidat à la présidentielle ? D’ailleurs, il a été tout récemment investi par certains des siens. Je pense que le seul valable aujourd’hui c’est J. Chirac. Alors la question que je pose est la suivante : puisqu’il en est ainsi, pourquoi agir de manière telle que l’on va affaiblir notre candidat ? Je pose la question. Y en a-t-il un autre ? Non, c’est J. Chirac. Par conséquent, il convient que les uns et les autres, nous nous unissions pour le soutenir ! Certes J. Chirac peut, sur certains points, commettre de la part de certains, une erreur. Mais l’essentiel, c’est de le conforter. »
Europe 1
Oui, vous gardez foi en lui, vous continuez à y croire parce qu’il n’y en a pas d’autres, ou vous n’en voyez pas monter d’autres ?
Christian Poncelet
« Je considère que… d’ailleurs que, sur le plan international, il s’est manifestement révélé et la France est entendue sur le plan international. Dans le cadre de ce douloureux conflit du Kosovo, c’est bien la voix de la France qui a prévalu en différentes circonstances. Donc, par conséquent, sur la politique intérieure, il a laissé les formations politiques agir n’est-ce pas mais, sur certains points, il fait connaître la position qu’il considère la meilleure pour la France. Donc, aujourd’hui, je continue à penser que le seul candidat que nous ayons de valable pour opposer à L. Jospin, c’est J. Chirac. »
Europe 1
Vous voulez dire que les leaders de la droite et du centre sont en train de renforcer L. Jospin ?
Christian Poncelet
« Non, ils se placent en présidentielles. Je considère que leur démarche est pour après-demain, c’est-à-dire en 2000… »
Europe 1
2009 ou 10 ?
Christian Poncelet
« 2009…
Europe 1
mais dans l’immédiat, je maintiens ma question : quel est, pour l’opposition, le meilleur candidat à opposer à L. Jospin ?
Christian Poncelet
Regardez les sondages ! J. Chirac est très populaire, J. Chirac est très apprécié. »
Europe 1
Oui, mais c’est eux qui l’affaiblissent ou c’est lui qui s’affaiblit ?
Christian Poncelet
« Même s’il avait des points de faiblesse, est-ce logique que ceux qui se réclament de lui, que ceux qui l’ont soutenu, que ceux qui l’ont porté à la présidence persévèrent à l’affaiblir ? Non ! »
Europe 1
Justement, tous les anciens gaullistes ou fidèles de J. Chirac s’égayent dans la nature, créent leur parti, prennent leur autonomie et, quelquefois, ils s’en prennent à lui. Comment l’expliquez-vous ?
Christian Poncelet
« Tous ? Non. »
Europe 1
Beaucoup ! Allez, ne mégotons pas ! Beaucoup !
Christian Poncelet
« Certains. Oui, surtout sur la politique européenne, c’est surtout là qu’il y a eu quelques divergences. En ce qui concerne la politique européenne, certains considèrent que J. Chirac veut aller trop vite, alors que lui, c’est un Européen réaliste. D’autres considèrent qu’il ne va pas assez vite. Je crois que la démarche qu’il a employée est la meilleure. »
Europe 1
Est-ce qu’il y a une crise du chiraquisme, comme on l’entend dire ?
Christian Poncelet
« Oh, c’est un bien grand mot ! Vous savez, j’ai connu cela aussi dans le passé. Je me souviens de la mobilisation des présidents de groupe parlementaire qui contestaient, à un moment donné, la politique conduite par G. Pompidou. Très rapidement, on a bien compris que G. Pompidou était un excellent Président de la République. »
Europe 1
C’est vrai que M. Chirac a gagné souvent malgré son camp et sans son camp. Vous venez de le rencontrer, qu’est-ce qu’il faut qu’il fasse ? Qu’est-ce qu’il faut qu’il change ? Est-ce qu’il ne faut pas qu’il dise et qu’il sache ce qu’il veut et où il va, qu’il le montre ?
Christian Poncelet
« Je crois qu’il faut que J. Chirac, le plus souvent possible, aille au contact – et je lui ai recommandé de reprendre ses voyages en Province – aller à la rencontre du peuple s’expliquer avec lui, voir les élus le plus souvent possible, ne pas rester trop souvent isolé. C’est vrai qu’il s’est passionné, mobilisé, et à juste titre, pour la politique extérieure, ce qui l’a éloigné un peu de la population française, ce qui l’a éloigné un peu de ses élus. Il faut qu’il se rapproche. »
Europe 1
Quand vous lui dites cela, qu’est-ce qu’il dit ?
Christian Poncelet
« Je pense que c’est une démarche qu’il va emprunter prochainement. »
Europe 1
Une remarque : le RPR est chiraquien. Le RPR, à votre avis, doit-il aider à la réélection de Chirac, d’ores et déjà et pour longtemps, ou se montrer plus indépendant et plus ouvert ?
Christian Poncelet
« Mais le RPR a un rôle à jouer ! Ce rôle, c’est celui de la formation de l’opposition et, par conséquent, d’intervenir pour démontrer à la population que nous avons d’autres projets à opposer à ceux du Gouvernement. Et, surtout, interpeller le Gouvernement pour que l’on puisse régler les problèmes de fond : les retraites, l’insécurité. Et, à côté de cela, nous devons, nous, en tant que RPR et issus de J. Chirac, continuer à le soutenir, continuer à la protéger puisque, je le répète, c’est actuellement le seul candidat valable que nous ayons à opposer à L. Jospin. »
Europe 1
Pour la parité hommes/femmes en politique, c’est un grand jour. Le Parlement va se réunir en congrès ce matin et cet après-midi. Est-ce que c’est une victoire pour Jospin et Chirac ? Pour les femmes ? bien que certaines d’entre elles n’en veulent pas. Est-ce que ce n’est pas une défaite pour le Sénat, ou les Sénateurs, en gros ?
Christian Poncelet
« Eh bien pas du tout ! C’est une victoire pour le Sénat. Car je ferai observer que c’est sur le texte du Sénat que le Parlement s’est prononcé. Le Sénat a, lui, ouvert le débat sur la parité, sans l’intervention du Sénat, il n’y aurait pas eu de débat… »
Europe 1
Avec quelles réticences ! Quelles réticences !
Christian Poncelet
« Non ! La réticence vient du fait que l’on n’a pas voulu reconnaître que cette parité devait se réaliser au travers des formations politiques. Et surtout, le Sénat ne voulait pas, comme c’était l’intention initiale, que l’on créât les quotas – ce qui est inégal pour les femmes – et que l’on introduise la proportionnelle qui ne permet pas une bonne gestion… »
Europe 1
On vous sent passionné, mais vous ne pouvez pas nier que les sénateurs ne sont jamais en pointe sur les questions de société ?
Christian Poncelet
« Les sénateurs si, les sénateurs sont plus réfléchis. Ils ont l’avantage de l’expérience, et c’est la raison pour laquelle ils ont considéré que le texte initial du Gouvernement avait été transformé et modifié à l’excès par la majorité de l’Assemblée nationale. »
Europe 1
Vous voulez plus de femmes au Sénat. Est-ce que vous ferez des efforts pour qu’il y ait une femme présidente du Sénat ?
Christian Poncelet
« Je vais vous faire une confidence : je milite fort pour qu’une femme préside l’Assemblée européenne : Mme N. Fontaine. »
Europe 1
La centriste.
Christian Poncelet
« La centriste. Je serai très fier. Et j’invite les députés français européens à soutenir sa candidature. »
Europe 1
Vous savez qu’elle sera candidate à la présidence du Parlement européen, qu’elle a le soutien des Espagnols et des Allemands et pas des Français !...
Christian Poncelet
« Je souhaite que les Français se mobilisent, au contraire, pour soutenir sa candidature. C’est exact, je l’ai vérifié, les Allemands et les Espagnols, eh bien soutiendront sa candidature. Mais enfin, le bon sens va l’emporter et je suis convaincu que mes amis français, qui siègent à Bruxelles et à Strasbourg, éliront N. Fontaine. »
Europe 1
Le projet Guigou, sur la présomption d’innocence. Il y a eu un vote à l’unanimité, mais aussi des amendements qui donnaient en même temps une sorte d’impunité, de protection pour les élus.
Christian Poncelet
« C’est un débat très dense. Il y a eu de nombreux amendements qui ont été déposés, dont un amendement qui a été voté, je crois à la quasi-unanimité, qui consiste maintenant à permettre un recours contre une décision de cour d’assises. C’est ce qui était demandé par tous les citoyens français. Eh bien voilà un point acquis dans le cadre du débat ! Donc, par conséquent, c’est un texte qui a été fortement amendé, bien souvent avec l’approbation du Gouvernement, et voté à l’unanimité, ce qui montre bien que le Sénat apporte une contribution positive aux projets qui lui sont présentés. »
Europe 1
Qu’est-ce que vous défendez le Sénat ! C’est bien ! Mais au cours de ce débat, on a entendu quand même une – si je peux me permettre – une « ânerie » de la part du président de la commission des lois, J. Larché. Je vais le citer : « Qu’est-ce qu’un journaliste ? Et je ne fais pas du corporatisme. Il dit : « C’est quelqu’un qui reçoit une carte de presse ; dans quelles conditions ? Nous n’en savons rien. » Et il ajoute : « Un journaliste, c’est n’importe qui. »
Christian Poncelet
« Disons que, là c’est un mouvement d’humeur, ce sont des propos excessifs. Talleyrand disait : « Ce qui est excessif est insignifiant. » Je crois que le journaliste est indispensable à l’animation de la vie politique française. Il n’y a pas de démocratie sans l’intervention du journaliste, sans la liberté d’expression. Donc, par conséquent au fond de lui-même, je pense que J. Larché doit me rejoindre ; à savoir : « Il faut que les journalistes interviennent. »
Europe 1
Alors qu’il fasse amende honorable après avoir entendu le Président du Sénat, et pour que l’on ne dise pas qu’un sénateur, aussi, peut dire n’importe quoi.
Christian Poncelet
« Non ! Un sénateur ne dit pas n’importe quoi. Mais un Sénateur est un humain comme tout un chacun et, par conséquent… »
Europe 1
On peut faire des gaffes.
Christian Poncelet
« … peut-être conduit à commettre un excès de langage. »