Texte intégral
LE MONDE
1. En tant que secrétaire d’Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle, estimez-vous disposer de moyens suffisants pour vous attaquer aux inégalités entre les sexes dans toutes les sphères de la société ?
Nicole Péry
Mon budget est de 100 millions de francs, et a connu une belle augmentation (de 11 %) par rapport à 1998. 20 millions seront consacrés à la future campagne sur la contraception, qui est une nécessité absolue puisqu’il n’y en a pas eu depuis 1982, et que les campagnes de prévention contre le sida ont brouillé la communication à destination des jeunes filles. Restent 80 millions de francs. Il en faudrait dix fois plus vu la dimension du problème, et ce serait encore insuffisant ! Le rôle du secrétaire d’Etat aux droits des femmes et, à mes yeux, davantage de coordonner l’action de l’ensemble des ministères quant à l’égalité des sexes. La situation inégalitaire des femmes dans notre pays est un sujet de société transversal, qui demande une politique globale, un partenariat gouvernemental. D’ailleurs, ce projet a reçu un accueil très favorable dans les autres ministères, pas seulement chez mes collègues femmes du gouvernement.
LE MONDE
2. Comment les mesures annoncées aujourd’hui seront-elles évaluées ?
Nicole Péry
Nous mettons en place un comité interministériel qui portera cette plate-forme. Il se réunira deux fois par an et fixera tous les objectifs chiffrés, ministère par ministère. Il établira un programme pluriannuel d’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Chaque 8 mars, dans ce cadre, les engagements pris seront évalués.
LE MONDE
3 Avez-vous la tentation, pour accélérer le changement, d’imposer certaines « discriminations positives » en faveur des femmes ?
Nicole Péry
Je tente de mettre en œuvre une nouvelle « approche sexuée des politiques ». Pour l’instant, les administrations ne savent pas faire. Il est parfois difficile d’avoir des statistiques, dissociant hommes et femmes. Pourtant, il est intéressant de savoir que 13,5 % des femmes actives sont au chômage, contre 9,8 % des hommes. Les femmes sont en situation d’inégalité dans le monde du travail. Elles souffrent plus que les hommes du chômage. Cela justifie certaines discriminations positives qui sont couramment pratiquées en Europe du Nord, mais encore nouvelles en France. Je souhaite, par exemple, fixer un seuil de 55 % de femmes dans tous les dispositifs d’aide à l’emploi et à la formation professionnelle qui relèvent du dernier plan national d’action pour l’emploi (PNAE).