Texte intégral
Le 13 juin prochain, les Français vont choisir les 87 députés européens qui siègeront au Parlement de Strasbourg pour représenter la France. C’est un choix important, car c’est l’opportunité de dire quelle Europe ils souhaitent pour le XXe siècle.
La liste “Union pour l’Europe” que je conduis avec Alain Madelin a fait le choix de l’Europe pour la France. Car si je suis convaincu que l’Europe est plus que jamais nécessaire, je crois aussi qu’elle peut-être une chance pour la France. Le 13 juin, la liste RPR-DL sera la seule liste à défendre à la fois la France et l’Europe et à s’affirmer, clairement et sans équivoque, contre une Europe socialiste.
* Pour une “Europe unie des Etats”
C’est pourquoi, je dis à ceux qui refusent l’Europe ou tout simplement qui en ont, peur, que le débat ne peut se résumer à l’alternative simple : l’Europe ou la France. C’est une erreur que de les opposer l’une à l’autre, car nos destins sont liés. La France ne peut se mettre au ban de l’Union européenne en risquant de rater le train de la construction communautaire. C’est en affichant, au contraire, une ferme volonté de construire ensemble “le concert des Etats européens”, ainsi que le souhaitait le général de Gaulle, que la France pourra trouver sa place en Europe et sur la scène internationale.
Toutefois, il ne s’agit pas de sombrer dans l’excès inverse. Aussi, à ceux qui prétendent que la construction européenne ne peut réussir qu’en faisant le choix d’une Europe fédérale, je réponds que l’Europe ne peut se faire sans les Nations ou contre elles. Au contraire, c’est en puisant dans leur richesse et dans leur diversité que l’Europe doit continuer à se construire. Si l’Europe ignore les Nations, alors elle sera forcément vouée à l’échec.
C’est pour cette raison que le Rassemblement pour la République et Démocratie libérale affirment l’absolue nécessité d’une Europe de la défense. Nous aspirons à une “Europe européenne”, indépendante des Etats-Unis, qui puisse s’affirmer sur la scène internationale, grâce à une politique de défense commune. Le conflit au Kosovo a montré combien elle est nécessaire et représente un enjeu d’importance pour l’avenir de l’Europe. Car il s’agit, d’une part, d’assurer de façon pérenne la stabilité et la paix sue le continent européen, et d’autre part, de donner à l’Europe une véritable capacité de défense autonome. Pour cela, elle doit se doter d’une industrie européenne de l’armement, d’outils de planification et de coordination de ses forces, pour pouvoir agir en commun. Toutefois, dans ce domaine précis, on ne peut pas concevoir que les décisions soient prises à la majorité. La France ne peut pas envoyer ses soldats au combat par l’autorité d’une décision prise à la majorité des membres du Conseil européen, alors même qu’elle ne l’aurait pas elle-même décidée. Ainsi, la politique européenne de la défense ne peut se concevoir que dans le cadre d’une Europe confédérale, ou autrement dit, une Europe des nations avec des décisions prises à l’unanimité.
C’est pour cette raison que j’ai opté pour “l’Europe unie des Etats”, telle que l’a souhaitée le président de la République Jacques Chirac. Nous voulons donc plus d’Europe, car là est l’avenir de la France. Mais, nous ne voulons pas de n’importe quelle Europe.
* Pour le mieux-disant européen
Nous ne voulons pas d’une Europe socialiste, parce que nous refusons que la politique laxiste menée en France par le gouvernement de Lionel Jospin , gâche les chances qu’offre l’Union européenne à notre pays. Nous souhaitons au contraire que s’applique à la France, grâce à l’Europe, le mieux-disant européen.
Cela veut dire, tout d’abord en matière économique, moins de dépenses publiques et moins d’impôts. La mauvaise gestion du gouvernement socialiste nous offre, au contraire, le moins-disant européen. Je déplore que la France ait un taux de dépenses publiques largement supérieur à la moyenne de la zone euro (54,2 du PIB en France en 1998 contre 48,7 pour la zone euro) et un taux de prélèvements obligatoires parmi les plus élevés dans l’Union européenne. C’est le résultat de la politique néfaste menée par le gouvernement socialiste qui a déjà fait prendre un retard considérable à notre pays par rapport à nos partenaires européens, dans la compétition internationale.
Ainsi, la liste d’“Union pour l’Europe”, que je conduis avec Alain Madelin propose un taux de TVA à 15 % au lieu de 20,6 % pour les consommateurs français, comme en Allemagne.
De la même façon, nous sommes fermement opposés à la création d’un impôt européen, tel que le préconise la liste socialiste de François Hollande. Nous nous engageons, au contraire, à soutenir au Parlement européen l’idée qu’il doit être interdit, pour un Etat membre de l’Union européenne, de prélever plus de 50 % en charges ou en impôts sur une personne physique.
Dans le domaine de la sécurité intérieur, seule l’Union européenne peut faire face efficacement à la criminalité internationale organisée, au trafic de drogue, au terrorisme et aux trafics d’armes. C’est pourquoi nous souhaitons le renforcement du contrôle aux frontières de l’Union européenne, l’amélioration des coopérations judiciaires et policières, ainsi qu’une plus grande fermeté et concertation dans la politique d’attribution de la nationalité, des visas et des cartes de séjour. C’est ainsi que l’on pourra faire de l’Europe un espace de liberté, de sécurité et de justice.
En matière sociale, la France devra avoir tôt ou tard le courage de réformer son système de protection sociale (retraites, chômage, assurance maladie, exclusion…), car à l’instar de ses partenaires européens, notre pays est confronté aux mêmes défis démographiques et économiques. S’il ne peut y avoir de réponses sociales européennes uniques adaptées à tous pays et à toutes les situations, il est néanmoins possible de dégager de l’expérience de chacun des Etats membres de l’Union européenne les meilleures solutions pour maintenir ou développer un niveau optimal de protection sociale pour tous les Européens.
Ambitieux pour la France, nous le sommes aussi pour l’Europe. L’Union européenne à Quinze a encore de nombreux défis à relever. Nous sommes décidés à consacrer toute notre énergie pour que le rêve que nous faisons pour l’Europe voie le jour et profite ainsi à la France. Ces défis, c’est l’élargissement de l’Europe aux pays de d’Europe Centrale et Orientale, c’est la lutte contre le chômage, c’est la réforme des institutions de l’Union européenne, afin que la construction communautaire se poursuive dans la transparence et avec l’adhésion des peuples.
Tel est le visage de l’Europe que nous voulons pour le XXe siècle : une Europe des libertés, plus démocratique, plus humaine et plus proche des citoyens. Tel est l’enjeu de ces élections européennes.