Editorial de M. Alain Deleu, président de la CFTC, dans "La Vie à défendre" de mars 1999, sur les valeurs du syndicalisme chrétien et la préparation de la fête du travail.

Prononcé le 1er mars 1999

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Texte intégral

Un 1er mai pour que chacun ait sa place

Les militants convaincus de l’avenir du syndicalisme d’inspiration chrétienne en France auront à cœur d’être présent à Paris ce 1er mai pour faire entendre la voix de la CFTC. Le thème que nous avons retenus, « pour que chacun ait sa place » répond à ce qui est à la racine des attentes du monde du travail. Les rassemblements préalables des jeunes et sur les 35 heures prépareront notre « fête du travail ».

Quand une banque nationale lance un raid boursier et prétend à coup de spots publicitaires que cela se fera sans dégâts sociaux, quand l’annonce de 12 000 suppressions d’emplois fait bondir la valeur boursière d’une groupe industriel, notre économie n’est pas au service des hommes et des femmes, mais de l’argent.

Jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, travailleurs des secteurs les plus divers, personnes handicapées ou privées d’emploi, retraités…, chacun doit pouvoir se réaliser et vivre décemment.

Les « 35 heures » sont l’occasion d’aller dans ce sens. Le patronat a exprimé ses revendications pour la deuxième loi. Il est temps d’ouvrir la discussion entre partenaires sociaux, comme nous l’avons proposé dès janvier dernier. Mais finalement, c’est avant tout affaire de terrain, et, sur le terrain, la CFTC tient son rang. C’est le travail qui accroît notre implantation et notre audience. Bravo aux militants !

Le rapport Charpin sur les retraites ouvre un autre dossier considérable puisqu’il nous met en perspective jusque 2040. Il faut vraiment être démagogue pour défendre le statu quo en prétendant que rien ne changera en 50 ans. La CFTC ne sera pas dans le camp de la démagogie, qui n’est que mépris du travailleur. Mais nous ne nous laisserons pas berner. Les enjeux financiers sont énormes et on aurait tôt fait de nous imposer des décisions surtout favorables aux grandes manœuvres de l’argent-roi.

La pyramide des âges appelle en premier lieu un débat global sur l’avenir de notre société, afin de déboucher sur un ensemble de choix cohérents dans tous les domaines. C’est pourquoi avant d’engager des discussions techniques, qui seront nécessaires, il faut clarifier les choix de société, sur l’emploi, les solidarités, l’organisation du travail, l’avenir et le niveau de vie de chaque génération et des familles, bref sur la manière de mieux vivre ensemble. Qui aurait pu prédire, en 1960, ce qu’est la société d’aujourd’hui ? Et pourtant nous supportons les conséquences des choix, d’urbanisme ou de politique familiale par exemple, faits depuis cette époque.

Au moment de mettre sous presse, nous devons déplorer une fois encore la disparition d’une des principales figures de la CFTC : Jean Thuillier nous a quittés le 25 mars, victime d’un accident cardiaque. Membre du Bureau à partir du 8 Novembre 1964, il avait assumé la gestion confédérale jusque 1993, comme trésorier adjoint puis comme trésorier. Homme de cœur et de foi, Jean était de ceux qui savent répondre présent sans discuter, mais qui n’auraient pas idée de se mettre en avant pour revendiquer les premières places. Il disait : « quand on n’a pas donné, on n’a rien donné ». Voilà un témoignage précieux par les temps qui courent.

C’est aussi par fidélité à ces hommes et ces femmes qui ont sauvé le syndicalisme d’inspiration chrétienne, il y a 35 ans, que nous serons tous à Paris le 1er mai.