Texte intégral
LE MONDE
1. Pourquoi, en tant que secrétaire d’État au budget, proposez-vous aux entreprises de formuler, d’ici à fin juillet, des idées susceptibles d’améliorer la fiscalité des actions de soutien à la culture, à la protection de l’environnement ou de solidarité ?
CHRISTIAN SAUTTER
Je crois que l’État fait énormément dans le domaine de la culture, et dans le social, mais il n’entend pas avoir le monopole dans ces domaines. Si les entreprises décident de participer à des travaux d’intérêt général, de façon désintéressée, c’est une bonne chose. Après vingt ans d’actions de ce type financées par des entreprises [l’Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical) a fêté le 5 mai ses vingt ans], nous avons besoin de faire un bilan sur les conditions juridiques et fiscales de leur intervention. Le gouvernement cherche le dialogue. Nous avons donc décidé de regarder, au moins rapidement, les aspects fiscaux.
LE MONDE
2. Ce faisant, on assiste un peu plus au désengagement de l’État au profit d’entreprises privées.
CHRISTIAN SAUTTER
Non, pas du tout. Le budget de la culture a fortement progressé en 1998-1999 et le premier ministre, Lionel Jospin, a de nouveau donné la priorité à la culture pour 2000. Il suffit de regarder les lettres de cadrage. Les initiatives prises sur le terrain par les entreprises - je pense par exemple à ce que fait une cave vinicole en faveur de l’accès des non-voyants à la culture - ne portent pas ombrage à l’État. Nous devons les encourager si leurs motivations sont bonnes.
LE MONDE
3. Justement, aucune entreprise n’ayant de vocation philanthropique, comment jugez-vous ces récentes actions financées, par exemple, par des entreprises dans les quartiers difficiles ?
CHRISTIAN SAUTTER
Le gouvernement a montré sa volonté de mettre en place une politique de la ville qui puisse rétablir l’espoir, la solidarité et aussi améliorer la qualité de vie dans ces quartiers. Toutes les initiatives qui vont dans ce sens sont les bienvenues. Celles des entreprises, comme les autres. On peut espérer que les entreprises qui, aujourd’hui, financent l’art ou la musique, contribueront, à terme, à y créer des emplois.