Interviews de M. Nicolas Sarkozy, porte parole du RPR, dans "Le Figaro" du 15 octobre 1997, dans "La Lettre de la nation magazine" du 17 et à RTL le 19, sur le projet de loi de finances, notamment sa proposition de différer d'un an la baisse de la réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile, la politique familiale du gouvernement, la taxation de l'épargne, et sur la mission de l'opposition (s'opposer et proposer).

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Média : Emission Forum RMC Le Figaro - Emission L'Invité de RTL - Emission Le Grand Jury RTL Le Monde LCI - La Lettre de la Nation Magazine - Le Figaro - RTL

Texte intégral

Date : 15 octobre 1997
Source : Le Figaro

Le Figaro : La discussion budgétaire s’est ouverte sur une bagarre de chiffres sur la hausse des prélèvements obligatoires. Le président de la commission des finances Henri Emmanuelli juge « grotesques » les chiffres avancés par l’opposition. Qu’en est-il exactement ?

Nicolas Sarkozy : Les chiffres sont incontestables : 5 milliards sont prélevés sur les épargnants, 7 milliards sur les familles, 15 milliards sur les entreprises… auxquels il convient d’ajouter les 16 milliards de baisse du barème de l’impôt sur le revenu voté par les députés l’an dernier et sur laquelle les socialistes sont revenus.
Ce qui est « grotesque » ce n’est pas ce chiffrage incontestable, mais cette politique qui va à l’inverse de ce qu’il faudrait faire, spécialement en France où le poids des prélèvements obligatoires est déjà si lourd.

Le Figaro : Dans la dernière ligne droite de passage à l’euro, la marge de manœuvre de tout Gouvernement, de droite comme de gauche, n’est-elle pas très étroite ? Y a-t-il plusieurs politiques budgétaires possibles ?

Nicolas Sarkozy : Il y en a au moins deux, celle de la gauche et celle de la droite. On voit bien les différences. La politique budgétaire qui nous est présentée couvre une triple erreur. La première consiste à augmenter les dépenses publiques en créant 350 000 emplois de sous-fonctionnaires, la seconde à augmenter les prélèvements obligatoires, la troisième à imaginer que la France est seule au monde et qu’elle peut sans risque faire l’inverse de ce que font ses partenaires européens. Le résultat ne se fera hélas pas attendre, nous le paierons par des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires. Le bon sens aurait dû conduire à la diminution de la dépense publique, à la baisse des impôts et à la réduction des déficits.

Ce sont ces trois axes concomitants qui partout ailleurs dans le monde ont créé de la croissance et de l’emploi.

Le Figaro : Une croissance de l’ordre de 3 % vous paraît-elle crédible ?

Nicolas Sarkozy : Contrairement à ce que pense le Gouvernement Jospin, la croissance n’est pas inscrite dans le marbre. C’est un processus fragile qui doit être soutenu. Il y faut la confiance dans l’avenir de la part des agents économiques. Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui. On décourage les Français en surtaxant leur épargne. On les décourage encore en démantelant aussi brutalement les fondements d’une politique familiale qui a fait ses preuves et qui remonte à 1945.

On les décourage enfin en reniant la parole de l’Etat comme c’est le cas avec la scandaleuse rétroactivité fiscale pour les déductions fiscales des emplois familiaux.

Le Figaro : Si l’on considère l’ensemble des mesures fiscales touchant la famille, peut-on dire que la fiscalité peut tuer l’emploi ?

Nicolas Sarkozy : Le niveau de notre fiscalité est devenu, avec l’extrême rigidité du travail et de son organisation, l’un des tout premiers éléments qui explique le niveau si dramatiquement élevé de notre chômage. Le corollaire est spectaculaire. Nous sommes de tous les pays développés celui qui a tout à la fois les impôts les plus lourds, les dépenses publiques les plus élevées et le chômage le plus fort. Combien de dizaines de milliers de chômeurs en plus faudra-t-il pour comprendre cette réalité d’évidence ?

Le Figaro : Et l’on reparle en outre du rétablissement de l’autorisation administrative de licenciement…

Nicolas Sarkozy : Il ne manquerait plus que cela ! C’est une vision parfaitement archaïque de la société : celle qui fait se méfier de tout homme libre et qui voudrait qu’en permanence, derrière chacun d’entre nous, dans chacun des actes de la vie quotidienne, on installe un contrôleur, un policier, un gendarme, un douanier, un agent du fisc… Ce type de contrôle administratif n’a jamais rien produit qu’un surcroît de lourdeur et donc en définitive du chômage.

Le Figaro : Les 35 heures sont-elles plus acceptables si on ne les enferme pas dans une durée hebdomadaire mais si l’on parle de moyenne annuelle, comme le dit Nicole Notat ?

Nicolas Sarkozy : Nous sommes à l’heure actuelle le seul pays au monde dont les gouvernants essaient de faire croire qu’en travaillant moins, on peut gagner davantage et de surcroît créer des emplois. La France fait ce choix alors même que les syndicalistes européens abandonnent ce slogan. Ceci se traduira inéluctablement par des diminutions de salaires et une augmentation du chômage.

Les socialistes commettent donc un contre-sens parfait : plutôt que d’essayer avec frénésie de prendre une partie du travail qu’exercent ceux de nos compatriotes qui ont un métier, on ferait mieux de se mobiliser pour trouver du travail à ceux qui n’en ont pas.
Enfin, alors que nous gagnons une année d’espérance de vie tous les quatre ans, et que nous vivons donc plus longtemps, j’aimerais que l’on m’explique qui va payer nos retraites si en plus chacun travaille de moins en moins.

Le Figaro : Le passage aux 35 heures aura-t-il un coût budgétaire ?

Nicolas Sarkozy : C’est évident puisque les socialistes n’ont rien trouvé de mieux que de subventionner sur nos impôts les emplois qui feront entre 32 et 35 heures par semaine.

Le coût budgétaire en sera gigantesque. Décidément, « l’économie mixte » n’a pas fini de faire des ravages dans notre pays.

Le Figaro : La hausse des taux de la Banque de France vous paraît-elle inquiétante ?

Nicolas Sarkozy : Force est de reconnaître que le conseil de la politique monétaire n’a rien trouvé de suffisamment rassurant dans la politique du gouvernement Jospin pur s’abstenir de suivre la Bundesbank. Au bout de quatre mois, les socialistes assistent impuissants à la remontée des taux d’intérêts. Je crains hélas que cela ne soit que le début !


Date : 17 octobre 1997
Source : La lettre de la Nation Magazine

Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy et l’ensemble des députés du groupe RPR ont déposé un amendement au projet de loi de finances pour différer d’un an la baisse de moitié de la réduction d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile. Il est en effet inacceptable d’appliquer cette mesure aux revenus de 1997. Cette mesure n’a été rendue publique que le 24 septembre et ne sera pas votée qu’à la fin de l’année. Or, les contribuables concernés ont, sur la foi de la parole de l’Etat, engagé et payé les salariés en comptant sur cette réduction d’impôt. Les salaires sont aujourd’hui payés et l’Etat, après coup, abroge l’aide promise. Il ne peut ainsi manquer à sa parole, quel que soit le Gouvernement qui le dirige.

Déjà, en 1984, le Gouvernement de Pierre Maurois était revenu sur la parole de l’Etat, à propos des exonérations des taxes foncières sur le bâti.

Le budget est l'occasion pour chacun de juger concrètement de la politique économique du gouvernement. Lionel Jospin avait affirmé aux Français quatre points :
    - la croissance est de retour et clic doit être soutenue en encourageant la consommation ;
    - l'objectif des 3% de déficit doit être respecté afin de préparer l'euro à la bonne date ;
    - la confiance des Français doit être confortée dans l'avenir ;
    - au nom de la solidarité, il faut faire payer les catégories aisées.

Malheureusement, les décisions annoncées dans le projet du budget sont en parfaite contradiction avec les objectifs affichés.

Taxation des classes moyennes

Tout d'abord, ce ne sont pas seulement les catégories aisées qui seront touchées, mais en réalité, les classes moyennes. En effet, peut-on considérer qu'un million de veuves et de femmes seules sont des privilégiées, puisque le gouvernement veut réduire la demi-part supplémentaire du quotient familial attribué jusqu'à maintenant aux personnes qui avaient élevé un enfant seul ? Cc sont souvent des personnes âgées sur qui seront prélevés 3,2 milliards de plus.

Taxation des familles

Pourquoi le Gouvernement s’acharne-t-il sur les familles ? L’aide de garde d’enfant à domicile, qui avait permis aux femmes de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, est remise en cause et la diminution de la réduction d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile qui avait, selon Familles de France, autorisé la création de 230 000 emplois depuis 1994, entraînera inéluctablement la suppression d’emplois et encouragera malheureusement le travail au noir.

La mise des allocations familiales sous condition de ressources, qui touche 450 000 familles, ne porte-t-elle pas en elle le risque qu’un même principe soit appliqué aux remboursements des soins ?

Ensuite, comment ne pas observer qu’alors que le Gouvernement affiche l’objectif de soutenir la consommation, simultanément, nous allons atteindre le record historique de 46 % de taux de prélèvements obligatoires, c’est-à-dire, concrètement, que les Français devront reverser en moyenne l’équivalent de 46 jours pour 100 jours travaillés, sous forme de taxes, d’impôts et de cotisations. Notre pays est ainsi celui qui a les dépenses publiques les plus élevées, les impôts les plus lourds, et le chômage le plus fort !

Taxation de l’épargne

Enfin, qui peut croire que le Gouvernement encourage la confiance, alors qu’il surtaxe l’épargne, et qu’il renie la parole de l’Etat, en revenant sur une incitation en faveur des contribuables : on a en effet expliqué aux jeunes familles qu’elles pouvaient embaucher pour garder leurs enfants en bénéficiant d’un régime fiscal approprié. Les ménages ont fait leurs comptes, bouclé leur budget, et décidé de recruter. Tout au long de cette année, des salaires ont été ainsi versés, et voici que le ministre des Finances leur annonce qu’ils ne pourront plus bénéficier que de la moitié de la déduction fiscale. Quelle famille n’éprouverait-elle pas, légitimement, un sentiment d’injustice ?

Les Français épargnent pour préparer leur retraite ou en prévision d’un éventuel « coup dur ». Par ce projet de budget, ils verront augmenter de 345 % les prélèvements sur cette épargne de précaution par l’augmentation de la CSG, l’élargissement de l’assiette des prélèvements sociaux, qui touche notamment les PEL, les CEL et les PEA, et la création d’une nouvelle taxe sur les produits d’assurance-vie. Au total, les prélèvements fiscaux et sociaux sur l’épargne atteindront 17,5 %, alors qu’auparavant, les produits d’épargne ne supportaient un prélèvement que de 3,5 %.

La construction européenne en mauvaise voie

Enfin, la construction européenne est un impératif et l’euro sera incontestablement un atout pour nos entreprises. Malheureusement, une nouvelle fois le Gouvernement ne s’en donne pas les moyens, car aucun exemple ne peut nous être donné de réduction du train de vie de l’Etat. Les dépenses de fonctionnement augmenteront en effet de 3,1 % ! De plus, chacun doit avoir conscience que les 8 milliards que coûteront cette année les emplois « Aubry » se transformeront en 29 milliards en 1998 et 35 milliards en 1999, alors qu’aucun financement n’est prévu. De même, aucune information sérieuse n’a été communiquée au Parlement sur le coût du passage aux 35 heures. Ainsi, depuis trois mois, le Gouvernement de Lionel Jospin multiplie les dépenses lourdes, coûteuses et constantes.

Au total, cette loi de finances entraînera une diminution de l’emploi et l’augmentation des prélèvements obligatoires : moins de politique familiale, moins d’épargne, hélas, plus d’impôts et plus de chômeurs.


Date : dimanche 19 octobre 1997
Source : RTL - Le Monde

L’opposition a une double mission, celle de s’opposer, c’est son devoir - car, dans une démocratie, quand il n’y a pas une opposition et une majorité, ce sont les extrêmes qui en profitent et c’est la confusion qui triomphe -, et celle de proposer. (…)

Jamais on n’a vu, dans un pays européen, un Gouvernement proposer une politique d’inspiration socialiste (…) relevant d’un socialisme idéologique, sectaire et archaïque. Si nous nous taisions, c’est un boulevard qui serait ouvert à ceux qui ne représentent pas les formations démocratiques. (…)

On ne peut pas rester silencieux lorsque l’on voit que l’on promet aux jeunes un avenir professionnel dans la fonction publique, alors que, de tous les pays développés, nous sommes celui qui a déjà le plus d’emplois publics. On ne peut pas rester silencieux quand on voit partout dans le monde, y compris de la part des forces syndicales, que l’on renonce aux trente-cinq heures, alors que l’on propose aux Français de travailler moins (…). On ne peut pas se taire quand on voit les dépenses publiques s’enflammer, les impôts augmenter et, finalement, les Français se voir proposer une politique qui ne prépare pas l’avenir et qui, hélas ! ne peut être caractérisée que par le mot « archaïque ». (…)

Opposition et cohabitation

(…) Chaque fois que nous sommes en désaccord, nous devons le dire. Il n’y a aucune fatalité que la France connaisse le socialisme et la social-démocratie. C’est un des paradoxes de la France que de croire que les Français sont malheureux d’un libéralisme qu’ils n’ont jamais connu. Les Français n’ont pas voté pour le socialisme de M. Jospin, ils ont très largement voulu sanctionner la majorité sortante, ce qui ne veut en aucun cas dire qu’ils placent leurs espérances dans le socialisme. (…)

Chaque fois que le Président de la République a considéré que l’intérêt de la France n’était pas l’orientation fixée par Lionel Jospin, il l’a dit, et c’est très bien ainsi. Je vous rappelle que le Président de la République n’est pas le chef d’un mouvement politique de l’opposition. (…) Il n’est pas anormal que nous soyons d’accord sur le fond avec le Président de la République mais, dans l’expression, dans le calendrier, dans les modalités, le RPR et l’opposition en général aient une façon de faire différente. (…) J’ai malheureusement une certitude (…) : ce que l’on nous propose se traduira par moins de famille, plus de dépenses, plus d’impôts et plus de chômeurs.

Le budget pour 1998

(…) Au mois de juillet, Dominique Strauss-Kahn (…) nous explique qu’il n’y aura pas un centime d’impôts en plus (…), que l’on fera les 3 % (…), que la croissance est revenue. (…) Arrive la présentation du budget, et on nous annonce 14 milliards d’impôts en plus. L’opposition fait son travail et découvre que ce n’est pas 14 milliards mais une cinquantaine de milliards d’impôts en plus. (…) On ne revient sur aucune des hausses qui avaient été décidées ces dernières années, on annule les baisses d’impôts sur le revenu et on rajoute une bonne louche de 50 milliards d’impôts supplémentaires. (…) Aujourd’hui, le Gouvernement ne nie pas ces 50 milliards en plus (…) mais il dit que les augmentations d’impôts portent sur les catégories aisées. (…)

La France d’aujourd’hui a plus de fonctionnalités que les autres pays et on propose de créer des sous-emplois de fonctionnaires. Elle a plus de dépenses publiques que les autres (…).

Les emplois Aubry coûteront l’année prochaine 8 milliards, l’année suivante 29 et celle d’après 35. Mais aucun financement n’est prévu.

Il est prévu que la plaisanterie sur les trente-cinq heures coûte entre 5 et 10 milliards la première année, et entre cinq et dix fois plus les années suivantes (…)

On nous refait le coup de Michel Rocard. (…) On nous avait annoncé le RMI à six milliards : deux années après il avait triplé et aujourd’hui il est à 24 milliards. (…)

Les socialistes n’ont donc rien appris. Ils créent des dépenses explosives pour l’avenir sans mettre en place le moindre financement. Nous ne serons pas au rendez-vous des 3 %. Nous ne tiendrons pas les dépenses publiques. Nous le paierons avec de nombreux impôts supplémentaires. Nous faisons strictement l’inverse de ce que font les autres. Tout cela, nous allons le payer de dizaines de milliers de chômeurs en plus. (…)

Question : Que faudrait-il faire ?

Nicolas Sarkozy : Je considère que la France n’a pas d’autre choix que de ne pas renouveler tous les départs à la retraite de fonctionnaires. (…) Je considère qu’il y a entre 10 et 15 000 départs à la retraite qui ne devraient pas être remplacés. (…) Les emplois publics représentent le quart des emplois en France. (…) Or, loin de nous l’idée de mettre à l’aune de nos principaux partenaires, (…) on en rajoute une louche : (…) les 350 000 emplois de sous-fonctionnaires, c’est environ 10 % d’effectifs en plus dans la fonction publique.

Je prends le pari que l’un des débats majeurs de la prochaine élection présidentielle sera celui de la titularisation de ces contrats précaires à cinq ans dans la fonction publique. (…)

Je suis pour une fonction publique moins nombreuse, mais mieux payée, mieux formée, mieux traitée et mieux considérée. (…)

Il n’y a pas d’autre choix pour la France que celui de la réduction des dépenses publiques (…) et de la maîtrise des dépenses de santé. Si vous ne le faites pas, les impôts exploseront. Et si les impôts explosent, nous le paierons de chômeurs en plus. (…)

Quand on est le seul pays au monde à prendre la direction qui a été prise, soit on est beaucoup plus intelligents que les autres, soit il y a un problème. Moi, je crains qu’il n’y ait un problème. (…)

La croissance

Je ne crois pas que la croissance soit inscrite dans le marbre. La croissance est fragile. (…)

Avec l’augmentation des impôts, l’affaire des trente-cinq heures et la progression du nombre des fonctionnaires, je crains que les 3 % ne soient pas au rendez-vous.

Epargnants et familles

(…) 14,5 millions de Français ont un PEL. 8,2 millions de Français ont un compte épargne-logement. Eh bien, ils seront ravis d’apprendre qu’ils sont des privilégiés et qu’ils vont devoir supporter une augmentation de 10 % des prélèvements.

L’encours moyen sur un PEA est de 90 000 francs. Puis-je me satisfaire d’un raisonnement qui consiste à dire que celui qui a 90 000 francs d’économies est un privilégié et qu’il doit supporter 34 % d’augmentation de sa fiscalité ?

Il y a un million de veuves, de femmes seules, de femmes divorcées qui bénéficiaient d’une demi-part supplémentaire. Cette demi-part va se trouver plafonnée à partir de 10 000 francs de revenus mensuels. Ces femmes vont se trouver pénalisées. (…) Font-elles parties des privilégiées ?

65 000 familles bénéficient de l’AGED. (…) A-t-on pensé aux 65 000 emplois familiaux qui risquent de se transformer en emplois au noir ? A-t-on pensé à toutes ces femmes qui, du fait du gouvernement socialiste, vont devoir arbitrer entre leur vie familiale et leur vie professionnelle ?

Martine Aubry a un raisonnement parfaitement démagogique, (…) antiéconomique et parfaitement sectaire. (…)

Quand M. Jospin va-t-il expliquer à certains Français qu’ils gagnent trop d’argent pour se faire rembourser leurs traitements par l’assurance-maladie ? (…) Si ceux qui cotisent plus ne touchent plus de prestations un jour, ils refuseront de cotiser à la sécurité sociale, et c’est toute la sécurité sociale qui sera démantelée. (…)

Je note aussi cette idée curieuse qui fait que les enfants sont les nouveaux éléments du train de vie des Français. Il fut un temps où c’étaient les véhicules de sports. (…)

Notre pays a 3,5 millions de chômeurs. Pourquoi devrait-on interdire aux familles de créer des emplois, alors qu’on se donne beaucoup de mal avec nos impôts pour créer des sous-emplois de fonctionnaires ? Plutôt que de désigner à la vindicte ceux de nos compatriotes qui ont une famille, des enfants, un logement, un salaire et un emploi, on ferait mieux de dire aux Français : vous avez tous le droit d’avoir une famille, des enfants, un logement, un salaire et un emploi. (…)

Les Trente-cinq heures

(…) Nous avons une des durées annuelles du travail les plus faibles. (…) Eh bien, si nous travaillons encore moins, nous aurons encore plus de chômeurs. Toutes les grandes entreprises iront se délocaliser car elles en ont les moyens. Quant aux PME-PMI, nombre d’entre elles le paieront de faillite, d’absence de productivité. (…)

Il n’y a aucun engagement du Gouvernement sur le maintien des salaires. Les Français doivent savoir alors que, hélas leurs salaires sont déjà parmi les plus bas de ceux des pays développés, qu’ils paieront cette réduction du temps de travail d’une diminution des salaries, ce pénalisera la consommation.

De plus, créera des effets de seuil considérables entre les entreprises de plus de vingt salariés et les autres. Plus aucune entreprise de moins de vingt salariés va vouloir engager du monde pour passer au-dessus. (…)

La rétroactivité fiscale

Je ne suis pas opposé par principe à toute forme de rétroactivité fiscale. (…) Mais jamais une incitation n’a été annulée avec une telle brutalité rétroactivement. (…) Tous ceux qui ont embauché une personne pour un emploi familial à compter du 1er janvier 1997 l’ont fait en pensant qu’ils pourraient déduire de leurs impôts une certaine somme. (…) Sur toute l’année, la parole de l’Etat est remise en question. Une mesure annoncée le 24 septembre 1997 va s’appliquer pour les familles françaises au 1er janvier 1997. (…) Comment voulez-vous que nos compatriotes aient confiance dans la parole de l’Etat ? (…)

Le RPR

Je ne suis pas le garant d’une ligne libérale extrémiste. (…) Avec Philippe Séguin, nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout. C’est pour cela que nous sommes complémentaires. (…) Le gaullisme, c’est d’abord une méthode qui permet d’assurer la synthèse d’idées qui, pour tout autre qu’un gaulliste, seraient contradictoires : la nation et l’Europe, la liberté et la solidarité C’est parce que Philippe Séguin et moi sommes les tenants de deux traditions différentes que le mariage de ces deux traditions peut faire que le Rassemblement pour la République retrouve l’espace (…) qu’il n’aurait jamais dû perdre. (…) Pourquoi avons-nous perdu ? Parce qu’une grande partie de nos électeurs ont considéré que nous n’assumions plus la défense des valeurs et des idées qui étaient les nôtres. (…) Je ne peux pas me résoudre à ce que tant de nos électeurs soient partis au Front national. (…) Ils sont partis parce qu’ils se sont dit : décidément, la droite dans ce pays est inexistante. (…)

Question. Vos électeurs n’ont-ils pas peur du libéralisme ?

Nicolas Sarkozy : Je ne veux être désagréable avec personne, et surtout pas avec certains de mes amis, mais franchement, si on a été effrayé par le libéralisme au cours de ces dernières années, c’est qu’on n’a pas vu grand-chose ! (…)

Jacques Chirac et l’opposition

Il a raison de vouloir voir ses amis. Pourquoi faudrait-il qu’il ne voie que les ministres du Gouvernement Jospin ? (…) Il a raison de défendre ses convictions chaque fois que celles-ci sont en cause, il reste pour nous une référence. Nous, avec Philippe Séguin et toute l’équipe qui l’entoure, nous avons un travail différent : redonner un espace à l’opposition en général et au RPR en particulier, redonner un contenu intellectuel au projet qui est le nôtre. (…) Jacques Chirac est le Président de tous les Français. Notre devoir est de l’aider et de le soutenir. Il sera plus à même d’assumer la cohabitation avec un Rassemblement pour la République réconcilié (…), rénové dans ses structures et ses méthodes, refondé dans son discours et son projet.

Le Front National

Question. Que pensez-vous des élections cantonales partielles ?

C’est extrêmement préoccupant. Mais convenons ensemble que le travail de reconstruction et de reconquête sera plus long qu’on ne l’imagine. (…) C’est une grave erreur de considérer que l’on résoudra les problèmes de la droite française en faisant une alliance avec le Front national. La seule solution pour nous est de redonner un contenu à notre discours, du fond à nos valeurs. (…)

Les élections régionales en Ile-de-France

(…) La décision d’Édouard Balladur est courageuse : le combat sera très difficile. (…) Il a mûrement réfléchi et pensé aux tenants et aboutissants de cette situation. C’est justement parce que c’est difficile qu’il a accepté. C’est une contribution très importante au mouvement de reconquête de l’opposition dans le pays, car les élections régionales seront extrêmement politiques. De surcroît, la décision de Philippe Séguin de solliciter Édouard Balladur est un geste de réconciliation spectaculaire et parfaitement utile. (…)

François Léotard

Qui aurait pu imaginer que je n’apporte pas mon soutien à François Léotard quand on voit les torrents de bassesses qui se sont abattus sur lui sans l’ombre d’une preuve ? (…) On ne peut pas dire ce que je dis (…) et en tirer la conclusion (…) que M. Léotard doit rentrer à la maison. (…) François Léotard reste un grand leader de l’actuelle opposition, le président de l’UDF et il a toutes les qualités pour conduire un combat politique très difficile.

L’immigration

Je suis extrêmement réservé sur le projet du Gouvernement pour deux raisons très simples. D’abord, c’est une grave erreur que de vouloir réformer les lois Pasqua-Debré parce qu’on va remettre le Front national et les immigrés au cœur du débat politique. La France n’a pas besoin d’une nouvelle cathédrale juridique, elle a besoin qu’on applique fermement et avec humanité les lois qui existent. (…) La deuxième raison pour laquelle je serai vraisemblablement amené à m’opposer à ce texte, c’est la circulaire du 26 juin 1997 qui propose la régularisation massive d’étrangers. (…) On se met dans une impasse : si l’on régularise tout le monde, on va exaspérer une partie de nos compatriotes et faire monter le Front national ; si l’on ne régularise pas tout le monde, on va encore avoir cette guerre dite des stylos et des pétitionnaires qui va faire le lit du Front national.

J’aimerais que le Gouvernement arrête de tendre systématiquement une perche directe ou indirecte au Front national, la dernière étant la décision de Mme Trautmann, justement stigmatisée par Philippe Séguin, qui recommande un autodafé sur le journal « Présent » dont je ne suis pas un lecteur habituel. (…)